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Agenda: une fin de semaine pour célébrer le moyen-âge à Perpignan la Catalane

perpignan_catalane_histoire_medievale_ville_heraldique_moyen-age_fetes_historiquesSujet : fêtes historiques, festival moyen-âge, troubadours, compagnies médiévales.
Evénement : Les Trobades médiévales de Perpignan 2016
Lieu : Perpignan (Pyrénées-Orientales, Occitanie)
Date : les 15 et 16 octobre 2016

Bonjour à tous,

festival_fete_medievale_perpignan_trobades_2016_sortie_moyen-age_week_endC_lettrine_moyen_age_passionette fin de semaine, sur l’agenda des événements célébrant le monde médiéval, c’est vers le sud de la France que nous vous invitons à diriger vos chausses si vous ne vous y trouvez pas déjà, pour une grande fête de deux jours en bord de mer, dans la cité de Perpignan la Catalane.

L’événement, organisé à la fois par la ville et par l’office du tourisme, est de taille puisque pendant ces deux journées de samedi et dimanche ce sont plus de deux cent cinquante figurants et acteurs et près de vingt compagnies médiévales qui investiront le centre historique de la cité catalane, pour la faire revenir pour vous au moyen-âge central des XIIIe et XIVe siècles.perpignan_la_catalane_troubades_medievales_2016_festival_fetes_historiques

Le programme détaillé
des trobades de Perpignan 2016

Eperpignan_la_catalane_troubades_medievales_2016_festival_fetes_ripailles_historiquesntre jeux médiévaux, défilés et parades, animations, concerts de musique, troubadours et jongleurs, de la farce légère aux reconstitutions historiques les plus sérieuses, le programme de ces Trobades 2016, s’annonce fort chargé et ne vous laissera que l’embarras du choix. Au titre des spectacles de rue, il y aura même une troupe humoristique qui vous fera voyager dans la médecine des temps anciens et encore une bande de joyeux goliards pour vous entraîner dans leurs facéties musicales et farcesques.

perpignan_la_catalane_troubades_medievales_2016_festival_fetes_historiques_chevalierLes chevaux seront aussi de la fête et une belle place leur a été ménagée puisque trois compagnies différentes les représenteront, entre camp équestre, numéros de dressage en costumes d’époque, mais encore  joutes et voltiges. En plus de toutes ces animations historiques et festives, vous pourrez, bien sûr, compter sur des campements ou ateliers thématiques à la redécouverte des métiers du moyen-âge mais encore  – que les amateurs de ripailles se rassurent – sur un marché médiéval et « gourmand »! Ajoutons enfin que la fête se veut résolument familiale et que les enfants n’ont pas été oubliés puisque de nombreuses animations leur seront également destinées.

Téléchargez le programme complet des Trobades 2016 ici

La riche histoire médiévale
de Perpignyà, la catalane

L’histoire du site de Perpignan et de ses environs ne commence pas tout à fait au moyen-âge. Au VIIe siècle avant notre ère, on trouve, en effet, des traces attestées d’occupation des lieux par les Sordes, une tribu d’origine ibérique, qui y tenaient leur capitale: une cité du nom de Ruscino, qui donnera plus tard son nom à la province du Roussillon. Autour du premier siècle et après la colonisation romaine, les Sordes finiront par disparaître et les romains s’installeront sur ce site, situé à quelques kilomètres de l’actuel cité de Perpignan. Ils y établiront un Forum et feront même de Ruscino une véritable cité romaine mais l’abandonneront pourtant, un peu plus tard dans le temps, pour des raisons que les historiens n’ont pas réussi à percer à ce jour (l’hypothèse d’un séisme a été soulevée sans être, pour l’instant, perpignan_la_catalane_histoire_medievale_catalogne_tour_castell_roussiloavérée). Vraisemblablement, ils iront s’installer  un peu plus loin pour y fonder la ville de Perpignan. De son côté, la ville de Ruscillo restera occupée durant le haut moyen-âge mais son histoire est mal connue, même si des découvertes récentes montrent qu’elle a pu jouer un rôle important, au VIIe siècle, dans la conquête de Narbonne par les Arabes. Quoiqu’il en soit, elle disparaîtra, semble-t’il, de manière définitive à la période carolingienne et la seule certitude que l’on est que le site de la ville actuelle de Perpignan est sans relation avec celui dont les Sordes avait fait, à quelques kilomètres de là leur capitale. Concernant la cité catalane, il faudra attendre le Xe siècle pour en trouver les premières mentions. (ci- dessus la tour de Château Roussillon, construite au XIIIe, XIVe siècles, sur le site de l’ancienne Ruscino ).

Perpignan en Roussillon-Empúries

L’histoire médiévale de Perpignan est assez mouvementée. La cité changera, en effet, plusieurs fois de main, de province et même de nation, du moyen-âge central, jusqu’au XVIIe siècle. Dès son entrée dans l’histoire du Xe siècle, en 927 précisément, elle sera sous l’égide  des comtes de  Roussillon-Empuries.

Unifiés au IXe siècle par le comte catalan Sunyer II, fondateur de la maison d’Empúries (Ampurias), les deux comtés d’Empúries et de Roussillon étaient alors sous la même main et Perpignan la catalane en était devenue la capitale. A la fin du Xe siècle, en 991, et quelques trois générations plus tard, à la mort de Gausfred 1er, les comtés se retrouveront divisés entre deux de ses héritiers: Hug et Guislabert qui deviendront respectivement les comtes Hug 1er d’Empuries et Guislabert 1er de Roussillon. Par un jeu complexe d’alliances, d’obligations et d’héritage, un status quo sera toutefois maintenu perpignan_la_catalane_histoire_medievale_catalogne_blason_conte_empuriasentre les deux provinces pendant encore longtemps et la séparation ne semblera même pas effective jusque dans le courant du XIe siècle. Les alliances résisteront même à de sérieux conflits qui éclateront entre les deux maisons, jusqu’à ce dans le courant du XIIe siècle le comte de Barcelone devenant lui-même de plus en plus puissant s’en mêle. En commençant à faire pression sur le comte d’Empúries, il modifia, en effet, le jeu des forces pour que ce dernier se sépare de manière plus tranchée de ses alliances d’avec le comté de Roussillon. Bien que le Roussillon s’en trouva quitte de céder certaines de ses terres et châteaux, la séparation ne fut pour autant pas consommée et malgré un fort déséquilibre entre les deux comtés né de ces jeux de pouvoirs, les relations loyales complexes qui s’étaient été établies de longue date entre les deux provinces perdurèrent longtemps et même après que le Roussillon et Perpignan aient changé de mains pour passer dans celles d’Aragon*.

D’Aragon à Majorque

Le palais des rois de Majorque construit à Perpignan par Jaume 1, ou Jacques 1er le conquérant
Le palais des rois de Majorque construit à Perpignan par Jaume 1, ou Jacques 1er le conquérant

En 1172, le comté de Roussillon et la ville de Perpignan seront finalement légués par Girard II de Roussillon à la couronne d’Aragon, en la personne d’Alphone II d’Aragon. Pierre II le catholique, le fils de ce dernier crééra vingt ans plus tard dans la cité, un consulat, accordant à la ville et ses habitants des privilèges et droits en matière politique, juridique et civile ce qui marque bien l’importance que la ville avait alors déjà prise. Il faudra pourtant attendre le fils de Pierre II: Jacques 1er d’Aragon, nommé en catalan Jaume el Conqueridor pour que le cours du destin de Perpignan soit changé à jamais.

