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Une Vidéo sur les techniques de combat à l’épée et en armure au XVe siècle

Bonjour à tous,

P_lettrine_moyen_age_passion copiarésentée dans le cadre d’une exposition sur les armes anciennes et plus particulièrement l’épée, au musée national du moyen-âge de Cluny, cette vidéo très sérieuse détaille les techniques de combat à terre  en armure. Elle se base sur des traités du XVe siècle et met en présence deux combattants revêtus d’armures qui sont, sans aucun doute, le fleuron de l’époque. Ce sont d’ailleurs les reconstitutions d’armures ayant appartenu à de grands nobles et seigneurs : d’un côté, Frédéric 1er le victorieux de Bavière (1425 -1476), électeur palatin du  Rhin et fils de Louis III, Pour information d’ailleurs, la reproduction de son armure armures_anciennes_monde_medieval_technique_de_combat_epee_escrime_moyen-age(photo ci-contre), vous coûtera la bagatelle de 6105 euros sur le site boutique.epees.fr. On pourra donc en conclure que l’investissement de départ pour l’escrime ancienne est un peu plus important qu’au Judo qui, lui-même, tout étant toujours relatif, reste bien supérieur  au Sumo. mais je plaisante car cette armure n’est apparemment que décorative et pèse pas moins de 45 kilos, ce qui est sans doute plus que l’authentique. Cela reste à vérifier car sauf à quelques exceptions près, les armures du moyen-âge semblent en effet avoir été plus proches de 25 kilos.

Pour ce qui est de la reconstitution de ces techniques de combat à l’épée, de l’autre côté et dans cette vidéo, nous avons donc l’armure de Robert de Sanseverino d’Aragona (1418-1487), comte de Cajazzo, noble également donc, mais encore condotierre* italien (*chef d’armées de mercenaires)  et donc combattant aguerri. (ci-dessous l’armure en question).

robert_sanseverino_armure_technique_combat_medieval_epee_armes_anciennes_moyen-agePour ceux qui avaient pu voir ici le documentaire sur le manuel du maître d’armes Hans Talhoffer dont nous avions publié la vidéo, ce reportage nous donnait également un aperçu de ces techniques et de la capacité de mobilité en armure. Contrairement ce qu’on pourrait être tenté de croire, ces équipements sont loin d’être aussi peu maniables qu’on pourrait le penser et n’étaient pas conçus que pour protéger un chevalier, juché sur un lourd frison. L’homme devait pouvoir combattre au sol, remonter sur sa monture ou même gravir des obstacles lors des sièges. Du fait que la charge est répartie sur l’ensemble du corps, le poids de ces armures reste donc relatif  et c’est bien plus certainement l’endurance sur la durée et la longueur du combat que la liberté de mouvement qui est en question. Pour information, la moyenne, comme nous le disions, semble se situer autour de 25 kilos, ce qui correspond à peu près au poids de la tenue d’un sapeur pompier en action. Pour poursuivre la comparaison, pendant la première guerre mondiale et près de cinq siècles après, le poids moyen de la tenue militaire des fantassins, toute nation confondue, se situait autour de valeurs similaires et même supérieures puique voisines de 30 kilos, suivant que l’on inclut ou non l’ensemble du paquetage.

miniature du XVe, Martial d'Auvergne, manuscrit les Vigiles du roi Charles VII BnF
miniature du XVe, Martial d’Auvergne, manuscrit les Vigiles du roi Charles VII BnF

R_lettrine_moyen_age_passioneste qu’au vue du prix exorbitant de ce genre d’équipements à l’époque, dans ce documentaire, on a bien la fine fleur de ce type d’armures que seuls les plus nobles et fortunés chevaliers pouvaient acquérir, à défaut de les récupérer directement sur technique_combat_medieval_epee_XIVle champ de bataille ou sur leurs ennemis. Sauf bien sûr à parler des coups fatals qui intervenaient dans le feu de l’action, il faut encore ajouter que pour ce qui est d’achever au sol un homme d’armes vêtu d’une telle valeur sur lui, on préférait bien souvent mieux lui ôter, la récupérer, ainsi que son cheval, mais si possible ne pas le tuer pour obtenir rançon de sa libération. C’est un sport dont les compagnies de routiers étaient assez friandes durant la guerre de cent ans. mais qui faisaient aussi partie intégrante des retombées économiques appréciées de toute victoire durant les batailles du moyen-âge. Il y a bien sûr eu de sanglantes exceptions comme Azincourt, où la crainte d’être débordé et pris à revers par les prisonniers a  poussé Henri V à faire exécuter sans forme de procès tous les prisonniers, mais l’histoire raconte que même ses archers refusèrent d’obéir à ses ordres justement pour ne pas perdre le bénéfice de ces rançons. (photo de droite, épée du XIVe siècle, musée de l’armée, Paris),

En vous souhaitant une bonne journée!

