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Le jeu de Marion et Robin du trouvère Adam de la Halle, par la formation Micrologus.

trouveres_troubadours_musique_poesie_medievale_musique_ancienneSujet : musique, chanson, poésie médiévale, vieux français, trouvères d’Arras, théâtre profane. opéra, pastourelle.
Période : Moyen Âge central, XIIIe siècle
Auteur : Adam de la Halle (1235-1285)
Titre : Le jeu de Robin et Marion (extrait)
Interprètes : Micrologus
Album : Adam de la Halle – Le Jeu De Robin Et Marion (2004)

Bonjour à tous,

D_lettrine_moyen_age_passionans la famille des trouvères  arrageois dont nous avons déjà dit un mot en présentant un  fabliau de Jean Bodel, l’un des plus célèbres est, sans conteste, Adam de La Halle. Fils d’un bourgeois d’Arras, du nom de Henri le Bossu, on connait encore cet artiste du Moyen Âge central sous le nom de Adam le Bossu.

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Le jeu de Robin et Marion, Adam de la Halle, miniature moyen-âge tardif, début renaissance (1500), le Petit Livre d’amour, Pierre Sala

Adam de la Halle,
dernier  trouvère du Moyen Âge

Digne trouvère picard du XIIIe siècle, et de fait, auteur, compositeur et poète, Adam de la Halle  nous a légué des pièces qui ont traversé les siècles et continuent, à ce jour, d’être encore jouées.  Son œuvre variée, mêle polyphonie et monodie, et on le considère comme un des derniers trouvères.

On lui doit des Jeux, pièces de théâtre qui mélangent textes et chansons et se situent dans un registre profane, mais aussi des rondeaux, ainsi que quelques poésies non musicales. Parmi son legs, les deux pièces « le jeu de la feuillée » et le « jeu de Marion et Robin » sont, encore à ce jour, considérées comme les plus anciennes pièces connues en langue française d’une nouvelle forme de théâtre, détachée  de la liturgie, qui s’inscrit encore dans le genre de « l’opéra ».

Le jeu de Robin et Marion

Ce jeu de Robin et Marion dont nous vous proposons, aujourd’hui, un extrait a été présenté, pour la première fois vraisemblablement, à la cour de Charles d’Anjou, en 1285. Le thème traité est celui de la pastourelle. C’est un genre poétique commun dans le courant du Moyen Âge central. De manière classique, il met en scène l’histoire d’un chevalier tentant de séduire une bergère, nommée « Marion », qui ne se laisse pas impressionner par le prestige musique_poesie_chanson_profane_medievale_pastourelle_adam_de_la_halle_trouvere_arraspas plus que le statut social du noble en armes et lui résiste.

En l’occurrence dans la pièce d’Adam de la Halle, la jeune fille est déjà amoureuse par ailleurs d’un jeune berger du nom de Robin. Elle se refusera donc au chevalier et ce dernier tentera même de l’enlever, mais devant la détermination de la belle, il finira par comprendre qu’il ne pourra parvenir à soustraire son coeur déjà pris et la relâchera. L’intrigue fournira le prétexte à un divertissement où se mêleront entre poésies, chants et danses: jeux de séduction, amours champêtres, folklore et fêtes paysannes.

Un  maigre repas de fiançailles
pour  Marion et Robin

L’extrait que nous partageons aujourd’hui est dans la langue originale de l’œuvre. Il est tiré de la scène des fiançailles de Marion et Robin. Les deux tourtereaux y font l’inventaire de leurs maigres provisions en vue de la célébration de l’événement.

Robin:
J’ai encore une tel paste
Qui n’est mie de laste
Que nous mengerons, marote,
bec a bec, et moy et vous
Chi me ratendes, marote
Chi venrai parler a vous.

[ Marote, veus tu plus de mi

Marion:
Oil, en non dieu

Robin:
Et jou te di ]

Que jou ai un tel capon
Qui a gros et gras crepon
Que nous mengerons, marote,
bec a bec, et moy et vous
Chi me ratendes, marote
Chi venrai parler a vous.