Sous le règne de ce roi chevalier conquérant, la ville connaîtra, en effet, sa période la plus florissante et, pour le dire autrement, un véritable âge d’or. Il en fera la capitale du royaume de Majorque, y fera construire un palais des rois et, de 1276 à 1344, Perpignan connaîtra un essor économique et commercial sans précédent: cuir, draperie, orfèvrerie, artisanat de luxe, elle sera devenue alors le centre d’un royaume nouveau fondé de toutes pièces par ce personnage historique flamboyant dont il faut dire un mot ici.

Jacques 1er ou Jaume le conquérant

Né à Montpellier, cet homme est devenu un véritable héros catalan. Fils de Pierre II et de Marie de Montpellier, il se montrera, en effet, durant son long règne, aussi fin politique que bon stratège. Roi d’Aragon, comte de Barcelone, D’abord contesté par les nobles d’Aragon, il s’imposera bientôt en faisant d’habiles alliances avec la couronne d’Espagne et en mettant en place des réformes sur ses territoires. Sous la pression des marchands et nobles de Barcelone qui se plaindront alors de nombreux raids de pirates maures dans les eaux côtières, tout autant qu’animé par l’idée chrétienne de reprendre des territoires historiques des mains des maures, il organisera bientôt de véritables campagne de perpignan_la_catalane_histoire_medievale_catalogne_jacques_1er_de_majorque_le_conquerantreconquêtes et connaîtra un succès retentissant dans ses entreprises qui lui vaudront son surnom, autant que son entrée dans la postérité: il reprendra, en effet, des mains des musulmans et avec ses armées les territoires de Majorque (Mallorqua), mais aussi la Ville de Valence et plus au sud celle d’Alzira. Il réussira même à soumettre Minorque (Menorqua).

Au sortir de ses conquêtes il fondera le royaume de Majorque et fera de Perpignan sa capitale, faisant entrer cette dernière dans la période la plus faste de son histoire. La liste de titres que Jacques le Conquérant possède alors donne la mesure de son influence et, du même coup, du rayonnement et du prestige qu’il offrira à la cité catalane: souverain de la couronne d’Aragon et comte de Ribagorce,  comte de Barcelone, de Gérone, de Besalú et de Pallars Jussà, Roi de Valence, Comte de Gevaudan, Comte d’Urgell, Seigneur de Montpellier, et pour finir, comte de Roussillon et roi de Majorque.

Au terme d’un règne de plus de soixante-ans,  il laissera derrière lui douze héritiers issus de deux mariages différents. Le royaume de Majorque, la seigneurie de Montpellier, les comtés de Cerdagne et celui de Roussillon et avec lui Perpignan, reviendront alors à son fils cadet Jacques (Jaume) II de Majorque, ce qui n’ira pas sans poser quelques problèmes à son fils ainé, Pierre III d’Aragon dit Pierre le Grand que l’héritage de l’aragonais, de Barcelone et de Valence ne semblait pas seul contenter. Huit ans après la mort de Jaume le conquérant, cette mésentente et les tensions entre les deux frères nés de cette convoitise, se traduiront par une mésalliance. Le roi de France Philippe III le Hardi partant à la conquête de l’Aragonais avec la bénédiction du pape Martin IV qui voulait freiner les ardeurs conquérantes de Pierre III en Sicile, le cadet Jacques II, s’alliera, en effet, avec le roi de France contre son frère aîné. Revenant de cette croisade infructueuse contre Pierre III d’Aragon, c’est d’ailleurs dans la ville de Perpignan que le roi de perpignan_la_catalane_histoire_medievale_catalogne_pierre_IV_aragonFrance trouvera la mort en 1285. Mais le conflit laissera longtemps des traces entre les deux branches familiales et pour le dire trivialement, le ver sera dans le fruit.

De fait, deux générations plus tard, en 1344 et durant la guerre de cent ans, le royaume de Majorque périclitera suite à une trahison entre les descendants des deux maisons, Pierre IV d’Aragon (ci-contre) et Jacques III de Majorque, autant que par des prises de position par ce dernier « un peu trop anglaises » au goût du royaume de France, en la personne de Phillipe VI qui aura son rôle à jouer. Indéniablement, sur l’échiquier, il faudra désormais compter sur la couronne française et sur son intérêt pour la province qui ne fera que s’affirmer avec le temps. Au sortir du conflit, la seigneurie de Montpellier sera rachetée par le roi de France et le Roussillon tombera aux mains de Pierre IV. Perpignan sera redevenue aragonaise. Elle perdra alors son statut de capitale mais conservera tout de même son importance se voyant construire une université et, quelques trente ans plus tard, un tribunal de la mer. Entre temps, en 1346, la peste noire l’aura sévèrement mise à l’épreuve.

Perpignan et la Catalogne
prises entre deux couronnes

Au milieu du XVe siècle, le siège de Perpignan par les armées de Louis XI
Au milieu du XVe siècle, le siège de Perpignan par les armées de Louis XI

Au moyen-âge finissant et dans le courant du XVe siècle, la couronne de France confirmera ses visées expansionnistes en occupant Perpignan dans la ferme intention de la reprendre. Les habitants de l’entendront pourtant pas de cette oreille et la cité se soulèvera quelques dix ans plus tard, en pure perte, lors d’un siège cruellement mémorable de deux ans, de 1473 à 1475. A l’issu du conflit, elle restera française mais sa pugnacité sera saluée par les rois d’Aragon. Le coeur catalan n’a jamais eu le goût de la soumission. Vingt ans plus tard, Charles VIII la restituera toutefois avec le Roussillon aux rois catholiques dans une Espagne qui, à l’image des autres royaumes d’Europe, s’unifie et entend bien centraliser son pouvoir. A partir de cette période, la cité fera les frais des conflits entre les deux grandes puissances et son économie en pâtira.

Dans le courant du XVIIe, en 1640, durant la guerre des faucheurs et le soulèvement des catalans contre l’occupation de leur territoire par les troupes madrilènes, Perpignan se révoltera aussi contre Madrid et la ville connaîtra, à nouveau, un siège. Elle sera alors alliée dans ce conflit avec la France. Vingt ans plus tard, le traité des Pyrénées de 1659 la restituera, cette fois-ci définitivement, avec le Roussillon et la moitié du comté de Cerdagne, à la couronne de France, laissant la Catalogne coupée en deux par une frontière qui, dans le coeur de nombre de catalans, n’a toujours existé que sur le papier. Qu’il suffise de lever un peu la tête en se promenant dans Perpignan en toute saison, pour y voir les fetes_festival_medievals_trobades_medievales_perpignan_2016bannières dorées au quatre griffures rouge sang, pour s’en apercevoir (ci-dessus la première page du traité des Pyrénées).

Quelques siècles plus tard et après bien des péripéties, Perpignan la catalane de coeur n’a rien oublié de son histoire et pour aller la découvrir et s’ouvrir à ce riche passé, il n’y a surement pas de plus belles occasions que ces trobades en fête qu’elle vous offre cette fin de semaine. Vous y êtes donc conviés chaleureusement et si vous avez l’opportunité de vous y rendre, n’hésitez pas un seul instant.

En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

* Sur ces aspects, nous vous conseillons un excellent article de Persée de Stephen P  Bensch : La séparation des comtés d’Empúries et du Roussillon.

« Nécessité fait gens méprendre »: aux sources d’une citation de François Villon

poesie_medievale_satirique_eugene_deschamps_moyen_ageSujet: citation, poésie médiévale, poésie réaliste, maître de poésie, auteur, poète médiéval, citations expliquées, adaptation.
Période: moyen-âge tardif,
Auteur: François Villon (1431-1463)
Titre: Le testament (extrait)


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« Nécessité faict gens mesprendre Et faim saillir le loup des boys. »
François Villon –  maître de poésie médiévale.   Extrait du Testament.


