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Une danse médiévale contemporaine avec l’artiste Frédéric Mesnier

chanson_medievale_monde_medieval_moyen-age_frederic_MesnierSujet : musique, danse médiévale, inspiration moyen-âge, piece instrumentale, guitare
Auteur/compositeur/interprète : Frédéric Mesnier
Titre : Medieval Dance
Année : 2008
Média : vidéo youtube

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous avions déjà publié, il y a quelques temps une composition de 2007 du musicien et guitariste professionnel Frédéric Mesnier qui s’intitulait « Medieval Song« . Un an après, il récidivait avec une nouvelle création d’inspiration moyenâgeuse: « medieval dance » et nous avons le musique_danse_medievale_guitare_composition_moderne_frederic_mesnierplaisir de la partager avec vous aujourd’hui.

Il nous offre encore ici une belle démonstration de son talent et de sa maîtrise de la guitare. Si vous êtes intéressés par la tablature, vous pourrez la retrouver sur son site avec ses nombreuses autres productions: tout est là.

En vous souhaitant une belle journée!

Fred
Pour moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publiliue Syrus  Ier s. av. J.-C

« Ami, venez à l’aube » : l’amour courtois à la cour d’Espagne du XVe siècle

trouveres_troubadours_musique_poesie_medievale_musique_ancienneSujet : musique médiévale, amour courtois, cour d’espagne, manuscrit ancien
Période : moyen-âge tardif, début renaissance
Titre : « Al alba venid ». Auteur : Anonyme
Manuscrit : chansonnier musical du palais, ou  chansionnier de Barbieri
Interprétes : The Dufay Collective
Album : cancionero – music for the spanish court 1470-1520 (2006)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous partageons aujourd’hui une pièce d’amour courtois que l’on chantait à la cour d’Espagne dans le courant des XVe et XVIe siècles. C’est un Villancico, soit un chant poétique traditionnel et ancien espagnol. Historiquement,  le terme de Villancico recouvre plusieurs sens: à l’origine, on désignait ainsi, en Espagne, les mélodies populaires chantées par les vilains. A la renaissance, certaines d’entre elles se convertirent en chansons à une voix ou plusieurs, accompagnées souvent au luth ou de son cousin aragonais la Vihuela (voir illustration ci-dessous).  Avec le temps, certains de ces Villancicos sont aussi devenus des chants que l’on entonnait dans les églises autour de la période de Noel.

L’auteur de la chanson que nous vous présentons ici est demeuré anonyme mais elle existait sans aucun doute à l’état oral avant sa transcription. Quoiqu’il en soit, bien que très simple et très épurée cette poésie n’aurait sans doute pas tellement sa place dans une église. Elle est, en effet, chantée par une dame à son amant et traite de l’attente amoureuse et du secret, thème récurrent de l’amour courtois qui pour être très pur ou très allégorique,  n’en est pas moins souvent polisson, disons-le, puisqu’il n’est pas rare qu’il se plaise à jouer avec les frontières de l’interdit et des conventions dans le dos des maris.

Du point de vue de son contenu, cette chanson s’inscrit encore dans la tradition des troubadours provençaux du XIIe siècle et du moyen-âge central qui ont chanté l’aube mieux que personne, ce moment déchirant où les amants doivent se séparer. En l’occurrence dans cette chanson là, il est question qu’ils s’y réunissent et d’un rendez-vous à l’aube, ce que l’on nomme en bon espagnol, une alborada, et non plus une aubade, un albada.

Venez à l’aube, mon bon ami

Le chansonnier musical du palais ou chansonnier de Barbieri

musique_chanson_medievale_troubadours_manuscrit_ancien_chansonnier_barbierie_bas_moyen-age

Conservé à la bibliothèque royale de Madrid, le Cancionero Musical de Palacio, appelé encore le chansonnier de Barbieri est basé sur un manuscrit ancien datant du XVIe siècle qui contient des compositions musicales et des chansons datant du XVe au début du XVIe siècle. Nous sommes donc à la lisière de la fin du moyen-âge et du début de la renaissance. Ce travail de compilation, effectué par neuf personnes différentes au cours du temps, se serait vraisemblablement étalé  sur une période d’environ quarante ans, sous le règne de rois catholiques espagnols.