Micrologus – Ensemble Médiéval

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musique_poesie_chanson_picarde_medievale_trouvere_arras_adam_de_la_halle_micrologusEnsemble italien, créé dans le courant de l’année 1984, Micrologus exerce son talent dans le répertoire des musiques médiévales avec un parti-pris de perfectionnisme voisin de celui d’un Jordi Savall et de quelques autres groupes du même type.

Au vue du travail de recherches, tant sur les sources que sur les instruments, les annotations musicales et le contexte d’époque, nous sommes ici clairement au carrefour de la musique et de l’ethnomusicologie. L’art musical que la formation Micrologus nous livre est donc toujours le fruit d’un long travail en amont qui fait largement appel à la méthode comparative et ne musique_medievale_ancienne_trouvere_adam_de_la_halle_micrologus_Patrizia_Bovi_sopranocraint pas l’exhaustivité dans ses références. Plus qu’une interprétation, nous sommes ici face au résultat de recherches conduisant à une véritable redécouverte de la musique médiévale, soutenus par rien moins qu’une « théorie » de l’interprétation médiévale.

Depuis sa fondation par Patrizia BOVI, chanteuse soprano de talent, formée au conservatoire de Pérouse (Perugia) en Italie, on doit à Micrologus plus de 40 albums et quelques prix notoires dans le répertoire des musiques anciennes, du Moyen Âge à la renaissance.

Nous aurons, sans aucun doute, l’occasion de poster ici d’autres pièces interprétées par cette belle formation.

En vous souhaitant une très belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

Kaamelott: épisode audio clin d’oeil, Perceval et les échecs

kaamelott_alexandre_astier_legende_medievale_roi_arthur_moyen_age_passionSujet:  Kaamelott, roi Arthur, Perceval, maître d’armes, légendes arthuriennes, Graal, jeux d’échec, humour, humour médiéval, hommage, Auteur:  Alexandre Astier
Période: haut moyen-âge, moyen-âge central
Série télévisée : Kaamelott, M6
Média : lecture audio, épisode hommage

Bonjour à tous,

e vent Kaamelott continue de souffler de notre côté et de nous inspirer quelques nouvelles âneries, sans doute du fait de l’impatience d’avoir à se mettre sous la dent le premier volet de la trilogie sur grand écran. La concernant, pour l’instant, pas de nouvelles fraîches à l’horizon, mais comme plusieurs informations datant de l’année dernière étaient venues confirmer un tournage autour du début d’année 2017, nous formons l’espoir que tout se déroule au mieux et suivant les souhaits les plus chers du très créatif et talentueux Alexandre Astier, alias notre bon roi Arthur dans la série télévisée.

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En attendant le long métrage donc et pour prolonger un peu la compagnie des personnages d’anthologie qu’il a créés pour notre plus grand plaisir, nous empruntons, le temps de quelques minutes leurs chausses et leurs guêtres, en mettant en audio, l’épisode dont nous avions l’autre jour posté le script: Perceval et les échecs.

Le traité est un peu à la façon de François Pérusse et ses « deux minutes du peuple », pour ceux qui s’en souviennent, ou encore à la Naheulbeuk pour ceux qui ne se souviennent pas que l’auteur de cette dernière série s’était aussi inspiré du premier. Encore une fois, ce n’est qu’un clin d’oeil et si vous ne connaissez pas la série Kaamelott, je ne peux que vous conseiller d’acquérir d’urgence les DVD’s, et au moins le livre 1 pour la découvrir.

Voilà donc l’épisode audio, en espérant que vous y retrouverez vos billes, si vous êtes fans de la série!