Fred
Pour moyenagepassion.com
« A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes » 

l’Histoire médiévale ou presque : Troisième croisade, le retour du roi.

De la troisième croisade : le retour de Philippe-Auguste II (1191)

Arrivé sur place en avril 1191, départ en juillet 1191, l’Histoire dit que c’est pour des raisons politiques que Philippe auguste II rentra alors en France, après trois mois de campagne.

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L_lettrine_moyen_age_passiones gens nous disent souvent, « Mais comment faîtes-vous pour obtenir des informations aussi précises quand nous, historiens, philosophes et érudits ne sommes jamais parvenus à les trouver durant de longues heures passées en bibliothèque et en recherche ? Et nous leur répondons souvent, en un mot et en toute modestie : « le talent peut-être? »

Mais je plaisante, il n’y a pas que cela même si ça compte, bien sûr, énormément. Il y a encore et c’est sans doute une des grandes clés, les longues heures passées, les sacrifices, le patient et laborieux travail de terrain à interroger sans relâche nos sources, à construire avec elles une véritable confiance,  au jour le jour. Nous en parlions déjà à l’occasion de cet article sur les échanges de Saint Louis et de Jean de Joinville.  Cette fois-ci, il n’est pas question de primeur comme alors, mais d’une voisine de palier, dont l’un des ancêtres fut (finit-elle par nous apprendre devant notre insistance), valet de pied du roi de France, à l’époque qui nous intéresse. Après nous avoir révélé le  contenu de l’échange entre les deux rois (d’une voix monocorde qui ne  humour_medieval_troisieme_croisade_retour_du_roitrahissait que trop l’émotion rentrée suscitée, chez elle, par l’évocation), elle nous a encore gratifié de précieuses confidences sur cet incroyable aïeul qui tutoyait les grands et vivaient dans leur ombre. Selon les dires de la ribaude, l’homme aurait même été responsable de planter la tente du roi de France en campagne, durant cette croisade:

« – Personne d’autre ne pouvait toucher au matériel et, croyez-moi, avec lui, ça filait droit. On risquait pas de paumer les piquets ou d’oublier le maillet. En plus, les piquets i z’étaient en bois à l’époque et c’était autre chose à planter que les p’tits machins en fer tout prêts qu’i vendent chez Décathlon de nos jours. Mais bon voilà, comme j’ai déjà dit M’sieur Fred vous êtes bien mignon, bien gentil et à l’évidence vous avez du temps libre, mais moi pas. J’ai mon ménage qui m’attend alors, si vous pouviez décarrer…« 

Et c’est ce moment magique où tout a été dit, la vérité historique s’est déjà livrée belle et entière, dans son écrin et il faut alors savoir se retirer sur la pointe des pieds, ce que nous fîmes.

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Votre dévoué serviteur.
Frédéric EFFE

pour moyenagepassion.com
« A la découverte du monde médiéval sous toutes formes »

NB : il nous reste, bien entendu, à vérifier quelques menus détails sur toute l’affaire (notamment sur les piquets d’époque), mais globalement, au vue de la suite des événements entre le roi de France et le roi d’Angleterre, nous dirons pour l’instant et confiant de nos sources, que cet échange reste dans l’ordre des possibles. Dans le futur, il n’est, toutefois, pas impossible que nous ayons à recroiser l’information avec celle d’une nouvelle source, assez prometteuse, il faut bien l’avouer. L’homme vend, en effet, de la viande assez épicée, à deux rues de là, qu’il cuit d’une drôle de façon en la faisant tourner sur un pique de fer,  avant de la mettre dans de petits pains très savoureux. Il propose même tout un tas de choix de sauces. Mais restons sur notre sujet, il nous affirme, quant à lui, qu’un de ses aïeuls était espion pour le compte de Saladin mais refuse, pour l’instant, d’en dire plus. Il ne nous parlera, dit-il, que quand nous aurons accumulé dix sceaux sur un petit bout de carton qu’il nous a donné et qui comporte, de fait, dix petits emplacements, Pour chaque petit pain acheté, il nous gratifiera de la marque de son sceau et quand tous les petits emplacements seront ainsi scellés, il nous affirme qu’il nous confiera tout ce qu’il sait de cette affaire. Il s’y est fermement engagé et il semble de confiance. Nous restons donc optimistes. Jusque là, par contre, il faudra, hélas, que l’Histoire patiente.

