Sujet : poésie médiévale satirique, épitaphe, humour médiéval, humour noir, mots d’esprit. Période : fin du moyen-âge, début renaissance Auteur : Clément Marot (1496-1544) Titre : « De Frère Jehan L’evesque Cordelier Natif D’Orléans », épitaphe (1520)
Bonjour à tous,
ous vous invitons à découvrir, aujourd’hui, un peu de l’esprit caustique et satirique de Clément Marot en partageant une de ses épitaphes pleine d’humour, qui se comprend très bien sans traduction.
« Cy gist, repose et dors léans Le feu Evesque d’Orléans, J’entends l’Evesque en son surnom, Et frère Jehan en propre nom, Qui mourut, l’an cinq cens et vingt, De la verolle qui luy vint. Or affin que sainctes et anges Ne prennent ses boutons estranges. Prions Dieu qu’au frère Frappart Il donne quelque chambre à part. »
Clément Marot (1496-1544),
poète, auteur de la toute fin du moyen-âge, début de la renaissance.
Une excellent journée à tous!
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : procès, inquisition, histoire de France, histoire médiévale et criminelle, Maréchal de France, Période : moyen-âge tardif, XVe Auteur : Blaise CENDRARS Titre : les annales de la Violence Personnage historique : Gilles de Rais ou Retz (1404-1440) Média : théâtre radiophonique (1950) France Culture
Bonjour à tous,
oici près de soixante-dix ans, Blaise Cendrars essayait sa plume aux programmes radiophoniques et pour cette émission particulière, sur un média qui était alors en gestation, c’est sur un personnage
du moyen-âge tardif, devenu tristement légendaire que le célèbre écrivain et poète du XXe siècle décidai de se pencher: le terrible et ténébreux maréchal de France Gilles De Rais ou encore de Gilles de Retz.
(Gilles de Montmorency Laval, Baron de de Raiz ou Retz (1404-1440), par Eloi Firmin Féron, XIXe, musée Versailles)
Vous l’avez compris, c’est donc un programme très particulier que nous publions aujourd’hui. Il ne sera peut-être pas du goût de certains d’entre vous parce que les voix des commentateurs ou des débatteurs d’alors lui donnent, en début de diffusion, une saveur un peu désuète et rétro. D’autres y trouveront assurément un certain charme mais, quoiqu’il en soit, cela dure peu et concernant la pièce radiophonique en elle-même, qui est ce qui nous intéresse le plus dans ce programme, les prestations, ni la voix des acteurs ne souffrent de cet aspect. Les mots et leur saveur restent et particulièrement quand ils sont sortis de la plume d’un grand écrivain.
L’émission par l’INA
Le podcast de France Culture
Deux mots sur Blaise Cendrars
omancier, poète et essayiste du XXe siècle, Blaise Cendrars (1887-1961) a fait de sa vie comme de sa poésie et ses écrits une aventure littéraire, en mélangeant les deux au point que le public avait quelquefois du mal à démêler de son personnage le vécu du romancé. D’une jeunesse voyageuse de Moscou aux Etats Unis, en passant par Paris et ses milieux artistiques dadaïstes et surréalistes, d’Apollinaire à Henri Miller, de peintres en poètes, ce talent prodigue dont on dit qu’il inspira la poésie de son temps, se singularisera aussi durant la première guerre mondiale aux côtés de la légion étrangère et qui y perdra un bras, semble avoir eu plusieurs vies en une seule. N’ayant jamais cessé d’écrire à l’exception de quelques courtes périodes, il laissera derrière lui une oeuvre considérable faite de poésies, de romans, de contes, de pièces de théâtres, de nouvelles, mais aussi d’écrits plus auto-biographiques, même si dans sa conception de la littérature, on écrivait finalement toujours le livre de sa vie à travers tous les autres.
