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Bon sens contre vanité: la poésie morale d’Eustache Dechamps

poesie_medievale_satirique_eugene_deschamps_moyen_ageSujet : poésie médiévale, morale, satirique, politique et réaliste, ballade, vieux français
Période : moyen-âge tardif, bas moyen-âge
Auteur : Eustache Deschamps  (1346-1406)
Titre : « Ne dire sien, fors que le sens de l’omme. »

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous vous proposons de continuer de suivre le fil poétique d’Eustache Deschamps avec un peu de sa plume critique et morale.

Cette fois-ci, au delà des richesses et des possessions matérielles (temporelles) qui vont et viennent et peuvent d’un jour à l’autre changer de main ou disparaître,  il  conseille à tous – mais tout de même surtout aux gens de cour et de pouvoir que sa carrière  l’a longtemps amené à côtoyer avant qu’il ne décide de déserter la cour ou de ne s’y présenter que rarement – de ne rien revendiquer comme sien:  biens, titres ou terres et de ne s’accrocher qu’à la seule chose que nul ne peut ôter à l’homme: son bon sens et sa « science profonde ».

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« vanitas vanitatum, omnia vanitas»

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ans le corpus de ses ballades politiques ou « ballades de moralité », le poète médiéval vient encore opposer ici à l’orgueil, l’avidité et finalement la vanité, la vacuité et l’impermanence des choses pour ne laisser au final à l’homme que son bon sens, en espérant qu’il en possède suffisamment pour comprendre la profonde sagesse de ce texte.

Ajoutons encore que dans un système monarchique où la personne du roi est un représentant du divin ici-bas, dénigrer au personnage le plus haut de l’état et même à l’Empereur du Saint Empire Germanique et de Rome, quelques légitimes revendications à posséder, ça n’en a peut-être pas l’air comme ça, mais c’est tout de même une prise de position relativement courageuse, même s’il faut ajouter que le contexte de l’époque et des guerres médiévales entre couronnes ou provinces,  donne raison à Eustache Deschamps. En en tirant les leçons, il ne fait, au fond et comme toujours, que relayer les vérités de son monde. A quelques siècles de son écriture, le fond de cette ballade reste pourtant vrai et riche d’enseignements, ce qui est toujours le signe d’une bonne morale.

« Ne dire sien fors que le sens de l’homme »
dans le vieux français d’E. Morel Deschamps

De tous les biens temporelz de ce monde
Ne s’i doit nulz Roys ne sires clamer,
Puisque telz sont  que Fortune suronde
Qui par force les puet touldre ou embler;
Le plus puissant puet l’autre déserter,
Si qu’il n’est Roy, duc, n’empereur de Romme
Qui en terre puist vray tiltre occupper,
Ne dire sien, fors que le sens de l’omme.

Veoir le  puet chascun a la reonde
En pluseurs cas. Soit en terre ou en mer,
Tant par guerre, ou convoiteux se fonde.
Comme autrement, voit l’en estât muer,
Riche apovrir, et le povre eslever,
Le fort ravir qui le plus foible assomme;
Si ne doit nulz telz biens atribuer
Ne dire sien, fors que le sens de l’omme

Mais par bon sens ou science profonde,
Que l’en ne puet a creature oster,
Se puet chascun maintenir net et monde
Et en touz lieux saigement gouverner.
Si puis par ce conclure et vueil prouver
Qu’es biens mondains n’a vaillant une pomme;
Homs, quel qu’il soit, (dont) ne se doit vanter,
Ne dire sien fors que le sens de l’omme.

En vous souhaitant une journée pleine de joie et de sagesse.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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A la bataille! Festivités, combat médiéval et tournoi de Behourd à Tourcoing

blason_heraldique_tourcoing_evenement_festival_sortie_medievalSujet ;  festivités médiévales, combats médiéval , reconstitution historique, armes, armures anciennes, art martial.
Nom: « Tournoi International de Combat Médiéval Full Contact »
Lieu : Tourcoing (Nord)
Dates : samedi 5 & dimanche 6 nov 2016

Bonjour à tous,

D_lettrine_moyen_age_passion
ans le cadre des idées sorties sur le thème du moyen-âge, cette fin de semaine, en la ville de Tourcoing, agglomération de la métropole lilloise, se tiendra un grand tournoi de Béhourd. Mais qu’est-ce que c’est donc que cette chose là?, vous demanderez-vous peut-être et je vous répondrai que le Béhourd est une forme d’affrontement martial pas comme les autres, puisqu’il s’agit, muni d’armures d’époque précisément reconstituées de s’affronter en duel ou en combat_medieval_tourcoing_tournoi_art_martial_behourd_armures_arrmures_anciennes_idees_sortieséquipe, armes anciennes à la main. Il faut être fondu, me direz-vous? Oui! Fondus d’histoire assurément, autant  que d’art martial, et de ces temps où la poudre ne venait point encore troubler la quiétude d’une bonne pelade à l’ancienne, aux sons métalliques des armes blanches de tous poils.