Bonjour à tous,

V_lettrine_moyen_age_passion copiaoici une « citation » extraite du testament de Villon. Pour la remettre dans son contexte, elle fait suite à un passage où François Villon cite l’anecdote du corsaire Diomedés qu’Alexandre le Grand avait décidé d’interroger avant de le faire condamner. Sommer de répondre de ses crimes face à l’empereur, le pirate répondit, en substance,  que s’il en avait eu les moyens, il aurait été lui-même empereur. Au fond, tout n’était peut-être qu’une question d’échelle.  Devant sa répartie, non seulement Alexandre le Grand gracia le corsaire mais décida encore de faire sa fortune.  Dans sa poésie, Villon fera ajouter au corsaire que son infortune et sa misère seules expliquaient ou justifiaient ses actes :

« Et saichiez qu’en grant poverté,
Ce mot se dit communement,
Ne gist pas grande loyaulté. « 

L’Histoire de  l’anecdote sur Alexandre le Grand et le pirate Diomedés

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L’histoire d’Alexandre le Grand et du corsaire à la source d’inspiration de François Villon, Manuscrit “Schachzabelbuch”, Konrad von Ammenhausen, Stuttgart, 1467

Cette anecdote, connue surtout par Saint-Augustin qui la mentionne dans la Cité de Dieu pour illustrer le fait que les empires sans justice ne sont que des entreprises de brigandage, est tirée originellement de la République de Cicéron :

« Alexandre demandait à un pirate par quel attentat il osait infester la mer avec un misérable brigantin. Par le même droit, dit-il, qui vous fait ravager le monde »    Cicéron – La république – Livre III.

Voici l’extrait de Saint-Augustin :

« Que sont les empires sans la justice, sinon de grandes bandes de brigands ? De même, une bande de brigands est-elle autre chose qu’un petit empire, puisqu’elle forme une espèce de société gouvernée par un chef, liée par un contrat, et où le partage du butin se fait suivant citation_poesie_medievale_francois_villon_saint_augustin_alexandre_le_grand_ciceron_moyen-age_tardifcertaines règles convenues? Que cette troupe malfaisante vienne à augmenter en se recrutant d’hommes perdus, qu’elle s’empare de places pour y fixer sa domination, qu’elle prenne des villes, qu’elle subjugue des peuples, la voilà qui reçoit le nom de royaume, non parce qu’elle a dépouillé sa cupidité, mais parce qu’elle a su accroître son impunité. C’est ce qu’un pirate, tombé au pouvoir d’Alexandre le Grand, sut fort bien lui dire avec beaucoup de raison et d’esprit. Le roi lui ayant demandé pourquoi il troublait ainsi la mer, il lui repartit fièrement « Du même droit que tu troubles la terre. Mais comme je n’ai qu’un petit navire, on m’appelle pirate, et parce que tu as une grande flotte, on t’appelle conquérant ».
Saint Augustin – La cité de Dieu

poesie_medievale_epitaphe_villon_ballade_pendu_erik_satie_lecture_audioUtilisant l’anecdote dans le testament pour plaider en faveur de ses propres déboires et de ses inconduites, voilà ce que Villon conclut :

« Se Dieu m’eust donné rencontrer
Ung autre pitieux Alixandre
Qui m’eust fait en bon coeur entrer,
Et lors qui m’eust veu condescendre
A mal, estre ars et mis en cendre
Jugié me feusse de ma voys.
Necessité fait gens mesprendre
Et fain saillir le loup du boys. »
Francois Villon – Le testament

Ce qui très librement adapté en français moderne donne :

Si Dieu m’eut donné de rencontrer
Un être aussi compréhensif que le fut Alexandre
Qui m’eut  permis de vivre en honnête homme
Et que l’on m’eut alors surpris à m’abaisser à faire le mal
Je me serai jugé moi-même
Bon à être brûlé et mis en cendres
Nécessité fait gens mesprendre
Et faim saillir le loup du bois.


L’extrait complet de la poésie
dans la langue de maître  François Villon 

Après l’explication et la synthèse et pour varier un peu, voilà l’extrait complet de Villon dont est tirée cette citation :

Au temps qu’Alixandre regna,
Ungs homs nommé Dïomedés
Devant lui on lui admena,
Engrillonnné pousses et detz
Comme larron, car il fut des
Escumeurs que voyons courir;
S y fut mis devant ce cadés
Pour estre jugiez a mourir.

L’empereur si l’araisonna:
 » Pourquoy es tu laron en mer? »
L’autre responce lui donna:
 » Pourquoy laron me faiz clamer?
Pour ce qu’on me voit escumer
En une petïote fuste?
Se comme toy me peusse armer,
Comme toy empereur je feusse.

Mais que veulx tu! de ma fortune,
Contre qui ne puis bonnement,
Qui si faulcement me fortune,
Me vient tout ce gouvernement.
Excusez moy aucunement
Et saichiez qu’en grant poverté,
Ce mot se dit communement,
Ne gist pas grande loyaulté. « 

Quant l’empereur ot remiré
De Dïomedés tout le dit:
 » Ta fortune je te mueray
Mauvaise en bonne « , ce lui dist.
Si fist il; onc puis ne mesdit
A personne, mais fut vray homme;
Valere pour vray le bauldit
Qui fut nommé le Grant a Romme

Se Dieu m’eust donné rencontrer
Ung autre pitieux Alixandre
Qui m’eust fait en bon eur entrer,
Et lors qui m’eust veu condescendre
A mal, estre ars et mis en cendre
Jugié me feusse de ma voys.
Necessité fait gens mesprendre
Et fain saillir le loup du boys.

Voir tous les autres articles sur la poésie de François Villon.

Une belle journée à tous!
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

Greensleeves: une ballade folk traditionnelle anglaise du début de la renaissance

musique_ancienne_renaissance_medievale_viole_de_gambe_greensleeves_jordi_savalSujet : musique ancienne, folk, chanson traditionnelle anglaise, version musicale
Période : XVIe, début  de la renaissance, toute fin du moyen-âge
Titre : Lady Greensleeves, Greensleeves to a Ground, Greensleeves
Groupe : Hespèrion XXI, Jordi Savall,
Album : Ostinato (2001)  AliaVox

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous vous proposons un peu de la grâce absolue de Jordi Savall et de sa formation Hespèrion XXI, au service d’une  chanson anglaise mythique de la toute fin du moyen-âge et même du début de la renaissance, qui a pour titre  Lady Greensleeves, mais que l’on retrouve encore souvent sous le simple titre de Greensleeves.

La superbe adaptation musicale de Lady Greensleeves par Jordi Savall

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Pardonnez-nous si nous avons l’air d’insister avec Jordi Savall et sa formation Hespérion XXI, mais c’est qu’en dehors du grand travail de recherches historiques et d’interprétation effectué, en amont de chaque album, pour restituer des joyaux et des trésors de musique ancienne,  le toucher et le son lady_greensleeves_jordi_savall_musique_ancienne_moyen-age_renaissance_folk_anglais_anthologiede du maître de musique catalan sont tellement uniques qu’il ne nous laisse d’autres choix. Au vu du nombre d’interprétations que l’on trouve de cette extrêmement populaire Lady GreenSleeves, nous aurons sans doute l’occasion d’en partager d’autres versions, mais pour l’instant place à Hespérion XXI!