Concernant son approche de Gilles De Rais, sous l’angle d’une forme de schizophrénie à bouffées délirantes dont une des actrices principales, bien qu’absente reste Jeanne d’Arc, on peut se demander si certains de ses traits furent, en partie, inspirés à Cendrars, par Adolf Wölfli: artiste dessinateur, et un des pères de l’Art Brut, mais aussi schizophrène violent que ses crimes sexuels et tentatives de viols sur de très jeunes filles avaient poussé à l’internement psychiatrique à vie, au début du XXe siècle. Blaise Cendrars aurait, en effet, rencontré l’homme durant ses années de médecine à Berne qui l’aurait marqué au point d’en faire l’un de ses personnages de roman: « Moravagine » qui conte l’histoire d’un fou dangereux et homicide, dont la folie fascinera tant le narrateur, un médecin, qu’il l’aidera à s’évader, avant de partir avec lui à l’aventure. Cette oeuvre à tiroirs habitera longtemps Blaise Cendrars, de même que ce personnage violent et sombre, véritable « grand fauve humain » qui campe aussi le double obscur qui hante l’auteur et que seule l’écriture lui permet d’exorciser.
oncernant Gilles De Rais et pour y revenir, dans un premier temps, nous avons choisi de poster uniquement cette pièce de théâtre qui le présente à travers le prisme et la sensibilité de l’auteur et poète suisse contemporain. D’autres articles suivront sur ce personnage historique terrifiant qui nous permettront de l’aborder plus en détail, sources historiques à l’appui, mais pour l’instant, place au théâtre radiophonique de Blaise Cendrars et à sa vision de cet étrange maréchal de France que l’on a souvent présenté et considéré comme un des premiers serial killers de l’Histoire.
En vous souhaitant une excellente journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.
our information, nous avons, cette fin de semaine, actualisé et développé les menus qui se trouvent à la droite du site. A titre d’exemple, le menu « lecture audio en vieux français » a fait son apparition, ainsi qu’un menu sur les articles concernant l’histoire des châteaux-forts et des techniques de sièges médiévales. Un menu sur les auteurs dont nous avons jusque là le plus parlé est aussi disponible. Les autres menus ont été également mis à jour et réordonnés. L’ensemble devrait constituer une alternative à la navigation catégorielle de gauche ou au champ recherche qui reste, bien sûr, toujours fonctionnel et pratique pour des recherches plus ciblées.
Au vue du nombre croissant d’articles et des actualisations quotidiennes, il va certainement nous falloir, sous peu, créer des niveaux supplémentaires de catégories, mais dans l’attente, ces changements devraient, nous l’espérons, faciliter grandement vos recherches par thématique ou par auteur médiéval sur le site.
Du même coup, nous nous sommes aussi fendus d’une playlist youtube qui est tout en haut à droite du site et qui réunit – en principe et si nous n’en avons pas oublié – toutes les chansons, musiques, danses médiévales sur lesquels nous avons fait des articles détaillés jusque là : histoire, détail, auteur, interprètes, traduction-adaptation le cas échéant. Cela prend un petit côté radio « spécial moyen-âge » assez plaisant et nous y ajouterons les futurs morceaux que nous serons amené à détailler dans le futur.
Une seule chanson ne fait pas encore l’objet d’un article, la première, intitulée « Le luneux » mais je me devais vraiment de l’ajouter parce qu’elle possède une magie dont je n’ai pas réussi à me défaire depuis qu’un ami catalan me la fit découvrir, il y a un peu moins de dix ans. Il l’avait lui même écouté des années entières, sans en comprendre les paroles, fasciné par la pureté angélique de la voix de son interprète Marie Sauvet de Malicorne. Je lui ai traduit ce texte d’une poésie et d’une force incroyable, largement à la hauteur de cette interprétation à fleur de peau et il lui a plu autant qu’il l’a surpris.
En espérant que toutes ces petites nouveautés vous aident à mieux naviguer sur l’ensemble des contenus et articles du site, et que tout cela vous agrée!
Une très belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com « A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes »
Sujet : fêtes historiques, festival moyen-âge, troubadours, compagnies médiévales. Evénement : Les Trobades médiévales de Perpignan 2016 Lieu : Perpignan (Pyrénées-Orientales, Occitanie) Date : les 15 et 16 octobre 2016
Bonjour à tous,
ette fin de semaine, sur l’agenda des événements célébrant le monde médiéval, c’est vers le sud de la France que nous vous invitons à diriger vos chausses si vous ne vous y trouvez pas déjà, pour une grande fête de deux jours en bord de mer, dans la cité de Perpignan la Catalane.
