Sujet : musique, poésie médiévale, Angleterre, chanson médiévale, lyrique courtoise, amour courtois. Période : XIIIe, moyen-âge central Source : MS Muniment Roll 2, King’s College, Cambridge. Titre: Bird on a Briar, Bryd one brere (breere), Auteur : anonyme Interprète : Ensemble Belladonna Album: Melodious Melancholye(2005) The sweet sounds of medieval England
Bonjour à tous,
ujourd’hui, pour faire écho à la chanson de Colin Muset, « En may quand le Rossignols« , nous passons de l’autre côté de la manche, en Angleterre, pour une chanson médiévale du même siècle. Nous sommes donc au moyen-âge central et vers la fin du XIIIe.
Conservé au King’s College de Cambridge, sur un rouleau de parchemin référencé MS Muniment Roll 2, cette pièce, demeurée anonyme, conte parmi les plus anciennes chansons qui nous soient parvenues de l’Angleterre médiévale. Elle a été retrouvée, copiée au dos d’une bulle papale datant de 1199 mais elle lui est postérieure et on la date usuellement au XIIIe siècle. Etranges méandres suivis par les sources historiques pour traverser le temps, il est assez cocasse de penser que cette chanson profane ait pu être retranscrite au dos d’un document religieux officiel qui datait déjà alors de près de cent ans. On s’imagine mal aujourd’hui griffonner les paroles d’une chanson ou d’une poésie, si jolie soit-elle, sur un manuscrit daté.
Amour, espoir, douleur et renouveau :
une jolie pièce de Lyrique courtoise
Oiseau sur une branche de bruyère ou de rosier églantier : Bryd one brereen anglais ancien ou Bird on a Briar en anglais moderne, cette chanson nous conte l’histoire d’un poète épris d’une servante. Inspiré lui aussi par un oiseau, comme beaucoup de ses contemporains chanteurs et artistes de l’Europe médiévale, le chanteur lui demandera d’intercéder en sa faveur pour lui attirer l’amour de la belle convoitée. Si elle lui offrait son coeur, il serait enfin libéré de sa douleur et même « renouvelé »: loye and blisse were were me newe;la joie et le bonheur le vêtiraient d’habits neufs, autrement dit, ferait de lui un homme neuf. Pour nous situer dans l’Angleterre médiévale, nous sommes bien ici dans la lyrique courtoise chère à nos trouvères et troubadours des XIIe et XIIIe siècle.
Au passage, on notera que la variante de Bird, « Bryd », associé au « Brere », « Briar » de la fin du vers évoque indéniablement avec ses R roulés, le roucoulement de l’oiseau ou peut-être encore le bruissement de ses ailes. Sur le plan métaphorique, il incarne ici pour le poète la belle désirée ou même ou peut-être même encore amour lui-même.
Bird on a Briar, Bryd one brere par l‘Ensemble Belladonna
Les doux sons de l’Angleterre médiévale
par l’ensemble Belladonna
On peut trouver, en ligne, de nombreuses versions et reprises de cette chanson qui avec Miri(e) it is while sumer ilast fait partie des pièces les plus célèbres du répertoire médiéval ancien anglais.
Aujourd’hui, c’est l’interprétation de l’Ensemble Belladonna que nous avons choisi pour vous la présenter. C’est la deuxième pièce que nous partageons ici de leur album Melodious Melancholye, les doux sons de l’Angleterre médiévale,daté de 2005, mais il faut avouer que, par bien des aspects, cette production du trio de musiciennes venues d’horizons et de pays divers, est une véritable merveille de justesse et de sensibilité.
Bird on a Briar, une chanson du XIIIe siècle en anglais ancien et sa traduction en Français
ur le plan métaphorique, on peut se demander à quel point cette poésie fait aussi référence au registre religieux ou même au culte marial : lumière, salut, renouveau, blancheur, fleur des fleurs etc… C’est une hypothèse que l’on trouve notamment creuser dans un article du Guardian. Vue sous cet angle, la chanson prendrait bien évidemment un tout autre tour et hériterait d’un double-sens assez subtil. Cela reste plausible même s’il nous semble tout de même qu’elle appartienne au fond plus clairement au registre courtois et profane.
