Bestiaire médiéval-fantastique audio : trois elfes à la taverne
ous avions déjà partagé, ici, il y a quelques temps, la version texte de cette historiette, issue de notre bestiaire médiéval fantastique et la voici, cette fois, dans sa version audio.
Cette histoire d’elfes qui se passe dans une taverne médiévale nous permettra de comprendre un peu mieux l’excellence des relations entre ces divines petites créatures de la forêt que sont les elfes et les hommes donc. La photo ci-contre, un peu remaniée quand même, est tirée de la grande trilogie cinématographique de Peter Jackson, basée sur l’oeuvre de JRR Tolkien: Le Seigneur des Anneaux (LOTR). A voir et à revoir!
En vous souhaitant une très bonne journée!
Fred
pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge et du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : troubadour et trouvère, conte médiéval Type de musique : folk médiévale, folk catalan Groupe : Esquirols (les écureuils) Auteur de la chanson : Joan Vilamala Période : moyen-âge imaginaire, monde féodal Tiré de : album « Fent Cami » sorti en 1975
Le conte médiéval folk d’Esquirols
Nous continuons aujourd’hui notre ballade dans le moyen-âge rêvé ou imaginaire avec une pièce de musique et un conte évocateurs du monde médiéval mais plus moderne que véritablement anciens.
Les langues des troubadours du moyen-âge
Traduction libre du « conte médiéval »
Temps era temps hi havia en un poblet medieval un baró de mala jeia que a tothom volia mal
Il était, il y avait une fois dans une ville médiévale un baron méchant et mauvais Qui à tous voulait du mal
Amb carrossa d’or i plata passetjava tot superb pel seu terme que moria d’esquifit i famolenc
En carrosse d’or et d’argent Il passait tout fier de lui sur ses terres qui mouraient de faim et de rachitisme
Xics i grans mig morts de gana li sortien al seu pas demanant-li amb ulls plorosos que tingués d’ells pietat
Jeunes et Vieux moitié mort de faim sortaient tous sur son chemin l’implorant les yeux embués qu’il les prenne en pitié
Però ell somreia, i burleta els cridava amb veu de tro: « A pencar males abelles, necessito molt més or »
Mais lui souriait et se moquait Leur criant d’une voix de tonnerre « Au travail, mauvaises abeilles J’ai besoin de bien plus d’or »
Els diumenges a la tarda organitzava un gran joc. « Villageois venez à la fête, Vilatans vinga a la festa, a la festa de la mort »
Les dimanches après-midi Il organisait un grand jeu « Villageois, venez à la fête, A la fête de la mort »
« Vull setze joves per banda amb espases i garrots a fer d’escacs a la plaça i que guanyin els més forts »
Je veux seize jeunes en bandes avec épée et bâtons croisant le fer sur la place et que gagne le plus fort!
Xics i grans mig morts de pena li sortien al seu pas demanant-li amb ulls plorosos que tingués d’ells pietat
Jeunes et Vieux moitié mort de peine Sortaient tous sur son passage L’implorant les yeux mouillés Qu’il les prenne en pitié
Però ell somreia, i burleta els cridava amb veu de tro: « A jogar batua l’olla, que a mi m’agrada aquest joc »
Mais lui souriait et se moquait Criant d’une voix de tonnerre « Tous au jeu, Diables de vous, A moi ce jeu plait beaucoup »
Un juglar passà pel poble avançada la tardor que amb senzilla veu cantava i així deia la cançó:
Au village vint un menestrel Tandis qu’avançait l’automne qui d’une voix simple chantait Et ainsi son chant disait
« Ai! del poble, ai! de la vila que té un lladre per senyor si vol pau que sigui justa l’haurà de guanyar amb suor »
Hélas, gens du peuple! Hélas gens de la ville Qui avez un voleur pour seigneur si vous voulez paix et justice, les devrez gagner par la sueur
Xics i grans tots l’escoltaven li donàven la raó els neixia l’esperança van anar a trobar el baró
Jeunes et vieux l’écoutèrent Et raison il lui donnèrent Une espérance était née Et baron s’en furent trouver
Però ell somreia, i burleta els cridava amb veu de tro: « Us faré tallar una orella si escolteu el trobador »
Mais lui souriait et se moquait Criant d’une voix de tonnerre « Je ferais couper l’oreille de qui écoute ce trouvère »
Els vilatans es negaren a pagar més els tributs, a palau armats anaren i parlaren sense embuts:
Les villageois refusèrent de payer plus de tributs, Au palais venus armés, Ils parlèrent sans retenue
« No et volem per baró nostre, no et volem ves-te’n d’aquí que si et quedes ai! de tu, a la forca has de morir »
Ne te voulons pas pour Baron, pars d’ici, ne te voulons plus, car si tu restes, Hélas!