L’événement, organisé à la fois par la ville et par l’office du tourisme, est de taille puisque pendant ces deux journées de samedi et dimanche ce sont plus de deux cent cinquante figurants et acteurs et près de vingt compagnies médiévales qui investiront le centre historique de la cité catalane, pour la faire revenir pour vous au moyen-âge central des XIIIe et XIVe siècles.
Le programme détaillé
des trobades de Perpignan 2016
Entre jeux médiévaux, défilés et parades, animations, concerts de musique, troubadours et jongleurs, de la farce légère aux reconstitutions historiques les plus sérieuses, le programme de ces Trobades 2016, s’annonce fort chargé et ne vous laissera que l’embarras du choix. Au titre des spectacles de rue, il y aura même une troupe humoristique qui vous fera voyager dans la médecine des temps anciens et encore une bande de joyeux goliards pour vous entraîner dans leurs facéties musicales et farcesques.
Les chevaux seront aussi de la fête et une belle place leur a été ménagée puisque trois compagnies différentes les représenteront, entre camp équestre, numéros de dressage en costumes d’époque, mais encore joutes et voltiges. En plus de toutes ces animations historiques et festives, vous pourrez, bien sûr, compter sur des campements ou ateliers thématiques à la redécouverte des métiers du moyen-âge mais encore – que les amateurs de ripailles se rassurent – sur un marché médiéval et « gourmand »! Ajoutons enfin que la fête se veut résolument familiale et que les enfants n’ont pas été oubliés puisque de nombreuses animations leur seront également destinées.
La riche histoire médiévale
de Perpignyà, la catalane
L’histoire du site de Perpignan et de ses environs ne commence pas tout à fait au moyen-âge. Au VIIe siècle avant notre ère, on trouve, en effet, des traces attestées d’occupation des lieux par les Sordes, une tribu d’origine ibérique, qui y tenaient leur capitale: une cité du nom de Ruscino, qui donnera plus tard son nom à la province du Roussillon. Autour du premier siècle et après la colonisation romaine, les Sordes finiront par disparaître et les romains s’installeront sur ce site, situé à quelques kilomètres de l’actuel cité de Perpignan. Ils y établiront un Forum et feront même de Ruscino une véritable cité romaine mais l’abandonneront pourtant, un peu plus tard dans le temps, pour des raisons que les historiens n’ont pas réussi à percer à ce jour (l’hypothèse d’un séisme a été soulevée sans être, pour l’instant, avérée). Vraisemblablement, ils iront s’installer un peu plus loin pour y fonder la ville de Perpignan. De son côté, la ville de Ruscillo restera occupée durant le haut moyen-âge mais son histoire est mal connue, même si des découvertes récentes montrent qu’elle a pu jouer un rôle important, au VIIe siècle, dans la conquête de Narbonne par les Arabes. Quoiqu’il en soit, elle disparaîtra, semble-t’il, de manière définitive à la période carolingienne et la seule certitude que l’on est que le site de la ville actuelle de Perpignan est sans relation avec celui dont les Sordes avait fait, à quelques kilomètres de là leur capitale. Concernant la cité catalane, il faudra attendre le Xe siècle pour en trouver les premières mentions. (ci- dessus la tour de Château Roussillon, construite au XIIIe, XIVe siècles, sur le site de l’ancienne Ruscino ).
Perpignan en Roussillon-Empúries
L’histoire médiévale de Perpignan est assez mouvementée. La cité changera, en effet, plusieurs fois de main, de province et même de nation, du moyen-âge central, jusqu’au XVIIe siècle. Dès son entrée dans l’histoire du Xe siècle, en 927 précisément, elle sera sous l’égide des comtes de Roussillon-Empuries.
