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Au XVe siècle, une ballade ironique et humoristique de Blosseville sur les Loyaux Amants

manuscrit_24314_jean_Meschinot_poete_breton_medieval_poesie_politique_satirique_moyen-age_tardifSujet : poésie médiévale, ballade, auteurs médiévaux, poètes, amour courtois, humour, loyal amant, poésie satirique
Période    : moyen-âge tardif, XVe siècle
Auteur   :   Blosseville
Manuscrit ancien  : MS français 9223
Ouvrage    :   Rondeaux et autres poésies du XVe  siècle  de Gaston Raynaud (1889)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous faisons suite, aujourd’hui, à notre article au sujet du Manuscrit MS 9223 de la BnF pour en présenter un nouvel auteur. Pour rappel, cet ouvrage du moyen-âge tardif et du XVe siècle contient des œuvres de Charles d’Orléans, mais aussi des rondeaux et ballades de nobles, poètes ou écrivains qui gravitaient autour de la cour de Blois et s’essayaient, eux aussi, à la rime.

Blosseville, poète mystère ?

On trouve dans le Ms français 9223, un nombre important de textes attribués au poète du nom de Blosseville qui nous intéresse ici. Le site Arlima émet même l’hypothèse que ce dernier pourrait être le compilateur du manuscrit en question. Pourtant, jusqu’à ce jour, les informations permettant d’identifier cet auteur, de manière certaine, font défaut et, après diverses hypothèses, les médiévistes ne semblent pas être parvenus aux mêmes conclusions. Pour vous en faire une idée, voici une petite synthèse des conclusions de G Raynaud et de Pierre Champion à son sujet.

Quelques pistes de G Raynaud à P Champion

Dans son ouvrage sur le Ms 9223 (op cité en tête d’article), Gaston Raynaud suit, peu ou prou, les conclusions de l’Abbé de La Rue dans ses Essais historiques sur les bardes, les jongleurs et les trouvères normands et anglonormands (1834). Sous le nom de Blosseville se cacherait ainsi un certain Hugues de Saint-Maard, vicomte de blosseville. D’origine Normande, cet écuyer et poète, aurait été un fidèle serviteur de Charles d’Orléans ; il aurait même assisté aux démarches permettant de libérer ce dernier de sa longue captivité, en Angleterre.

De son côté, l’érudit et bibliographe Pierre Champion taclera cette hypothèse. Dans un article daté de 1922 (remarques sur un recueil de poésies du milieu du XVe siècle, Pierre Champion, Romania, 1922), il identifiera deux autres nobles pouvant correspondre au Blosseville du Manuscrit. Le premier est un chevalier, baron de Blosseville, du nom de Pierre de Saint-Maard. Accompagné de deux archers, il aurait servi le roi pour recouvrir l’impôt dans le pays de Caux.

Le second, Jean de Saint-Maard était écuyer, seigneur et vicomte de Blosseville. Pierre Champion penche nettement en sa faveur pour l’attribution des poésies du MS 9223. L’homme aurait été maître des eaux et forêts de Picardie et de Normandie en 1471. Puis, deux ans plus tard, il aurait été nommé conseiller et maître d’hôtel du roi. Selon Champion toujours, il est probable que ce noble ait fait partie du cercle de Pierre de Brézé, grand Sénéchal de Normandie (lui-même protecteur de Villon). Les deux hommes auraient même pu venir ensemble à Blois, autour de 1458.

Legs et oeuvres

blosseville-francais-ms-9223-poesie-satirique-ballade-medievale-moyen-age-sS’il est, donc, impossible de trancher sur la véritable identité de ce  Blosseville, l’homme a légué une trentaine de poésies courtes, entre ballades et rondeaux. On les retrouve, dans leur grande majorité, dans le MS Français 9223. Toutes les pièces ne sont pas d’égale facture, ou n’ont pas traversé le temps avec une égale résistance mais le talent et les qualités stylistiques de ce poète restent indéniables. L’une de ses pièces fut même, un temps, attribuée par erreur à Villon, c’est peu dire.

