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Esprit & humour de cour : une Sélection de Quatrains de MeLin Saint-Gelais

Sujet :  poésies courtes,  poésie de cour, humour, quatrains, poésie satirique, moyen français
Période :  XVIe, renaissance, hiver du Moyen Âge
Auteur  :  Mellin Sainct-Gelays ou Melin (de) Saint- Gelais (1491-1558)
Ouvrage  :  Recueil des plus belles pieces des poëtes françois depuis Villon jusqu’à Bensérade T1, Cie des librairies (1752) et Œuvres complètes de Mellin Sainct-Gelays par Proper Blanchemain (1873)

Bonjour à tous

ous revenons, aujourd’hui, à la poésie de Melin de Saint Gelays, plus renaissante que médiévale, sans doute, du point de vue des chronologies classiques. En l’occurrence, ce sont quelques quatrains non dénués d’humour que nous vous invitons à découvrir, quatre poésies à la fois courtes et enlevées qui permettront encore de mesurer l’esprit de ce talentueux poète de cour du XVIe siècle.

Qu’est ce qu’un quatrain ?

Un quatrain désigne une poésie complète ou même une strophe composée de quatre vers. Le nombre de pieds de chaque vers importe peu, ce qui compte c’est de ne pas dépasser ce nombre de 4 vers par strophe.

Du point de vue des règles applicables aux rimes, le quatrain est également assez souple. En général, quand il désigne un poème composé d’une seule strophe, comme dans les exemples ci dessous, on s’attend à des sonorités homogènes, aux moins par pair, quelque soit leur dispositions dans la strophe. Comme dans les exemples ci-dessous et la plupart du temps, ces rimes sont croisées (ABAB) ou embrasséesg (ABBA).

Quand un poème plus long est composé de quatrains, les possibilités de rimes peuvent s’étendre pour se croiser de manière plus complexe. Par sa nature sa taille réduite, le quatrain constitue une des plus petites strophes en poésie française, au dessus du distique (deux pieds de vers) et du tercet (trois pieds). Notons que le sonnet (également très apprécié de Melin de Saint-Gelais qui s’en est fait une spécialité) ouvre sur deux quatrains suivi de deux tercets.

L’art du quatrain pour vanter ou moquer : un peu de style dans un monde de brutes

Le quatrain, compris comme un poème à part entière, est un art en soi et Melin de Saint-Gelais est un de ceux qui le maîtrise. S’ils peuvent toujours être tournés en éloge à une dame ou un prince, quand elles se font plus satiriques, certaines des pièces de notre auteur, la première notamment, pourraient presque évoquer, par leur mordant, ce qu’on nomme désormais, dans un anglicisme à la mode, des « punchlines ».

Par leur nature courte, ce type d’exercice satirique pourrait même rappeler le format imposé par twitter mais avec, sans doute, plus de style. D’ailleurs, pour un peu, on se prendrait à rêver d’une journée « quatrain » imposée sur twitter (et même d’autres réseaux) pour ajouter un peu de finesse à ce qu’on voit usuellement passer dans les commentaires. Une façon de dire : si votre intention est d’être piquant, mettez-y au moins un peu d’élégance et faites quelques efforts de style. La méchanceté crasse et gratuite n’est jamais que l’apanage dérisoire des imbéciles. Même si, empressons nous de le dire, le moins dont elle est besoin est que les censeurs politiques ou même privés s’en mêlent avec d’affreuses lois Avia pour tout régimenter.

Sources anciennes et modernes

Du point des vue des sources, pour avoir un vision complète de l’oeuvre de Saint-Gelais, on se penchera favorablement sur les 3 tomes que Prosper Blanchemain dédia à son oeuvre complète dans le courant du XIXe (opus cité en tête d’article). Quant aux sources anciennes, on pourra se rapporter au manuscrit Français 842 (B.N. fr. 842) conservé à la BnF. Ce recueil de poésies, daté du XVIe siècle, comprend, en effet, un nombre important de pièces de Melin de Saint-Gelais (dont celles qui suivent) aux côtés d’autres auteurs de ce même siècle.