Pour parler un peu de l’album Ostinato (Obstiné en Italien) dans lequel on peut retrouver cette version unique de Greensleeves, son titre contient tout entier son objet. A travers plus de 150 ans d’histoire de la musique ancienne et européenne, Hesperion XXI y explore, en effet, des morceaux choisis qui font appel à ce que l’on appelle la basse « obstinée » ou basse « contrainte ». Connu encore sous le nom d’Ostinato, ce procédé de composition consiste à répéter une mesure de 4 à 8 temps tout au long d’une pièce avec des variations et improvisations autour. Au XVIe siècle, il deviendra caractéristique de certaines danses italiennes telle que la romanesca ou la passamezzo.

Les paroles et la légende de Greensleeves

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Même si cette pièce  est au départ une chanson, elle a été reprise un nombre incalculable de fois, depuis  des siècles, sous sa forme uniquement instrumentale. C’est d’ailleurs cette dernière forme que nous avons choisi aujourd’hui pour vous la présenter, mais nous en profitons tout de même pour aborder également les paroles qu’on lui connait et aussi les traduire.

Du point de vue de l’histoire, la chanson conte les déboires d’un amant rejeté par sa belle, une demoiselle du nom de « lady Greensleeves ». L’amour a visiblement été consommé entre les deux amants mais l’homme en est encore « captif » et ne se résout pas à la séparation. Il implore sa maîtresse de revenir l’aimer encore une fois, lui rappelant même toutes les attentions qu’il a eu pour elle, mais aussi tous les beaux cadeaux qu’il lui fit, du temps de leurs élans conjoints. Ceci pourrait paraître quelque peu indélicat, dit comme cela, quoiqu’en le traduisant dans sa version originale et complète, je me sois franchement demandé à plusieurs reprises si la longue liste qu’il fait de ses achats pour elle, qui pourrait presque paraître pathétique tant elle est détaillée, est faite sous l’effet du désespoir ou si le détail et la répétition ne cherchent pas finalement à ménager un effet humoristique. Par certains endroits, l’homme me fait un peu penser au Arnolphe de l’école des femmes de Molière, bien que greensleeves_musique_ancienne_folk_renaissance_angleterre_paroles_histoire_legendes_Alessandro_ Alloririen dans le texte ne laisse supposer une telle différence d’âge entre lui et cette Lady Greensleeves. Une chose est sûre, même si sa complainte reste finalement très matérialiste et peu « relationnelle », à sa façon, le pauvre bougre n’a  ménagé ni sa peine, ni ses deniers pour se faire aimer de la belle. (ci-dessus peinture de Alessandro Allori, peintre italien de la renaissance, contemporain de la chanson, XVIe siècle)

Au vue des détails qu’il donne, il apparaît d’ailleurs comme un homme relativement riche et puissant puisque, entre autre bijoux et habits précieux, il avait même mis au service de la demoiselle des « hommes tous vêtus de vert » pour s’assurer qu’elle ne manque de rien; il parle aussi de ses terres. On n’est donc pas du tout face à un trouvère désargenté de type Rutebeuf ou Villon. Quoiqu’il en soit, malgré toutes ses belles attentions, il semble bien que la rupture ait été consommée; la demoiselle a fermé sa porte et l’amant transi n’a plus que sa plume, sa longue liste de reproches et sa chanson pour se consoler. Qui eut pu dire alors que cette dernière traverserait les siècles et connaîtrait la renommée incroyable qui fut la sienne durant plus de quatre cents ans et jusqu’à nos jours?

Sur le nom de la Demoiselle : GreenSleeves, que nous pourrions traduire littéralement par « Manches Vertes », même si cela sonne affreusement mal, ou par « Vertemanches » ce qui sonne légèrement mieux, on trouve quelques analyses à la ronde que je ne fais ici que mentionner sans avoir le moyen de les accréditer. L’une d’elle avance que la couleur verte était alors le symbole de la « légèreté » en amour, dans le sens d’amours « volages » ou même de l’amour naissant.

prostitué_et_paysan_prostitution_renaissance_fin_moyen-age_lucas_maler_CranachDans la même veine et au vue de la tournure de l’ensemble du texte, certains auteurs anglais avancent même que cette jeune maîtresse aurait pu être une fille légère, voir même une prostituée. Cela est générale-ment étayé par le fait qu’à la fin du XVIIe siècle, en anglais archaïque, l’expression « green gown » désignait une robe devenue verte après que sa propriétaire se soit roulée dans l’herbe et, du même coup, une perte de la virginité « de manière illicite », entendez « hors mariage ». Comme à aucun moment, l’homme ne parle de prendre la belle en épousailles ou d’un quelconque désir d’officialiser cette relation, l’hypothèse s’est étendue sur le fait que la demoiselle pouvait être une maîtresse intéressée, voire une prostituée. En tout état de cause, rien de tout cela ne peut être vérifié et d’ailleurs si c’était le cas, ce serait aussi étrange que cocasse, puisque la chanson a connu, dans ses nombreuses variantes, une adaptation en chant de noël à partir de la fin du XVIIe siècle ( ci-dessus « le paysan et la prostituée », toile de Lucas Maler, dit Lucas Cranach l’Ancien, peintre allemand de ce même XVIe siècle).

Le roi Henri VIII d’Angleterre,
auteur-compositeur de Greensleeves?

greensleeves_parole_histoire_chanson_folk_ancienne_anglaise_renaissance_anne_Boleyn_henri_VIIIUne « légende » raconte que Lady Greensleeves aurait été écrite autour de 1530 par Henri VIII d’Angleterre pour Anne Boleyn (portrait ci-contre) qui était alors sa maîtresse mais deviendrait bientôt, pour un temps, la reine consort d’Angleterre. Anne Boleyn aurait, à un moment donné, rejeté le roi, avant de changer d’avis et l’amant, autant que l’auteur de la chanson, serait donc, dans cette hypothèse, le roi lui-même. Si c’était bien le cas, la belle aurait été mal inspirée de changer d’avis et aurait mieux fait de tenir la position, puisqu’elle finira exécutée et décapitée pour adultère, inceste et haute trahison sur ordre personnel d’Henri VIII; autant de crimes dont l’Histoire semble l’avoir lavé depuis à quelques avis d’historiens prés. Elle est même devenue d’ailleurs une des figures martyres du protestantisme. Les historiens penchent entre un complot visant à éliminer la reine ou une claire volonté d’Henri VIII de le faire parce que cette dernière ne lui donnait pas d’héritiers mâles.

Pour la petite histoire, il faut tout de même se souvenir que Anne Boleyn ne fut pas la seule de ses épouses que ce roi, à la vie maritale et sentimentale, riche en péripéties et en « rebondissements » dramatiques, fit exécuter, au point qu’on lui prête même d’avoir été le véritable personnage ayant inspiré le conte de Perrault Barbe Bleue, bien plus que Gilles de Retz.

Pour revenir à Greensleeves, et dans une autre version de l’histoire on allègue, en relation avec l’hypothèse soulevée plus haut que cette Lady Greensleeves aurait plutôt été une prostituée et non la future reine d’Angleterre.  En réalité, aucun document ne permet d’étayer, historiquement, ni l’une ni l’autre de ces versions.

L’histoire de Greensleeves et les faits connus

On sait de source sûre que cette pièce, dont l’auteur et le compositeur sont demeurés anonymes à ce jour, est mentionnée, pour la première fois sous le règne dynastique de la maison Tudor, dans le registre de la compagnie des papetiers et éditeurs de presse de Londres ». En 1580, un dénommé Richard Jones l’a, en effet, faite enregistrer, en vue de sa publication. Dans les deux années qui suivront, on la retrouvera mentionnée sept fois dans ce même registre, sous des titres variés autour de « Lady Greensleeves » et sous le nom d’éditeurs ou d’imprimeurs divers.  Même si cela ne permet toujours pas de dater sa composition, il est indéniable qu’elle est déjà alors « officiellement » devenue extrêmement populaire comme elle l’est restée d’ailleurs depuis. En 1602, Shakespeare y fera même allusion dans une de ses comédies: « Les Joyeuses Commères de Windsor » (The Merry Wives of Windsor).