Bryd one brere, brid, brid one brere, Kynd is come of love, love to crave Blythful biryd, on me thu rewe Or greyth, lef, greith thu me my grave.
Oiseau sur la bruyère, Oiseau, Oiseau sur la bruyère (1) L’homme ( mankind, l’humanité,) est né de l’amour, ainsi l’amour nous assoiffe (nous en avons soif) Oiseau joyeux, aie pitié de moi Ou creuse, amour, creuse pour moi ma tombe.
Hic am so blithe, so bryhit, brid on brere, Quan I se that hende in halle: Yhe is whit of lime, loveli, trewe Yhe is fayr and flur of alle.
Je suis si joyeux, si inondé de lumière, oiseau sur la bruyère Quand je vois cette servante dans la salle A la peau si blanche, si charmante et pure* (true : vraie, authentique) Elle est si juste, fleur de toutes les fleurs.
Mikte ic hire at wille haven, Stedefast of love, loveli, trewe, Of mi sorwe yhe may me saven Ioye and blisse were were me newe.
La pourrais-je jamais conquérir Ferme en son amour, charmante et sincère, Pour qu’elle puisse me sauver de ma douleur, Et me revêtir d’une joie et d’une félicité nouvelles (la joie et le bonheur ferait de moi un homme neuf)
(1) Nous traduisons ici Brere, en anglais moderne « Briar » par Bruyère. Le mot désigne aussi le rosier églantier. La tentation est bien sûr grande de changer l’oiseau en rossignol. S’il s’agissait d’une adaptation, nous n’aurions pas hésité une seconde.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
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Sujet : amour courtois, musique, poésie médiévale, chanson médiévale, Cantigas de amigo II, galaïco-portugais, troubadour, lyrique courtoise. Période : XIIIe siècle, moyen-âge central Auteur : Martín (ou Martim) Codax Titre: Mandad’ei comigo Interprètes :Oni Wytars Album : Amar e Trobar, la passion et le mystère au moyen-âge (1992)
Bonjour à tous,
ous partons aujourd’hui, toutes voiles dehors, à la découverte de l’art des troubadours galaïco-portugais de l’Espagne et du Portugal du moyen-âge central. Ce sera l’occasion d’approcher une nouvelle chanson de Martin Codax, prise dans le répertoire des Cantigas de amigo. Comme dans la plupart des poésies du genre, le poète met ici ses rimes dans la bouche d’une damoiselle qui nous conte ses sentiments pour son « ami », autrement dit son bien-aimé, dans l’attente de son retour ou de sa venue.
Bien que le jongleur (juglar ou jograr) galaïco-portugais Martin Codax ne soit qu’un des quatre-vingt huit auteurs des cantigas de amigo, il est demeuré, à ce jour, l’un des représentants les plus célèbres de cette lyrique courtoise médiévale et il reste, en tout cas, l’une des plus chantés. Comme nous lui avons déjà dédié un article, nous vous invitons à vous y reporter, au besoin : Martin Codax troubadour médiéval.
Oni Wytars. Mandad’ei comigo, Cantiga de Amigo 2 de Martin Codax
Amar e Trobar,
par l’ensemble Médiéval oni Wytars
‘est l’excellent ensemble allemand Oni Wytars qui nous propose ici l’interprétation de cette Cantiga de Amigo II de Martin Codax. Elle est tirée de leur album Amar e trobar, sorti en 1992. La formation y présentait seize titres empruntés au répertoire médiéval français, italien et espagnol, avec pour ambition d’approcher le thème de l’amour et de la passion au moyen-âge, au sens large. Les pièces vont en effet de l’amour courtois et profane, à un amour au sens plus spirituel, comme on le trouve dans la passion et les mystères. On trouvera ainsi des compositions issues de l’art des troubadours, des Cantigas de Amigo, mais encore des pièces en provenance du Livre Vermell de Montserrat ou des Cantigas de Santa Maria.
