Sujet: amour, séduction, exposition, monde médiéval, lieux intérèts, Jean Sans Peur, histoire médiévale, conflits armagnacs bourguignon, tour médiévale Période : moyen-âge tardif, XVe siècle Evénement : exposition l’Amour au Moyen-âge Lieu: Tour Jean-Sans-Peur, 20 Rue Étienne Marcel, 75002 Paris Dates: Jusqu’au 2 septembre 2018
Bonjour à tous,
usqu’au début du mois de septembre prochain, la Tour Jean-Sans-Peur à Paris propose une exposition thématique sur l’Amour au Moyen-âge. Nous en profitons donc pour vous vous toucher un mot de cet événement mais aussi pour remonter le fil de l’Histoire et vous présenter ce bâtiment d’intérêt historique et patrimonial qui trône en plein coeur du deuxième arrondissement de la capitale.
L’exposition « l’Amour au Moyen-âge »
A travers près de 80 reproductions (enluminures, fresques ou céramiques d’époque), cette exposition vous propose de découvrir les multiples aspects de l’amour au moyen-âge : des jeux de séduction aux amours interdites, en passant par l’amour charnel ou encore le langage et les codes de l’amour dans le monde médiéval.
Dates : juqu’au 2 septembre 2018 Tarifs, horaires, accès, etc… : voir liens en pied d’article.
La tour Jean Sans Peur, témoin des conflits entre Armagnacs et bourguignons
u début du XVe siècle, tandis que le roi de France Charles VI sombre dans la folie, les rivalités de pouvoir au sein de la lignée familiale royale ont atteint un point culminant. Les tensions avaient débutées dans le courant de l’année 1392, entre Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, frère de Charles V et oncle de Charles VI, alors dauphin, et Louis 1er d’Orléans, fils de Charles V et frère du dauphin, mais elles passèrent un cap quand Jean Sans Peur, arrivé au pouvoir au duché de Bourgogne et succédant à son père Philippe le Hardi décida de faire assassiner Louis d’Orléans, en 1407.
(ci-contre portrait de Jean Sans Peur, (1400). Vienne, Autriche, Kunsthistorisches Museum)
Rentré en grâce à Paris, quelque temps après l’assassinat, Jean Sans Peur retrouvera la proximité du pouvoir et du roi, mais le conflit larvé ne s’interrompra pas pour si peu et de nouvelles alliances se noueront bientôt. Reprenant à son compte le conflit et l’ambition qui avait porté Louis d’Orléans, le duc de Berry, oncle de Charles VI et protecteur de Charles D’Orléans, ralliera à sa cause les duchés de Bretagne, d’Orléans et le comté d’Armagnac. Le conflit entre bourguignons et armagnacs prendra alors sa pleine mesure et, malgré quelques trêves, il aura dans le temps, des allures de véritable guerre civile alors qu’en toile de fond, la guerre de cent ans reprendra, de plus belle.
C’est dans ce contexte troublé, deux ans après l’assassinat de Louis d’Orleans et revenu dans les faveurs de la cour. que Jean Sans Peur, fera édifié, entre 1409 et 1411, une tour de plus de vingt mètres de haut, véritable donjon, pour renforcer la protection de l’hôtel particulier qui lui sert de résidence quand il se tient à la capitale. Adossée à l’enceinte que Philippe-Auguste avait fait édifier dans la capitale en 1190 et 1215, la demeure qui avait été acquise par Robert II d’Artois dans le dernier tiers du XIIIe siècle, était tombée dans l’escarcelle des bourguignons en 1392, sous Philippe le Hardi et après que ce dernier ait épousé Marguerite III, comtesse de Flandre et d’Artois.
Après la disparition de Jean Sans Peur, assassiné à son tour en 1419, l’édifice restera à la main des Bourguignons jusqu’à la fin du XVe siècle. Il sera sera ensuite oublié jusqu’à sa redécouverte dans la deuxième moitié du XIXe. La tour sera alors classée monument historique (1884) et même restaurée un peu moins de dix ans plus tard.
