Sujet : agenda, fêtes médiévales, annonce, recherche, artisans, troupes,animations médiévales Lieu : Salignac-Eyvigues, Dordogne, Nouvelle-Aquitaine Date : Les 30 juillet, 6 & 13 août 2018 Nom : La grande fête des métiers d’antan et du moyen-âge de Salignac Organisateur : Le CASE
Bonjour à tous,
epuis plus près de trente ans, a lieu à Salignac, en Dordogne et dans le courant de l’été, une grande fête traditionnelle à la célébration des métiers anciens. L’événement se tient au pied du beau château-fort du XIIe siècle présent sur site et plusieurs milliers de visiteurs s’y retrouvent chaque année. Un village traditionnel a même été recréé pour l’occasion et héberge une partie de la fête.
A l’initiative du CASE (le comité local organisateur de l’événement), ce festival qui s’étale sur trois lundis de fin juillet à la mi-août, s’est enrichi, depuis quelques éditions déjà, d’une partie entièrement dédiée au Moyen-âge. Des troupes d’artistes et reconstituteurs sont conviés sur place et aux côtés de son marché artisanal et de ses ateliers et présentation des vieux métiers (plus de 50), on peut ainsi retrouver de nombreuses autres animations inspirées de cette période : campements et découverte de la vie quotidienne médiévale, exposition d’armes et armures anciennes, démonstration et initiation au combat, ateliers d’époque (taille de pierre, peinture sur blason, etc…), taverne et ripailles et encore bien d’autres activités aux couleurs du moyen-âge.
Avis aux artisans et troupes d’inspiration médiévale !
Dans ce cadre et pour l’édition 2018, le CASE recherche actuellement des artisans d’inspiration médiévale, désireux de venir exposer leurs produits et créations. Du côté des compagnies médiévales, il reste également une place pour une troupe de reconstituteurs et sur un des lundis.
Voir les détails sur l’image ci-contre ou contacter Thierry par email à l’adresse suivante :
Si vous êtes intéressés par cette fête en tant que visiteurs, vous trouverez plus de détails sur son site web officiel ici
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen-Age sous toutes ses formes.
Sujet : musique, chanson médiévale, poésie médiévale, humour, trouvère, ménestrel, auteur médiéval, vieux-français, lyrique courtoise, fine amor Période : moyen-âge central, XIIIe siècle. Auteur ; Colin Muset (1210-?) Titre : « Volez oïr la muse Muset ? » Interprètes : Ensemble für frühe musik Augsburg
Album : Amours & Désirs, Lieder der Trouvères Christophorus Records (1993)
Bonjour à tous,
‘est toujours un grand plaisir de revenir vers la poésie médiévale de Colin Muset parce que l’on sait que l’on va très certainement y trouver de la joie. Le trouvère manie le code courtois autant qu’il le malmène ou le détourne et ses textes regorgent souvent d’un humour rafraîchissant. Sa nature de bon vivant l’emporte en effet, la plupart du temps, sur le reste et il semble qu’il ne cède à la lyrique courtoise que pour nous entraîner sur d’autres terrains. Affaire de goût bien sûr et de moments sans doute, il faut bien avouer que la masse de textes qui gravite autour d’une fine amor aux frustrations et aux douleurs sans cesse remâchées peut devenir parfois un peu lassante. Avec la chanson médiévale du jour, nous somme loin de tout cela.
Ajoutons que pour autant qu’on puisse apprécier certaines interprétations lyriques (et elles sont légion) des pièces en provenance des troubadours et des trouvères du moyen-âge, ici, sous des accents qui pourraient sonner presque « folk », la voix franche et enjouée du chanteur/conteur semble finalement s’approcher au plus près de l’esprit du poète du XIIIe siècle. Pour un peu, on imaginerait les convives autour en train de rire et festoyer au son du trouvère et de son instrument. Tout y est retraduit : le rythme enlevé, l’orchestration minimaliste, mais aussi l’enthousiasme, la farce, la nature légère de la poésie de Colin Muset et cette version pleine d’énergie que nous partageons avec vous, aujourd’hui, demeure, de ce point de vue, une totale réussite et un véritable enchantement. Nous la devons à une formation allemande qui n’a plus fait parler d’elle depuis quelque temps déjà et que nous vous présenterons un peu plus bas : L’Ensemble für frühe musik Augsburg.
Colin Muset par l’Ensemble pour la musique ancienne d’Augsburg
L’Ensemble für frühe musik Augsburg
ondé en 1977 par le musicologue, chanteur et instrumentiste Hans Ganser, accompagné de deux autres artistes et musiciens Rainer Herpichböhm et Heinz Schwamm, l’Ensemble für frühe musik Augsburg(l’Ensemble pour la musique ancienne d’Augsbourg) se dédia entièrement au répertoire médiéval.
Des musiques profanes au religieuses, des chants d’Hildegarde de Bingen ou des pèlerins du moyen-âge central aux chansons des trouvères français ou des minnesängersallemands, la formation a été active durant près d’une trentaine d’années. Durant cette longue carrière, elle a sorti près d’une vingtaine d’albums, donné des centaines de concerts en Europe et outre-atlantique et connu une véritable popularité en Allemagne dans le champ des musiques médiévales et anciennes.
Leur dernier album remonte à 1997, date à partir de laquelle il semble que la formation musicale médiévale n’ait plus rien produit. De son côté et en 1999, Hans Ganser a fondé l’Ensemble vocal Celsitonantes dédié aux chants grégoriens, aux chants sacrés médiévaux et aux premières compositions polyphoniques du moyen-âge.
« Amours et désirs », une heureuse incursion dans le moyen-âge des trouvères
En 1993, l’Ensemble musical allemand décidait de s’attaquer, à son tour, aux chants des trouvères, du XIIe siècle aux débuts du XIIIe. L’album avait pour titre « Amours & Désirs. Lieder der Trouvères » (chansons de trouvères). Comme son titre l’indique, plus que d’amour courtois, il y était question de couvrir le thème de l’amour et du désir, mais aussi de refléter l’effervescence créatrice de cette période dont nous avons déjà parlé ici. C’est un moment où l’art des troubadours trouve un terrain favorable en Oil, sous la plume des poètes du nord que le transposent et l’adaptent. C’est encore le siècle de floraison des grandes universités.
Avec 15 pièces au total, l’album nous gratifie de chansons de Colin Muset, Moniot d’Arras, Blondel de Nesle, Thibaut de Champagne, Jean Erart et contient même une pastourelle de Jehan Bodel. Un grand nombre de pièces puise aussi dans le répertoire anonyme des XIIe, XIIIe siècles entre chants de croisades, pastourelles, chansons de toile et encore quelques estampies. Ilest encore disponible en ligne au lien suivant : Amour & Desirs [Import anglais]
« Volez oïr la muse Muset ? »
dans la langue d’oil de Colin Muset
Là où la lyrique courtoise s’épanche plus souvent qu’à son tour du côté de la frustration, de l’attente et des désirs insatisfaits, Colin Muset nous entraîne ici dans la « réalisation ». Sur le fond pourtant, l’amour de référence dont il est question reste bien « courtois » et le trouvère s’y décrit, en tout cas, de manière conventionnelle, comme un amant loyal : « Je l’aim tant, De cuer loiaument ».
Au sujet de la « muse » dont il est question ici et qu’il se propose de nous faire entendre, le sens est un peu sujet à caution. La « musette » désignait en effet un instrument à vent ou une cornemuse mais comme le poète nous parle de vièle et d’archet, il semble qu’il faille entendre « muse » dans le sens médiéval de muser : « faire de la musique » (Dictionnaire Godefroy), autrement dit et dans le contexte, une chanson (1).
Le poète joue aussi de son sobriquet en faisant allusion à une composition qui lui est propre. Cette « muse » désigne ainsi une pièce de son cru, connue de l’époque et Colin Muset nous conte même ici l’histoire de cette chanson qui, nous dit-il, quand il la chanta à une demoiselle chère à son coeur, en un « vergier flori », lui permit de la séduire. En entendant les vers du trouvère, la demoiselle (« dancelle », « donzelle ») dont il est question lui aurait donc cédé bien volontiers et avec force baisers, mais aussi (et cela semble pour lui et comme toujours d’égale importance) en le régalant de « bons morceaux » et de vin à profusion. La poésie s’épanche ainsi en de joyeuses ripailles copieusement arrosées à la célébration de ce moment.
