Sujet : poésie médiévale, poésies morales et satiriques, ballade Période : moyen-âge tardif Auteur : Eustache Deschamps (1346-1406) Titre : Tien toudis vraie ta parole (Tiens toujours vraie ta parole).
Bonjour à tous,
ous vous proposons aujourd’hui une nouvelle poésie d’Eustache DESCHAMPS, auteur médiéval dont nous avons déjà parlé à de nombreuses reprises ici et
auquel nous vouons, à l’image de VILLON et RUTEBEUF, une affection particulière.
Cette poésie fait partie des ballades morales, politiques et satiriques qu’affectionne particulièrement Eustache DESCHAMPS. Il y est question à nouveau de belles valeurs humaines: loyauté, noblesse du coeur, honneur, et, chose qui en général va de pair avec ses valeurs et sur laquelle il insiste ici : l’importance des mots prononcés et avec eux de la parole donnée. Et même si l’envoi de cette ballade suggère que le poète du XIVe siècle la destine à son fils, aujourd’hui comme hier et par delà les siècles, il vient une fois de plus nous interpeller et nous toucher de sa plume, d’une sagesse et une éthique qui, pour être médiévales, n’ont pourtant pas pris une ride.
La ballade « Tien toudis vraie ta parole »
dans le français d’Eustache Deschamps
Bien que datant de plus de six cents ans, cette poésie ne présente pas de difficultés particulières au niveau compréhension. Aussi, nous vous la livrons telle quelle avec simplement quelques annotations en fin de texte, pour les mots les plus délicats. Pour cette fois, nous empruntons ces quelques traductions aux œuvres complètes d’Eustache Deschamps, publiées par le Marquis de Queux de Saint-Hilaire et Gaston Raynaud à la fin du XIXe siècle (1878).
Entre les choses de jeunesse Que l’en m’aprinst dès mon enfance Mon maistre me blâma yvresse Et à trop emplire ma pence. De trop parler me fîst deffense Et à mouvoir de chaude sole* Et me dist par belle sentence : Tien toudis* vraie ta parole.
Garde à qui tu feras promesse La cause pourquoy, et t’avance De l’acomplir; cuer de noblesse Doit acomplir sa convenance ; Qui ne le fait, il desavance Son honeur; le saige parole Et dit que mentir est offense : Tien toudis vraie ta parole.
Convent tenir est la hautesse De cuer, de homme de vaillance ; Se va rendre en une forteresse Prinsonnier, et n’a espérance D’en retourner; et est pour ce Qu’il le promist : fouis est et fole Qui conchie* sa conscience : Tien toudis vraie ta parole.
ENVOI
Beau filz, mieulx vault faire silence Que promettre ; li homs s’afole De mentir, par acoustumance : Tien toudis vraie ta parole.
* Et à mouvoir de chaude sole : à céder aux mouvements de colère * toudis : toujours * conchie : déshonore, salit
Une très belle journée à tous où que vous vous trouviez en ce monde!
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
Sujet : festivités médiévales, Saint-Louis, festival médiéval, défilés, ville historique, lieux d’intérêt,idées sortie week-end. Evénement : Fêtes de La Saint-Louis, Période : moyen-âge central Lieu : Aigues-Mortes (Camargue,Gard) Dates: Samedi 27 et dimanche 28 août.
Bonjour à tous,
ans le cadre de nos idées de sorties à thème, nous vous invitons cette fin de semaine en direction de la Provence et de la méditerranée, dans la belle et encore quelque peu préservée Camargue, au Sud des terres de France. Ce week end, s’y déroule, en effet, à Aigues-Mortes, l’une des plus jolies et des plus médiévales villes de cette région, de grandes festivités qui s’étalent sur plus de deux jours et qui ont pour thème le XIIIe siècle et le roi Saint Louis. Quel est donc le programme que nous ont concocté les organisateurs de cette grande fête médiévale mais encore, que vient y faire Saint Louis vous demanderez-vous peut-être? Et bien, si c’est le cas, ces deux questions tombent extrêmement bien puisque c’est justement ce à quoi nous allons nous employer à répondre dans cet article.
Aigues Mortes : joyau médiéval surgi de terre par la volonté d’un roi
Surgie au XIIIe siècle, au milieu des sables et des zones marécageuses du delta du Rhône et à deux pas de la mer, Aigues-Mortes s’y tient encore fière et comme au premier jour, dressant jusqu’au ciel ses beaux remparts de pierre remarquablement préservés du temps. Et quand, arrivant à ses portes, on la découvre dans son bel écrin de pierre, on se dit presque, avec raison, qu’une telle cité n’a pu naître que du caprice d’un roi ou de sa volonté. De fait, il y a indéniablement, concernant la belle cité historique et fortifiée d’Aigues Mortes, un avant et après son fondateur Louis IX, connu encore sous le nom de Saint-Louis.