Ouverte au public aux débuts des années 2000, la tour Jean Sans Peur est aujourd’hui un musée et elle se visite. Elle propose aussi, tout au long de l’année, des expositions variées sur le thème médiéval.
Sujet : chanson médiévale, poésie, trouvère, trouvère, poésie satirique, sirvantois, cinquième croisade, chant de croisade. Période : moyen-âge central, XIIIe. Auteur : Huon de Saint-Quentin (Hue, Hues, Hugues) (11.. -12..) Titre : «Jerusalem se plaint et li pais» Interprètes : Gerard Le Vot Album : Troubadours et trouvères (1993)
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir une chanson médiévale du trouvère Huon de Saint-Quentin, connu encore sous le nom de Hue, Hues ou même Hugues de Saint-Quentin. Pour être un chant de croisade, cette pièce est aussi un sirventois (sirvantès), C’est donc un texte satirique même si, comme nous aurons l’occasion de le voir, le poète n’y remet pas en cause le principe même de la croisade mais plutôt l’attitude des prêcheurs, de l’église et du clergé vis à vis de cette dernière.
L’interprétation que nous vous en proposons est tiré d’un album de Gerard le Vot et nous profiterons donc également de cet article pour dire un mot de ce très reconnu musicien, chanteur, musicologue et universitaire français, non sans avoir d’abord dressé le tableau de l’oeuvre du trouvère qui nous occupe aujourd’hui.
Huon de Saint-Quentin,
oeuvres, manuscrits et legs
On trouve extrêmement peu d’éléments sur la vie du trouvère Huon de Saint-Quentin. On peut déduire de son nom qu’il est originaire de cette cité et donc picard, mais pour le reste, il n’y a pas grand chose de lui à se mettre sous la dent, en dehors des quelques poésies qui nous sont parvenues. Pour tout dire, s’il a écrit au sujet de la 5ème croisade, aucune trace écrite n’en demeure et il serait même hasardeux d’affirmer qu’il ait pu y participer physiquement; certains de ses vers laisseraient même plutôt à penser qu’il se trouvait en Europe quand il écrivit ses poésies satiriques au sujet de cette dernière.
Du coté de son legs, en 1780, dans son Essai sur la musique ancienne et moderne (Volume 2), le compositeur et historien français Jean-Benjamin de La Borde avait rangé sous le nom de Chanoine de Saint-Quentin, trois pièces, celle du jour « Jerusalem se plaint » , une pastourelle ayant pour titre « a l’entrant del tans (tens) salvage » et encore un chanson « Rose ne flor, chant d’oisiaus ne verdure ».
Assez rapidement dans le courant du XIXe siècle, on a toutefois considéré que les deux compositeurs étaient deux personnes différentes en ne laissant au chanoine de Saint-Quentin que la dernière chanson mentionnée plus haut (Rose ne flor…). Restaient donc deux pièces attribuées par le MS Français 844 (voir en ligne) à Huon (Hues) de Saint Quentin, le sirventois du jour (1) et la pastourelle. De son côté, le MS français 12615 ou Chansonnier de Noailles (voir en ligne) en plus de ces deux pièces, en indiquait une troisième, une pastourelle ayant pour titre : « Par desous l’ombre d’un bois ».
Concernant la pastourelle « a l’entrant del tans (tens) salvage« , sur la foi des manuscrits, elle est, dans un premier temps et très logiquement, restée attribuée au trouvère mais on trouve déjà quelques réserves émises sur sa paternité dans le milieu du XIXe siècle.
« Nous n’avons pas trouvé d’indications sur la vie de HUE DE SAINT-QUENTIN ;peut-être même les deux seules chansons conservées sous son nom sont-elles de deux auteurs différents. La première est une pastourelle dont la composition est banale et les détails fort licencieux. » Histoire littéraire de la France, académie des Inscriptions et Belles-Lettres, T XXIII (1856).
Plus près de nous, à la fin du XXe siècle, le musicologue Räkel Hans-Herbert a semble-t-il confirmé ces doutes en formant l’hypothèse que cette pastourelle était l’oeuvre d’un autre trouvère, homonyme du premier mais originaire quant à lui de Besançon (voir Hue de Saint-Quentin ein trouvère in Besançon, Räkel Hans-Herbert, Zeitschrift für romanische Philologie vol. 114 (1998))
Au sortir de tout cela, il ne reste donc, semble-t-il, dans l’oeuvre certaine du trouvère picard que la chanson du jour et la pastourelle « Par desous l’ombre d’un bois » auxquels il faut encore ajouter une autre poésie qui était demeurée anonyme dans les manuscrits. Ayant pour titre, « la Complainte de Jerusalem contre la cour de Rome« , ce texte présente en effet, dans sa forme comme dans son fond, des similitudes avec la chanson « Jerusalem se plaint » qui laissent peu de place aux doutes. L’auteur en serait donc également Huon de Saint-Quentin et c’est d’ailleurs Gaston Paris lui-même qui finira par l’entériner une bonne fois, à la fin du XIXe siècle, suivi en cela par la plupart des experts de la question (voir L’auteur de la Complainte de Jérusalem, Gaston Paris. In: Romania, tome 19 n°74, 1890. pp. 294-296, persée).
Jérusalem se plaint de Huon de Saint-Quentin par Gerard le Vot
Gérard le Vot à la rencontre des troubadours et des trouvères
Musicien, harpiste, chanteur et musicologue, Gerard le Vot a longtemps été attaché aux universités de Lyon et encore de Poitiers où il a enseigné notamment la musicologie médiévale et comparée.
En 1993, il faisait paraître aux éditions Studio SM l’album Troubadours et trouvères, compilation issue de deux albums que le musicien avait fait paraître dans les années 1980 et 1981. Sur les dix-neuf titres présents dans les deux productions précédentes, seize ont été sélectionnées pour donner naissance à ce nouvel album. On y trouve ainsi, de manière symétrique, huit pièces empruntées au registre des troubadours et huit autres à celui des trouvères. Il faut noter qu’à l’occasion des albums précédents Gerard le Vot avait été primé en 81 avec le Grand Prix de l’Académie Charles-Cros et en 87 avec le Prix Paul Zumthor.
Cette même année 1993, Gerard le Vot faisait aussi paraître aux éditions Minerve l’ouvrage « Vocabulaire de la musique médiévale »,à destination des musicologues ou étudiants désireux de s’aventurer sur le terrain des musiques du moyen-âge.
Du côté de sa discographie et pour y revenir, en plus des trois productions citées plus haut, il faut ajouter une collaboration avec le Kecskes Ensemble autour des chansons de Gaucelm Faidit, ainsi qu’un autre album intitulé « Ultima Lacrima » : sorti en 1997, il a pour thème les complaintes médiévales et les chants spirituels du Moyen-Age. Enfin au titre de son actualité, mentionnons encore la parution en Février 2017 d’un ouvrage dans un autre registre et ayant pour thème la poétique du rock.
Le contexte historique du sirvantois
de Huon de Saint-Quentin
ans les premières décennies du XIIIe siècle, à l’échec de la quatrième croisade, succéda celui de la cinquième. Après un appel en 1213 et quelques difficultés pour rallier les princes de l’Europe chrétienne à sa cause (ces derniers étant occupés à leurs affaires, à quoi il faut ajouter qu’il avait aussi envoyé les seigneurs du nord de la France guerroyer contre ceux du Sud et les albigeois), le pape Innocent III via ses prêcheurs finira tout de même par rallier un armée de croisés à sa cause. Une expédition sera ainsi levée en 1217-18. On décidera plutôt que de s’attaquer à Jerusalem de prendre une ville égyptienne en vue de l’utiliser comme monnaie d’échange contre la ville sainte.
Au départ bien engagée avec la prise de Damiette, la croisade se soldera pourtant par un échec dont la responsabilité semble peser, en grande partie, sur le légat du pape Pélage venu prendre, sur place, le contrôle des opérations. En fait de négocier avec les arabes qui se montreront par l’intermédiaire du sultan d’Egypte Al-kamil finalement ouverts à l’échange, le légat accumulera, en effet sur place, les bévues et les erreurs militaires et stratégiques. Ayant décidé de faire de Damiette un comptoir commercial qu’il ne voudra lâcher, il refusera aussi de traiter avec les « infidèles » et finira même par lancer les croisés à la conquête du Caïre. La décision sera fatale et sonnera le coup de grâce de la cinquième croisade en 1221. Damiette sera rendue aux arabes et les croisés rentreront en Europe.
Ecrit par Huon de Saint-Quentin, sans doute l’année même de l’échec de l’expédition, ce sirvantois ne fustige pourtant pas tant le déroulement des opérations sur place que les conditions du départ et l’attitude du Clergé qui permit à ceux qui ne voulaient pas ou plus s’engager de monnayer leur non-participation contre argent sonnant et trébuchant. Le trouvère fustigera au passage les « décroisés » affirmant qu’ils perdront l’entrée au Paradis en lâchant la croix, mais sa diatribe ira beaucoup plus à l’encontre des dignitaires religieux et prêcheurs. En soulignant la cupidité du clergé, il mettra encore en doute l’usage que ce dernier fera de l’argent soutiré aux croisés. Le fond de cette satire n’est donc pas pour l’auteur de s’inscrire contre la croisade, mais bien au contraire de montrer, sous l’apparence des intentions, le peu de cas réel fait, par l’église et ses dignitaires, des prisonniers ou des chrétiens restés en terre sainte, sous la main des musulmans.
Ce texte est annonciateur d’un certain discrédit jeté sur la légitimité de l’Institution religieuse dans l’organisation et la tenue de la croisade qui perdurera au long du XIIIe siècle. Plus largement, la dénonciation qu’y fait son auteur d’une certaine rapacité du clergé et le peu de confiance qu’il lui prête dans la gestion de l’argent collecté sont assez révélateurs d’un mouvement critique qu’on retrouvera, à partir du XIIe et jusqu’au XIIIe siècle à l’égard de certaines pratiques de l’Eglise (voir Guiot de Provins, ou encore les fabliaux). Ce mouvement participe d’une réalité qui a, sans doute, contribué à créer, un peu plus tôt, un terrain favorable à la plupart des « hérésies » du XIIe siècle et qui a aussi donné naissance, un peu après, aux ordres mendiants.
« Jerusalem se plaint » en vieux-français
Jerusalem se plaint et li pais U dame l’Diex sousfri mort doucement Que deça mer a poi* (peu) de ses amis Ki de son cors li facent mais nient*(qui ne lui veulent porter secours). S’il sovenist cascun del jugement Et del saint liu u il sousfri torment Quant il pardon fist de sa mort Longis, (2) Le descroisier fesissent mout envis; (3) Car ki pour Dieu prent le crois purement, Il le renie au jor que il le rent, Et com Judas faura* (de faillir) a paradis.
Nostre pastour* (pasteurs) gardent mal leur berbis, Quant pour deniers cascuns al leu* (loup) les vent; Mais ke pechiés les a si tous souspris* (bien gagnés) K’il ont mis Dieu en oubli pour l’argent Que devenront li riche garniment* (les riches biens) K’il aquierent assés vilainement Des faus loiers (4)k’il ont des croisiés pris? Sachiés de voir k’il en seront repris, Se loiautés et Dius et fois ne ment. Retolu ont* (ils ont volé) et Achre et Belleem Ce que cascuns avoit a Diu pramis.
Ki osera jamais, en nul sermon De Dieu parler, en place n’en moustier* (église), Ne anoncier ne bien fait ne pardon, S’il fait jamais sans don ou sans denier Chose qui puist Nostre Signeur aidier A la terre conquerre et gaaignier U de son sang paia no raençon* (rançon)? Seigneur prelat, ce n’est ne bel ne bon Ki si secors faites tant detriier* (retarder); Vos avés fait, ce poet on tesmoignier, De Deu Rolant et de vos Guenelon (5).
En celui n’a mesure ne raison Kil se counoist s’il vai a vengier Ceule ki pour Dieu sont dela en prison Et pour oster lor ames de dangier. Puis c’on muert ci, on ne doit resoignier* (redouter) Paine n’anui, honte ne destorbier* (dommage). Pour Dieu est tout quan c’on fait en son non* (nom), Ki en rendra cascun tel guerredon* (récompense) Que cuers d’ome nel poroit esprisier; Car paradis en ara de loier, N’ainc pour si peu n’ot nus si riche don.(6)
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.
Notes
(1) Ajoutons encore qu’on trouve la pièce du jour dans le Manuscrit de Berne (MS 389),
(2) Longin : le centurion aveugle qui perça de sa
lance Jésus en croix et fut par la suite, pardonné et guéri.
(3) « c’est plus malaisément qu’on se décroiserait » J Bédier, Les chansons de croisade (1909).
(4) Bédier traduit ces « faus loiers » par « contributions honteuses ». D’aprés A Jubinal, dans « De quelques pièces inédites tirées du Manuscrit de Berne » (1858). l’auteur fait allusion ici « aux acquisitions que le clergé, profitant du besoin d’argent qu’avaient les seigneurs en partant pour les croisades, faisait d’eux à vil prix. » propos repris à son tour par Rutebeuf.
(5) Allusion à la chanson de Roland et à la trahison de Ganelon
Sujet : poésie médiévale, littérature médiévale, auteur médiéval, ballade médiévale, poésie morale, poésie satirique, ballade, moyen-français, humour. Période : moyen-âge tardif, XIVe siècle Auteur : Eustache Deschamps (1346-1406) Titre : « Un de perdu, deux de retrouvés» Ouvrage : Oeuvres complètes d’Eustache Deschamps, Tome V. Marquis de Queux Saint-Hilaire, Gaston Raynaud (1893)
Bonjour à tous,
ous vous proposons, aujourd’hui, une nouvelle ballade d’Eustache Deschamps. Pour faire justice à l’humour dont il a su se montrer capable et pour contrebalancer aussi avec le ton souvent sérieux et moralisant des poésies que nous avons publiées jusqu’ici de cet auteur prolifique du XIVe siècle, le texte du jour est d’un tour plus léger.
Le poète s’y glisse, en effet, dans la peau d’une demoiselle ou d’une dame infortunée que son amant a laissé choir et quitté sans même un adieu, mai qui, fort heureusement, s’est vite rattrapée en en retrouvant deux. Le ton est caustique et distancié et demeure, en ce point satirique, puisque de là, en tirant les leçons et sous le coup de l’amertume, elle encouragera même ses pareilles à réserver les pires traitements à leurs amants, dans l’idée que plus maltraités ils seront, mieux elles seront servies.
« Un de perdu, deux de retrouvés », l’expression proverbiale n’est pas récente. A l’évidence, contemporaine d’Eustache, elle lui est même, semble-t-il, antérieure, même si comme bien des proverbes, déterminer son origine exacte et la dater relèvent de la gageure. Est-elle une allusion, historiquement liée à l’anecdote biblique de la brebis perdue ? Peut-être. Elle a, en tout cas, évolué depuis l’usage qu’en faisait notre auteur médiéval, puisque pour un(e) de perdu(e), on en retrouve, dit-on, aujourd’hui, dix, mais tout augmente, il faut bien s’en faire un raison.
Balade (DCCCXL)
Un de perdu, deux de retrouvés
Dieux, que je suis dolente et esbahie Comme je voy sans cause mon ami Desloyaument faire nouvelle amie, Qui dès long temps s’estoit donné a mi, Et il se part* (se séparer) et m’a du tout guerpi* (abandonné, laissé) Sens dire adieu, li desloyaulx prouvez ! Maiz j’en reprends bon reconfort aussi : Pour un perdu j’en ay deux retrouvez !
Qui loyaulx est en l’amoureuse vie A poine ara jamès joye de lui, Maiz qui y ment et sert de tricherie, Il est amé, comme a esté cellui Qui en mentant m’a de tous poins failli. Bien est par moy faulx amens esprouvez ; Courcée en sui, or m’en conforte ainsi : Pour un perdu j’en ay deux retrouvez !
Voist donc a Dieu, par ma faulte n’est mie. Pour ce, dames, a toutes vous suppli Que vous servez de la nappe ployé (1) A ces amens qui font sy le joly; Piz leur ferez, mieulx arez, je vous dy, Et plus servans tousjours les trouverez.. D’Amours me plaing, maiz au fort, Dieu merci, Pour un perdu j’en ay deux retrouvez !
(1) C’est peut-être une expression d’usage et proverbial utilisée là par Eustache Deschamps. On peut la comprendre comme « que vous ne rendiez pas les choses (trop) faciles’. Dans l’ouvrage du Marquis de Queux Saint-Hilaire cité en tête d’article et dont cette ballade est issue on trouve l’annotation suivante: « Locution signifiant sans doute :que vous rendiez la pareille, ou bien : que vous fassiez des tours d’escamotage. »
En vous souhaitant une excellente journée !
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.
Sujet : agenda, fêtes médiévales, animations, marché médiéval, moyen-âge festif, compagnies médiévales, reconstituteurs, Lieu : Auvergne-Rhône-Alpes, Grand-Est, PACA, Hauts-de-France, Normandie, Bretagne. Evénements: fêtes et animations médiévales Dates : du 26 au 27 mai 2018
Bonjour à tous,
i belles et prometteuses soient les fêtes médiévales qui fleurissent littéralement de partout en France en cette belle saison, nous ne pouvons leur consacrer à toutes un article, aussi, à notre habitude nous vous proposons un digest des célébrations qui vous attendent, cette fin de semaine, en plus des Flamboyantes 2018 de Cusset et des Médiévales de Printemps du Château de Foix auxquelles nous avons déjà dédié deux articles séparés.
Le XXIIIe Festival médiéval de Sedan
Lieu : Cité et Château-fort de Sedan, Ardennes, Grand Est Dates : les 26 & 27 mai 2018
C’est la 23e édition de ce grand festival qui a pour cadre la cité de Sedan, ainsi que son superbe château-fort.
Pour l’occasion, ce sont près de vingt compagnies médiévales de reconstituteurs, mais encore troupes de musiciens, comédiens et bateleurs qui viendront animer la forteresse et les rues de la cité. Pour donner une idée de l’ampleur de la fête, le grand cortège du samedi soir devrait voir défiler plus de 400 participants en costume !
Entre toutes les animations médiévales et spectacles prévus, notons qu’un grand tournoi de chevalerie sera également proposé deux fois par jour par la Compagnie Unicorn Legends. Comme les éditions précédentes, ces grandes célébrations aux couleurs du moyen-âge proposeront encore un marché médiéval riche d’une centaine d’échoppes et, bien sûr de nombreux lieux pour se restaurer et ripailler.
La Fête des Gueux
13e Médiévale de Verneuil sur Avre
Lieu : Verneuil-sur-Avre, Eure, Normandie Dates : les 26 & 27 mai 2018
Pour sa 13e édition, la Fête des Gueux de Verneuil sur Avre, confirme son intention de s’imposer comme une grande manifestation festive tout en ne négligeant pas les aspects historiques et leur évocation. Cette année, on pourra ainsi assister sur place à un regroupement de véritables passionnés des Arts de la forge qui joindront leurs efforts pour fabriquer une pièce unique destinée au donjon médiéval de la cité (la Tour Grise). Toujours sur le même thème qui est, vous l’avez compris, celui de cette édition, une forge médiévale sera également reconstituée sur site sous l’égide d’archéologues et de chercheurs universitaires. Totalement originale, l’expérience s’inscrit dans le champ de l’archéologie expérimentale et vise à retracer, de manière réaliste et avec méthode, les gestes et techniques des forgerons du moyen-âge.