Quatre quatrains de Melin de Saint-Gelais

Nb : dans les manuscrits originaux, ces quatrains de Saint-Gelais ne sont pas titrés. Les titres ci-dessous ne sont donc pas d’époque, ni de l’auteur mais de votre serviteur.

Narcisse

On dit que tu es amoureux,
Mais que c’est de ta fantaisie :
S’il est vrai, tu es bien heureux ;
Nul ne te porte jalousie.

Volage

Mon naturel me contrainct de l’aimer
Et ses vertus m’invitent à le faire ;
Mais si elle veut à tant d’autres complaire
Que ne scay qui sienne la peut nommer.

Séducteur

Ne tardez plus à consentir,
Ni à tel ami satisfaire :
Vaut mieux faire et se repentir,
Que se repentir et rien faire.

Courtois (présomptueux)

Pour gaigner en paradis lieu
Sans aller jeusner aux déserts,
Seulement vous fault servir Dieu
D’aussi bon cœur que je vous sers.


En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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« Lassés d’amour » : un rondeau désabusé de Blosseville à la cour d’Orléans

Sujet  : poésie médiévale, rondeaux, auteurs médiévaux, poètes, amour courtois,  loyal amant,  poésie de cour.
Période  : Moyen Âge tardif, XVe siècle
Auteur : Blosseville
Manuscrit ancien  : MS français 9223
Ouvrage  : Rondeaux et autres poésies du XVe  siècle  de Gaston Raynaud (1889)

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionu XVe siècle, les nobles défilent  à la cour de Charles d’Orléans et on s’y adonne à la poésie,  encouragé par les goûts et le talent du prince lettré. Revenu  de longues années de capture en Angleterre, ce dernier y avait eu le temps de se consacrer longuement à la poésie et aux lettres. On se souvient, en effet, que la bataille désastreuse d’Azincourt  lui avait coûté 25 ans de sa liberté.

Aux sources : le français  Ms 9223, recueil de ballades, rondeaux et bergerettes

Du point de vue des sources, un grand nombre des ballades, rondeaux et pièces, échangés, alors, à cette cour, peut être retrouvé  dans le manuscrit Français 9223. Conservé de nos jours, au département des manuscrits de la BnF, cet ouvrage médiéval contemporain du XVe siècle, contient, en effet, 195 pièces d’auteurs variés.

blosseville-francais-ms-9223-amour-courtois-poesie-medievale-moyen-age-sVers la fin du XIXe siècle, le célèbre  historien et philologue Gaston Raynaud se proposa de présenter ces poésies  en graphie moderne, sous le titre Rondeaux et autres poésies du XVe  siècle.  Pour ceux que cela intéresse, on peut encore trouver cet ouvrage réédité sous forme papier aux éditions   Hachette Livre Bnf.

Pour revenir à cette poésie de cour, on y trouve nombre de petites pièces variées, mais aussi la retranscription de  concours ou exercices de styles  partagés demeurés célèbres : « En la forêt de longue attente« ,…  Une belle place y est faite aussi à la courtoisie dont ce rondeau de Blosseville que nous partageons ici.   

Cet auteur, dont on sait finalement peu de chose (voir éléments de biographie ici), semble avoir été  relativement présent dans ce cercle d’apprentis poètes et on lui attribue même la copie du MS français 9223. Sur le thème du sentiment amoureux, les compositions qui  lui sont attribuées par ce manuscrit vont du classique jeu de séduction, à des textes plus distanciés, voir même humoristiques et grinçants à l’encontre du jeu courtois. Le rondeau  du jour le trouvera plutôt désabusé. Comme cette pièce est dans un moyen-français relativement intelligible, nous vous laissons la découvrir  dans sa langue originale.


Lassé d’amours de Blosseville

Lassé d’amours et des faiz de fortune,
Tanné d’espoir et d’aimer trop fort une,
Encloz d’ennuy, maintenant je demeure,
Car Desplaisir prent en moy sa demeure,
De par Maleur qui tresfort me fortune.

Dont je me treuve sans que joye nés une
Soit en mon cueur secrete ne commune :
Pour quoy je dis que je suis a ceste heure
Lassé d’amours.