On trouve encore quelques pièces plus longues attribuées à un   Blosseville dans d’autres manuscrits (on admet, en général, qu’il s’agit du même auteur). On citera notamment l’Echiquier d’Amour  ou le très heureux   Débat du vieil et du jeune dont nous aurons l’occasion de publier quelques extraits, plus loin dans le temps.

Le  mirage du loyal amant, moqué par Blosseville

Dans la ballade du jour, Blosseville se livrait à un exercice empreint d’humour et d’ironie sur le thème du loyal amant. Pour se situer au Moyen-âge tardif et presque à l’aube de la renaissance, était-il si loin de la thématique médiévale courtoise originelle ? A y regarder de plus près, pas tant que cela. Au fond, la courtoisie n’avait-elle pas mis, en son centre, le parfait amant, pour mieux en souligner ou en déplorer l’absence ? Dans cette compétition ouverte à la recherche d’un idéal amoureux masculin, nombre de poètes du moyen-âge se sont, en effet, dit loyaux, tout en clamant haut et fort n’en voir aucun autre qu’eux-même, autour d’eux, qui puisse en mériter le titre. La fine amor est exigeante et le loyal amant est une denrée rare. Depuis l’intérieur même de l’exercice littéraire courtois, le premier principe est que bien peu sont ceux pouvant réellement y prétendre.

Du reste, sans forcément s’en réclamer directement, certains auteurs médiévaux ne sont pas non plus privés de se gausser du fossé entre « belles paroles » et réalité des pratiques amoureuses. Citons   Chrétien de Troyes, qui, déjà au XIIe siècle, avait donné, avec humour et ironie, toute la mesure de cette distance.

« Or est amor torné en fables,
Por ce que cil rien n’en sentent
Dient qu’ils aiment, et si mentent ;
Et cil fable et mensonge en font,
Que s’en vantent, et rien n’y ont.
Mais por parler de celz qui furent,
Laissons celz qui en vie durent,
Qu’encor valt miex, se m’est avis,
Un cortois mort qu’un vilain vis. »
Chrétien de Troyes – Yvain ou le Chevalier au Lion.

A peine émergé dans la littérature, l’idéal du loyal amant semble déjà prendre des allures de mythe, pour se perdre dans une période révolue que l’on lamente. A l’image de la « vraie » chevalerie et sous la plume des poètes, l’espèce est en voie de disparition permanente tout au long du moyen-âge central, mais, finalement, depuis sa genèse même.

Dans cette ballade de Blosseville, on ne peut s’empêcher de voir à l’oeuvre ce lointain héritage satirique qui, dés l’émergence de la fine amor et du loyal amant, en soulignait déjà de l’intérieur, la difficulté ou la rareté, et de l’extérieur, la fausseté quand ce n’est pas la fatuité. Ici, du reste, l’auteur du XVe siècle ne prétend même pas entrer dans la compétition. L’exercice résonne plutôt comme une pure poésie de cour légère et drôle, prompte à faire rire un auditoire averti. Blosseville s’y tient à distance de son thème et en observateur pour mieux le moquer. Il y dépeint un univers fantastique et presque surréaliste (avant l’heure) qui, encore aujourd’hui, fait mouche et nous arrache un sourire.

Une ballade médiévale de Blosseville
« Quant tous amans seront loyaux« 

Vous verrez toutes les rivieres,
Les boys et les forestz bruler,
Les champs aussi et les bruyeres,
Les poissons tous en l’air voler,
La mer tharir, les chiens parler,
Buglez* (jeune boeuf, veau) courir mieulx que chevaulx,
Enfans d’un an bien tost aller,
Quant tous amans seront loyaux.

Toutes langues seront ouvrieres,
De bien savoir conseil celer;
Partout seront d’or les minieres,
Les chievres sauront bien filler,
Dieu fera les mons avallers,
Les gens ne feront plus de maulx,
Rien ne verrez dissimuler,
Quant tout amans seront loyaulx.

Dyamans dedans les carrieres,
Verrez aulx oliphans tailler,
Les aneaux en toutes manieres,
Au drommadoires esmailler,
Les cerfs pour courre reculler,
Les ours porter les grans chasteaulx,
Chacun verrez esmerveiller,
Quant tous amans seront loyaulx.

