Sujet : musique, danse médiévale, folk, rock, Estampie Royale, British Folk, musique traditionnelle Période : moyen-âge central, XIIIe siècle Titre :la Sexte Estampie Royale Tirée du manuscrit du Roy (Roi), chansonnier du Roy, français 844 Interprète : The Albion Dance Band Album : The Prospect Before US, chez Emi-Harvest (1977)
Bonjour à tous,
près avoir présenté, il y a quelque temps, une version de la Sexte Estampie Royale par l’Ensemble Eurasia Consort, en voici une version plus enlevée et bien plus folk aussi. On la doit à The Albion Dance Band. une formation à la longue carrière, qui sévit en Angleterre, à partir des années 70 dans un style mêlant, folk british, musiques traditionnelles et rock.
La Sexte Estampie par The Albion Dance Band
The Albion Dance Band
Créée en 1971, par le musicien, bassiste, producteur et artiste très polyvalent, Ashley Hutchings, la carrière de cette formation anglaise tout entière dévouée au « Rock Folk » s’est étalée sur plus de trente ans jusqu’à l’année 2014. Au cours de ce long parcours, elle a vu passer un nombre considérable de musiciens et a même changé plusieurs fois de noms : The Albion Band, The Albion Country Band ou encore The Albion Dance Band, nom sous lequel elle signait, en 1977, l’album The Prospect Before Us dont est extraite cette version de la Sexte estampie. Sous ses différents noms, la formation a produit près des 55 albums.
Avec The Prospect before us, le groupe anglais et son fondateur partaient dans une projet dans lequel on retrouve assez bien l’esprit du rock anglo-saxon du milieu des années 70. On en sent le son, le souffle créatif et une certaine liberté de ton aussi, avec des touches lointaines d’un rock qui pourrait presque devenir progressif et s’épancher, par instants, du côté des premiers Genesis, sans jamais aller aussi loin, toutefois, dans la digression ou la « destructuration », comme si, d’une certaine façon, le folk lui tenait lieu d’amarres.
Pour le reste, les sons des instruments anciens y côtoient allègrement et sans complexe les sonorités plus électriques et plus modernes et il ne faut donc pas chercher ici une plongée dans le répertoire médiéval, mais plutôt la découverte d’un album folk expérimental qui mélange musiques traditionnelles et historiques et traverse un peu toutes les époques. Les puristes de musique médiévale resteraient peut-être ici un peu sur leur faim, mais les amateurs de folk, de musiques traditionnelles et, en un mot, de British Folk Rock y trouveront, en tout cas, beaucoup d’entrain et un vrai plaisir à l’écoute. Pour l’instant l’album ne semble pas réédité mais en cherchant un peu on en trouver quelques occasions et import.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.
Sujet : chanson médiévale, poésie médiévale, servantois, satire, poésie satirique, chevalier, trouvère, chanson de croisades, musique médiévale. Période : moyen-âge central, XIIe siècle Auteur : Huon d’Oisy (1145 – 1190)
(Hues, Hugues d’Oisy) Titre :Maugré tous sains et maugré Diu ausi Ouvrage : « Les chansons de Croisades », Joseph Bédier et Pierre Aubry (1909)
Bonjour à tous,
ontemporain du XIIe siècle, Hugues III, seigneur d’Oisy, châtelain de Cambray et vicomte de Meaux, plus connu encore sous le nom d’Huon ou Hues d’Oisy est considéré comme l’un des premiers trouvères du nord de France.
Du point de vue de son oeuvre, il n’a laissé que deux chansons. L’une, plutôt étonnante, conte par le menu un tournoi de nobles dames, dont il nous explique que ces dernières l’avaient organisé pour savoir ce que produisaient les coups que recevaient leurs doux amis lors de tels affrontements. La deuxième chanson est un servantois dirigé par le seigneur d’Oisy contre celui qui fut son disciple en poésie : le trouvère Conon ou Quesnes de Bethune. Pour rappel, on trouve une référence explicite à cela dans une chanson de ce dernier :
Or vos ai dit des barons ma sanblance; Si lor an poise de ceu que je di, Si s’an praingnent a mon mastre d’Oissi, Qui m’at apris a chanter très m’anfance. Conon de Bethune « Bien me deüsse targier » Les Chansons de Conon de Bethune par Axel Wellensköld
A l’occasion du portrait que nous avions fait de ce trouvère (voir biographie de Conon de Bethune ici), nous avions mentionné sa courte participation à la 3ème croisade. Après s’être enflammé et avoir vanté la nécessité des expéditions chrétiennes et guerrières en Terre Sainte auprès de ses contemporains, fustigeant ceux qui ne voulaient s’y rendre, le poète croisé n’eut pas l’occasion d’y briller puisqu’il rentra à la hâte.
Il faudra attendre la 4ème croisade pour que Conon de Bethune prenne à nouveau la croix et fasse montre alors de plus d’allant mais quoiqu’il en soit, le premier retour rapide de sa première expédition lui valut, comme nous le disions, une verte critique sous la plume d’Huon d’Oisy. Ce dernier prit même pour référence et modèle la chanson « Bien me Deüssetargier » de son homologue, afin de mieux le railler.