Merencolie, Douleur et Infortune,
Dueil et Soussy, Desespoir et Rancune,
En languissant me font plus noir que meure,
Et n’ay desir fors que de bref je meure,
Puisque je suis le plus dessoubz la lune
Lassé d’amours.


En vous souhaitant une très belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
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Heureux l’habitant d’un pays où règne justice et raison : un rondeau d’Eustache Deschamps

poesie_ballade_morale_moralite_medievale_Eustache_deschamps_moyen-age_avidite_gloutonnerieSujet : poésie médiévale, littérature,  auteur médiéval,  moyen-français, poésie , rondeau,  justice, raison, poésie courte
Période : Moyen Âge tardif,  XIVe siècle
Auteur :   Eustache Deschamps  (1346-1406)
Titre :  « Eureux est homs de bon pais»
Ouvrage  :   Œuvres    complètes d’Eustache Deschamps, Tome  IX,   Marquis de Queux de Saint-Hilaire (1893)

Bonjour à tous,

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ous revenons, aujourd’hui, au Moyen Âge tardif et à la fin du XIVe siècle, avec une poésie d’Eustache Deschamps. Cette fois-ci, pour changer un peu des nombreuses ballades que nous a léguée cet auteur médiéval, nous vous présentons un de ses rondeaux.

Dans l’édition du Marquis de  Queux de Saint-Hilaire (op cité),  le titre   « Heureux les habitants d’un pays où règne la justice » a été donné à cette courte pièce. C’est assez explicite ; il fait bon vivre dans un pays où règne justice et raison. Pour peu qu’il possède de quoi se nourrir, un toit ou même un lopin de terre, l’homme de bien n’aura plus qu’à y couler des jours heureux, en toute tranquillité.

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Faut-il ranger ce rondeau d’Eustache dans ses poésies sur le thème de l’éloge du contentement (voir Aurea Mediocritas) ? En vérité, on serait plutôt tenté d’y lire le constat ou l’appel de celui qui a connu les affres de la guerre de cent ans tout au long de sa vie. Dans de nombreuses ballades, il s’est aussi beaucoup plaint des exactions, abus et pillages menés à l’encontre des pauvres gens (ou même encore, occasionnellement, de ses propres terres). Nul doute qu’Eustache connait la grande valeur de la justice et de la raison pour la paix sociale et pour la félicité des habitants d’un pays ou d’un royaume. De ce rondeau jusqu’à l’actualité récente, l’expérience a d’ailleurs prouvé que ce minimum exigible n’est pas si facile à réunir.


Eureux est homs de bon pais
Ou il court justice et raison,
S’il a vivre, terre ou maison.

Mais qu’il ne soit de nul haït
Et face bien toute saison
Eureux est homs de bon pais !

De nul en sera envahis,
Se ce n’estoit par traison;
Car, puis qu’il ne fait desraison,
Eureux est homs de bon pais
Ou il court justice et raison,
S’il a vivre, terre ou maison.


NB : pour ce qui est de l’enluminure utilisée dans notre illustration, elle est tirée d’un livre d’heures italien daté de la fin du XVe siècle : le manuscrit médiéval  MS G14 actuellement conservé à la  Morgan Library de New York.

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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« Triste plaisir et douloureuse joye », un rondeau médiéval du Manuscrit de Bayeux

manuscrit-de-bayeux-chansons-medievales-poesie-moyen-age-tardif-XVe-siecleSujet :  rondeau, chanson, musique, médiévale, poésie médiévale,  manuscrit de Bayeux
Période  : Moyen Âge tardif (XVe)
Auteur :  anonyme, Alain Chartier ?
Titre :   Triste plaisir et douloureuse joye
Interprète  : Ensemble La Maurache
Album :  Ambroise Paré et la Musique (2012)

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous partons au Moyen Âge tardif, à la découverte d’un rondeau tiré du Manuscrit de Bayeux. Au XVe siècle, cette chanson a connu d’autres versions que celle présentée ici et, jusqu’à  nos jours, une variation de Gilles Binchois  a même eu tendance à l’éclipser. Il faut donc rendre grâce à l’ensemble  médiéval La Maurache pour s’être attaché à nous faire redécouvrir la pièce tirée du Ms de Bayeux.