C’est en 1584 que les paroles de Greensleeves apparaissent pour la première fois dans un document écrit traçable, quant à sa musique, on la retrouve dans divers livres datant de la même période: le premier étant celui connu sous le nom de « William Ballet Lute Book«  date de 1590 et présente une partition pour luth de la chanson. Elle apparaîtra également en 1595 dans un manuscrit hollandais de Luth, le « Het Luitboek van Thysius », rédigé par un certain Adriaen Smout de Rotterdam et on la retrouvera, au fil du temps, dans de nombreux autres ouvrages.

musique_ancienne_anglaise_folk_moyen-age_tardif_debut_renaissance_greensleeve_port_amsterdam_jacques_brelSi l’on en connait pas l’auteur, le style et la composition laissent plutôt supposer que les origines de Greensleeves, ou au moins de son inspiration musicale, seraient sans doute plutôt à rechercher du côté du Passamezzo, danse de la renaissance Italienne dont nous parlions déjà plus haut, ou même de la Pavane espagnole, danse de cour lente de la même époque. Autre fait à relever concernant cette mélodie anglaise célèbre, et qui n’a pas trait à ses origines, mais plutôt à sa popularité, en tendant un peu d’oreille, vous aurez certainement noté que la célèbre chanson du grand Jacques Brel « Le port d’Amsterdam » s’en est aussi clairement inspirée.

Les paroles anglaises de Greensleeves

Il en existe de nombreuses variantes remaniées, rallongées, au besoin pour être converties, nous l’avons mentionné plus haut, en chant de noël mais Lady Greensleeves fut aussi adaptée au XVIIe siècle par ceux que l’on dénommait alors « les cavaliers » et qui étaient les troupes royales au service du roi Charles 1er, durant la guerre civile anglaise (1642–1651). On lui connait depuis des myriades de versions: jazz, folk, rock ou même variétés, de John Coltrane à Elvis Presley en passant par Léonard Cohen, Marianne Faithfull, Neil Young, Jethro Tull et même plus récemment Hélène Segara.

Les paroles anglaises que nous donnons ici proviennent de l’époque des Tudors. Nous les avons traduites et adaptées librement. Je précise que j’ai finalement consenti à traduire Greensleeves par Vertemanche en vous laissant libre d’utiliser le nom original, si vous le préférez. Mais, allons, assez parlé, en piste!


The Chorus / le Refrain

Greensleeues was all my ioy,
Greensleeues was my delight:
Greensleeues was my hart of gold,
And who but Ladie Greensleeues.

Vertemanche était toute ma joie
Vertemanche était tout mon plaisir
Vertemanche était mon coeur d’or
Et qui d’autre que demoiselle Vertemanche

The Verses / les paroles

Alas my loue, ye do me wrong,
to cast me off discurteously:
And I haue loued you so long
Delighting in your companie.

Hélas, mon amour, mon amour, vous me faites du mal
De me rejeter ainsi sans courtoisie
Car je vous ai aimé bien et longtemps
Prenant plaisir en votre compagnie

Chorus/Refrain

I haue been readie at your hand,
to grant what euer you would craue.
I haue both waged life and land,
your loue and good will for to haue.

Je me suis tenu près de votre main
Pour satisfaire tous vos désirs
J’ai gagé  mes terres et ma vie
Pour gagner votre amour et votre bienveillance

Chorus/Refrain

I bought three kerchers to thy head,
that were wrought fine and gallantly:
I kept thee both boord and bed,
Which cost my purse wel fauouredly,

Je t’ai acheté trois fichus
De fine étoffe et galante
Je t’ai gardé près de moi et dans mon lit
Ce qui a bien vidé ma bourse

Chorus/Refrain

I bought thee peticotes of the best,
the cloth so fine as might be:
I gaue thee iewels for thy chest,
and all this cost I spent on thee.

Je t’ai acheté trois jupons
Du meilleur et plus fin tissu
Et trois bijoux pour ton giron
Et tous ces frais c’était pour toi

Chorus/Refrain

Thy smock of silk, both faire and white,
with gold embrodered gorgeously:
Thy peticote of Sendall right:
and thus I bought thee gladly.

Ta chemise de soie, pure et blanche
Magnifiquement brodée d’or
Ton foulard de soie légère
Et tout ça acheté de bonne grâce

Chorus/Refrain

Thy girdle of gold so red,
with pearles bedecked sumptuously:
The like no other lasses had,
and yet thou wouldst not loue me,

Ta ceinture d’or si rouge
ornée de perles somptueuses
Du genre qu’aucune fille n’avait 
Et pourtant, tu n’as pas voulu m’aimer.

Chorus/Refrain

Thy purse and eke thy gay guilt kniues,
thy pincase gallant to the eie:
No better wore the Burgesse wiues,
and yet thou wouldst not loue me.

Ta bourse et tes jolis poignards
Ta boîte à épingles si belle au regard
De meilleur, n’avait  femme bourgeoise
Et avec tout ça, tu n’as pas voulu m’aimer.

Chorus/Refrain

Thy crimson stockings all of silk,
with golde all wrought aboue the knee,
Thy pumps as white as was the milk,
and yet thou wouldst not loue me.

Tes bas pourpres, tous de soie
Brodés d’or au dessus du genou
Tes escarpins  immaculés, aussi blancs qu’était le lait
Et pourtant, tu n’as pas voulu m’aimer.

Chorus/Refrain

Thy gown was of the grossie green,
thy sleeues of Satten hanging by:
Which made thee be our haruest Queen,
and yet thou wouldst not loue me.

Ta robe était du vert des prés
tes manches de Satin tombantes,
Qui faisait de toi notre reine des moissons
Et avec tout ça, tu n’as pas voulu m’aimer.

Chorus/Refrain

Thy garters fringed with the golde,
And siluer aglets hanging by,
Which made thee blithe for to beholde,
And yet thou wouldst not loue me.

Tes jarretières frangées d’or
aux aiguillettes d’argent pendantes,
Dont la vue t’avait tant ravi 

Et pourtant, tu n’as pas voulu m’aimer.

Chorus/Refrain

My gayest gelding I thee gaue,
To ride where euer liked thee,
No Ladie euer was so braue,
And yet thou wouldst not loue me.

Mon vaillant hongre je t’ai donné
Pour le mener où tu voudrais
Nulle fille n’eut jamais ton audace
Et avec tout ça, tu n’as pas voulu m’aimer.

Chorus/Refrain

My men were clothed all in green,
And they did euer wait on thee:
Al this was gallant to be seen,
and yet thou wouldst not loue me.

Mes hommes tous vêtus de vert
Toujours prévenants avec toi
Quel beau tableau cela faisait
Et pourtant, tu n’as pas voulu m’aimer.

Chorus/Refrain

They set thee vp, they took thee downe,
they serued thee with humilitie,
Thy foote might not once touch the ground,
and yet thou wouldst not loue me.

Ils t’aidaient à le monter et t’en faisaient descendre
Ils te servaient avec tant d’humilité,
Pas une seule fois, je crois, tu n’eus à toucher le sol de ton pied
Et avec tout ça, tu n’as pas voulu m’aimer.

Chorus/Refrain

For euerie morning when thou rose,
I sent thee dainties orderly:
To cheare thy stomack from all woes,
and yet thou wouldst not loue me.

Et chaque matin quand tu t’éveillais
Je te faisais porter de délicieux mets
Pour prévenir ton estomac de tous maux
Et pourtant, tu n’as pas voulu m’aimer.