Perceval et les échecs. Episode Audio

Perceval  dans les légendes arthuriennes :
de la candeur au parcours initiatique

perceval_kaamelott_alexandre_astier_legendes_arthuriennes_medieval« Faut faire comme avec les scorpions qui se suicident quand ils sont entourés par le feu, faut faire un feu en forme de cercle, autour d’eux, comme ça ils se suicident, pendant que nous on fait le tour et on lance de la caillasse de l’autre côté pour brouiller… Non ? »
Perceval (Franck Pitiot), Kaamelott – Alexandre Astier

Dans le Roman de Graal de Chrétien de Troyes, Perceval est clairement un candide. Surprotégé par sa mère qui l’a tenu loin du maniement des armes, de peur qu’il ne connaisse le même destin que son frère et son père, chevaliers tous deux morts au combat, il ne sait rien de la chose militaire, ni des valeurs chevaleresques, avant de croiser un groupe de chevaliers dans la forêt. Cela donne l’occasion d’une scène mémorable dans laquelle l’auteur médiéval nous le présente dans toute son innocence. En voici un court extrait traduit, pris dans les premières lignes:

« Les compagnons s’arrêtent et le maître va vers le garçon à grande allure. Il le salue. Il le rassure :
– Garçon, n’aie donc pas peur !
– Je n’ai pas peur, dit le garçon, par le Sauveur en qui je crois! Etes-vous Dieu?
– Non, certes!
– Alors, qui êtes-vous donc?
– Un chevalier.
– Chevalier ? Je ne connais personne ainsi nommé ! Jamais je n’en ai vu. Mais vous êtes plus beau que Dieu.. Vous ressembler je le voudrais, tout brillant et fait comme vous ! »
Perceval le Gallois ou le roman de Graal – Chrétien de Troyes

Pour autant qu’il soit ingénu et même rustre, Perceval deviendra un personnage hautement héroïque de la légende Arthurienne et tirera son épingle du jeu. Il y a sans doute, derrière tout cela, l’idée que la noblesse de coeur et la destinée percent toujours là où elles le doivent. Et peut-être encore, dans l’innocence et l’ingénuité que Perceval personnifie fait-on l’éloge d’une forme de pureté qui, seule, peut permettre, de trouver le Graal.

Chez  Chrétien de Troyes et dans l’aventure de son Perceval, il y a encore l’invitation à un parcours initiatique qui est aussi l’occasion de disséquer les valeurs de la chevalerie, de la courtoisie et de l’Amour. Pour gagner sa place auprès du roi, autant que dans la société, l’innocent et jeune chevalier devra, en effet, perceval_kaamelott_chretien_de_troyes_roman_de_graal_legendes_arthuriennes_graal_enluminures_moyen-age faire  l’apprentissage d’un monde qui n’est pas le sien en intégrant ses valeurs, pour mieux les dépasser ensuite.

(Perceval  le Gallois de Chrétien de Troyes, enluminure du XIVe (1330 Manuscrit MS 12577, Bnf)

Pour autant qu’il soit candide, notre héros arthurien est aussi un être qui accepte sa destinée en s’ouvrant à ce processus de maturation. Est-ce parce qu’il est vide comme une coupe, prêt à accueillir les valeurs réelles qui animent le chevalier véritable en quête du Graal, qu’il y réussit mieux que tous? Sans doute. Comme dans tout parcours initiatique, le chemin parcouru compte au moins autant que le résultat et la finalité. Il y a, dans cette quête à la recherche de soi, du monde et de la transcendance, la présence nécessaire d’une innocence qui n’est plus tout à fait la candeur originelle mais qui pourtant, une fois cette dernière perdue à la faveur des valeurs apprises et des épreuves, sert de fil conducteur au dépassement de soi.

Le Perceval d’Alexandre Astier

Le Perceval d’Alexandre Astier dans Kaamelott réussit à allier inculture et conscience cosmique, candeur et poésie,  incompétence et loyauté sans faille, et même encore des mots même de son créateur « naïveté et intelligence » et cette relecture de la légende le place, sans aucun doute, dans la parfaite continuité de cette dernière, étant entendu qu’il prend aussi, au passage, la marque de son auteur. D’ailleurs, il ne fait aucun doute qu’il possède un destin et on lui connait mêmes des actes héroïques. Concernant ce personnage épique, il faut rendre tribut encore ici à la parfaite incarnation de Franck Pitiot (ici en photo) qui franck_pitiot_acteur_talent_perceval_kaamelott_alexandre_astierl’incarne admirablement bien à l’écran.