Volez oïr la muse Muset ? En mai fu fête, un matinet, En un vergier flori, verdet, Au point du jour, Ou chantoient cil oiselet Par grant baudor,* (gaiété) Et j’alai fere un chapelet* (couronne de fleurs) En la verdor. Je le fis bel et cointe et net Et plain de flor. Une dancele* (demoiselle) Avenant et mult bêle, Gente pucele, Bouchete riant, Qui me rapele : « Vien ça, si vïele Ta muse en chantant Tant mignotement. »
J’alai a li el praelet* (prairie, petit pré) Atout la vïele et l’archet, Si li ai chanté le muset Par grant amour : « J’ai mis mon cuer en si bon cuer Espris d’amors… », Et quant je vi son chief blondet Et sa color Et son gent cors amoreusct Et si d’ator, Mon cuer sautele Pour la damoisele ; Mult renouvelé Ma joie souvent. Ele ot gounele De drap de Castele Qui restencele. Douz Deus, je l’aim tant De cuer loiaument !
Quant j’oi devant li vïelé Pour avoir s’amour et son gré, Elle m’a bien guerredoné* (récompensé) Soe merci, D’un besier a ma volenté, Deus ! que j’aim si ! Et autre chose m’a donné Com son ami, Que j ‘a voie tant desirré : Or m’est meri ! Plus sui en joie Que je ne soloie, Quant celé est moie Que je tant désir ; Je n’en prendroie N’avoir ne mounoie ; Pour riens que voie Ne m’en qier partir ; Ançois vueil morir.
Or a Colin Muset musé Et s’a a devise chanté Pour la bêle au vis* (visage) coloré, De cuer joli. Maint bon morsel li a doné Et départi Et de bon vin fort a son gré, Gel vous affi. Ensi a son siècle mené Jusques ici. Oncor* (encore) dognoie, En chantant maine joie, Mult se cointoie, Qu’Amors veut servir, Si a grant joie El vergier ou dognoie, Bien se conroie, Bon vin fet venir Trestout a loisir.
En vous souhaitant une belle journée.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com. A la découverte du Moyen-Age sous toutes ses formes.
(1) Les chansons de Colin Muset, par Joseph Bédier, Ed. Honoré Champion(1938)
Sujet : musique médiévale, chants, visions, mystique chrétienne, moyen-âge chrétien. Sainte Hildegarde, mystère, spectacle vivant
Période : moyen-âge central, XIIe siècle
Auteur : Hildegarde de Bingen (1098-1179)
Ensemble médiéval : Vox in Rama
Evénement : opération participative pour le lancement du CD/livret et film du spectacle Mystère Vox Sanguinis
Depuis peu, une page dédiée à cette contribution a été créée de manière plus ouverte et c’est donc l’occasion de vous en fournir l’adresse. Vous y trouverez tous les détails du projet, ainsi que tous avantages associés à cette aventure participative.
Pour l’instant et au moment de cet article, un peu plus de 40% des fonds nécessaires ont été collectés, un petit effort reste donc à fournir pour que ce beau projet artistique, culturel et musical voit le jour.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes
Sujet : moyen-âge réel et historique, moyen-âge représenté, série télévisée, Kaamelott, Alexandre Astier, légendes Arthuriennes, quête du Graal, médiévalisme. Ouvrage : Kaamelott, un livre d’Histoire Auteurs : collectif, sous la direction de Florian Besson et de Justine Breton Parution : Avril 2018 (Editions Vendémiaire)
Bonjour à tous,
ous l’avions déjà mentionné dans notre précédent « digest » sur les lectures déjà parues autour de Kaamelott mais ce livre étant officiellement sorti, depuis quelques jours, il est temps d’y revenir. Nous voulons parlé ici de l’ouvrage collectif paru aux éditions Vendémiaire, sous la direction de Justine Breton et de Florian Besson et ayant pour titre « Kaamelott, un livre d’Histoire ».