Dès le début de son règne, soucieux de posséder un débouché direct sur la méditerranée, autant que de se doter d’une autonomie pour le transport maritime des croisés (alors affrétées, la plupart du temps, par les flottes italiennes), Saint-Louis, décide qu’il lui faut un port au Sud du territoire. A cette époque le grand port de Marseille n’est pas encore sous la main du roi de France, mais sous celle de son frère Charles D’Anjou. roi de Naples.
A l’époque où Saint Louis décide d’en faire son port vers la méditerranée, le site d’Aigues Mortes n’était déjà plus tout à fait qu’une bande de terre bordée de Salins mais il n’avait pourtant encore rien de commun avec la ville fortifiée que l’on connait aujourd’hui et que le roi de France fit alors surgir de terre. A la fin du IXe siècle, Charlemagne avait déjà fait renforcer la place d’une tour pour y protéger les exploitations de sel et les ouvriers qui en faisaient l’extraction. Bientôt cédée par le légendaire roi des francs aux bénédictins de l’Abbaye de Psalmodie, dont la présence sur le site est attestée dès le début du IXe siècle, la place restera durant de longs siècles sous la coupe des moines. Ils y mèneront une vie pieuse et recluse au milieu de ses terres encore à demi-sauvages où de petites gens et familles d’ouvriers y exploitent le sel, vivant chichement dans leurs petites cahutes.
Les remparts de la belle ville d’Aigues Mortes remarquablement conservés
En 1240, le roi Saint Louis négociera avec les religieux pour récupérer ces terres et commencera alors à y édifier les premières tours et fortifications. Un peu moins de vingt ans plus tard, c’est de là qu’il partira pour sa première croisade. comme il le fera à nouveau en 1270 pour sa deuxième croisade, celle de Tunisie. De fait, Aigues mortes est la dernière ville du sol français à avoir vu Louis IX vivant puisque le roi, périt lors de cette dernière expédition et n’en revint jamais.
Les fortifications et les travaux impulsés par ses soins seront poursuivis après lui sous le règne du Philippe le Hardi et la ville verra finalement la dernière pierre posée à ses remparts quelques décennies plus tard. L’édification d’Aigues-Mortes, bastide fortifiée, fleuron de l’architecture médiévale et nouveau port du sud de la France aura pris pas moins de trente ans.
Moins d’un demi-siècle plus tard, au début du XIVe, la cité sera encore témoin privilégié de l’affaire des templiers, puisque le roi Philippe le Bel, tirera partie des fortifications pour y enfermer une partie de ces derniers. Du point de vue maritime, elle restera un port d’importance longtemps après Saint Louis, et de grands travaux y seront même entrepris au début du XVe siècle, mais à la fin de ce même siècle, le ralliement de la Provence au territoire de France ré-ouvrira la possibilité pour la couronne d’utiliser Marseille et atténuera irrémédiablement l’importance stratégique du port d’Aigues Mortes.
Une grande fête entre les hauts remparts
Le monde médiéval et les beautés de la ville d’Aigues Mortes en plein coeur de la Camargue
Pour ceux qui auront la chance ou l’opportunité de s’y rendre, ce sont donc deux jours entiers de festivités et de festival que vous propose ce week end la belle cité médiévale camarguaise. Parée de ses plus beaux atours d’époque, elle célébrera son histoire, autant que le roi Saint Louis qui fonda la ville, il y a près de huit cents ans et changea pour toujours la destinée du site.
Les réjouissances commenceront le Samedi, dès le milieu de matinée avec un marché médiéval et se poursuivront jusqu’à la nuit par un bal médiéval où damoiseaux et damoiselles pourront se rendre pour y danser et y festoyer sans compter. Les agapes et festivités reprendront le lendemain, de la matinée jusqu’au soir et le festival se terminera, le dimanche soir et à la nuit tombée, par un grand spectacle pyrotechnique et musical restituant le départ de Saint-Louis pour la croisade.
Entre les deux et au programme, en plus des nombreuses animations, théâtres, amusements et autres musiques de rue, vous pourrez assister à de grands défilés historiques et thématiques de Louis IX et sa cour, mais également à un tournoi de Chevalerie, proposé par les voltigeurs de France (seul spectacle payant de la fête qui, par ailleurs, sera totalement libre d’accès et gratuite). Il y aura aussi de nombreux camps médiévaux à thème: forge, cuisine médiévale, armes et escrime anciennes, tir à l’arc, calligraphie et frappe de monnaie et même encore un camp à la triple nationalité (luxembourgeoise, italienne et française) qui se proposera de vous faire découvrir le quotidien de la vie monastique au moyen-âge.