Nous l’avons sûrement déjà dit ici, mais il ne coûte rien de le répéter, même si tous ceux qui prennent l’humour au sérieux le savent déjà. Kaamelott est une oeuvre qui peut paraître légère dans ses formes pourtant, contre vents et marées et même si elle le fait toujours avec modestie et respect, elle s’inscrit sans aucune fausse note et avec brio dans le corpus des légendes arthuriennes. D’ailleurs, et c’est un véritable exercice de virtuosité auquel se livre son auteur, le ton change quand c’est nécessaire et ne sacrifie jamais à l’Histoire.

Au passage, si le sujet vous intéresse, je vous recommande aussi cet article sur la popularité médiévale des héros arthuriens.

En vous souhaitant une merveilleuse journée.
Longue vie!

Fred
Pour moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publiliue Syrus  Ier s. av. J.-C.

A la découverte d’un manuscrit ancien du moyen-âge central: la Bible de Maciejowski

manuscrit_ancien_enluminures_miniatures_medieval_moyen-age_central_XIIIe_siecleSujet : enluminures, miniatures, manuscrit ancien, ancien testament, bible, monde médiéval,
Période : moyen-âge central, XIIIe
Titre : Bible de Maciejowsky, Morgan Bible, la Bible des croisés
Référence manuscrit : Ms M. 638
Conservation :  Pierpont Morgan library (New York)

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui nous mettons le nez dans les vieux livres en provenance du monde médiéval, pour vous parler d’un des plus prestigieux d’entre eux.  Ce manuscrit ancien, encore exceptionnellement bien conservé à ce jour, est connu sous la référence de  Ms M 638, mais aussi sous de nombreux autres noms:  Bible de Maciejowski ou Maciejowsky, Bible de Morgan, Bible de Shah Abbas ou encore bible des croisés.

Manuscrit ancien: bible Maciejowski, la genêse , feuillet 1R, enluminure,miniature, moyen-âge central
Manuscrit ancien: bible Maciejowski, la genêse , feuillet 1R, enluminure,miniature, moyen-âge central

Datant du XIIIe siècle, cette Bible de Maciejowski est considérée comme un des plus grand témoin de l’excellence artistique française du moyen-âge central, en terme d’enluminures et notamment en terme d’art gothique.  L’ouvrage a ceci de précieux qu’il contient, en effet, de nombreuses miniatures de qualité exceptionnelle.  Comme son nom l’indique, il puise ses origines dans la Bible et illustre l’histoire de l’ancien testament, depuis la genèse jusqu’au livre II de Samuel et l’histoire de David et Absalom.

Du point de vue de son contenu, il se compose de 46 feuillets. On y trouve des scènes de batailles et de guerre, des scènes de crimes et de meurtres, mais aussi des scènes de la vie de tous les jours. Et même si son sujet se rapporte à une période biblique supposée bien antérieure à l’époque dont il est contemporain, le soin apporté aux illustrations en font un allié précieux des « reconstituteurs » et historiens quand il s’agit de se représenter fidèlement le XIIIe siècle. Il était, en effet, habituel que face à des sujets anciens ou bibliques, les artisans du monde médiéval se servent pour les illustrer d’éléments qui leur étaient contemporains, faisant même souvent des allusions dans leurs planches à des événements ou faits concrets étant survenus à leur propre époque. Et si ce manuscrit de Maciejowski n’est pas la seule Bible illustrée qui nous soit parvenue du moyen-âge, cette règle ou ce parti-pris artistique semblent se confirmer le plus souvent dans les autres ouvrages de ce type.