Kaamelott, un livre d’Histoire
Moyen-âge reconstruit d’un côté, moyen-âge historique de l’autre, modernité de la série télévisée écrite par Alexandre Astier d’un côté, haut moyen-âge et légendes arthuriennes médiévales de l’autre, voilà un ouvrage qui aurait pu faire dire au Perceval de Kaamelott : « C’est comme un genre de Graal, sauf qu’i faut savoir lire« .
A chaque siècle ou période historique son Arthur, sa table ronde, son Merlin ou son Excalibur, comme Chrétien de Troyes nous éclairait sur son temps avec ses romans, à travers son « moyen-âge », c’est bien aussi de nous et de notre monde que Kaamelott nous parle. Et c’est tout le propos des universitaires qui s’y sont penchés dans cet ouvrage, nous aider à en démêler l’écheveau : entre références (explicites ou plus masquées) de la série aux légendes arthuriennes d’époque et au moyen-âge historique, mais aussi entre libertés prises par l’auteur et, à travers elles, projections de notre modernité qui font de Kaamelott une série qui nous ressemble et qui trouve en nous une résonance.
Vous l’avez compris, nous sommes ici sur le terrain du médiévalisme et l’originalité de ce livre tient encore au fait qu’il déborde le champ même de l’histoire médiévale pour inviter des universitaires issus d’horizons divers à un travail de réflexion collectif et interdisciplinaire sur le sujet.
Portraits des directeurs de l’ouvrage
Pour en redire un mot, agrégée de lettres modernes et docteur en littérature médiévale, Justine breton s’est fait une spécialité du médiévalisme dans le champ des légendes arthuriennes et de l’Héroic Fantasy. Autrement dit, si vous vous posez des questions sur la nature fictionnelle, fantaisiste ou avérée des références médiévales utilisées dans des oeuvres telles que Games of Thrones, Kaamelott ou autres productions audiovisuelles et littéraires des XXe et XXIe siècle sur ces sujets, elle est une interlocutrice de choix. Pour le reste, elle enseigne actuellement à l’École Supérieure du Professorat et de l’Éducation de Picardie.
De son côté, également très actif dans le champ du médiévalisme, Florian Besson est aussi un des auteurs du très bon blog Actuel Moyen-âge qui se propose de mettre en perspective les faits d’actualité à la lumière de l’histoire médiévale et du moyen-âge historique.
Actuellement enseignant à l’Université de Lorraine, l’uchronie (récits fictifs bâtis sur des événements historiques étant survenus réellement) fait également partie de ses sujets de prédilection. On doit encore à ce jeune doctorant de la Sorbonne, par ailleurs agrégé d’Histoire, d’avoir impulsé et organisé avec Justine Breton, le colloque « Kaamelott, la relecture de l’Histoire » qui s’était tenu à la Sorbonne en mars 2017. L’ouvrage qu’ils contribuent tous deux à faire paraître aujourd’hui , s’inscrit dans la continuité de ces journées de réflexion.
Bien sûr, ces deux jeunes universitaires sont par ailleurs fans de la série télévisée et la connaissent bien. Voici une petite vidéo de présentation de leur ouvrage qui devrait vous en convaincre.
Kaamelott, un livre d’Histoire par Justine Breton & Florian Besson
Pour conclure, nul doute que ce nouveau titre prendra sa place dans la bibliothèque des amateurs de Kaamelott désireux de décrypter un peu plus avant l’œuvre d’Alexandre Astier; il est d’ailleurs déjà accueilli avec grand enthousiasme dans les cercles de fans de la série. Au delà, il ne manquera pas d’interpeller tous ceux qui s’intéressent aux légendes arthuriennes mais aussi au décryptage du moyen-âge au sens large (version reconstruite, version historique). Il est, donc, à n’en pas douter, voué au succès et c’est tout le mal que nous lui souhaitons.
Ajoutons, de notre côté, que nous sommes très heureux de suivre les avancées de cette vague de jeunes médiévistes nouvelle génération. Bien déterminés à ancrer (aussi) leurs recherches, leurs écrits et leurs préoccupations dans la modernité, ils nous aident à mieux décoder cette dernière à la lueur de l’Histoire médiévale et nous démontrent, du même coup, la grande actualité de leur discipline et la pertinence de son éclairage.