Oni Wytars signait également, dans cet album, une collaboration avec le très reconnu compositeur, chef d’orchestre, musicien et musicologue autrichien. René Clemencicet ce dernier venait prêter, ici, ses talents d’instrumentiste à la flûte à bec, à la flûte en corne (gemshorn) ou encore au chalémie (instrument médiéval de la famille des hautbois).
Du côté du chant, c’est la soprano Ellen Santaniello qui prêtait ici sa belle voix à la pièce de Martin Codax du jour.
Mandad’ei comigo de Martin Codax
et sa traduction/adaptation en français
Mandad’ei comigo, ca ven meu amigo. E irei, madr’ a Vigo
Un message m’est parvenu Que venait mon doux ami Et j’irai, mère, à Vigo
Comigo’ei mandado, ca ven meu amado. E irei, madr’ a Vigo
J’ai avec moi le message Que venait mon bien-aimé Et j’irai, mère, à Vigo
Ca ven meu amigo e ven san’ e vivo. E irei, madr’ a Vigo
Que venait mon doux ami bien portant et vivant Aussi, j’irai, mère, à Vigo
Ca ven meu amado e ven viv’ e sano. E irei, madr’ a Vigo
Que venait mon bien-aimé Bien vivant et bien portant Aussi, j’irai, mère, à Vigo
Ca ven san’ e vivo e d’el rei amigo E irei, madr’ a Vigo
Qu’il venait bien portant et vivant
Et qu’il est du roi l’ami Aussi, j’irai, mère, à Vigo
Ca ven viv’ e sano e d’el rei privado. E irei, madr’ a Vigo
Qu’il venait vivant et bien portant et qu’il est du roi, favori Aussi, j’irai, mère, à Vigo
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
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Sujet : chanson, poésie d’inspiration médiévale, musique, folk, poésie, résonance poétique, médiévalisme. Période : XXe siècle Auteur : Sergueï Essénine (1895 – 1925), Etienne Roda-Gil (1941-2004), Angelo Branduardi Titre : Confessions d’un Malandrin, Interprète : Angelo Branduardi Album : Confession d’un malandrin (1981)
Bonjour à tous,
ans les mystérieuses raisons qui peuvent nous pousser, enfants, à nous intéresser à l’Histoire ( un de ses aspects ou une de ses périodes en particulier), il nous a fallu compter avec un artiste italien, qui, dans les années 80, commença à illuminer de son art et de ses textes uniques le paysage musical français. Indifférent aux modes, en plein cœur des années disco, Angelo Branduardi venait proposer ses créations, ses mélodies aux sonorités anciennes et sa grande poésie et le public en redemandait. Et peu importe alors qu’elles fussent ou non empruntées au moyen-âge historique, elles avaient une saveur toute médiévale et cet auteur-compositeur interprète, qui ne ressemblait à nul autre, semblait être un troubadour égaré dans notre monde. Venu de temps anciens aux commandes d’une mystérieux machine, il était peut-être même le dernier des troubadours italiens.
Angelo Branduardi,
le dernier troubadour italien
S’il a émergé au milieu des années 70 et leur goût prononcé pour le néo folk médiéval d’origine celtique ou même le folk « progressif », Angelo Branduardi a toujours fait figure d’être un artiste solitaire et indépendant. Loin des influences d’autres groupes de cette période, son style demeurait déjà unique. Alors, pour tenter de le ranger quelque part, on a pu parler de « folk-rock d’influence médiévale », mais en réalité, ce que fait surtout Angelo Branduardi, c’est surtout du Angelo Branduardi.
Côté cursus, il vient d’un parcours musical classique. Violoniste soliste surdoué, formé au conservatoire Niccolò Paganini de Gènes, il en sortira à l’âge de 16 ans avec un premier prix. Il étudiera aussi un temps la philosophie et se piquera encore de poésie auprès du poète et écrivain italien Franco Fortini qui sera l’un de ses professeurs.