Pour le reste, en plus de son grand marché médiéval, la Fête des Gueux 2018 vous proposera de nombreuses animations en continu entre musiques, danses d’époque, grands spectacles et déambulations avec des troupes invitées pour l’occasion. L’artiste Luc Arbogast y donnera également un grand concert le samedi en soirée; en plus d’y jouer, il exposera même, durant ces deux jours, ses toiles et créations originales.
A noter encore que l’office du tourisme, partie-prenant de l’événement proposera de son côté des conférences thématiques et des visites guidées du patrimoine local.
Compagnies et troupes présentes
Celestiaes – Jadys – Machina Silente – L’arc en mouvement – Les Forges d’Autricum – Accrovoile – Vernolia Esperanza – Battle of color – Le Village du Bois des Aigles – Lous Cans de Tchancayres
Lieu : Râches, Douai, Nord, Hauts-de-France. Dates : les 26 & 27 mai 2018
Propulsée par l’Association les Temps Anciens, c’est une large évocation historique qui nous est proposée ici puisque comme son titre l’indique cette manifestation entend couvrir 2000 ans d’Histoire.
Entre vie de camp, exposition et animations variées, le moyen-âge y sera toutefois représenté et il devrait y avoir également sur place un Marché artisanal d’inspiration Médiévale.
Granus village gaulois : une grande fête & son banquet gaulois à Marignane
Lieu : Grannus, village Gaulois, Bouches-du-Rhône, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Dates : les 26 & 27 mai 2018
Rien de médiéval ici mais le thème (assez rare), autant que la qualité de l’approche, mérite d’être souligné. Proposé par le très sérieux centre d’étude archéologique et historique « l’Atelier du patrimoine marignanais » (ses archéologues, ses étudiants et ses bénévoles) l’événement sera l’occasion d’une grande fête thématique autour des temps Gaulois et même Gallo-romains : gladiateur, courses de char, cavalerie gauloise, jongleries, magie druidique, musique celtique, visite commentée de l’oppidum « notre Dame de Pitié », initiations aux métiers gaulois et bien d’autres choses encore ! Il devrait aussi y avoir, sur place, un marché Gallo-romain et un grand banquet gaulois est encore prévu le samedi soir.
Si vous êtes autour de Marignane et curieux de découvrir le monde gallo-romain et gaulois, c’est assurément un événement à ne pas manquer cette fin de semaine.
Pour finir ce tour d’horizon, voici encore quelques fêtes qui vous attendent aux quatre coins de France.
Les Médiévales de Bapaume
A la croisée des destins Lieu : Bapaume, Pas-de-Calais,
Hauts-de-France Dates : du 25 au 27 mai 2018 Page FB de l’événement
Les Fêtes Médiévales de Fagnières
Animations + Marché Médiéval Lieu : Fagnières, Marne,
Grand-Est Dates : du 26 au 27 mai 2018 Page FB de l’événement
La 2eme Médiévale
du Château Les Essarts Lieu : Essarts-en-Bocage, Vendée, Pays-de-la-Loire Dates : du 26 au 27 mai 2018 Site Web du Château
Animations Médiévales au Château de Tonquedec Lieu : Tonquédec, Côtes-d’Armor,
Bretagne Dates : du 26 au 27 mai 2018 Site web du Château – FB officiel
Tournoi National d’Archerie Médiévale au Château de Polignac Lieu : Polignac, Haute-Loire, Auvergne Rhône-Alpes Dates : du 26 au 27 mai 2018 Site Web du Château
La 10e Médiévale de La Penne Sur Huveaune (animations+marché) Lieu : Aubagne, Bouches-du-Rhône, Provence-Alpes-Côte d’Azur Dates : du 26 au 27 mai 2018 FB de l’événement
Ajoutons pour compléter le tableau que les Grandes Médiévales d’Andilly, déjà mentionnées dans notre article de la semaine dernière se poursuivent également cette fin de semaine.
En vous souhaitant un bon week end !
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.