Chorus/Refrain

Thou couldst desire no earthly thing.
But stil thou hadst it readily:
Thy musicke still to play and sing,
And yet thou wouldst not loue me.

Tu ne pouvais désirer aucune chose terrestre
Sans l’obtenir sur l’instant 
Tes musiciens toujours prêts à jouer et à chanter
Et pourtant, tu n’as pas voulu m’aimer.

Chorus/Refrain

And who did pay for all this geare,
that thou didst spend when pleased thee?
Euen I that am reiected here,
and thou disdainst to loue me.

Et qui paya pour tout ce faste
Que tu dépensas à ta guise
Jusqu’à moi qui suis, là, rejeté
et toi qui dédaignas aimer

Chorus/Refrain

Wel, I wil pray to God on hie,
that thou my constancie maist see:
And that yet once before I die,
thou wilt vouchsafe to loue me.

Bien, je vais prier Dieu sur le champ
Pour que tu vois tous mes efforts
Et qu’une fois avant ma mort
Tu daignes consentir à m’aimer

Chorus/Refrain

Greensleeues now farewel adue,
God I pray to prosper thee:
For I am stil thy louer true,
come once againe and loue me.

Vertemanche, maintenant, farewell, adieu
Je prie Dieu pour que tu prospères
Car je suis toujours ton amant sincère
Reviens m’aimer une fois encore.


Chorus/Refrain

Une très belle journée à tous
Fréderic EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

Vienne, Civitas Sancta : une balade culturelle dans un haut lieu d’intérêt historique

heraldique_vienne_histoire_moyen-age_patrimoine_festivites_medievalesSujet : lieux d’intérêt. idées sorties, ville historique, patrimoine, histoire médiévale, balades culturelles
Période : de l’antiquité au Moyen Âge tardif
Lieu :  Vienne, (Civitas Sancta)
Région : Rhône-Alpes
Département : Isère

Bonjour à tous,

D_lettrine_moyen_age_passionans le cadre de nos articles sur les lieux d’intérêt , nous vous proposons de lever avec nous les voiles pour découvrir la belle cité de Vienne en Isère et son histoire. Il y a d’ailleurs tant à en dire que nous allons débordé un peu de notre sujet habituel en survolant son antiquité et sa période gallo-romaine avant d’aborder, ensuite, sa flamboyante histoire médiévale.

A quelques pas de Lyon, sur la route du sud, et en plein cœur de la vallée du Rhône, la riche héritière gauloise qui fut un jour capitale des Allobroges, connut, en effet, de longs siècles de gloire et de prestige,  de l’antiquité à la renaissance. Le patrimoine hors du commun qu’elle a su conserver tout autant que son sol chargé d’Histoire, en font aujourd’hui un site d’intérêt pour les amateurs de Moyen Âge ou d’antiquité, comme pour les amants de flâneries culturelles.

D‘un point de vue géographique et géo-stratégique, Vienne occupe un site privilégié. Sise dans la vallée du Rhône, sur cet axe fluvial qui relie le nord au sud et que les romains surent aussi exploiter, la cité se tient encore sur un couloir qui s’ouvre sur le Massif central, à l’ouest, et sur les Alpes, à l’est. De fait, on retrouve les premières traces d’occupation de la zone, autour de l’an 5000 avant Jésus-christ, durant la période néolithique et cette présence humaine s’est confirmé également à l’âge du bronze.

Vienne, capitale des Allobroges
dans la France Gauloise

Au début de notre ère, Vienne - Capitale des Allobroges
Au début de notre ère, Vienne – Capitale des Allobroges

Durant l’antiquité, le site sera colonisé par les Allobroges, nom sous lequel on a regroupé une certain nombre de tribus celtes en provenance de Hongrie. Il se sédentarisèrent et, semble-t’il, se fédérèrent sur une bande de terre bordée au nord-est par Genève et le lac Léman, et se terminant au sud, en amont de la Ville de Valence en débordant à l’ouest du côté de l’Ardèche actuelle. Bien qu’excentrée et située à l’est du territoire des Allobroges, Vienne deviendra allobroges_gaulois_empire_romain_bataille_vindalium_conquete_de_vienneleur capitale, confirmant déjà l’importance stratégique et commerciale du site.

Au début du IIe siècle avant notre ère, autour de l’an -125, les romains viendront y guerroyer dans leur marche conquérante vers le nord des terres gauloises. Poursuivant les Salyens (ou Salluviens) peuple installé au sud et dans le midi qui s’était réfugié sur les terres des Allobroges pour fuir l’avancée de l’armée romaine, cette dernière se heurtera aux guerriers gaulois qui refuseront de lui livrer les Salyens. Suite à l’incident et sur une période de plusieurs années, la vallée du Rhône sera le théâtre de batailles d’envergure qui se solderont finalement, en l’an -121 par la défaite des Allobroges.  Les pertes seront considérables et leur alliance avec les puissants Arvernes, peuple gaulois alors installé sur le territoire de l’Auvergne actuelle qui donnera bientôt naissance au légendaire Vercingétorix, n’aura pas suffi à les prémunir de la détermination des romains. Vienne, défaite, tombera aux mains de Rome.

Les riches heures de Vienne, la Romaine

Désormais sous le joug de l’impôt romain, la Vienne des Allobroges se soulèvera encore, un peu plus d’un demi-siècle plus tard, en -61 avant Jésus-Christ, menée par un chef du nom de Catatugnos; en pure perte. Leur valeur guerrière ne pourra rien, là encore, contre  les moyens déployés par monument_patrimoine_ville_historique_vienne_temple_romainRome pour conserver la main mise sur ses conquêtes. Cette fois-ci, les Allobroges rentreront dans les rangs de l’empire, se tenant de son côté durant la guerre des Gaules et levant même des armées pour contribuer à en protéger les frontières. Vienne sera et restera romaine et dans les années qui suivent, elle deviendra même une colonie romaine prestigieuse.

Au premier siècle après Jésus-Christ, de riches familles venues de Rome viendront s’y établir. Ses voies de communication favorisent l’expansion de son commerce et on y exploite la terre au sein de vastes domaines au point que cet essor économique favorisera le développement des  cités voisines parmi lesquelles compteront Annecy, Aix-les-Bains et encore Genève. Signe de son opulence autant que de son importance stratégique pour Rome, Vienne se verra même autoriser par l’empire à édifier des fortifications et on y construira des remparts qui deviendront bientôt, les plus longs de la Gaulle romaine. Elle connaîtra, dès lors, de belles heures d’architecture et verra se construire, entre autres monuments, son théâtre antique, son temple d’Auguste et de Livie, et encore un cirque pour les jeux jeux_du_cirque_romain_vienne_ville_historique_patrimoine_histoire_medievalequi sera en bois au premier siècle, puis en pierre au siècle suivant; il en reste encore aujourd’hui pour témoin un monument appelé la pyramide de Vienne.

Dernier épisode anecdotique qui émaille le développement de cette Vienne romaine qui durera près de cinq siècles, à la mort de César, en l’an 44 av JS, les Allobroges feront encore parler d’eux en expulsant certains colons romains qui se seraient alors déplacés vers les plaines du lyonnais, au nord de Vienne. L’année suivante, serait fondée sur leur nouveau site d’élection, une nouvelle colonie romaine qui allait donner bientôt naissance à  Lugdunum, ville qui moins de vingt ans plus tard, deviendrait la nouvelle capitale de la gaule romaine.