En un mot, pour vous mettre l’eau à la bouche et sans même parler de gastronomie et des plaisantes ripailles qui accompagneront l’événement pour le plus grand plaisir de vos estomacs affamés ou de vos gorges sèches, plus d’une vingtaine de compagnies de troubadours, acteurs, jongleurs, et artistes sont à l’affiche des réjouissances! C’est vous dire si le programme promet d’être riche en événements. Pour plus de détails le concernant, cliquez ici.
Voilà donc, mes amis, une petite idée de sortie, avant la rentrée dans une ville unique que l’histoire médiévale a touché du bout de ses doigts. Si vous êtes non loin de la belle Camargue et du côté d’Aigues Mortes en cette fin de semaine, n’hésitez pas un seul instant et allez vous plonger dans l’ambiance médiévale, le temps d’une journée ou deux, au souvenir d’un de nos plus célèbres roi du passé: Saint Louis et, bien sûr, pour vous y divertir!
En vous souhaitant une belle journée!
Fred
Pour moyenagepassion.com « L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. »Publiliue Syrus Ier s. av. J.-C
Sujet : haut moyen-âge, pouvoir des reines, matriarcat et luttes fratricides du haut moyen-âge, violence fondatrice, barbares Média : conférence (2014) Titre : Violence et structures archaïques du Haut Moyen Âge Période : haut moyen-âge Auteur : Michel ROUCHE Lieu : École nationale des chartes
Bonjour à tous,
e haut moyen-âge s’invite aujourd’hui sur moyenagepassion par le biais d’une conférence. De fait et jusque là, nous avons consacré bien plus d’articles au moyen-âge central et tardif qu’à cette période et cet article nous donne un peu l’occasion de nous rattraper.
Tribus barbares, reines guerrières et traditions fratricides du haut-moyen âge
« L’ amour, comme la violence, abolit les différences. »
René GIRARD « Des choses cachées depuis la fondation du monde «
Cette conférence nous est proposée par un éminent historien, Michel ROUCHE, dans le cadre d’une grande école prestigieuse : l’Ecole nationale des chartes. Elle s’inscrit dans la filiation des travaux de René GIRARD (portrait ci-contre) et d’une violence sacrificielle ou rituelle, comprise comme forme « structurante » du social ou, à tout le moins, comme un moyen d’en assurer la cohésion, en prévenant sa propagation dans l’ensemble de la communauté sociale et humaine. On y découvre donc un moyen-âge balbutiant avec ses tribus et cultures barbares, leurs reines impitoyables et guerrières, et encore les racines d’une longue tradition d’héritiers fratricides qui n’hésitaient pas à écharper et assassiner leurs aînés, leurs enfants ou leur pairs pour leur dérober le pouvoir ou ne pas se le faire ravir.
« Il y a toujours mort d’ homme à l’ origine de l’ ordre culturel. »
René GIRARD – La Violence et le Sacré
Et même si l’exercice auquel se livre, ici, Michel ROUCHE est en forme de tribut à la personne de l’anthropologue et philosophe français René GIRARD (1923-2015), élève lui-même de l’Ecole nationales des Chartes qui s’est penché sur la violence dans les structures mêmes des mythes, des religions et du pouvoir en la théorisant mieux que personne, on semble, ici, bien loin du moyen-âge central et tardif dont nous avons l’habitude et l’on réalise même à quel point ces quelques mille ans d’Histoire que nous désignons sous le terme générique de « moyen-âge » peuvent recouvrir une réalité différente et hétérogène.
Michel ROUCHE, un érudit au service de l’Histoire
496, le légendaire baptême de Clovis au tournant de l’histoire médiévale française, peinture du XIXe (1837), galerie de Versailles
grégé d’Histoire, Docteur es-Lettres Michel ROUCHE est un éminent chercheur qui a dédié sa carrière et de patientes recherches à la fin de l’Antiquité et au Haut moyen-âge. On lui doit de nombreux ouvrages sur la question: sur les Francs, des mérovingiens aux carolingiens, mais aussi sur les Wizigoths et autres tribus barbares des premiers siècles de notre ère. Si vous souhaitez creuser ces questions avec un bon livre, nous vous fournissons ci-dessous quelques unes des références utiles que nous lui devons,
Une très belle journée à tous!
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes