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Passion reconstitution : approche d’une armure viking du haut moyen-âge

prince_noir_arts_militaires_armure_reconstitution_historique_moyen-age_XIIIe_siècleSujet : armure médiévale, équipement, histoire vivante, reconstitution historique, armure viking
Période : haut moyen-âge, Xe siècle
Média : vidéo documentaire
Auteur :   Ola Onsrud  (chaîne youtube)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous partageons, aujourd’hui, un nouveau vidéo documentaire produit par Ola Onsrud. A l’occasion d’un article précédent ( voir  passion histoire vivante :  revêtir une armure du XIVe siècle ), nous vous avions déjà touché un mot de ce passionné d’histoire médiévale d’origine norvégienne qui s’efforce de restituer au plus près les armures, armes et même parfois les armoiries de guerriers et chevaliers nordiques du haut moyen-âge au moyen-âge tardif.

Du point de vue méthodologique, ce reconstituteur chevronné prend sa tâche très à cœur en épluchant consciencieusement les manuscrits anciens et les ouvrages les plus sérieux sur la question, mais en visitant également, au besoin, les églises datant de la période médiévale et les gisants des chevaliers, princes ou puissants que l’on peut encore y trouver.

Une armure viking du Xe siècle

Dans cette vidéo publiée, il y a déjà quelque temps, sur sa chaîne youtube, il nous invitait à la découverte de la tenue d’un homme du nord et d’un viking du haut moyen-âge et particulièrement du Xe siècle.

Limites de la reconstitution

camail_armure_casque_viking_moyen-ageComme le dit lui-même, par ailleurs, Ola Onsrud, recréer très fidèlement et précisément une armure viking du Xe siècle relève de la gageure. Les sources sont peu nombreuses, souvent incomplètes et laissent libre champ à certaines interprétations. De fait, certains détails peuvent toujours être sujets à débat entre experts de la question. Faut-il privilégier, comme il a été fait dans cette vidéo, un camail d’armure en forme de capuche qui recouvre entièrement la tête et le cou ou plutôt lui préférer un simple couvre-nuque que l’on attachait directement au casque et qui permettait de protéger le cou, voir la partie inférieure du visage ? Sans doute retrouvait-on ce dernier de manière plus commune au Xe siècle. De la même façon dans le courant de ce même siècle et du suivant, l’usage des casques comprenant une visière en métal cerclant les yeux et permettant de les protéger ainsi que le nez, semble avoir eu tendance à se généraliser (voir photo ci-dessus).

L’armure, marque de pouvoir et de privilèges

Bien entendu, sauf à inclure l’usage de pièces glanées pendant les raids ou confisquées à la faveur des batailles, il faut encore ajouter que de telles armures n’étaient pas le lot de tous les vikings mais plutôt celui des plus prestigieux. De nombreux guerriers de base devaient, quant à eux, se contenter de combattre avec des protections bien moins sophistiquées et onéreuses.

Ci copassion_reconstitution-historique_armure_viking_monde_medieval_angus-mc-bridentre  détail d’une illustration de Angus Mc Bride : Vikings contre Carolingiens. (Osprey Publishing)

Quoiqu’il en soit, nous avons ici une base sérieuse pour approcher le sujet. Inutile donc d’y chercher l’ombre de quelques casques à cornes, nous sommes loin des fantasmagories hollywoodiennes qui, dans les débuts du 7e art et quelquefois même jusqu’à très récemment, se souciaient autant de réalisme que de l’an quarante.

En vous souhaitant une très belle  journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.

Une chanson à boire médiévale anglo-normande pour célébrer Noël

chansona-boire_noel_medieval_vieux-francais_anglo-normand_moyen-age_XIIIeSujet : chanson médiévale, Noël, chanson à boire. vieux-français, Anglo-normand
Période : moyen-âge central, XIIIe siècle
TitreDeu doint à tuz ces joie d’amur
Auteur :  anonyme
Ouvrage :   Recueil de chants historiques français, première série, le XIIe jusqu’au XVIIe Leroux de Lincy, Librairie de Charles Gosselin (1841)

Bonjour à tous,

E_lettrine_moyen_age_passionntre deux congés et pour célébrer Noël à la façon médiévale, nous vous proposons, aujourd’hui, de découvrir une chanson anglo-normande du moyen-âge central et plus précisément du XIIIe siècle.

Le manuscrit MS 16 E VIII
de la Librairie royale anglaise

Dans son Recueil de chants historiques français, Antoine Leroux de Lincy indique qu’elle provient d’un manuscrit anglais, sans le citer dans le détail. En élargissant les recherches, on retrouve ce même chant de Noël publié, quelques années plus tard, par  Paul Meyer (Recueil d’anciens textes bas-latins provençaux et français, 1er partie, 1874) ; ce dernier, cette fois-ci, nous donne comme source le  Royal Ms 16 E. VIII de la Librairie Royale  britannique.

Tristement, l’ouvrage en question se serait volatilisé de la salle de lecture du British Museum, un peu avant la fin du XIXe siècle, en juin 1879 ; un malotru l’aurait, en effet, subtilisé en tirant partie du fait qu’à cette période, les dispositifs de sécurité autour les ouvrages anciens n’étaient pas aussi élaborés que de nos jours. Le manuscrit contenait 147 folios, avec entre autres pièces de choix, le Bestiaire illustré d’un clerc nommé Guillaume de Normandie, un Missus Gabriel en vers  latins et anglo-normands sur l’annonciation de la vierge, une geste sur l’histoire de Charlemagne à Jerusalem et Constantinople, un Almanach lunaire en prose française, et encore deux chansons à boire, dont celle que nous publions ici et qui est plus particulièrement centrée sur le thème de la fête de Noël. (voir inventaire précis du contenu de ce manuscrit au lien suivant)

Une des plus anciennes
chansons à boire normandes

S_lettrine_moyen_age_passioni son auteur est demeuré anonyme, cette pièce qui se classe dans les chants de Noël, peut être également située dans la lignée des chansons bachiques, autrement dit des pièces festives dédiées aux joies de la fête et de la boisson. A ce titre, elle a comme grand intérêt d’être une des plus anciennes qui nous soit parvenue du berceau anglo-normand.

Quelques siècles plus tard, autour du XVIIe, on verra émerger l’idée d’un genre anglo-normand spécifique à ce type de chanson à boire: le Vaux-de-vire, avec notamment des auteurs comme Olivier Basselin (XVe siècle) et Jean le Houx (XVIe et XVIIe). Force est pourtant de constater avec Leroux de Lincy et d’autres auteurs et médiévistes du XIXe siècle qui ont édité cette chanson médiévale du XIIIe siècle que la Normandie n’a pas attendu ces deux derniers poètes (sur lesquels nous aurons l’occasion de revenir bientôt) pour célébrer dignement les plaisirs de la fête et de la table.


« Deu doint à tus icels joie d’amurs »
Une chanson médiévale à boire du XIIIe 

Seignors, ore entendez à nus :
De loinz Sumes venuz à wous
Pur quère* (réclamer, prier, invoquer) Noël,
Car l’em nus dit que en cest hostel
Soleit* (avoir l’habitude, coûtume) tenir sa feste anuel
A hicest jur.

Deu doint à tus icels joie d’amurs
Qui à danz Noël ferunt honors !

Seignors, jo vus di por veir
Ke danz Noël ne velt aveir
Si joie non,
E repleni sa maison
De payn, de char* (viande) et de peison
Por faire honor.

Deu doint à tuz ces joie d’amur, etc.

Seignors, il est crié en l’ost
Qe cil qui despent bien e tost
E largement,
E fet les granz honors sovent,
Deu li duble quanque il despent
Por faire honor.

Deu doint, etc.

Seignors, escriez les malveis* (les mauvais, les méchants),
Car vus me l’troverez jameis
De bone part.
Botun, batun, ferun gruinard, (1)
Car tos dis a le quer cuuard
Por feire honor.

Deu doint, etc.

Noël beyt bien le vin engleis,
E li Gascoin et li Franceys
E l’Angevin ;
Noël fait beivere son veisin
Si qu’il se dort le chief enclin ,
Sovent le jor.

Deu doint, etc.
Seignors, jo vus di par Noël
E par li sires de cest hostel,
Car bevez ben ;
E jo primes* (en premier) beverai le men,
E pois après chescon le soen
Par mon conseli ;
Si jo vus dis trestoz : Wesseyl,* (Wes Heil, « portez vous bien »)
Dehaiz* (malheur à celui) eit qui ne dira Drincheyl* (« Drinc Heil » Buvez et profitez bien).

(1) S’il faut en croire  Charles Nisard (Des chansons populaires chez les anciens et chez les Français, 1867, Volume 1), ce  « Botun, batun, ferun gruinard » pourrait être un « appel à bâton contre les braillards ». De son côté, et  même s’il s’adresse à un période généralement plus tardive, le Dictionnaire Coltgrave nous rappelle que « Gruiner » en vieux français, évoque la même racine que l’anglais to Gruntle or to grunt : grogner, gronder. Autrement dit plutôt que braillards et pour le moderniser, il s’agirait plutôt ici des grincheux ou des grognons à qui il faudrait donner du bâton ou de la trique.