Pour mieux comprendre le fond politique et satirique de ce texte, plein de causticité et de ce « roi failli » auquel il est fait ici allusion, il faut ajouter que le châtelain de Cambray s’était, de son côté, rangé sous la bannière de Philippe Iᵉʳ de Flandre, dit Philippe d’Alsace contre le parti de Philippe-Auguste, choisi par Conon de Bethune.
Huon d’Oisy dans les Manuscrits anciens
On retrouve cette chanson dans les deux manuscrits que nous citons souvent ici, le Français 844, Manuscrit ou Chansonnier du Roy et le Français 12615(MS fr 12615), connu encore sous le nom de Chansonnier de Noailles. Elle est attribuée dans les deux à Mesire(s) Hues d’Oisy.
Les dates de ce servantois ont été sujettes à débat entre médiévistes, au point de mettre quelquefois en doute, (contre les manuscrits et leurs copistes), l’attribution de cette chanson au seigneur et trouvère d’Oisy. Si la chanson est bien de sa plume, ce qu’on a, en général, fini par convenir, il a dû l’écrire, peu de temps avant sa mort.
Il faut, du même coup, en déduire que cette rentrée de la 3eme croisade de Conon de Bethune se serait située deux ans avant que Philippe-Auguste n’en revienne lui-même, même si à la première lecture, on pourrait être tenté de supposer que le retour du trouvère avait coïncidé avec celui plutôt précipité et décrié du roi de France, fournissant ainsi à Huon un double motif pour les railler tout deux. Le seul problème est que si Conon était rentré en même temps que Philippe-Auguste en 1191, Huon d’Oisy aurait été dans l’impossibilité d’écrire cette chanson puisqu’il avait supposément trépassé près d’une année auparavant.
Suivant Joseph Bédier, ce retour anticipé des croisades de Conon aurait donc des raisons totalement indépendantes de celui du roi et serait même intervenu bien avant, dans le temps. (si vous souhaitez plus de détails sur ces aspects, nous vous renvoyons à l’ouvrage cité en tête d’article).
Maugré tous sains et maugré Diu ausi
Maugré* (malgré) tous sains et maugré Diu ausi revient Quenes* (Conon), et mal soit il vegnans!* (malvenu) … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … Honis soit il et ses preechemans* (prédications), et honis soit ki de lui ne dist: «fi»! Quant Diex verra que ses besoins ert grans* (qu’il sera dans le besoin), il li faura, car il li a failli* (il lui faillira comme il lui a failli).
Ne chantés mais, Quenes, je vos em pri, car vos chançons ne sont mais avenans; or menrés* (de mener) vos honteuse vie ci: ne volsistes pour Dieu morir joians, (1) or vos conte on avoec les recreans* (les lâches, ceux qui ont renoncé), si remanrés* (resterez) avoec vo roi failli; ja Damedius, ki sor tous est poissans *(Dieu tout puissant), del roi avant et de vos n’ait merci!* (n’ait plus pitié ni du roi, ni de vous)
Molt fu Quenes preus, quant il s’en ala, de sermoner et de gent preechier, et quant uns seus* (seul) en remanoit decha, il li disoit et honte et reprovier* (reproches, affronts); or est venus son liu recunchiier, (il est revenu souiller son nid) et s’est plus ors* (sale, malpropre) que quant il s’en ala; bien poet* (de pöeir, pouvoir) sa crois garder et estoier* (ranger, remiser), k’encor l’a il tele k’il l’emporta.
(1) Vous n’avez pas voulu « mourir joyeux » pour Dieu
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.
Sujet : événement, festival, musiques anciennes, musiques médiévales, patrimoine, églises romanes, Ars Nova, chants polyphoniques, chants de troubadours, concerts. Evénement :Festival Voix et Route Romane, « l’Alpha et l’Omega, une Histoire du Temps » Dates : du 31 août au 23 septembre 2018 Lieu : Alsace, itinérant, (route, romane)
Bonjour à tous,
noter, dors et déjà, sur l’agenda médiéval, un grand festival exclusivement consacré à la musique en provenance du moyen-âge. Il a pour nom le Festival Voix et Route Romane et il s’agit de sa 26e édition. Cet événement s’étire sur la durée d’un mois, de la fin août à la dernière semaine de septembre, et, au titre de ses particularités, il faut noter qu’il est itinérant. En suivant la route romane d’Alsace, il propose, en effet, des concerts de choix au sein de ses plus belles églises et à la découverte d’un patrimoine monumental souvent peu connu de cette région.
Depuis sa création, en 1992, par le Conseil régional d’Alsace et la Délégation régionale au Tourisme, ce bel événement culturel, à la croisée de la musique et de l’architecture romane du moyen-âge central, a reçu près de quatre-vingt-dix ensembles spécialisés dans le répertoire médiéval, parmi les plus prestigieux d’Europe. Au fil des années, il s’est imposé comme l’un des plus grand festival du genre en France. Il est, encore, et c’est une autre de ses originalités, l’un des seuls à proposer une programmation uniquement dédiée aux musiques du moyen-âge.
L’Alpha & l’Omega
Art des troubadours, Ars nova, chants polyphoniques et bien plus encore
« Je suis l’alpha et l’oméga, celui qui est, qui était, et qui vient, le Tout Puissant »(Apocalypse 1, 8 ).
Le thème choisi, cette année, est l’Alpha et l’Omega. Il vient clore un cycle autour de l’Histoire du temps, initié par le festival, à l’occasion de ses deux précédentes éditions. Venues de la France entière, mais encore d’Espagne, de République Tchèque et de Belgique, les formations conviés, pour cette 26ème édition, proposerons ainsi de grands concerts, récitals ou spectacles, en relation avec ce thème.
Entre l’Alpha et l’Omega, « le début et la fin » de cette histoire du temps, on pourra y découvrir de véritables fleurons de la musique médiévale. Thème oblige, ce voyage musical s’aventurera jusqu’aux rives du moyen-âge tardif et à la lisière de la renaissance : des chants d’amour courtois des troubadours du XIIIe siècle aux chants polyphoniques de l’Ars nova, en passant par l’Ars Antiqua du XIIe siècle ou encore l’exploration du culte marial au moyen-âge central, dans le bassin méditerranéen. Pour ne citer qu’une autre des nombreux prestations prévues, on aura même l’occasion d’y revisiter les Cercles de l’Enfer de Dante dans un ambitieux spectacle, mêlant narration, effets visuels et musique, proposé par la troupe La Camera delle Lacrime ,
Les formations & les concerts
Diabolus in Musica – Musica Nova – Irini – La Camera delle Lacrime – Tasto Solo – Tibutirna Ensemble & David Dorůžka Trio – Dialogos – Comet Musicke – La Note Brève – Huelgas Ensemble
Pour découvrir toute l’étendue, la richesse et l’originalité du programme concocté pour cette édition 2018 du Festival Voix et Route Romane, nous en pouvons que vous inviter à consulter son site officiel et son programme très détaillé.
Sujet : musiques anciennes, inspiration médiévale, folk, ethno-musicologie, musiques traditionnelles, vielle à roue, danse médiévale, Russie. Titre : Medieval Dance. Hurdy-Gurdy Solo Compositeur/ Interprête : Andrey Vinogradov Album : Music For Hurdy-Gurdy, 2016. Média : chaîne youtube officielle de l’artiste
Bonjour à tous,
près être passé par le jazz classique et le jazz rock, Andrey Vinogradov, compositeur, vielliste, pianiste et multi-instrumentiste russe, originaire de l’Oural, a décidé, depuis les années 2000, de se consacrer aux musiques anciennes et traditionnelles au sens large. Il couvre ainsi un répertoire très personnel, à la fusion des musiques du moyen-âge, aux musiques plus folk et ethniques.
Sur la partie la plus médiévale de ses inspirations, les titres, composés et arrangés par ses soins, ne sont pas, la plupart du temps, issus directement de cette période mais en sont plutôt inspirés ou évocateurs. Pour autant, le résultat est au rendez-vous et on en jugera avec la pièce que nous partageons de lui, aujourd’hui. Elle est intitulée « Danse médiévale » et elle donne un échantillon de ses talents de compositeur, autant que de vielliste.
Danse médiévale par Andrey Vinogradov
Vielle à roue et musiques folk et ethniques
Cette danse médiévale est tirée d’un album de 2016 ayant pour titre « Music For Hurdy-Gurdy » (Musique pour vielle à roue). Cette production se situe au carrefour et à la rencontre de chants traditionnels slaves (auxquels la chanteuse Natalia Serbina prête sa voix) et de compositions originales d’inspiration plus médiévale de Andrey Vinogradov et sa vielle à roue.
L’album est à ce jour disponible au format Import et même MP3 dématérialisé. Si vous souhaitez plus d’informations, en voici le lien Music for Hurdy-Gurdy by Andrey Vinogradov
S’il ne s’est pas cantonné à la vieille à roue par le passé, le maître de musique a déjà produit plusieurs albums dans la même veine. Deux d’entre eux s’intéressent notamment aux traditions musicales russes anciennes, autour de l’instrument.
Chants sacrés, chants traditionnels et chants de mendiants russes à la vielle à roue
Comme l’Ukraine et d’autres pays slaves, dans les siècles passés, la Russie a bien connu l’usage de la vielle à roue. Elle fut, en effet, utilisée pour les chants sacrés orthodoxes mais aussi par des mendiants et artistes itinérants qui couraient le pays en quête de leur pitance, en chantant et en s’accompagnant de l’instrument. Andrey Vinogradov a consacré un album complet sur chacun de ces thèmes : l’album Russian Hurdy-Gurdy Tunes, sorti en 2007, sur les chants sacrés ou traditionnels russes et l’album Russian Strolling Beggars Tunes, sur les chants de mendiants, sorti en 2013.
On notera encore, parmi ses autres expériences dans le domaine de l’Ethno-musicologie expérimentale, un album intitulé Ethno-Mirages (2013), à la rencontre de cultures et d’ethnies de l’Europe celte, de la méditerranée, mais aussi de l’Inde et de l’Asie.