Redécouvert à la bibliothèque du palais royal, dans le courant du 17e siècle, on doit Francisco Asenjo Barbieri, célèbre compositeur madrilène du même siècle, considéré comme le créateur de la musique_chanson_moyen-age_chansonnier_du_palais_manuscrit_ancien_-Francisco_Asenjo_Barbierizarzuela, une forme de théâtre lyrique espagnol, de l’avoir retranscrit et publié pour la première fois en 1890.

(ci-contre portrait du compositeur Francisco Asenjo Barbieri)

Originellement, l’ouvrage contenait plus de 548 pièces, mais certains feuillets se perdirent et il n’en reste plus aujourd’hui que 469. Dans leur grande majorité, les compositions sont en castillan, mais il en demeure quelques unes en latin, français, catalan, basque et portugais. On y trouve des chants pour une voix, mais aussi des pièces polyphoniques qui touchent des thèmes aussi variés que l’amour, la religion, la chevalerie, l’histoire, mais encore des sujets plus politiques, burlesques ou satiriques. Hormis les compositions qui sont restées anonymes comme celle d’aujourd’hui, on y dénombre pas moins de cinquante compositeurs et ce manuscrit ancien se présente aujourd’hui comme une véritable anthologie de la musique et des chants polyphoniques de l’Espagne du début de la renaissance et de la fin du moyen-âge.

The Dufay Collective, les interprètes du jour

musiques_chants_medievaux_manuscrit_ancien_chansonnier_musical_du_palais_barbieri_dufay_collectiveCrée en 1987 par une bande de joyeux musiciens anglais, le groupe s’est spécialisé, depuis son origine, dans l’interprétation des musiques anciennes, sur une période allant du moyen-âge à la renaissance. Leur nom « The Dufay Collective » est d’ailleurs directement inspiré de celui de Guillaume Dufay (1397-1474), compositeur franco-hollandais qui fut au milieu du XVe siècle considéré comme comptant parmi les plus grands de son temps,

On doit, à ce jour, près de 11 albums au Dufay collective et ils ont aussi collaboré à la composition de plusieurs bandes originales cinématographiques de films d’époque et même d’un Harry Potter. Vous noterez, au passage, que les groupes anglais sont quand même bien les seuls à se fendre d’une couverture d’album décalée,  humoristique et presque rock pour présenter des musiques médiévales, interprétées finalement de manière plutôt « classique » et « conventionnelle ». Si vous allez faire un tour sur leur site web, vous retrouverez d’ailleurs bien cet esprit.

musique_poesie_medievale_du_bas_moyen-age_troubadours_aubade


Les paroles originales en espagnol

Al alba venid, buen amigo,
al alba venid.

Amigo el que yo más quería,
venid al alba del día.

Amigo el que yo más amaba,
venid a la luz del alba.

Venid a la luz del día,
non trayáis compañía.

Venid a la luz del alba,
non traigáis gran compañía.

Leur traduction en français

A l’aube venez, bon ami
A l’aube venez.

Ami, celui que je voudrais le plus
Venez à l’aube du jour.

Ami celui que j’aimais le plus
Venez à la lumière de l’aube.

Venez à la lumière du jour
N’amenez point de compagnie.

Venez à la lumière de l’aube
N’amenez pas grande compagnie.


Une très belle journée à tous!
Fred
Pour moyenagepassion.com
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Jordi Savall, musicien chercheur insatiable, au carrefour de la méditerranée médiévale

oud_musique_medievale_chretienne_juive_arabe_jordi_savall_hesperion_XXISujet : musique ancienne et médiévale, musiques et cultures méditerranéennes, oud. viole de gambe
Période : Moyen Âge central à la Renaissance
Titre : Danse de l’âme.
Groupe : Hespèrion XXI, Jordi Savall, AliaVox
Interprète: Driss El Maloumi (oud)
Album : Orient-Occident 1200-1700 (2006)

Bonjour à tous,

T_lettrine_moyen_age_passionisser un dialogue entre les musiques anciennes et médiévales de l’Espagne chrétienne, juive et musulmane, de l’Italie, du Maroc, de Perse, d’Afghanistan, ou encore de l’empire ottoman, telle était l’ambition de Jordi Savall et de son ensemble musique_danse_medievale_chretienne_juive_musulmane_moyen-age_jordi_savallHespèrion XXI dans un album de 2006, ayant pour titre Orient-Occident et dont nous vous proposons aujourd’hui d’écouter une pièce.