Entré presque par hasard dans le monde de la chanson, le baladin et multi-instrumentiste compose ses propres musiques et chante dans un nombre impressionnant de langues (italien, anglais, français, espagnol, etc…). Du côté des paroles, s’il s’inspire quelquefois de chansons traditionnelles, de textes anciens ou de poésies plus récentes, c’est presque toujours son épouse Luisa Zappa qui sera sa parolière en italien quand ils n’écriront pas les textes à quatre mains. Dans les autres langues, il choisira soigneusement ses paroliers pour proposer de véritables adaptations poétiques.
Confession d’un malandrin version française
Du côté des compositions, si elle peut sembler d’origine médiévale à l’oreille profane, la musique d’Angelo Branduardi prend en réalité, le plus souvent sa source dans un répertoire plus classique, celui qu’il a appris au conservatoire de Gènes ; il n’y avait pas alors de formation aux musiques plus anciennes et médiévales. Ses œuvres sont donc plus résolument baroques, quelquefois renaissantes, et il va encore chercher dans le folklore méditerranéen ou même yiddish les sources de son inspiration. Sur scène, l’artiste se laisse emporter par son art et il s’y tient souvent, les yeux fermés, tout entier habité par sa musique et plongé au cœur d’une intériorité dont il demeure le seul à possèder les clés.
Maintes fois primé pour ses albums, plusieurs fois disque d’Or, il se fera un peu plus discret en France à compter du milieu des années 90, mais il restera actif artistiquement en d’autres lieux. Après de longues années de travail en Italie et en Allemagne et pour le plus grand plaisir d’un public français qui lui est resté fidèle, il reviendra avec des concerts mais aussi avec un Best Of de ses chansons françaises en 2015.
Sur la partie les plus médiévales de ses productions, dans les années 2000, il signera « L’infinitamente Piccolo », une œuvre poétique et musicale sous forme de spectacle (suivie en 2007 d’un DVD) dédiée tout entière à Saint-François d’Assise : La Lauda di Francesco (la laude, les louanges de Saint-François).
Pour consulter l’actualité et l’agenda d’Angelo Branduardi, voici le lien vers la version française de son site web officiel.
« Les Confessions d’un Malandrin »
une chanson « d’inspiration » médiévale
Bien qu’enregistrée seulement en 1981 en langue française, en plus d’être une pure merveille, la chanson que nous vous proposons aujourd’hui a ceci de particulier qu’elle est la toute première composée par Angelo Branduardi. Ecrite à l’âge de 18 ans, presque par jeu et « dans les tourments de l’adolescence », comme il le confiera lui-même lors d’un interview à la télévision italienne, l’artiste ne se destinait alors pas du tout à être chanteur. Au hasard d’une rencontre c’est pourtant bien cette chanson qui le propulsera dans une carrière qu’il avait été loin d’imaginer et qu’il avait projetée bien plus « classique ».
Du point de vue musical comme textuel, à la première écoute, les confessions de ce malandrin ont déjà l’air de nous transporter dans le moyen-âge des troubadours avec ce poète qui court de village en village. Fils de modestes paysans, il est devenu célèbre et on parle désormais de lui chez « les rois et les reines ». Pourtant, il reste attaché par l’âme et le cœur à sa terre natale, et il se livre, de manière touchante, dans cette poésie.
Le souffle d’un grand poète russe
pour la musique inspirée d’un troubadour italien
Loin de trouver ses origines dans la période médiévale, les paroles de cette chanson proviennent en réalité d’un poème russe daté de 1920 et signé de la main de Sergueï Aleksandrovitch Essenine (Serge Esenin) (1895 – 1925). Auteur de talent, encore largement reconnu en Russie, poète, « voyou », homme engagé aussi aux côtés de la révolution d’octobre, Essenine chanta l’âme russe et l’attachement à sa terre comme personne.
« Ce n’est pas tout un chacun qui peut chanter. Ce n’est pas à tout homme qu’est donné d’être pomme Tombant aux pieds d’autrui. Ci-après la toute ultime confession, Confession dont un voyou vous fait profession.