Unifiés au IXe siècle par le comte catalan Sunyer II, fondateur de la maison d’Empúries (Ampurias), les deux comtés d’Empúries et de Roussillon étaient alors sous la même main et Perpignan la catalane en était devenue la capitale. A la fin du Xe siècle, en 991, et quelques trois générations plus tard, à la mort de Gausfred 1er, les comtés se retrouveront divisés entre deux de ses héritiers: Hug et Guislabert qui deviendront respectivement les comtes Hug 1er d’Empuries et Guislabert 1er de Roussillon. Par un jeu complexe d’alliances, d’obligations et d’héritage, un status quo sera toutefois maintenu entre les deux provinces pendant encore longtemps et la séparation ne semblera même pas effective jusque dans le courant du XIe siècle. Les alliances résisteront même à de sérieux conflits qui éclateront entre les deux maisons, jusqu’à ce dans le courant du XIIe siècle le comte de Barcelone devenant lui-même de plus en plus puissant s’en mêle. En commençant à faire pression sur le comte d’Empúries, il modifia, en effet, le jeu des forces pour que ce dernier se sépare de manière plus tranchée de ses alliances d’avec le comté de Roussillon. Bien que le Roussillon s’en trouva quitte de céder certaines de ses terres et châteaux, la séparation ne fut pour autant pas consommée et malgré un fort déséquilibre entre les deux comtés né de ces jeux de pouvoirs, les relations loyales complexes qui s’étaient été établies de longue date entre les deux provinces perdurèrent longtemps et même après que le Roussillon et Perpignan aient changé de mains pour passer dans celles d’Aragon*.
D’Aragon à Majorque
Le palais des rois de Majorque construit à Perpignan par Jaume 1, ou Jacques 1er le conquérant
En 1172, le comté de Roussillon et la ville de Perpignan seront finalement légués par Girard II de Roussillon à la couronne d’Aragon, en la personne d’Alphone II d’Aragon. Pierre II le catholique, le fils de ce dernier crééra vingt ans plus tard dans la cité, un consulat, accordant à la ville et ses habitants des privilèges et droits en matière politique, juridique et civile ce qui marque bien l’importance que la ville avait alors déjà prise. Il faudra pourtant attendre le fils de Pierre II: Jacques 1er d’Aragon, nommé en catalan Jaume el Conqueridorpour que le cours du destin de Perpignan soit changé à jamais.
Sous le règne de ce roi chevalier conquérant, la ville connaîtra, en effet, sa période la plus florissante et, pour le dire autrement, un véritable âge d’or. Il en fera la capitale du royaume de Majorque, y fera construire un palais des rois et, de 1276 à 1344, Perpignan connaîtra un essor économique et commercial sans précédent: cuir, draperie, orfèvrerie, artisanat de luxe, elle sera devenue alors le centre d’un royaume nouveau fondé de toutes pièces par ce personnage historique flamboyant dont il faut dire un mot ici.
Jacques 1er ou Jaume le conquérant
Né à Montpellier, cet homme est devenu un véritable héros catalan. Fils de Pierre II et de Marie de Montpellier, il se montrera, en effet, durant son long règne, aussi fin politique que bon stratège. Roi d’Aragon, comte de Barcelone, D’abord contesté par les nobles d’Aragon, il s’imposera bientôt en faisant d’habiles alliances avec la couronne d’Espagne et en mettant en place des réformes sur ses territoires. Sous la pression des marchands et nobles de Barcelone qui se plaindront alors de nombreux raids de pirates maures dans les eaux côtières, tout autant qu’animé par l’idée chrétienne de reprendre des territoires historiques des mains des maures, il organisera bientôt de véritables campagne de reconquêtes et connaîtra un succès retentissant dans ses entreprises qui lui vaudront son surnom, autant que son entrée dans la postérité: il reprendra, en effet, des mains des musulmans et avec ses armées les territoires de Majorque (Mallorqua), mais aussi la Ville de Valence et plus au sud celle d’Alzira. Il réussira même à soumettre Minorque (Menorqua).
Au sortir de ses conquêtes il fondera le royaume de Majorque et fera de Perpignan sa capitale, faisant entrer cette dernière dans la période la plus faste de son histoire. La liste de titres que Jacques le Conquérant possède alors donne la mesure de son influence et, du même coup, du rayonnement et du prestige qu’il offrira à la cité catalane: souverain de la couronne d’Aragon et comte de Ribagorce, comte de Barcelone, de Gérone, de Besalú et de Pallars Jussà, Roi de Valence, Comte de Gevaudan, Comte d’Urgell, Seigneur de Montpellier, et pour finir, comte de Roussillon et roi de Majorque.