Histoire et  périples de la bible de Maciejowski à travers les siècles

On a pensé longtemps que cette bible ancienne avait été commandée par le roi SAINT-LOUIS en personne, mais cette version a été remise en cause depuis par plusieurs historiens qui penchent pour lui attribuer plutôt des origines du côté d’ateliers de Flandres et peut-être même de Bruges (Alliston STONES et Francois AVRIL). Il reste donc difficile de faire le tri quand on sait encore que d’autres experts soutiennent que ces illustrations seraient le fruit de différents artistes d’ateliers parisiens. Quoiqu’il en soit, le manuscrit semble en tout cas contemporain de la première croisade de Louis IX. Après sa création, les périples qui l’ont conduit à son lieu actuel nous sont manuscrit_ancien_enluminures_miniatures_monde_medieval_moyen-age_central_bible_maciejowskiplus connus. Ils pourraient presque, à eux-seuls, fournir le prétexte d’un roman tant l’ouvrage a voyagé à travers les siècles.

Parti de France pour l’Italie et la cour de Naples, autour de 1300, il y demeurera quelques temps mais on le retrouvera bientôt en Pologne, où il demeurera, jusqu’à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle. A la fin de cette période polonaises, on retrouve le manuscrit ancien  dans les mains du cardinal Bernard MACIEJOWSKI ou  Maciejowsky, (1548-1610) évêque de Cracovie (portrait ci-dessus) qui donnera au manuscrit le nom sous lequel on le connait le plus souvent, aujourd’hui. Il semble que c’est un peu avant sa mort, qu’il  fera présent de la Bible au chah Iranien Abbas Ier le Grand, (Shah Abbas the great), roi de perse en 1608. C’est d’ailleurs un des autres noms qu’on connait à l’ouvrage la Bible de Shah Abbas. Comme les italiens l’avaient faits, les perses annoteront alors le manuscrit de leurs interprétations, en marge des illustrations.

Deux cents ans plus tard, nous sommes en 1800, le manuscrit sera vendu à un collectionneur égyptien. Dans le siècle qui suivra, il passera encore dans les mains de quelques collectionneurs pour finalement  être racheté en 1916 par le fondateur de la bibliothèque dans lequel il se trouve encore aujourd’hui conservé: John manuscrit_ancien_enluminures_miniatures_medieval_moyen-age_central_bible_maciejowski_tour_babelPIERPONT MORGAN, qui, à son tour, donna à l’ouvrage un de ses autres noms connus: the Morgan Bible. A noter que si l’ensemble du manuscrit se trouve à New york et dans cette bibliothèque, trois autres de ces feuillets sont conservés en deux autres endroits:  deux se trouvent à la Bibliothèque nationale de France, et un autre au J. Paul Getty Museum de Los Angeles.

Old testament Miniatures:
une édition anglophone des années 70

En 1969, Cockerell, Sydney C, directeur du Musée Fitzwilliam à Cambridge. et John Plummer, décidaient de proposer au grand public, une édition  de la bible ancienne en grand format, réunissant une quantité importantes d’enluminures et de miniatures en provenance du manuscrit M 638. Y seront adjoints aussi des dessins et reproductions du designer Emery Walker et cet ouvrage portera le titre de « Old testament Miniatures ».

Ou trouver la bible de Maciejowski?

On trouve plusieurs versions du livre mentionné ci dessus à la vente mais pour qui ne peut ou ne veut se fendre d’une centaine d’euros, voir même de trois à quatre fois plus, en fonction de l’état de l’ouvrage, pour l’acquérir, il reste d’autres options. Côte version papier, il existe une autre version plus récente de l’ouvrage, datant de 1998 et réimprimée en Suisse, ayant pour titre : « The morgan crusader bible : The picture Bible of Saint-Louis ». Nous ne pouvons pas préjuger ici de la facilité à le débusquer mais nous le mentionnons tout de même.

Pour le reste et si vous savez vous en contenter, on peut en cherchant un peu accéder à plusieurs versions digitalisées sur le web. Après avoir fait un tour de la question, il semble qu’une des meilleures version se trouve ici : Version digitale de la bible de Maciejowski

C’est d’ailleurs dont nous nous sommes servis pour vous présenter les illustrations de cet article. Comme vous l’imaginez sûrement, nous les avons retouchées quelque peu pour mieux les mettre en valeur et leur donner plus de profondeur.  Au delà du fait qu’elles ont près de huit cent ans, leur grand niveau de détails et leur qualité sont véritablement remarquables et l’on comprend bien le plaisir véritable qu’il y a aurait à en posséder une version papier et grand format.