Source  médiévale : le Manuscrit de Bayeux

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Nous avons déjà eu l’occasion de  vous présenter quelques chansons du Manuscrit de Bayeux. Cet ouvrage  du XVIe siècle,  très coloré et plutôt  bien conservé, est aussi connu sous la référence Ms   Français 9346 à la BnF où il est précieusement gardé.  Il contient  un peu plus de 100 compositions d’époque avec leur notation musicale (version d’époque consultable ici). Pour la version en graphie moderne du rondeau du jour,  nous nous appuyons, quant à nous, sur les travaux de Thédore Gérold, daté de 1921 :  Le manuscrit de bayeux, texte et musique d’un recueil de Chansons du XVe. Pour les musiciens, cet ouvrage (qu’on trouve encore réédité) a l’avantage de fournir, en plus des textes du manuscrit médiéval, leurs   partitions modernes. 

La version de Gilles  Binchois  & Alain Chartier

Comme indiqué en introduction, il existe une version médiévale sensiblement différente de ce rondeau du Manuscrit de Bayeux.   Composée par Gilles Binchois, sa mélodie diffère même de la pièce du jour. Si elle  contient également le même refrain, « Triste plaisir et douloureuse joye, … »,  son texte varie aussi de nombreux points.

On peut retrouver cette version de Gilles de Binche dans le manuscrit médiéval MS Misc Canonici 213 de la librairie Bodléienne d’Oxford. Ce dernier est d’une datation antérieure à celui de chanson-medievale-triste-plaisir-ms-canonici-213-gilles-binchois-alain-chartier-moyen-age_sBayeux. Les vers sur lesquels s’est appuyé Gilles Binchois sont attribués à Alain Chartier (1385-1430). Cette chanson de Chartier, datée du XVe, connut même une popularité assez tardive puisqu’on la retrouve, jusque dans le courant du XVIe siècle, avec une mention dans le Pantagruel de  Rabelais.  Notons que dans la version du Manuscrit de Bayeux, l’auteur n’est pas mentionné et demeure anonyme.

Registre courtois pour une poésie absconse

Dans les deux cas,  ce rondeau semble faire référence au registre courtois, même si le rapprochement peut paraître, de prime abord, un peu abstrait, du moins par rapport à d’autres poésies du genre :    la dame n’y est pas citée, ni même complimentée, le texte s’étale sur des états émotifs sans en donner vraiment  les causes, …  Pourtant,  si le poète ne fait pas l’effort d’être très clair, au point de basculer (assez tardivement pour son temps) dans  un jeu poétique qui pourrait évoquer  les  trobar clus des XIIe/XIIIe siècles,   les sentiments contradictoires qu’il exprime pourraient aisément être rattachés  au registre de la fine amor : souffrance et joye, présence « d’envieux » ou de médisants qui veulent lui nuire.  On sait  que la courtoisie fait son nid dans les émotions contradictoires :  plaisir et douleur, tension et relâchement, désir et frustration, distance et proximité. Cette référence tout de même un peu brouillée, à la courtoisie,  est plus clair dans la version de Chartier.

Figures de style et oxymorons

Quoiqu’il en soit, les tensions émotionnelles donneront lieu ici à de très beaux  oxymorons (ou oxymores) : « triste plaisir », « douloureuse joye », « Ris en plorant », « souvenir oublieux ». C’est aussi d’époque. Ces énoncés  qui jouent sur les contradictions et les oppositions,  sont un procédé assez prisé  dans la poésie du XVe siècle. On les retrouve chez Charles d’Orléans (sous l’influence, sans doute, de Chartier) mais  également chez François Villon qui en sera, lui aussi très friand (voir la ballade des contre-vérités, par exemple). D’autres poètes médiévaux suivront également et, même jusqu’à nous, un nombre important d’illustres auteurs modernes (Molière, La Fontaine, Corneille, Victor Hugo, Balzac, Baudelaire, Rimbaut, sans oublier  le  silence assourdissant de la Chute chez Albert Camus).