C’est exprès que je circule, non peigné, Ma tête comme une lampe à pétrole sur mes épaules. Dans les ténèbres il me plaît d’illuminer L’automne sans feuillage de vos âmes. »
Sergueï Esenin – Extrait de Confession d’un voyou, traduction d’Armand Robin
Cette poésie qui toucha Angelo Branduardi au cœur est inspirée directement de la vie du poète russe ; il était lui-même issu d’une famille de paysan. Consumé peut-être par sa propre sensibilité, Sergueï Essénine mit fin à ses jours à l’âge de trente ans, en laissant pour témoignage une poésie écrite de son propre sang. La version du suicide fut contestée par la famille, mais le jeune poète russe au destin tragique emporta la vérité dans sa tombe (pour quelques extraits de son oeuvre, consultez cet article d’Esprits Nomades ).
Ayant trouvé de grandes résonances avec le poète, le jeune Angelo Branduardi signa donc l’adaptation italienne de ces « confessions d’un voyou » dans les années 70 et c’est son parolier français de prédilection, Etienne Roda-Gil qui en fit, bien plus tard, en 1981, une adaptation française très inspirée. Elle vint rejoindre d’autres chansons du troubadour italien dans un album qui portait d’ailleurs le nom de la chanson.
Ajoutons que la version italienne, elle-même magnifique, est assez fidèle dans sa trame et ses vers au poème d’origine de Sergueï Esénine qui l’avait inspirée. On doit son « tour médiévalisant » à Angelo Branduardi qui l’avait déjà amorcé dans la version italienne par son choix de vocabulaire : le « voyou » entre autre, s’était déjà changé chez lui en « malandrin ». Etienne Roda-Gil le suivit dans la version française et renforça encore les images médiévales avec ces paysans qui craignaient « le seigneur du ciel et les tourbières » chez le poète russe et qui, avec lui, se mirent à craindre « les seigneurs et leur colère », avec encore ce poète dont on parlait chez « les rois et les reines » et qui, dans la version originale, chantait la Russie. Le passage à l’univers du Moyen Âge était fait et l’évocation totalement réussie.
Confessioni di un malandrino version italienne
Confessions d’un malandrin, les paroles
et l’adaptation française de Roda-Gil
Je passe les cheveux fous dans vos villages, la tête comme embrasée d’un phare qu’on allume Aux vents soumis je chante des orages aux champs labourés la nuit des plages. Les arbres voient la lame de mon visage où glisse la souillure des injures Je dis au vent l’histoire de ma chevelure qui m’habille et me rassure.
Je revois l’étang, de mon enfance où les roseaux et toutes les mousses dansent et tous les miens qui n’ont pas eu la chance d’avoir un fils sans espérance. Mais ils m’aiment comme ils aiment la terre ingrate à leurs souffrances à leur misère Si quelqu’un me salissait de reproches ils montreraient la pointe de leur pioche.
Paysans pauvres mes père et mère attachés à la boue de cette terre Craignant les seigneurs et leurs colères pauvres parents qui n’êtes même pas fiers d’avoir un fils poète qui se promène dont on parle chez les rois et chez les reines qui dans des escarpins vernis et sages blesse ses pieds larges et son courage.
Mais survivent en moi comme lumière les ruses d’un voyou de basse terre devant l’enseigne d’une boucherie campagnarde je pense aux chevaux morts mes camarades Et si je vois traîner un fiacre jaillit d’un passé que le temps frappe je me revois aux noces de campagne parmi les chairs brulées des paysannes.
J’aime encore ma terre, bien qu’affligée de troupes avares et sévères c’est le cri sale des porcs que je préfère à tous les discours qui m’indiffèrent. Je suis malade d’enfance et de sourires de frais crépuscules passés sans rien dire Je crois voir les arbres qui s’étirent se réchauffer puis s’endormir.