En vous souhaitant une belle journée.

Frédéric F
Pour moyenagepassion.com
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Agenda du week end : la cité des Sables-d’Olonne célèbre son histoire médiévale

blason_armoirie_medievale_vendee_sable-d-olonneSujet : fêtes historiques, animations médiévales, marché artisanal, moyen-âge, sorties,  compagnies médiévales.
Evénement : Fantaisies Médiévales
Lieu : les Sables-d-Olonne,
Vendée, Pays-de-la-Loire
Dates : 22 et 23 décembre 2018

Bonjour à tous,

D_lettrine_moyen_age_passione samedi à Dimanche, la cité vendéenne des Sables-d’Olonne fêtera ses 800 ans d’histoire. L’événement, en réalité, le point culminant d’une année entière dédiée à cette célébration et ce mois de décembre a été choisi pour la clore, avec des fêtes qui mettront en exergue le Moyen-âge et notamment les débuts du XIIIe siècle.

Un peu d’Histoire médiévale

C’est en 1218 que le Seigneur et prince local concéda deux chartes aux moines de Sainte-Croix de Talmont afin que puisse être mise en oeuvre l’occupation du littoral. Il s’agissait aussi pour le noble d’y établir un nouveau port qui puisse avantageusement se substituer à celui situé à Talmont et qui posait quelques problèmes de viabilité. fetes_medievales_historique_sable-d-olonne_vendee_decembre_2018-moyen-age_festifSes efforts furent récompensés puisque, dès la fin du XIIIe, on trouvera la cité des Sables d’Olonne largement mentionnée dans les sources historiques.

Un peu moins de deux-cent ans plus tard, autour de la fin du XVe siècle, ce sera au tour de Louis XI d’en favoriser le développement. A l’occasion d’un voyage dans le Bas-Poitou et après avoir visité l’endroit en 1472, le roi de France décida de lui  accorder d’importantes franchises  et de le faire fortifier, en en faisant un port d’importance du point de vue tant stratégique qu’économique; d’un point de vue politique, la décision venait aussi trouver sa place dans une période de fortes tensions politiques entre la couronne et la Bretagne.

Animations et réjouissances
aux couleurs du Moyen-âge

Ainsi, ce week-end, pour célébrer son histoire médiévale, la cité recréera au coeur de La Chaume, l’un de ses plus anciens quartiers, un village médiéval avec son marché artisanal. On pourra également retrouver jongleurs et musiciens, comédiens et conteurs, ainsi que des spectacles équestres et un lot d’animations de circonstance au château Saint-Clair.

Compagnies médiévales présentes 

Compagnie Ethnomus – Compagnie Kanahi – Cie les Frères Jacks – Cie Jocus – Compagnie Gueule de Loup – Compagnie Taprobane

Retrouver le programme détaillé ici.

En vous souhaitant une belle journée.

Frédéric F
Pour moyenagepassion.com
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Architecture médiévale, une reconstitution 3D du Pont Saint-Bénézet d’Avignon

Sujet : pont,avignon_ecu_blason_armoirie_heraldique_provence_ville_historique reconstitution 3D, vidéo, architecture médiévale, Provence médiévale,  monument historique, Saint Bénézet.
Période : Moyen-âge central, XIVe siècle
Lieu : Pont Bénézet, Avignon, PACA

Bonjour à tous,

E_lettrine_moyen_age_passionn 2015, après quatre ans de recherches et de travail assidus, une équipe pluridisciplinaire du CNRS, composée d’historiens médiévistes, d’archéologues, d’ingénieurs, d’architectes, ainsi que d’infographistes 3D redonnait vie au Pont Saint-Bénézet d’Avignon, en présentant au public une reconstitution 3D exceptionnelle de l’ouvrage médiéval.

En plus de la vidéo dévoilée à l’issue du projet que vous retrouverez ci-dessous, une application de réalité augmentée voyait également le jour. Elle permet, encore aujourd’hui, aux visiteurs du monument dotés d’une Iphone et d’un Ipad, d’observer l’ouvrage à deux moments clés de son histoire : le moyen-âge tardif et le XIVe siècle (1350) et la fin du XVIIe (1675).