« Triste plaisir et douloureuse joye »,   Ensemble Médiéval La Maurache 

L’Ensemble La Maurache :   de l’art des trouvères du XIIe aux airs de cour du XVIIe siècle

l’Ensemble La Maurache a été fondé en  1978 par  le compositeur,  chanteur et musicien Julien Skowron.  Ce multi-instrumentiste n’en était pas à son galop d’essai puisque on lui devait,  depuis le début des années 60, la participation à un certain nombre d’autres formations de musiques médiévales et renaissantes. On se souvient notamment des Ménestriers qui avaient reçu, en leur temps, une belle reconnaissance   de la presse et de    la scène musicale.

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Pendant plus d’une vingtaine d’années, La Maurache s’est concentrée sur un répertoire qui partait du Moyen Âge central et du XIIe siècle  pour aller jusqu’à la musique du XVIIe siècle, sur des terrains à la fois religieux et profanes. Sous la houlette de son directeur  qui  a fêté, cette année, ses quatre-vingt printemps (et que nous saluons au passage), la formation a été très active jusqu’à l’année 2005.  Depuis lors,   elle ne semble plus s’être produire.

Album : Ambroise Paré et la Musique 

Originellement, on trouvait l’interprétation de la pièce du jour par la Maurache dans un double album daté de 2005. L’opus était dédié très à propos aux musiques du temps de François Villon« Le Paris de François Villon : Ballades au XVe siècle sous la direction de  Julien Skowron. Nous aurons, sans doute, l’occasion d’y revenir  dans un futur article.

la-maurache-album-musique-medievale-renaissance-ambroise-pare-XVIe-XVe-pleiadePour revenir à l’album du jour, qui propose à nouveau ce rondeau du Manuscrit de Bayeux, il a pour titre   Ambroise Paré et la Musique. Daté de 2012, comme son titre l’indique, c’est une compilation de pièces contemporaines de  la vie de Ambroise Paré (1510-1590). On y découvre donc plutôt des musiques et chansons du XVIe siècle, plus « post-pléiades » que médiéval tardives. Sur les 17 pièces proposées, trois sont interprétées par l’ensemble la Maurache. A sa suite, on retrouve un bon nombre d’interprètes et formations : l’Ensemble Madrigal, l’Ensemble Bourscheid, Jean-Paul Lécot, Bernard Soustrot, François-Henri Houbart, … L’album est toujours disponible à  la distribution au format  MP3 ou Cd   : Ambroise Paré et la Musique (Ambroise Paré Music Favorites)


Triste plaisir et douloureuse joye,

La version du manuscrit de Bayeux

Triste plaisir et douloureuse joye
Apre(s) doulceur, reconfort anuyeux.
Ris en plorant, souvenir oublieux
M’accompaignent, combien que seul je soye.

Se j’ay soulas* (joie, plaisir), d’aultre part je lermoye ;
J’ay bon support, maiz danger d’envyeux.
Triste plaisir et douloureuse joye,
Apre(s) doulceur, reconfort anuyeux.

Je suis hermé (entouré, cerné?) de mensonge et de soye.
L’ung me trahit ; l’aultre m’est cauteleux* (fourbe, rusé).
D’estranges tours l’on joue en plusieurs lieux.
Pompeux* (glorieux) je suis, mais l’on deffend la soye.

La rondeau de Alain Chartier
(version de Gilles Binchois)

Triste plaisir et douloureuse joye,
Aspre doulceur, desconfort ennuieux,
Ris en plorant, souvenir oublieux
M’acompaignent, combien que seul je soye.

Embuchié sont, affin qu’on ne les voye
Dedans mon cueur, en l’ombre de mes yeux.
Triste plaisir et amoureuse joye !

C’est mon trésor, ma part et ma monoyé ;
De quoy Dangier est sur moy envieux
Bien le sera s’il me voit avoir mieulx
Quant il a deuil de ce qu’Amour m’envoye.
Triste plaisir et douloureuse joye.


Découvrir d’autres chansons du ms de Bayeux :     le roy  engloys  –  La belle se sied

En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.