Prince, vous verrez batailler
Encontre les loups les aigneaux,
Les flebes les fors detailler* (mettre en pièces),
Quant tous amans seront loyaulx.

En vous souhaitant une très belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
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Excalibur ou les légendes arthuriennes selon John Boorman

excalibur-john-boorman-citations-film-legendes-arthuriennesSujet : légendes arthuriennes, cinéma, Excalibur, Merlin, citations médiévales, citations autour du Moyen-âge
Période : Moyen-âge central, haut moyen-âge
Film : Excalibur (1981)
Réalisateur : John Boorman


« Les jours de ceux de notre espèce sont comptés. Le Dieu unique s’en vient pour chasser les multiples dieux. Les esprits des bois et des ruisseaux se font silencieux. C’est la marche des choses. Oui… Le temps est venu des hommes et de leurs manières. »

« The days of our kind are numbered. The one God comes to drive out the many gods. The spirits of wood and stream grow silent. It’s the way of things. Yes… it’s a time for men, and their ways. »

Merlin (Nicol Williamson),  citation extraite de Excalibur,  John Boorman


De la Morte d’Arthur de Malory
au 7ème art de John Boorman

Bonjour à tous,

E_lettrine_moyen_age_passionn 1981, le réalisateur John Boorman s’attaquait aux légendes arthuriennes avec un long métrage titré Excalibur, et demeuré, encore à ce jour, célèbre pour bien des cinéphiles, amateurs ou non de Moyen-âge.

Empreint de lyrisme, avec des dialogues finement ciselés et des scènes d’action percutantes, le long métrage se signait aussi par la qualité de ses acteurs et de son casting. Ecrit à deux mains par John Boorman et  Rospo Pallenberg, le scénario était directement inspiré de l’ouvrage médiéval La morte d’Arthur de Thomas Malory, daté de la deuxième moitié du XVe siècle. Cette oeuvre compilait plusieurs sources arthuriennes de provenance diverses, réinterprétées et jonh-boorman-excalibur-legendes-arthuriennes-film-culteremaniées par son auteur ; elle est toujours considérée par de nombreux spécialistes, comme un des premiers grand roman arthurien moderne.

A partir de cette matière de choix, Boorman (en photo ci-contre) et son grand complice d’écriture créèrent une oeuvre cinématographique épique et finalement majeure. Pour un grand nombre de passionnés de moyen-âge et de matière arthurienne, Excalibur entra directement au panthéon des longs-métrages de référence sur ces sujets. Aujourd’hui encore, il fait figure de film emblématique pour qui s’intéresse au cinéma du début des années 80.

« Forged by a god. Foretold by a wizard. Found by a king. »

« Forgée par un Dieu, prédit par un Magicien, trouvée par un roi »
(slogan présent sur l’affiche d’Excalibur)

Avec, Excalibur, le réalisateur anglais allait marquer les esprits et même, à sa manière, relancer l’intérêt d’une partie du grand public pour les légendes arthuriennes. Si cette production anglo-américaine suscita, peut-être, des vocations d’historiens ou de futurs médiévistes, elle lança assurément la carrière de certains acteurs dont le moindre n’est pas Liam Neeson. Il y incarnait le rôle de Gauvain, aux côtés d’autres jeunes premiers qui devinrent, plus tard, eux aussi, des pointures du cinéma américain.

De son côté, Nicol Williamson (1936-2011), dans le rôle de Merlin l’enchanteur, n’en était déjà plus à ses premiers pas, au moment du tournage. Grand acteur britannique de formation classique, à la longue carrière cinématographique, il s’était aussi illustré sur les planches, dès ses débuts, dans de nombreux rôles shakespeariens. On retrouve, du reste, de ce classicisme dans son incarnation de Merlin à l’écran : mystérieux, insaisissable, surpuissant et empreint aussi, par instants, d’une grande théâtralité.