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Entre sport et passion historique:
une discipline martiale bien encadrée

Alors, bien sûr, et même s’il y a la protection des armures, cette passion n’a rien d’un hobby kamikaze et les conditions de sécurité sont fortement ménagées, autant que les mêlées et les duels soigneusement arbitrés et réglementés: les armes et toutes les parties contondantes des armures sont notamment émoussées parce qu’il ne s’agit pas non plus de s’étriper. Les règles sont aussi bien établies et il s’agit avant tout de faire choir l’adversaire. Une fois à terre, il est considéré défait. Pour étrange ou anachronique que peut avoir l’idée de se retrouver dans un gymnase tout ce qu’il y a de plus moderne ou même dans une arène plus ouverte, avec ses supporters, ses arbitres et ses scores, la discipline reste particulièrement spectaculaire et l’on sent bien dans ces échauffourées, le coeur qu’y mettent les art_martial_passion_histoire_armures_armes_anciennes_combat_medieval_federation_behourdpratiquants du Behourd et tout le plaisir qu’ils y prennent.

Comme tout bon sport avec ses règles, son cadre, ses licenciés, ses événements, ses tournois et ses championnats nationaux ou internationaux, le Béhourd a sa fédération: la Fédération Française de Béhourd, elle même rattachée à deux ligues internationales: l’IMCF & la HMBIA (Battle of the Nations). Elle dispose d’un site web très complet où l’on peut trouver l’ensemble des informations utiles ainsi que des éléments précis sur les sources historiques de cette discipline martiale médiévale pas comme les autres. En voici d’ailleurs l’adresse : Fédération Française du Behourd.

Une vidéo de présentation de la Fédération Française de Behourd qui donne envie!

V_lettrine_moyen_age_passion copiaoila une vidéo qui donne un très bon aperçu de la discipline. Vous verrez que bien que très encadré par les règles, les coups portés peuvent être assez impitoyables.

Contrairement à certaines reconstitutions historiques « jouées », nous sommes bien ici en présence d’un art martial  et le Béhourd combat_medieval_tourcoing_tournoi_art_martial_behourd_feminin_armures_arrmures_anciennes_idees_sortiesn’est pas vraiment, pour le dire trivialement, un sport de fillettes, même si on trouve un Béhourd féminin pratiqué par des filles qui n’ont pas froid aux yeux:  Jeanne d’Arc ou Brienne de Torth, sortez de ce corps! Quoiqu’il en soit, âmes sensibles s’abstenir!

Tourcoing ce week end :
un grand tournoi de niveau international

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L_lettrine_moyen_age_passion‘événement qui se tient à Tourcoing ce week end et qui s’étalera sur deux jours est un tournoi de niveau international. On y attend près de cent cinquante guerriers en armure et c’est donc un moyen royal de découvrir la discipline. Pour les amateurs d’histoire et de moyen-âge, comme d’armures et d’armes anciennes ce sera encore l’occasion de venir admirer des armures médiévales de tous pays, patiemment reconstituées, documents à l’appui, par ces passionnés d’histoire qui se plaisent à la faire revivre le glaive au poing. Pour être plus précis sur la période sur laquelle se centre le Béhourd en terme d’armures et d’armes anciennes,  il s’agit des XIIIe et XIVe siècles, mais cela peut aller jusqu’à des siècles postérieurs. En général, dans l’organisation des combats et par souci de réalisme autant que d’équité, les différences d’époque entre les combattants et leur équipement n’excèdent pas cinquante ans.

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Marjolaine, pratiquante de Behourd féminin présentée par le site epic-stories.com et photographiée avec talent par Alex Bonnemaison (www.alexbonnemaison.com)

Et si, cette fin de semaine à Tourcoing, à la ferveur des combats, ou même pour faire une pause entre deux mêlées, vous souhaitiez vous changer les idées, sachez que côté shopping, ballade, ripailles et petites emplettes, il y aura même sur place un marché médiéval.