Pour vous donner une ampleur de l’activité commerciale de la cité de Vienne, durant cette période romaine et ne parlant que de l’activité fluviale, les archéologues du musée gallo-romain de Saint Romain en Gal ont reconstitué d’après fouilles, une maquette de ce à quoi le port de Vienne pouvait ressembler en l’an 200 après Jésus-Christ. En voici un aperçu:

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Le port romain de Vienne et son activité débordante, en 200 après Jésus-Christ

Le haut Moyen Âge florissant de Vienne
au temps de burgondes

A l’effondrement de l’empire romain, l’ancienne capitale des Allobroges, devenue prestigieuse colonie romaine, connaîtra une période mouvementée, mais continuera pourtant sa marche vers le prestige.

La France mérovingienne du Ve siècle
La France mérovingienne du Ve siècle

A la fin du Ve siècle et sous les méronvingiens, la cité sera devenue burgonde. Le territoire que ces tribus d’origine germaine avait fondé à la faveur de la dislocation de l’empire romain n’était pas encore alors le royaume de bourgogne mais allait le devenir quelques temps après. Vienne, dit-on, y donnera bientôt naissance à une princesse nommé Clotilde, qui deviendra la deuxième épouse de Clovis, permettant à ce dernier de s’allier les puissants burgondes. Dans cette gaule devenant catholique, et du Ve au VIe siècle, l’évêché de Vienne prendra une avit_de_vienne_saint_avit_ville_historique_sortie_decouverte_patrimoine_histoire_medieval_haut_moyen-agepart active dans la conversion de chefs francs et burgondes prestigieux. Son opulence économique ne s’est toujours pas démentie mais son rayonnement sera alors devenu également religieux et spirituel. On y construira d’ailleurs, en 475, dans l’enceinte du rempart, une église qui sera l’une des plus anciennes de France, l’église Saint-Pierre de Vienne

On retiendra encore de ce siècle le nom de Avit de Vienne ou Saint Avit, (gravure ci-contre) prestigieux évêque de Vienne, d’origine Arverne. Diplomate, poète, érudit en langue latine, et écrivain on le décrira comme un des plus illustres hommes de son temps. Oeuvrant pour la paix, autant que pour la bonne tenue et les règles de l’église, il présidera notamment le concile d’Epaone et sera aussi conseiller du roi de burgonde Gondebaud, mais aussi de son fils Sigismond qu’il convertira au catholicisme.  

Clovis & Clotilde qui lui montre le Dieu unique, Antoine-Jean Gros, esquisse, XIXe siècle
Clovis & Clotilde qui lui montre le Dieu unique, Antoine-Jean Gros, esquisse, XIXe siècle

Après cette période, suivra un temps de guerres et de conflits entre les burgondes et un royaume franc devenu catholique qui s’est renforcé et unifié. De fait, les burgondes verront leur règne s’achever au début du VIe siècle avec leur dernier roi Godemar III et leur royaume sera divisé entre les différentes branches mérovingiennes qui se disputeront, tour à tour,  la main sur Vienne, jusqu’au IIXe siècle.

Au début de ce même siècle, les remparts de la cité limiteront partiellement les dégâts de l’invasion sarrasine, mais la province et les alentours auront tout de même à en souffrir les conséquences. C’est Charles Martel lui-même qui viendra libérer la vallée du Rhône et la cité de leur joug,  quelques années plus tard,  en 733. 

L'église Saint-Pierre de Vienne, une des plus anciennes de France. Construite au Ve siècle puis transformée au XI et XIIe siècle
L’église Saint-Pierre de Vienne, une des plus anciennes de France. Construite au Ve siècle puis transformée au XI et XIIe siècle

Du royaume de Provence  au Saint-Empire

Quand l’empire carolingien éclatera, Vienne tirera à nouveau son épingle du jeu en faisant partie d’une des toutes premières provinces autonomes de ce nouveau monde en émergence et des nouveaux ordres qui y prennent place. La province,  ou plutôt le royaume, dont il est question sera revendiqué et concédé à un homme de guerre, fin seigneur et fin politique : Boson, comte d’Autun, proche et beau-frère par sa sœur du roi Charles le Chauve  et qui deviendra bientôt Boson V de Provence. Il sera, en effet, le premier à tenter de fonder un royaume autonome sur les terres carolingiennes ce qui vaudra d’ailleurs à Vienne un siège en règle de plus de deux ans par les autres branches de l’empire carolingien. A l’issu des conflits, Boson l’emportera tout de même en devenant le premier roi du royaume restauré de Burgondie et de la Provence réunie. Nous sommes alors au IXe siècle, et pour rester dans le ton des invasions du temps, Vienne sera bientôt pillée par les envahisseurs hongrois.

Offrande d'un roi à un saint, fragmant d'une fresque religieuse du VIIe siècle, musée de Cluny
Le roi Boson V de provence et de bourgogne. Offrande d’un roi à un saint, fragment d’une fresque religieuse du VIIe siècle, musée de Cluny

Prés de deux siècles plus tard, au début du XIe siècle, à la mort de Rodolphe III de Bourgogne, dit le pieux ou le fainéant, le royaume bâti par Boson tombera dans l’escarcelle du Saint-Empire Germanique. Faute de descendant, Rodolphe III avait, en effet, constitué comme héritier de la province, le mari de sa soeur cadette, l’empereur conrad_le_salique_heritier_du_comte_de_vienne_histoire_monde_medievaleConrad II le Salique (enluminure ci-contre).

La passation n’ira pas sans heurt du côté bourguignon puisque Eudes II de Blois, neveu et fils de la soeur ainé du défunt roi, tentera par les armes de récupérer la province perdue, en dressant de puissants vassaux contre l’empereur du Saint Empire.. Les conflits dureront deux ans de 1032 à 1034, au sortir desquels l’homme finira par reculer. En 1037, il fera une nouvelle tentative mais faillira encore et mourra cette même année sur le champ de bataille. Pour ce qui est du sort de la cité de Vienne, ne laissant encore une fois derrière lui qu’un fils illégitime devenu évêque, Rodolphe III l’avait aussi déjà scellé, en cédant le comté viennois à l’église, en la personne de l’archevêque de Lyon Burchard II, qui se trouvait être son demi-frère puisque étant, lui-même, le fils illégitime du père de Rodolphe III, (Conrad III de Bourgogne), Etranges destins parfois, que celui des provinces et seigneuries médiévales qui se maintiennent ou se divisent au fil des méandres des passations familiales.

Moyen Âge central: archevêques suzerains, l’âge d’or spirituel de Vienne

Philippe le Bel et le Pape Clément V au concile de Vienne où se décidera le sort des templiers, gravure du IXe siècle
Philippe le Bel et le Pape Clément V au concile de Vienne où se décidera le sort des templiers, gravure du IXe siècle

De 1023 jusqu’au milieu du XVe siècle, date de rattachement du comté de Vienne à la couronne de France, les évêques resteront les seigneurs de Vienne. Dépendant directement de l’autorité du Saint-Empire et de la papauté romaine, ils y régneront avec prestige et conféreront à la cité de véritables lettres de noblesse au sein de l’église catholique. De son archevêché, déclaré Primat des primats des Gaules,  en dépendront, en effet, six autres, ceux de Genève, Grenoble, Valence, Die, Viviers et Maurienne. Fait marquant, autour de l’année 1030, l’archevêque Burchard partagera le comté de Vienne en deux fiefs sans savoir que plus tard ces deux provinces allaient se mettre à guerroyer entre elles. D’un côté, il créera le comté d’Albon qui deviendrait le futur Dauphiné et de l’autre le comté de Maurienne qui serait bientôt la Savoie. Le religieux ne conservera que la cité de vienne elle-même qui restera, quant à elle et pour longtemps, sous la main des archevêques suzerains.