Au sujet d’Excalibur et des légendes arthuriennes, voici une sélection d’articles qui pourraient vous intéresser :

En vous souhaitant une très belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
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La Quinte estampie réale par l’ensemble Aëlis & un portrait de cette jeune formation

chanson_musique_danse_medievale_manuscriit_ancien_français_844_chansonnier_du_roi_moyen-ageSujet :  danses médiévales, musique médiévale,  estampie,  manuscrit ancien, chansonnier du Roy,, Français 844, chansonnier du Roy.
Période :  moyen-âge,  XIIIe siècle.
Auteur :  anonyme
Titre  : la quinte estampie royale
Interprètes    :   Ensemble Aëlis
Album : Aëlis (2015)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionombreuses sont les formations musicales, des plus  classiques aux plus folk(s), qui se sont frottées aux danses médiévales du XIIIe siècle : estampies. saltarelles, ductia, trotto, etc… autant de mélodies mesurées ou plus enlevées qui évoquent un certain Moyen-âge festif.

Aujourd’hui, à la faveur d’un interlude musical, nous revenons sur une de ces pièces : la Quinte Estampie Reale (ou royale). Elle est tirée du MS Français 844, manuscrit ou Chansonnier du Roy. La grande majorité des estampies connues du Moyen-âge nous provient de ce manuscrit ancien conservé à la BnF, mais aussi du Add 29987 ou Manuscrit de Londres de la British library.

Cette fois-ci, c’est à l’Ensemble Aëlis,  une formation originaire de France que nous devons son interprétation et nous profiterons de cet article pour vous la présenter.

La quinte estampie par l’Ensemble Aëlis

L’ensemble Aëlis

Des musiques médiévales et anciennes
aux musiques traditionnelles d’ici & d’ailleurs

L’ensemble Aëlis s’est formé au début de l’année 2015, autour de cinq artistes confirmés venus d’horizons divers (musique classique, médiévale, celtique, folk, pop-rock, …), mais ayant tous en commun un grand intérêt pour les musiques anciennes et traditionnelles. Cette diversité s’est retrouvée dans l’ambition très large de la formation ; elle s’est ainsi donnée le Moyen-âge comme une partie seulement de ses terrains d’exploration, tout en entendant bien élargir son répertoire à des périodes plus récentes, mais aussi à d’autres horizons culturels.

Aux musiques et chansons de la France médiévale, Aëlis a ainsi ajouté à son champ des possibles : Cantigas, musiques séfarades, musiques et chansons de la renaissance, ou même encore pièces vocales et instrumentales, en provenance d’un registre plus récent et plus folklorique. A tout cela,  devaient aussi pouvoir venir s’ajouter des compositions originales. Un vaste programme donc.

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Activités et actualités

De 2015 à 2017, on retrouve Aëlis plutôt actif sur la scène musicale et l’ensemble a eu l’occasion de présenter un échantillon de son travail et de son positionnement artistique au public, à travers plusieurs programmes : musiques et chansons médiévales, Carmina Burana, chansons traditionnelles françaises, mélodies et chansons séfarades,  airs anciens de noël, etc… Les années suivantes (fin 2017 et 2018) consacrent une période où la formation semble nettement moins active côté scène, ou à défaut, être passée sous les radars.

Que son public s’en réjouisse toutefois, l’ensemble s’apprête à donner un concert, preuve qu’il est toujours en activité. Il sera sur scène, le 6 août prochain, au soir, à l’Abbaye-Nouvelle  de Léobard, pour un concert  sur le thème Musiques médiévales d’aujourd’hui & d’Ailleurs : Voir le site de l’événement – Page FB d’Aëlis (peu actualisée à date de cet article)

Aëlis : l’album

ensemble-aelis-album-musiques-chansons-medievales-moyen-age-centralLa formation a produit, dès la fin 2015, un album, titré Aëlis. Avec un total de 12 pièces, ce dernier ouvrait sur la chanson de bele Aelis, composée par le trouvère Baude de la Quarière, du milieu du XIIIe siècle. En plus de l’estampie du jour on y retrouvait encore d’autres pièces en provenance du moyen-âge central : « Aussi comme l’unicorne sui » de Thibaut de Champagne,  « la belle se sied au pied de la tour » de Guillaume Dufay, ou encore pour ne citer que ces trois là La complainte des tisseuses de soie, tirée originellement du chevalier au Lion de Chrétien de Troyes.  Fidèle à l’intention du groupe de proposer des titres allant de l’ancien au plus folklorique et traditionnel, ses titres médiévaux côtoyaient sur l’album  des chansons plus récentes comme la Péronnelle ou Quand je menai mes chevaux à boire  (que l’ensemble folk Malicorne avait rendu célèbres en son temps) ou encore El testament d’Amèlia, chanson traditionnelle et folklorique catalane.