tu devras mourir pendu
Xics i grans tots a la una li cantaven la cançó, « Ai! del poble, ai! de la vila que té un lladre per senyor »
Jeunes et vieux tous ensemble entonnèrent la chanson Hélas, du peuple, Hélas de la ville qui avez un voleur pour seigneur
I ell callava, i de ràbia, se li corsecava el cor mentre el poble repetia la cançó del trobador:
Et lui se tut, et de rage son cœur se consuma tandis que tous entonnaient la chanson du troubadour
« Ai! del poble, ai! de la vila que té un lladre per senyor si vol pau que sigui justa l’haurà de guanyar amb suor »
Hélas du peuple! Hélas de la ville! Qui avez un voleur pour seigneur Pour avoir paix et justice, les devrez gagner par la sueur.
Une très belle journée à tous!
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publiliue Syrus Ier s. av. J.-C
« L’homme est un microcosme, ou un petit monde, parce qu’il est un extrait des étoiles et des planètes de tout le firmament, de la terre et des éléments, et il est donc leur quintessence. »
Paracelsus (1493-1541)
Citation médiévale, Sagesse du moyen-âge.
Philippus Theophrastus Aureolus Bombastus von Hohenheim, dit Paracelse : grand médecin, alchimiste et astrologue du XVIe, précurseur de l’homéopathie.
Sujet : poésie médiévale, musique médiévale, chanson, trouvère, troubadour, complainte. Titre : la complainte du prisonnier ou Ja nuns hons pris Auteur : le roi Richard Coeur de Lyon. Langue originale : provençale Genre musical : rotruenge* Epoque : moyen-âge central , fin du XIIe siècle (1193-1194?) Interprète-compositeur dans la vidéo : Owain Phyfe
oici une pièce et un texte qui nous viennent tout droit du monde médiéval et du XIIe siècle. On dit, en effet, de cette complainte qu’elle a été composée, en langue provençale, par le célèbre Roi et Chevalier Richard Coeur de Lion en personne, durant sa captivité en Autriche autour des années 1193-1194. Elle est interprétée, ici, de fort belle manière et dans sa langue originale, par feu le troubadour moderne Owain Phyfe (1949-2012).
Un peu d’Histoire : une querelle de Rois
Revenant de croisades, Richard Ier d’Angleterre, dit « Coeur de Lion » est capturé par le duc Léopold V de Babenberg, autour de Vienne, en Autriche. En réalité, ce dernier agit pour le compte du roi de France Philippe Auguste. vieil « ami » de Richard, mais devenu au fil du temps son ennemi. Dans le cas précis, Philippe Auguste fait arrêter Richard Ier au motif que ce dernier l’aurait insulté publiquement durant une croisade. Les deux souverains avaient, en effet, « pris la croix », ensemble, pour la troisième croisade, lancée par le pape Grégoire VIII dans l’intention de reprendre Jérusalem et la terre sainte à Saladin, et pour laquelle l’empereur germanique Frédéric Barberousse avait déjà embarqué.
C’est durant cet emprisonnement que Richard Coeur de Lion va composer ce poème et cette complainte du prisonnier dont nous vous livrons ci-dessous la traduction/interprétation de la langue originale vers le français moderne.