Au terme d’un règne de plus de soixante-ans, il laissera derrière lui douze héritiers issus de deux mariages différents. Le royaume de Majorque, la seigneurie de Montpellier, les comtés de Cerdagne et celui de Roussillon et avec lui Perpignan, reviendront alors à son fils cadet Jacques (Jaume) II de Majorque, ce qui n’ira pas sans poser quelques problèmes à son fils ainé, Pierre III d’Aragon dit Pierre le Grand que l’héritage de l’aragonais, de Barcelone et de Valence ne semblait pas seul contenter. Huit ans après la mort de Jaume le conquérant, cette mésentente et les tensions entre les deux frères nés de cette convoitise, se traduiront par une mésalliance. Le roi de France Philippe III le Hardipartant à la conquête de l’Aragonais avec la bénédiction du pape Martin IV qui voulait freiner les ardeurs conquérantes de Pierre III en Sicile, le cadet Jacques II, s’alliera, en effet, avec le roi de France contre son frère aîné. Revenant de cette croisade infructueuse contre Pierre III d’Aragon, c’est d’ailleurs dans la ville de Perpignan que le roi de France trouvera la mort en 1285. Mais le conflit laissera longtemps des traces entre les deux branches familiales et pour le dire trivialement, le ver sera dans le fruit.
De fait, deux générations plus tard, en 1344 et durant la guerre de cent ans, le royaume de Majorque périclitera suite à une trahison entre les descendants des deux maisons, Pierre IV d’Aragon (ci-contre) et Jacques III de Majorque, autant que par des prises de position par ce dernier « un peu trop anglaises » au goût du royaume de France, en la personne de Phillipe VI qui aura son rôle à jouer. Indéniablement, sur l’échiquier, il faudra désormais compter sur la couronne française et sur son intérêt pour la province qui ne fera que s’affirmer avec le temps. Au sortir du conflit, la seigneurie de Montpellier sera rachetée par le roi de France et le Roussillon tombera aux mains de Pierre IV. Perpignan sera redevenue aragonaise. Elle perdra alors son statut de capitale mais conservera tout de même son importance se voyant construire une université et, quelques trente ans plus tard, un tribunal de la mer. Entre temps, en 1346, la peste noire l’aura sévèrement mise à l’épreuve.
Perpignan et la Catalogne
prises entre deux couronnes
Au milieu du XVe siècle, le siège de Perpignan par les armées de Louis XI
Au moyen-âge finissant et dans le courant du XVe siècle, la couronne de France confirmera ses visées expansionnistes en occupant Perpignan dans la ferme intention de la reprendre. Les habitants de l’entendront pourtant pas de cette oreille et la cité se soulèvera quelques dix ans plus tard, en pure perte, lors d’un siège cruellement mémorable de deux ans, de 1473 à 1475. A l’issu du conflit, elle restera française mais sa pugnacité sera saluée par les rois d’Aragon. Le coeur catalan n’a jamais eu le goût de la soumission. Vingt ans plus tard, Charles VIII la restituera toutefois avec le Roussillon aux rois catholiques dans une Espagne qui, à l’image des autres royaumes d’Europe, s’unifie et entend bien centraliser son pouvoir. A partir de cette période, la cité fera les frais des conflits entre les deux grandes puissances et son économie en pâtira.
Dans le courant du XVIIe, en 1640, durant la guerre des faucheurs et le soulèvement des catalans contre l’occupation de leur territoire par les troupes madrilènes, Perpignan se révoltera aussi contre Madrid et la ville connaîtra, à nouveau, un siège. Elle sera alors alliée dans ce conflit avec la France. Vingt ans plus tard, le traité des Pyrénées de 1659 la restituera, cette fois-ci définitivement, avec le Roussillon et la moitié du comté de Cerdagne, à la couronne de France, laissant la Catalogne coupée en deux par une frontière qui, dans le coeur de nombre de catalans, n’a toujours existé que sur le papier. Qu’il suffise de lever un peu la tête en se promenant dans Perpignan en toute saison, pour y voir les bannières dorées au quatre griffures rouge sang, pour s’en apercevoir (ci-dessus la première page du traité des Pyrénées).
Quelques siècles plus tard et après bien des péripéties, Perpignan la catalane de coeur n’a rien oublié de son histoire et pour aller la découvrir et s’ouvrir à ce riche passé, il n’y a surement pas de plus belles occasions que ces trobades en fête qu’elle vous offre cette fin de semaine. Vous y êtes donc conviés chaleureusement et si vous avez l’opportunité de vous y rendre, n’hésitez pas un seul instant.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.