Dans le courant des XIIe et XIIIe siècles, la ville sera plus que jamais florissante tant au niveau économique et politique que spirituelle. La cathédrale Saint-Maurice y sera édifiée et les autres édifices religieux de la ville bénéficieront également des largeurs des vienne_cathedrale_saint_maurice_histoire_medievale_sorties_historiques_patrimoine_historique_haut_moyen-ageévêques et des seigneurs du lieu. La ville attirera ainsi à elle d’autres communautés religieuses qui viendront s’y installer dans le courant du XIIIe siècle.

Les bourgeois et les communautés marchandes de la ville ne seront pas non plus oubliés puisqu’on leur donnera de nouvelles libertés qui favoriseront leur expansion et leur organisation. On bâtira également un prestigieux château-fort, celui de la Bâtie qui deviendra alors le lieu de résidence des archevêques, qui trouvera son usage défensif à plusieurs reprises durant les guerres de religions notamment, montrant bien, s’il en était besoin le sens de la stratégie militaire chez les religieux, au temps médiévaux. Démantelé par Richelieu, il ne reste aujourd’hui de l’édifice qu’une ruine de pierre. Au niveau politique, une nouvelle entité le chapitre de la cathédrale, sera aussi créé qui prendra, bien plus tard, une part active dans les guerres et les conflits opposant la Savoie au Dauphiné.

Point culminant de cet âge d’or des archevêques  de Vienne, le tout début XIVe siècle y verra affluer le Roi Philippe le Bel et le pape Clément V, ainsi que les religieux les plus prestigieux de la papauté à l’occasion du concile de Vienne. C’est même là que se jouera le triste sort de l’ordre des templiers puisqu’il sera décidé d’y mettre fin, chose qui, on le sait, sera faite par le roi dans la lettre et dans les faits.

Une présence royale pressante

Peu de temps après le concile, le roi de France qui veut étendre sa couronne convoite la cité de Vienne. Ne pouvant pour autant, lui mettre simplement et directement la main dessus, il décidera d’annexer la ville de Sainte Colombe de l’autre côté du Rhône, sous le prétexte de la mieux protéger des voyageurs.

tour_des_valois_sainte_colombe_philippe_le_bel_dauphine_vienne_ville_historiqueIl y fera édifier un rempart et une tour, la tour des Valois, et y installera même une garnison, laissant là, ce qui ressemble à un dispositif d’attaque possible de la cité de Vienne, tout autant qu’un message clair à l’attention de ses archevêques sur la proximité pressante de la présence royale. La gravure ci-dessous montre une vue très claire de Vienne depuis Saint Colombe et des remparts construits par Philippe le Bel autour de la ville et du couvent des cordeliers.  Le fait que le roi avait, lors du concile de Vienne, passé la nuit dans ce même couvent a-t’il pu influencer d’une quelconque manière cette décision d’annexion? Rien n’est moins sûr et si c’est le cas, c’est un secret que l’histoire a emporté dans son cours. Quoiqu’il en soit, il ne subsiste aujourd’hui de ce dispositif qui ne laissa sans doute, à l’époque, personne dupe sur son utilité réelle, que la tour, et même le pont médiéval d’alors a été, depuis bien longtemps déjà, reconstruit plus loin.

Vienne vue depuis les remparts de Sainte Colombe, Gravure du XVIIe siècle, Musée de Vienne
Vienne vue depuis les remparts de Sainte Colombe, Gravure du XVIIe siècle, Musée de Vienne

Contre vents et marées: Vienne au Moyen Âge tardif

Frappée par les grands drames des XIVe et XVe siècles: la peste, la famine et les conséquences de la guerre de cent ans, Vienne se relèvera pourtant, maintenant  sa position forte. A la cession du Dauphiné à la France par Humbert II au milieu en 1349, la petite enclave du Saint-Empire se verra désormais cernée de toute part par le royaume de France mais continuera pourtant de converser une relative indépendance bien que de plus en plus sujette aux pressions et aux manoeuvres de la couronne pour l’annexer. Il faudra pourtant encore attendre un siècle pour que l’archevêque de Vienne se résigne à mettre fin à l’indépendance de la cité. Nous sommes alors en 1450 et cette reconnaissance ne ternira en rien le prestige de la ville pas plus qu’elle n’atermoiera la puissance de son économie.

Le rattachement du Dauphiné à la France, en 1349 par Alexandre Debelle, peintre isèrois du début du XIXe siècle
Le rattachement du Dauphiné à la France, en 1349 par Alexandre Debelle, peintre isèrois du début du XIXe siècle

La monnaie qu’on y frappera fera encore longtemps référence pour les autres monnaies du royaume, les foires y bâteront leur plein, et les routes qui avaient fait depuis des temps reculés de Vienne ce haut lieu commercial, stratégique et historiques continueront de lui prodiguer la manne de toujours. Sur la route des pèlerinages, les croyants venus du nord, y feront même des haltes pour venir contempler ses merveilles et ses saintes reliques. Contre vents et marées, le destin hors du commun de la cité de Vienne continuera de la faire briller de mille feux au niveau économique comme spirituel durant la renaissance. (ci contre un denier médiéval frappé à Vienne par l’archevêché).

Fidèle à notre objet médiéval, c’est là que nous laissons son histoire, aux portes du siècle des lumières, pour faire un bond dans le temps et vous inviter à achever cette longue balade historique par la Vienne d’aujourd’hui.

Vienne en Fête : histoire et culture

Outre les quelques quarante monuments classés que Vienne a conservé de sa longue et prestigieuse histoire, la ville à encore bien d’autres choses à offrir pour qui viendrait la visiter. Il y a, bien sûr, les fêtes historiques et les médiévales qui se tiennent chaque début septembre mais ce ne sont pas les seuls moments durant lesquels cette belle cité célèbre son histoire et de ce point de vue, vous y trouverez de quoi vous sustentez toute l’année; journées gallo-romaines, vendanges romaines, musée, et encore visites guidées et découvertes des monuments et de l’Histoire de la ville (une a deux fois par mois),.

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Côté culture entre grands événements populaires et foires, elle vous proposera encore un festival d’écriture et un autre d’humour et pour les amateurs de musique, son magnifique théâtre antique exceptionnellement conservé est, chaque année, le théâtre de nombreux événements et concerts. Du classique au Jazz en passant par les artistes les plus variés, le lieu a vu passer des invités de prestige à la renommée internationale. Les belles heures de son festival de Jazz font aussi chaque année, au début du mois de juillet, le bonheur des vienne_ballade_culturelle_et_historique_ville_de_prestige_patrimoine_histoire_medievaleamateurs du genre. On y vient, de toute la France ou de la région, son petit coussin à la main, passer des nuits entières dans la tiédeur de l’été, à se laisser bercer pas les notes chaudes, blues, feutrées ou free jazz d’artistes au sommet de leur art, dans une qualité acoustique exceptionnelle. Croyez le dauphinois qui vous parle, mes amis. Tout cela est du vécu. Il suffit de quelques instants passés au milieu des vieilles pierres du théâtre de Vienne, dans la chaleur de l’été et la magie d’un concert pour vous sentir, ici, plus seulement en terre d’histoire mais aussi en terre d’émotion et d’amitié.

Un de ces prochains week end ou même un de ces mois d’été où l’appel de la mer vous gagne, sur la route de vos vacances, plutôt que de passer trois heures à vous déshydrater dans les embouteillages, au douloureux péage d’autoroute de Reventin-Vaugris, je vous conseille volontiers de faire une belle halte en la cité de Vienne, pour venir vous rafraîchir à l’ombre de sa prestigieuse histoire et de ses merveilles. Il sera bien tant de reprendre la route à la fraîcheur du matin suivant, quand les bouchons auront sauté.

Une excellente journée à tous!
Fred
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