Les membres de la formation Aëlis

Myriam Krivine  (chant, riqq, tambour)
Jean-Michel Deliers  (vielle à roue, cornemuse, psaltérion, chalumeau, percussions, chant)
Jean-Luc Lenoir (luth, harpe médiévale, guitare-lyre, chant)
Aliocha Regnard  (vièle à archet, nyckelharpa, chant)
Denis Zaidman  (flûtes, hautbois à capsule, chalémie, chant)

En vous souhaitant une  belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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Découvrir d’autres Estampies médiévales

La Septime estampie Reale et l’Istampitta in Pro par  Voices of Music
La Sexte Estampie par Le Albion Dance Band

La Sexte Estampie par le Eurasia Consort
La Quinte Estampie  de Anne Azema avec Shira Jammen
La Quinte Estampie par le Early Music Consort de Londres 
La Quarte estampie Royale par Hespèrion XXI
La Tierce Estampie avec le Dufay Collective
La Prime Estampie Royale du Manuscrit du roy avec Hespérion XXI

Parlamento ; Une Estampie du MS 29987 avec ArteFactum
Ghaetta, une estampie du Manuscrit de Londres avec ArteFactum
La plus vieille chanson anglaise connue, avec l’Ensemble Belladonna
Le Lamento di Tristano e rotta avec Hespérion XXI
Kalenda Maya sur un air d’estampie, avec le Clemencic Consort

Autres pièces dansées du Moyen-âge :
ductia, saltarelles, trotto, …

Un Saltarello du Manuscrit de Londres par Voices of Music
Un Saltarello du MS 29987 de Londres version Dead Can Dance
Le même saltarello par l’ensemble Musica Vagantium
La   Rotta della Manfredina  du Manuscrit de Londres avec Micrologus
Une Ductia du XIIIe siècle  avec le Dufay Collective
Une Ductia Medievale sous la direction des andalous de Artefactum
Un Trotto du MS 29987 à la façon du Lyrebyrd Consort

Soif d’aventure et de voyages ? Sur les traces de quelques explorateurs du monde médiéval

voyages-medievaux-voyages-modernes-explorateurs-moyen-ageSujet : voyages, voyageur médiéval, voyageur moderne, explorateur médiéval, destinations.
Période : moyen-âge central : du XIIe au XIVe siècle.
Explorateurs : Benjamin de Tudèle, Ibn Battûta, Jean du Plan Carpin, Guillaume de Rubrouck, André de Longjumeau.

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionvec les beaux jours, nombreux sont ceux qui profitent de leurs congés pour partir en quête de dépaysement, qu’il s’agisse de s’envoler pour des destinations lointaines ou même d’aller chercher simplement un peu d’air frais dans une autre région de France, une autre ville, un autre village. Campagne, mer ou montagne, terres inconnues ou plus familières, quoi de mieux qu’un voyage ou un séjour loin de chez soi pour découvrir de nouveaux horizons et pour se ressourcer ?

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Marco, Niccolò et Matteo Polo face à Kublaï Khan,  MS Bodley 264 (XIVe s)

Au Moyen-âge, on voyage aussi et pour les raisons les plus variées. Parmi celles qui viennent en premier à l’esprit, il y a le commerce, les conquêtes, la foi, mais certains homme l’ont aussi fait par soif de découvrir le monde, ses richesses et ses mystères. Parmi, les grands voyageurs du monde médiéval, tout le monde a en tête Marco Polo (1254-1324) et son Livre des merveilles.  mais nous avons décidé de tirer, ici, le portrait de quelques autres explorateurs de cette période, dont certains l’ont même précédé. A la faveur de cette période estivale, puissent leurs exploits faire souffler sur vos propres voyages et vos futures destinations, le vent de l’aventure.