Orbis factor, un chant grégorien tiré du Graduel de Fontevrault et interprété par l’ensemble organum

enluminures_graduel_alienor_Fontevrault_chants_gregorien_sacres_moyen-ageSujet : Graduel de Fontevrault, chants liturgiques, musique médiévale
Période :  XIIIe, moyen-âge central
Conservé à : Bibliothèque de Limoges
Type : chants polyphoniques et grégoriens.
Titre: « Kyrie: Orbis factor »
Interprètes: Ensemble Organum
Album: « Le chant de la Mémoire »

Un Codex exceptionnel du XIIIe siècle

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous publions un chant grégorien qui a donné des frissons à plus d’un. Il est tiré d’un ouvrage médiéval :  le Graduel de Fontevrault. C’est un codex de plus de trois cent feuillets qui est, enluminures_graduel_alienor_Fontevrault_chants_gregorien_sacres_monde_medievalcomme tous les graduels, un livre de chant de messes et un guide pour les messes au quotidien sur une année entière. La copie de l’ouvrage date du XIIIe siècle mais il aurait été légué au XIVe siècle à l’église de Saint-Junien, située dans la Haute Vienne (Limousin) et se trouve maintenant conservé à la bibliothèque de Limoges.

Par son contenu iconographique et musical unique,  ce codex reste, encore à ce jour, une source exceptionnelle pour l’étude de la pratique liturgique et des chants grégoriens du moyen-âge central. Il est encore connu sous le nom de Graduel d’Alienor de Bretagne du nom de l’abbesse de Fontevrault (1302-1342) dont le blason figurait sur la tranche de l’ouvrage. Les études ont toutefois permis de montrer depuis que le codex avait été copié autour du milieu du XIIIe siècle dans un atelier de Paris.

Consulter l’ouvrage en ligne

L_lettrine_moyen_age_passiona bibliothèque municipale de Limoges nous a fait la grâce de l’avoir mis en ligne afin que nous puissions apprécier la qualité de sa conservation autant que l’iconographie de ce manuscrit et pour ceux qui savent lire la musique  pouvoir la décrypter. En voici les liens :

Graduel_de_Fontevrault_chants_sacres_monde_medieval_moyen-age_central

http://www.bm-limoges.fr/graduel/ms/index.html

L’ensemble « Organum »,
à la recherche des musiques anciennes

« Il ne s’agit pas seulement de prendre une partition et de la jouer, il faut comprendre aussi le monde auquel cette musique fait référence »
Marcel Pérès
  –  Le chant de la mémoire

Sous la férule de Marcel Pérès, l’ensemble Organum , qui interprète ce chant grégorien ici, fait partie de ces groupes qui sont à la fois en quête de musique et d’histoire. Depuis 30 ans, ils fouillent, cherchent, s’interrogent et finalement livrent au public autant leur interprétation que le fruit de leurs recherches artistiques sur l’histoire des musiques anciennes et à travers elle, sur l’art et le sacré. C’est un long travail, ambitieux et patient, celui d’artistes animés par  la passion de tenter de « reconstruire l’histoire du chant sacré« , comme ils le disent eux-même, Pour en savoir plus et mesurer toute leur ambition dans ce champ des musiques anciennes et sacrées, autant que pour en savoir plus sur leurs concerts, leurs productionsensemble_organum_musiques_anciennes_chant_sacre_graduel_alienor_Fontevrault et les encourager, je vous invite à visiter leur site web qui se trouve ici: : organumcirma.com

Pour le reste, le mystère d’une musique qui vous touche ou ne vous touche point, quelque soit son origine, son époque, les croyances qui la font naître où les instruments dont elle use,  reste et restera toujours entier. Il ne me semble pas en tout cas qu’il faille nécessairement être chrétien, ni même peut-être croyant, pour se laisser transporter par ce chant grégorien et par son interprétation par les très belles voix de l’ensemble Organum.