Voilà pour la sortie week end mes amis. Comme toujours, que vous puissiez vous rendre ou non à ce grand tournoi de Béhourd, que la joie vous accompagne et guide vos pas! Une très belle fin de semaine!

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

« Le verger du roi Louis » Une ballade du XIXe siècle qui nous parle du Moyen-âge

poesie_monde_medieval_ballade_formes_poetique_moyen-age_theodore_de_banville_vergers_roi_louisSujet : poésie, résonance médiévale, François Villon, Ballade des pendus, Roi louis.
Paroles : Théodore de Banville (1823-1891)
Interprète : Georges Brassens
Titre : le verger du roi Louis, Ballade des Pendus
Période : XIXe siècle

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui nous partons à la découverte d’un poète du XIXe siècle qui nous parlait alors de moyen-âge et faisait, à travers le temps, une ballade en forme d’hommage allégorique à la ballade des pendus de François Villon.

Théodore de Banville est un poète du XIXe siècle qui a côtoyé les plus grands: Beaudelaire, Mallarmé, Daudet, Verlaine, et a même influencé une partie d’entre eux. Il s’était signé par la recherche d’une poésie des formes _theodore_de_banville_portrait_poesie_monde_medieval_ballade_formes_poetique_moyen-age_vergers_roi_louiset de l’esthétisme, loin de la poésie réaliste et qui s’écartait résolument d’un romantisme facile, recherchant dans l’exigence du style et des mots une émotion qui ne pouvait naître que de la perfection des formes.

Après avoir brillé dans l’exercice de cette forme de poésie à laquelle il donna ses lettres de noblesse, l’homme se prit, un peu plus tard, d’un grand attachement pour le moyen-âge et ses formes poétiques. De fait, on lui doit d’avoir alors coulé sa plume dans des formes poétiques qui n’étaient plus en usage au XIXe siècle, pour les faire revivre. Et pour son talent autant que pour toutes ses raisons, c’est sans conteste un poète à découvrir ou redécouvrir.

Gringoire
oeuvre en prose de Theodore de Banville

GRINGOIRE :  » Je vais vous dire la Ballade des Pendus, (au Roî, avec orgueil et confidentiellement.) Elle  est de moi. (Naïvement.) C’est une idée que j’ai eue en traversant la forêt du Plessis, où il y avait force gens branchés. On les avait mis là, peut-être, de peur que la rosée du matin ne mouillât leurs semelles. »
Gringoire, pièce de théâtre de Théodore de Banville

Cette ballade rebaptisée quelquefois « le verger du roi Louis » mais auquel originellement Théodore de Banville avait donné le titre de « Ballade des Pendus » que nous vous proposons aujourd’hui s’adressait au roi Louis XI (1423-1483), monarque de la fin du moyen-âge que ses contemporains, dès sa mort, s’étaient empressés de décrire comme un roi tyrannique et cruel et que les historiens réhabiliteront partiellement, un peu plus tard dans le temps, en le resituant sa tyrannie dans son époque.

La poésie est tirée d’une pièce de théâtre en un acte de Théodore de Banville appelée Gringoire et que l’auteur avait dédié à Victor Hugo. La scène dont cette ballade est extraite, nous présente un jeune poète miséreux et affamé, Pierre Gringoire, que l’on fait amener de force devant le Roi Louis XI. C’est le même Gringoire que celui de poesie_monde_medievale_pierre_gringore_gringoire_victor_hugo_theodore_de_banville_francois_villonNotre Dame de Paris de Victor Hugo. Le personnage avait été inspiré à ce dernier par un poète réel du moyen-âge tardif : Pierre Gringore (1475-1539).

Ci-contre Portrait de Pierre Gringoire, dessin au Fusain de Gustave Brion (19e siècle)

Dans la scène de la pièce de théâtre, le jongleur se retrouve face au roi, entouré de quelques personnages dont notamment Olivier le Daim, de son vrai nom Olivier Necker, barbier dont le roi s’était entiché et qui avait, par la suite, acquis la réputation d’être un homme perfide et mauvais au point qu’on l’avait quelquefois surnommé Olivier le Diable. On le retrouve dans l’oeuvre Notre Dame de Paris, de Victor Hugo sous le nom d’Olivier le Mauvais.