Quelques grands voyageurs du moyen-âge

« Voyager vous laisse d’abord sans voix, avant de vous transformer en conteur. »  citation de  Ibn Battûta  (1304-1377) – les voyages.

“Le Livre des Voyages” de Benjamin de Tudèle

Au XIIe siècle Benjamin de Tudèle (1130-1173), fils de Rabbin et rabbin lui-même, décide de faire le tour des synagogues et des communautés juives du monde pour en connaître les mœurs et les pratiques. Il en laissera un récit inachevé, autour de 1165, connu sous le nom de Sefer massa’otl, en français:  La Relation de Voyage ou Livre des Voyages. Originellement en hébreu, l’ouvrage ne sera traduit en latin, que dans le courant du XVIe siècle puis, en français, au XVIIe siècle.

Débuté autour de 1165, le périple de ce grand voyageur médiéval part de sa ville natale Tudèle, dans la province de Navarre, pour se centrer sur le bassin méditerranéen. Il aurait ainsi exploré la Catalogne, le Midi de la France, puis Byzance, l’Empire du levant, la Perse et l’Egypte. La Chine et l’Inde font aussi partie des destinations qu’il a mentionnées. Finalement, son long voyage s’achèvera par la Sicile, la Rhénanie et, à nouveau, la France, qu’il gagnera par les Alpes. Comme pour tous les voyageurs de son temps, certains détails de son véritable itinéraire sont sujets à débat mais son récit connut un succès retentissant. L’homme était un véritable érudit, un fin observateur, et il est resté,  dans l’histoire, comme un des grands explorateurs du Moyen-âge.

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Carte du Monde médiéval. Charif Al Idrissi réalisée pour Roger II de Sicile, Livre de Roger, Tabula Rogeriana, 1154. Retournée pour la lisibilité; voir original en cliquant sur l’image

Avant Marco Polo, trois voyageurs à la rencontre du grand Khan et de la Mongolie

Dans le courant du XIIIe siècle, quelques moines chrétiens s’aventureront jusqu’à la Mongolie. Le premier d’entre eux Jean du Plan Carpin (1182-1252) était un franciscain d’origine italienne. Après avoir séjourné en Hongrie et en Pologne, il fut mandaté par le pape Innocent V, auprès des mongols, en temps qu’informateur et missionnaire. Son périple débuta autour de 1245 et il rédigea à l’attention du souverain pontife un récit de voyages. Sous le titre de Historia Mongolorum, cette première chronique européenne sur les mongols reçut un bon accueil dans la Chrétienté. D’un point de vue diplomatique, la mission échoua. Il était question à la fois de convertir les mongols et de les enjoindre à ne plus attaquer les terres européennes. Rien n’y fit et, en retour, ces derniers demandèrent même, la soumission des chrétiens à leur autorité.

grand-khan-mongolie-kubilai-khan-moyen-age-voyageurs-monde-medievalAutour de la même période, en 1244, un dominicain, André de Longjumeau (1200-1271) partit en mission du côté du Moyen-orient et de la Syrie. Quelques années plus tard, en 1249, il gagna, à son tour, la Mongolie pour y chercher des renforts susceptibles de se porter au secours de la Terre Sainte. L’entreprise connut peu de succès mais le moine convertit au passage, quelques locaux , ouvrant ainsi la voie à de futures expéditions.

Un peu moins d’une décennie plus tard, en 1254, Jean du Plan Carpin et André de Longjumeau furent suivis de prés par un autre franciscain d’origine flamande : Guillaume de Rubrouck (Rubruquis) (1215-1295). Après avoir suivi le roi Louis IX (Sain-Louis) en terre sainte, ce dernier partit, à son tour, en voyage, en direction de Constantinople puis de Karakorum dans le but de représenter la couronne auprès du grand Khan (ci-dessus portrait posthume de Kublaï Khan supposé le représenter en 1260, Araniko, 1294; National Palace Museum in Taipei, Taiwan). Là encore, la mission capota d’un point de vue diplomatique mais l’homme conta son voyage au roi dans une lettre : Itinerarium ad partes orientales ou Voyage dans l’empire Mongol. Tout autant que les écrits de  Jean du Plan Carpin, ce récit fut d’une aide précieuse pour la connaissance des régions traversées, mais aussi des us et coutumes et des mentalités mongoles d’alors.