La reconstitution 3D du pont d’Avignon par le CNRS

Saint Bénézet et le Pont d’Avignon

R_lettrine_moyen_age_passionendu populaire par une chanson du XVe siècle, le célèbre pont d’Avignon fut construit, dans le courant du XIIe siècle, sur les restes d’un ouvrage romain. Son édification fit l’objet d’une légende bien connue qui possède, sans doute, un fond de vérité puisqu’il semble que le personnage qui en est à l’origine ait véritablement existé. C’est celle d’un modeste pâtre ardéchois du nom de Bénézet (Petit Benoit) qui, sur la foi d’une vision divine et dans le courant de l’année 1177, en aurait posé la première pierre,  alors qu’il était tout juste âgé de 12 ans. Au vue du poids exceptionnel de cette dernière, l’histoire conte que les habitants furent bientôt convaincus de la dimension miraculeuse et divine de l’injonction et se mirent à l’aider à édifier l’ouvrage. Dans la même veine, la construction du pont fut encore à la source de nombreux autres miracles parmi lesquels on compte près d’une vingtaine de guérisons miraculeuses opérées par celui qui devint bientôt Saint-Bénézet (1165 -1184), un Saint Provençal non canonisé par Rome. Las!, ce dernier ne vit pas la fin de son entreprise puisqu’il décéda prématurément, à l’âge de 19 ans, un avant que l’ouvrage ne soit achevé.

Un ouvrage médiéval d’exception

D’une longueur de plus de 900 mètres, le pont enjambait alors les deux bras du Rhône pour rallier la cité royale de Villeneuve-lès- Avignon, sur l’autre rive. Au sortir de sa première construction, il possédait encore un tablier de bois et ce n’est que dans le courant du XIIIe qu’il sera édifié en pierre dans sa totalité. Il fut, depuis lors, l’objet de nombreuses reconstructions et ce, jusqu’au XVIIe siècle qui, pour autant, ne architecture_medievale_pont_avignon_benezet_infographie-3D_moyen-age_spermirent pas son maintien.

A la faveur notamment d’un changement climatique et de la glaciation qui à touché l’occident du XIIIe au XVe siècle, l’oeuvre du puissant fleuve et de ses crues ont fini par avoir raison de la presque totalité de l’ouvrage médiéval. Aujourd’hui, il n’en subsiste plus que quatre arches qui s’arrêtent net au dessus du fleuve et lui confèrent une étrange aura de mystère. Du point de vue patrimonial, il fut classé monument historique en 1840.

Pour revenir à l’histoire de Bénézet et d’une manière plus factuelle, il semble que sa volonté s’était aussi accompagnée de grandes collectes et d’aumône pour réunir les moyens nécessaires à la construction de l’ouvrage. Il fonda même une confrérie laïque dont Jean Mesqui (voir article ic) nous apprend qu’elle était « sous l’autorité d’un prieur et qu’elle disposait d’une chapelle et d’un chapelain ». La confrérie demeurait alors dans une maison proche du pont pour veiller sur l’ouvrage et moins d’un demi-siècle plus tard, un hôpital dédié aux pauvres y fut également ouvert.

Œuvres de pont et frères Pontifes

Concernant l’édification du Pont d’Avignon et de quelques autres ouvrage du couloir rhodanien de la même époque, à la légende du pâtre Bénézet, quelques auteurs des XVIIIe et XIXe allaient bientôt soulevé l’hypothèse d’un ordre monacal puissant, celui des frères pontifes (les fratres pontifices) qui, dans le courant du XIIIe siècle auraient construit certains ponts le long des fleuves et en aurait même garder l’accès contre d’éventuels brigandages, protégeant ainsi Pèlerins et voyageurs. Depuis lors et au vue de la disparité des sources, les historiens médiévistes ont pourtant réfuté ces hypothèses. S’il existait bien des fraternités de pont qui assumaient l’entretien des ouvrages et leur protection, il ne semble pas qu’un ordre de bienfaiteurs religieux unique ait été en charge de cette mission. Comme l’affirme Jean Mesqui dans l’exemple d’Avignon, dans un certain nombre de cas, c’étaient bien plutôt des laïques locaux, qui, ayant eux-mêmes participé à la construction des ponts, prolongeaient tout naturellement leurs œuvres sur la gestion de ces mêmes ouvrages. On trouve encore la confirmation de ce fait dans l’ouvrage de Daniel Le Blévec La part du pauvre. L’assistance dans les pays du Bas-Rhône, du XIIe siècle au milieu du XVe siècle. (Rome, Ecole Française, 2000).

En vous souhaitant une excellente  journée.

Frédéric EFFE
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