Et quel titre mieux que celui que nous vous présentons ici pouvait représenter l’essence même de ce projet merveilleux consistant à réunir autour du même album tant de cultures et de musiques anciennes? Et pour cause, il s’appelle la danse de l’âme et nous provient du Maroc. L’ombre de Paco de Lucia plane sur ses accents presque flamenco et dans le toucher incroyable du virtuose  Driss El Maloumi (ici en photo) et de cet oud qui prend vie et devient magique entre ses doigts.

Une danse de l'âme envoûtante interprétée par un virtuose de l'oud
Une danse de l’âme envoûtante interprétée par un virtuose de l’oud

Un peu d’histoire de l’oud

Concernant cet instrument ancien, son origine se perd dans la nuit des temps. Au moyen-âge, on note sa présence à partir des IX, Xe siècles et il pourrait être originaire de Perse ou de Mésopotamie. Son ancêtre, le barbat, un des plus vieux lute connu au monde, était, quant à lui, utilisé  plus d’un siècle avant notre ère et proviendrait d’Asie centrale, avant d’être rapidement adopté par les arabes et la culture musulmane qui le firent évoluer. Sous sa forme actuelle, il est vraisemblable que l’Oud ait émergé en Andalousie, dans l’Espagne médiévale musulmane. Du moyen-âge à nos jours, son succès ne s’est pas démenti et on le retrouve dans une grande partie du berceau méditerranéen, à la racine des musiques traditionnelles et populaires, autant que spirituelles.

La renaissance spirituelle, philosophique, scientifique du moyen-âge central en occident, s’est jouée autour de la méditerranée et s’est faite indéniablement dans la rencontre et dans le choc culturel avec l’orient et le moyen-orient. Nul ne conteste plus aujourd’hui l’apport, en quelque sorte inattendu, des croisades que l’Europe chrétienne était allée mener pour des raisons autant spirituelles qu’économiques et dont les croisés ramenèrent bien d’autres trésors que matériels.

De près de cinq siècles de ces expéditions en terre sainte et en orient, il résulta, au final, peu de victoires, peu de gloire et beaucoup de drames, et ces croisades répétées verront, au fil des siècles, s’étioler la motivation même des plus fervents. Mais au delà du fer croisé et du sang versé, il y eu aussi, et peut être plus que tout autre chose, dans la rencontre si barbare fut-elle par endroits, l’héritage des richesses musique_ancienne_medievale_jordi_savall_orient_occident_oudinfinies du savoir et de la culture: la médecine d’Avicenne, Averroès, tant d’autres auteurs, et à travers eux, la redécouverte d’Aristote que les arabes étaient occupés à commenter et à étudier, mais aussi des apports en sciences physiques, mathématiques et militaires.

Il est touchant de voir qu’à travers les siècles et dans ce projet musical trans-culturel, au carrefour des trois grandes religions et des cultures du berceau méditerranéen, Jordi Savall (en photo ci-contre) tisse, sur une partition de noires et de blanches, le fil d’échanges millénaires et, au delà des tensions, des incompréhensions ou des volontés, souvent déraisonnables de part et d’autre, de faire plier l’autre à ses raisons, le maître de musique catalan nous montre finalement le chemin d’une fraternité retrouvée.

Pour conclure, nous empruntons, ici, un extrait du commentaire de l’écrivain franco-libanais Amin Maalouf sur cet album, qui résume à merveille ce de quoi il s’agit exactement :

« Au cours de ce voyage dans le temps et l’espace, nous nous demandons à chaque instant si les conflits auxquels nous sommes accoutumés ne sont pas trompeurs, finalement, et si la vérité des hommes et des cultures ne réside pas plutôt dans ce dialogue des instruments, des accords, des cadences, des gestes et des souffles. Monte alors en nous un sentiment de joie profonde, né d’un acte de foi : la diversité n’est pas forcément un prélude à l’adversité ; nos cultures ne sont pas entourées de cloisons étanches ; notre monde n’est pas condamné à des déchirements sans fin ; il peut encore être sauvé… N’est-ce pas là, d’ailleurs, depuis le commencement de l’aventure humaine, la raison première de l’art ? »

En vous souhaitant une très belle journée!
Fred
Pour moyenagepassion.com
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Et s’il existait encore des vrais troubadours? Efrén LÓPEZ, portrait d’un passionné de musiques médiévales et anciennes

trompette_marine_musique_medievale_anciennes_troubadoursSujet : musiques anciennes, musiques médiévales, troubadours, portrait d’un passionné d’instruments et de musiques anciennes, chanson.
Auteur : Raimon de Miraval
Titre : Bel m’es qu’ieu cant e condei
Compositeur/Interprète ; Efrén Lopez, (EVO)
Album : El fill de Llop (le fils du loup) 2015
Media : vidéo, concert et making of de l’album.