Le Kirie « Orbis factor »

Du point de vue de son contenu, le Orbis Factor est  une prière appelant la miséricorde divine et la lumière christique. Comme toutes les litanies religieuses, qu’elles soient chrétiennes, juives, musulmanes, bouddhistes, etc, etc, les paroles de cet orbis factor font appel à la répétition, en l’occurrence ici « eleison »  (Kirie Eleison : « Seigneur aie pitié ») qui traduit l’insistance dans l’évocation. Il y a sans nul doute également dans la force vibratoire même du chant et de cetteGraduel_de_Fontevrault_chants_sacres_musique_medieval_moyen-age_central répétition, la recherche d’une élévation comme d’une purification. C’est une technique que les indiens et les bouddhistes connaissent bien aussi et pratiquent à travers le « mantra ».

Orbis factor rex aeterne, eleison
Pietatis fons immense, eleison
Noxas omnes nostras pelle, eleison
Christe qui lux es mundi dator vitae, eleison
Arte laesos daemonis intuere, eleison
Conservans te credentes confirmansque, eleison
Patrem tuum teque flamen utrorumque, eleison
Deum scimus unum atque trinum esse, eleison
Clemens nobis adsis paraclite ut vivamus in te, eleison.

Une belle journée à vous!
Fred
Pour moyenagepassion.com
« A la recherche du monde médiéval sous toutes ses formes »

Lecture audio : li testament de l’Asne, Fabliau médiéval de Rutebeuf

Bonjour à tous,

J_lettrine_moyen_age_passione récidive avec le poète et trouvère Rutebeuf, en vous proposant, cette fois-ci une lecture audio du fabliau « Li testament de l’asne » (« le testament de l’âne ») dont nous parlions, il y a quelques jours, ici, et que nous avions alors traduit ou adapté plutôt en vers et en français moderne (article ici).

Après avoir cherché la musicalité de Rutebeuf dans le ver en français moderne, je vous convie, cette fois, toute à la fois à une expérience auditive et un voyage dans le monde médiéval, puisque nous tentons, de faire revivre ce célèbre fabliau médiéval dans la langue de son auteur. C’est un français ancien, vous y trouverez peut-être des accents de terroir, tant les R ne se roulent plus que dans certaines de nos campagnes et chez certains de nos anciens. Bien sûr, il n’y a, ici, pas d’autres prétentions que celle de faire des expérimentations dans notre petit laboratoire verbal et alchimique,
en l’occurrence pour ce qui est de l’expérience d’aujourd’hui de mesurer si nous sommes capables de comprendre au moins un peu de ce fabliau et de ce verbe qui a fait l’histoire de notre langue, à plus comprendre_rutebeuf_dans_le_texte_vieux_français_oreille_perceede cinq cent ans de son écriture par Rutebeuf. N’hésitez pas à nous donner vos impressions. Il me semble tout de même que l’oreille aide un peu,  même si elle ne permet pas de tout percer (dommage! pour une fois qu’une occasion lui était donnée de prendre sa revanche.)

Q_lettrine_moyen_age_passionuoiqu’il en soit, je le dis, quand même, Fabrice Luchini n’a qu’à bien se tenir! Mais je plaisante bien sûr, je n’en ai ni le talent ni la prétention, et je le disais en pensant à ses lectures et notamment à celles qu’il a fourni sur les textes de Jean de Lafontaine. Notez bien, par ailleurs, que pour ce qui est de tenir Fabrice Luchini, il demeure évident que personne n’y parvient véritablement, et c’est bien justement comme ça qu’on l’aime aussi, créatif, inspiré, débridé, drôle et libre! Mais ceci est un autre sujet, ne commençons pas à nous disperser (percer?)

fabrice_luchini_lafontaine_jubilatoirement_intenable

Allons, place à Rutebeuf et à son testament de l’âne dans le texte!

Longue vie à tous.
Frédéric Effe
Pour moyenagepassion.com

« L’ardente passion etc, etc… »