Le grand voyage ou le “cadeau” d’Ibn Battûta

Au XIVe siècle, du côté du monde musulman cette fois, le grand voyageur marocain Ibn Battûta (Batutah) (1304-1377) passa de nombreuses années sur les routes, à la découverte du monde. A son retour et, à la demande du souverain du Maroc, il conta son long voyage et les merveilles qu’il avait pu contempler à un érudit et poète du nom de Ibn Juzayy. Cet ouvrage est connu sous le titre Un cadeau pour ceux qui contemplent les splendeurs des cités et les merveilles des voyages ou plus simplement : les Voyages. Il fallut attendre le XIXe siècle pour qu’il soit traduit et mis à la portée des lecteurs occidentaux.

voyages-destinations-moyen-age-ibn-battutaAvant nombre d’explorateurs du monde moderne, le long périple d’Ibn Battûta, celui de toute une vie, le fera surnommer « l’un des plus grands voyageurs de tous les temps« . Il aurait exploré l’Egypte, la Perse, l’Afrique du nord, l’Afrique subsaharienne et le Mali, la péninsule arabe et le Kenya, mais encore une partie de la Chine et de l’Asie. A l’occasion de trois grands voyages, on lui prête d’avoir parcouru, par terre et mer, près de 120 000 kilomètres. Et même si certains experts sont enclins à faire quelques coupes dans ce long trajet, ce qu’il a accompli dans le contexte de l’époque, demeure impressionnant ; de quoi susciter quelques envies chez tout voyageur des temps modernes en quête d’aventure !

Voyages médiévaux, voyages modernes

En dehors de ces quelques noms célèbres, on pourrait ajouter une foule d’autres personnages qui ont voyagé, au moyen-âge, pour des raisons diverses et pas toujours, du reste pour des destinations aussi lointaines : marchands, pèlerins, croisés, clercs et chroniqueurs, ou même encore certains poètes, troubadours ou trouvères. Les conditions étaient bien sûr tout autre et, aujourd’hui, tout cela nous parait bien lointain quand il suffit d’un simple vol d’avion pour se rendre, en quelques heures, au bout de la terre.

Autre temps, autres mœurs ! Pour le voyageur moderne, l’aventure est désormais à portée de mains et la difficulté n’est plus tant la destination et les très longs périples pour y parvenir, que de trouver une compagnie fiable, un vol économique et aussi les commodités pour s’assurer d’avoir, une fois sur place, tout le confort voulu.


Un comparateur de vols  pour partir
en France comme à l’étranger

Aujourd’hui, on peut de dire, côté voyages, fini le Moyen-âge ! Avec la montée en puissance d’Internet, de plus en plus d’agences de voyages sont devenues virtuelles et les comparateurs de vols sont désormais des points incontournables pour obtenir les meilleurs prix et réserver les meilleurs vols.

vol-voyages-pas-cherSi le secteur est concurrentiel, certains  sites sortent clairement du lot. Il faut, pour cela, être capable d’associer l’excellence technique et la rapidité de traitement, à des services attractifs. C’est le cas du comparateur de vols Alibabuy. Sur des destinations intérieures comme sur des vols internationaux, plus de 500 compagnies régulières ou Low cost et des milliers de vols sont comparés en temps réel, pour offrir les tarifs les plus bas. Outre ses fonctionnalités avancées pour trouver un vol pas cher et économique, le site permet d’ajouter à son voyage, toute une panoplie de services additionnels : hôtels, trajets de train, location de voitures, etc… Enfin, au titre des points forts, ses développeurs ont pris les devants, en ajoutant directement aux prix affichés, tous les « faux-frais » et surcoûts (frais de carte bancaire, bagages, …) qui causent, souvent, des mauvaises surprises quand on ne les découvre qu’au moment du règlement. Bref, tout est fait pour faciliter grandement l’organisation de son voyage et en matière de destinations locales ou plus lointaines, c’est un service avec lequel on peut désormais compter.


Une belle journée à tous.

Fred
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