En vous souhaitant une merveilleuse journée.

Frédéric EFFE.
Pour moyenagepassion.com
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L’histoire des couleurs par Michel Pastoureau : le Noir

conference_monde_medieval_couleurs_du_moyen-age_noir_blanc_michel_pastoureauSujet : couleur, symbolique, moyen-âge, , anthropologie, histoire médiévale, histoire des couleurs.
Période : de l’antiquité à nos jours
Livre : « Noir, histoire d’une Couleur »
Auteur : Michel Pastoureau
Média : émission radio, livre, « conférence »
Titre : « Des goûts et des couleurs : le noir et le blanc»
Radio : France Culture, « Hors Champs », Laure Adler

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous partageons, ici, le troisième volet des interviews donnés par l’historien médiéviste Michel PASTOUREAU, à la journaliste Laure ADLER de France Culture, au sujet de l’histoire des couleurs à travers les âges.

couleur_histoire_moyen-age_michel_pastoureau_conference_monde_medieval_noirC’est, cette fois-ci, à la découverte du noir et du blanc et de leur symbolique changeante que le programme nous entraîne. On y apprend que le noir gagna peu à peu son statut de couleur, même si au fond il n’a jamais vraiment pu figurer seulement qu’une absence. Dans le courant du XXe siècle, sa mode venue du Japon, a perduré encore longtemps de notre côté du monde et l’esprit zen n’y est certainement pas étranger; les Kolomos des moines qui le pratiquent y sont encore de cette couleur qui porte, dans sa symbolique zen, la marque de la sobriété, de l’humilité et, finalement, d’une certaine volonté de non paraître. Couleur peut-être encore d’une mort symbolique déjà là, pour ceux qui ont fait le voeu de renoncement aux désirs et aux attachements, face à la marche de l’univers et du temps.

histoire_couleur_noir_moyen-age_michel_pastoureau_conference_livre_monde_medieval_anthropologieOn revisitera aussi, avec l’historien, les noirs de Pierre Soulages et de son Art pictural d’Outrenoir. Et suivant les méandres de ce noir et de ce blanc et leur dialogue en miroir,  on regrettera presque, en accord avec lui et  François Truffaut, que l’arrivée de la couleur au cinéma soit venue si souvent brouiller des codes que le noir et blanc rendaient presque transparents. Disant cela, il vous reviendra peut-être en mémoire, l’image de Peter Falk, en ange incarné, qui se frotte les mains après un café, dans le froid d’un matin d’hiver, face à un Bruno Gantz, encore entre deux mondes, dans les Ailes du Désir de Wim Wenders, ou, peut-être encore, une photo de Robert Doisneau saisissant  un instant de vie pour le figer, à jamais, dans une éternité de noir et blanc.

Pierre Soulages, Peinture 181 x 405 cm, Musée FABRE, Montpelliier
Pierre Soulages, Peinture 181 x 405 cm, Musée FABRE, Montpelliier

Et puis, sur les rivages de ce débat ancien, Noir pur d’une sobriété toute chrétienne ou Noir de l’obscurité, de la mort ou de la peur ancré à jamais dans les parties les plus grégaires de nos subconscients, et en miroir encore, Blanc de la pureté ou blanc de l’apparat et du paraître. Michel Pastoureau évoquera aussi les luttes médiévales entre moines blancs et moines noirs sur le territoire d’une symbolique et d’une pratique spirituelle, qui, au XIIIe siècle, finira par interroger au delà des couleurs de robes le statut tout entier de moines comme celui de l’Eglise: les blancs et riches cisterciens et les ordres mendiants aux couleurs de loups.

Les goûts et les couleurs; le noir et blanc


Lien direct vers le même podcast sur le site de France-Culture

En vous souhaitant une bonne journée.
Fred
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.