Bonjour à tous,

L_lettrine_moyen_age_passionaissez-nous, une fois encore, vous entraîner à notre suite hors des frontières de France et vers le sud, à la découverte d’un musicien étonnant qui ne cesse de chercher et de créer autour des musiques anciennes et médiévales depuis près de vingt ans, tout en restant ouvert à toutes les influences.

troubadour_musique_medievale_passionne_efren_lopezNé à Valence, artiste et voyageur insatiable, toujours en recherche créative, Efrén LÓPEZ est espagnol, je devrais plutôt dire catalan, ou peut-être même simplement dire de lui que c’est un homme du sud ouvert culturellement au berceau du bassin méditerranéen et ses musiques anciennes et traditionnelles.

Au fil de son parcours et à travers ses multiples expérimentations, vous trouverez chez lui les interprétations les plus classiques de chansons de troubadours provençaux du moyen-âge central comme Bernard de Ventadorn (Ventadour), Giraut de Borneil, Raimon de Miraval, ou encore du répertoire des musiques anciennes espagnoles, jusqu’à des pièces qu’il revisite totalement de sa créativité et des compositions plus personnelles où viennent se mêler aux sonorités médiévales, des notes aux influences orientales et méditerranéennes riches et variées. L’art de Efrén Lopez s’envole alors jusqu’aux rivages de la musique juive séfarade de l’Espagne médiévale ou même en volutes de pur flamenco dans une fusion unique qui n’appartient qu’à lui.

raimon_miraval_enluminure_troubadour_musique_chanson_medievaleEn vérité, il est bien difficile de choisir une seule pièce musicale à partager ici, tant son répertoire est vaste. Nous en avons donc choisi deux pour ponctuer cet article : la première est un classique du répertoire médiéval; c’est une chanson en langue d’oc composée par Raimon de Miraval, troubadour de la fin du XIIe siècle et du début du XIIIe, ayant pour titre « Bel m’es qu’ieu cant e condei » : il me plaît d’aimer et chanter (ci-contre enluminure du XIIIe siècle représentant Raimon de Miraval, bnf). La seconde vidéo date de 2014. Efrén Lopez y présentait alors son album « El Fill de Llop » (le fils du loup) sorti depuis et ce court making of, tout en musique,  a le mérite de bien mettre en valeur ses talents variés et le travail de fusion dont nous parlions plus haut.

Une chanson médiévale du troubadour Raimon De Miraval avec la formation EVO

troubadour_musique_medievale_vielle_a_roue_efren_lopezLa liste des instruments dont Efrén Lopez joue est impressionnante: luth, vièle, vielle à roue, oud, rabab, trompette marine, harpe gothique, et nombre d’autres instruments à corde d’époque. Il est aussi virtuose à la cithare sur table et au tympanon mais vous pourrez encore le croiser jouant avec facilité de la guitare classique ou même électrique à deux manches! Voici, en tout cas, ci-dessous, un petit échantillon de ses talents d’instrumentiste et de compositeur.

« making of » de l’album El fill de Llop,

A_lettrine_moyen_age_passionu fil des années, Efrén a fait de multiples alliances avec d’autres musiciens, le temps d’un concert ou d’un festival, ou pour des durées plus longues (le groupe allemand Estampie ou le compositeur, musicien irlandais Ross Daly entre autres noms) et s’est même initié aux musiques anciennes de l’Inde et de l’Afghanistan pour enrichir son répertoire et ses expériences.  Il a aussi créé ses propres groupes comme l’Ham de Foc, ou plus récemment le groupe EVO, en s’entourant de musiciens catalans ou espagnols de renom.

A voir son parcours et son sens du partage, on ne peut s’empêcher de penser que s’il existe encore des troubadours de la veine de ceux qui voyageaient sans relâche durant le moyen-âge, ne cessant de créér  et de s’enrichir aux contacts des artistes et des musiques qu’ils croisaient, alors Efrén Lopez est sans nul doute l’un deux, conjugué au présent.

Vous pouvez retrouver toutes ses productions en direct sur Amazon et notamment ce fils du loup magique en format CD ou MP3. Tout est là!

Une très belle journée à tous!
Fred
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« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publiliue Syrus  Ier s. av. J.-C