Dans la pièce « Gringoire », l’homme insistera pour que le poète lise devant le roi, contre le couvert et un peu de pitance, sa dernière ballade qui, semble-t-il, court déjà sur toutes les lèvres. Le poète bien que terrorisé, mais trop affamé pour y résister, finira pas s’exécuter et déclamer devant le roi la terrible ballade. La suite est inattendue, on y découvre Louis XI sous un jour bien différent, loin de sa caricature habituelle. Je ne vous la conterai toutefois pas, car il est largement préférable de la découvrir dans la prose unique et talentueuse de Théodore de Banville. C’est ici, si le coeur vous en dit: Découvrir la pièce de théâtre « Gringoire » de Théodore de Banville.

Dans cette ballade, la référence à François Villon est explicite dans le titre, même si son nom n’est pas cité mais on ne peut s’empêcher de penser à lui, tout au long de la lecture. Théodore de Banville composera d’ailleurs également un dizain dédié à Villon que nous aurons, sans nul doute,  l’occasion de poster ici.

L'arbre aux pendus de Jacques Callot (1592-1635)
L’arbre aux pendus de Jacques Callot (1592-1635), gravure eau-forte extraite de la série les Misères et malheurs de la guerre.

Théodore de Banville par Brassens

brassens_poesie_ballade_forme_poetique_medieval_theodore_banville_vergers_roi_louisGeorge Brassens découvrit cette ballade  de Théodore de Banville et la mit en chanson en 1960. C’est loin d’être une de ses plus connues mais on y retrouve le phrasé impeccable du grand maître de musique sétois et sa manière de se mettre humblement au service du texte, même s’il n’est pas de lui. Bien sûr, cette forme est une ballade dans le plus pur style médiéval et cela ne pouvait que lui plaire puisqu’il n’a jamais caché son goût ni pour Villon, ni pour le moyen-âge, au point de se déclarer même dans un chanson pleine d’humour: « foutrement moyenâgeux ». Brassens chante Banville qui fait une révérence à Villon, voilà encore une histoire de résonance du monde médiéval et de sa poésie, du XIVe siècle à nos jours, avec un détour par le XIXe siècle.


Le verger du Roi Louis

Sur ses larges bras étendus,
La forêt où s’éveille Flore,
A des chapelets de pendus
Que le matin caresse et dore.
Ce bois sombre, où le chêne arbore
Des grappes de fruits inouïs
Même chez le Turc et le Maure,
C’est le verger du roi Louis.

Tous ces pauvres gens morfondus,
Roulant des pensées qu’on ignore,
Dans des tourbillons éperdus
Voltigent, palpitants encore.
Le soleil levant les dévore.
Regardez-les, cieux éblouis,
Danser dans les feux de l’aurore.
C’est le verger du roi Louis.

Ces pendus, du diable entendus,
Appellent des pendus encore.
Tandis qu’aux cieux, d’azur tendus,
Où semble luire un météore,
La rosée en l’air s’évapore,
Un essaim d’oiseaux réjouis
Par-dessus leur tête picore.
C’est le verger du roi Louis.

Prince, il est un bois que décore
Un tas de pendus enfouis
Dans le doux feuillage sonore.
C’est le verger du roi Louis !


En vous souhaitant une belle journée!
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

NB : l’image d’en tête est extraite du manuscrit médiéval Français 19819, « Statuts de l’ordre de Saint-Michel ». Cette enluminure de Jean Fouquet représente le roi Louis XI siégeant au chapitre de l’ordre de Saint-Michel.  Daté de la deuxième moitié du XVe (1470), ce  très beau manuscrit médiéval est conservé au département des manuscrits de la BnF. Vous pouvez le consulter ici

Un principe naturel et médicinal selon Paracelse

paracelse_citations_medievales_monde_medecine_medieval« C’est la dose qui fait le poison. »
Citation médiévale, sagesse  de Paracelse,
Philippus Theophrastus Aureolus Bombastus von Hohenheim (1493-1541): médecin, alchimiste, philosophe et astrologue du  moyen-âge tardif.

Bonjour,

V_lettrine_moyen_age_passion copiaoilà sans doute une des citations les plus connues de Paracelse, ce médecin et savant controversé  du XVIe siècle qui s’est aussi signalé par ses excès et ses diatribes contre les médecins et savants de son temps et à travers eux contre les universités.

Et en même temps, ça va paraître surement un tantinet hors sujet mais plus je la relis, plus je suis persuadé que cette phrase recèle une contre pétrie sans pourtant arriver à mettre la main dessus. Essayez, vous allez voir c’est super énervant.

Fred
Pour moyenagespassion.com
A la découverte des plus belles contrepèteries cachées de Paracelse.