Au nid qui cache la couve toute neuve j’irai poser ma main devenue blanche mais l’effort sera toujours le même et aussi dure encore, la vieille Écorce. Et toi le grand chien de mes promenades enroué, aveugle et bien malade tu tournes la queue basse dans la ferme sans savoir qui entre ou qui t’enferme.
Il me reste des souvenirs qui saignent de larcins de pain dans la luzerne et toi et moi mangions comme deux frères chien et enfant se partageant la terre Je suis toujours le même, le sang, les désirs, les mêmes haines sur ce tapis de mots qui se déroule je pourrais jeter mon coeur à vos poules.
Bonne nuit faucille de la lune brillante dans les blés qui te font brune de ma fenêtre j’aboie des mots que j’aime quand dans le ciel je te vois pleine La nuit semble si claire qu’on aimerait bien mourir pour se distraire qu’importe si mon esprit bat la campagne et qu’on montre du doigt mon idéal.
Cheval presque mort et débonnaire à ton galop sans hâte et sans mystère j’apprends comme d’un maître solitaire à chanter toutes les joies de la terre De ma tête comme d’une grappe mure coule le vin chaud de ma chevelure.
De mon sang sur une immense voile pure, je veux écrire les rêves des nuits futures…
En vous souhaitant une belle journée et une très belle écoute.
Frédéric EFFE.
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Sujet : musique médiévale, danse médiévale, Ductia, chanson de l’Angleterre Médiévale Période : moyen-âge central, XIIIe siècle, Titre :Ductia Auteur : anonyme Interprète : The Dufay Collective Album :Miri it is. Songs And Instrumental Music From Medieval England(1995) Editeur : Chandos
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous vous proposons un peu de danse médiévale légère avec une Ductia en provenance de l’Angleterre du XIIIe siècle. Nous devons son interprétation à l’ensemble The Dufay Collective et elle est issue de leur troisième album, sorti en 1995, et ayant pour titre « Miri it is.Songs And Instrumental Music From Medieval England« .
Estampie, Ductia et Nota, on se souvient que ces danses du moyen-âge central, nées autour des XIIIe, XIVe siècles, peut-être en France, ont trouvé rapidement un terrain d’élection sur le sol de l’Italie et de l’Angleterre médiévales.
Danse médiévale : un Ductia du XIIIe siècle par le Dufay Collective
Miri it is. Songs And Instrumental Music From Medieval England
omme son titre l’indique, on retrouvait dans cet album du Dufay Collective, la chanson « Miri it is while sumer ilast » (dont nous vous avons déjà parlé ici), mais encore dix-neuf autres titres, entre chansons et danses, pris dans un répertoire à la fois profane et religieux.
A l’occasion de cette production, le jeune et talentueux ensemble anglais invitait le ténor John Potter(portrait ci-contre) à se joindre à lui sur l’ensemble des pièces vocales. En plus d’être une voix célèbre en Angleterre et même au delà pour avoir participé à de nombreux ensembles médiévaux et classiques, ce dernier est également un auteur et un universitaire reconnu pour sa grande expertise en musicologie, sur un répertoire qui va des musiques médiévales et anciennes, au classique et même à des pièces plus modernes. Sur le terrain vocal, cet artiste dont la carrière impressionnante a débuté dans les années 70, a déjà plus de cent albums à son actif. On y trouve même du Led Zeppelin ! La pièce du jour étant instrumentale, nous aurons très certainement l’occasion de revenir sur son travail artistique dans le futur.
Dans l’attente, cet album du Dufay Collective est toujours disponible à la vente en ligne. On le trouve au format CD mais aussi dématérialisé (MP3) ce qui offre l’avantage de pouvoir écouter un échantillon de toutes les pièces et éventuellement de les acquérir séparément. Si vous êtes intéressés ou pour en savoir plus, vous pourrez toutes les trouverer sur ce lien (ou en cliquant sur l’image de l’album): « Songs And Instrumental Music From Medieval England, format CD ou dématérialisé ».
En vous souhaitant une belle journée et une bonne écoute.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.