Traduction, adaptation des paroles de la complainte du prisonnier de Richard Ier
Ja nus hons pris ne dira sa raison Adroitement, se dolantement non; Mais par effort puet il faire chançon. Mout ai amis, mais povre sont li don; Honte i avront se por ma reançon Sui ça deus yvers pris.
Jamais nul homme pris ne dira sa pensée
De manière juste et sans fausse douleur ;
Mais il peut faire l’effort d’une chanson ;
J’ai beaucoup d’amis, mais pauvres sont leurs dons.
La honte sera sur eux si, faute de rançon,
Je reste deux hivers prisonnier.
Ce sevent bien mi home et mi baron Ynglois, Normant, Poitevin et Gascon Que je n’ai nul si povre compaignon Que je lessaisse por avoir en prison; Je nou di mie por nule retraçon, Mais encor sui [je] pris.
Ils le savent bien, mes hommes et mes barons,
Anglais, Normands, Poitevins et Gascons :
Que jamais je n’eu si pauvre compagnon
Pour le laisser, faute d’argent, en prison.
Je ne le dis pas pour leur en faire reproche
Mais je suis encore prisonnier.
Or sai je bien de voir certeinnement Que morz ne pris n’a ami ne parent, Quant on me faut por or ne por argent. Mout m’est de moi, mes plus m’est de ma gent, Qu’aprés ma mort avront reprochement Se longuement sui pris.
Maintenant, je sais pour vrai et certain
Que morts ou prisonniers n’ont amis ni parents,
Quand ils me laissent ici pour or ou pour argent
C’est bien mal pour moi, mais pire pour mes gens,
Qui jusqu’après ma mort en auront le reproche,
S’ils me laissent ici prisonnier
N’est pas mervoille se j’ai le cuer dolant, Quant mes sires met ma terre en torment. S’il li membrast de nostre soirement Quo nos feïsmes andui communement, Je sai de voir que ja trop longuement Ne seroie ça pris.
Je ne m’étonne plus si j’ai le coeur souffrant
Car mon seigneur* met ma terre en tourment
Il ne se souvient plus de notre serment
Que nous fîmes ensemble au Saint,
Mais je sais bien en vérité que guère longtemps
Je ne serai, en ces lieux, prisonnier
(* Richard fait référence ici au roi Philippe Auguste)
Ce sevent bien Angevin et torain, Cil bacheler qui or sont riche et sain Qu’encombrez sui loing d’aus en autrui main. Forment m’amoient, mais or ne m’aimment grain De beles armes sont ores vuit li plain Por tant que je suis pris.
Ils savent bien Angevins et Tourangeaux,
Ces jeunes gens désormais riches et forts :
Que suis captif, loin d’eux, aux mains d’autrui.
Ils m’aimaient fort alors, ne m’aiment plus du tout.
Les belles armes ont déserté les plaines
Depuis que je suis prisonnier.
Mes compaignons que j’amoie et que j’ain Ces de Cahen et ces de Percherain Di lor, chançon, qu’il ne sunt pas certain, C’onques vers aus ne oi faus cuer ne vain; S’il me guerroient, il feront que vilain Tant con je serai pris.
Mes compagnons que j’aimais et que j’aime,
Ceux de Caen et ceux du Perche,
Conte pour moi, chanson, qu’ils ne sont pas fidèles
Quand jamais envers eux, mon coeur ne fut faux ou vide.
S’ils guerroient contre moi, ils se portent en vilains
Tant que je serais prisonnier.
Contesse suer, votre pris souverain Vos saut et gart cil a cui je me clain Et por cui je sui pris. Je ne di mie a cele de Chartain, La mere Looÿs.
Soeur comtesse, votre titre souverain
Vous sauve et vous garde de celui à qui je fais appel
Et qui me tient prisonnier !
Je ne le dis pas pour celle de Chartres*,
Le mère de Louis.
(* la comtesse de Chartes)
*rotruenge : « genre de poésie lyrique des troubadours et trouvères, caractérisé par un refrain interne, situé dans le corps de la strophe, au milieu ou à la fin » (http://cnrtl.fr/definition/rotruenge)