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« Baros de mon dan covit » l’amour courtois et la grandiloquence de Peire Vidal

peire_vidal_troubadour_toulousain_occitan_chanson_medievale_sirvantes_servantois_moyen-age_central_XIIeSujet  : musique, poésie, chanson médiévale, troubadours, occitan, langue d’oc, amour courtois, fine amor, fine amant, chansonnier provençal E
Période  : Moyen Âge central, XIIe, XIIIe siècle
Auteur  : Peire Vidal (? 1150- ?1210)
Titre :  Baros de mon dan covit
Interprète  :  Musica Historica
Evénement : concert pour les 20 ans de l’ensemble  à Budapest (2008)

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous retournons aux siècles des premiers troubadours du pays d’Oc avec Peire Vidal. Grandiloquent, tonitruant, claironnant presque,   le poète provençal se pose, une fois encore, en chevalier émérite, « fine » amant d’exception,  et même grand séducteur fatal et renommé. Pour un peu,  il serait presque l’égal des  rois si ceux-là ne finissaient par l’envier.  Quant  à ceux qui le raillent et le critiquent, la couleur est annoncée d’emblée, notre troubadour les salue de son mépris. Là  encore, le fameux thème des « déloyaux » et « médisants », récurrent dans la courtoisie, refait surface (voir autre article sur ce sujet).

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La chanson de Peire vidal dans le Chansonnier Provençal E de la BnF (1270-1350) Manuscrit  Français 1749 – Consulter ce manuscrit médiéval ici

Pour le reste, faut-il prendre Peire Vidal  au sérieux dans ses grandes envolées lyriques et « superlatives » ? Le ton finit par devenir humoristique et on serait presque tenter d’y voir, par endroits, une sorte de Don Quichotte avant l’heure ? A l’évidence, le troubadour ne craint pas non plus d’enchaîner les contradictions. Ainsi, les dames sont à ses pieds. Il folâtre même avec toutes, nous dit-il, tout en s’affirmant, dans le même temps, comme amant parfait au service d’une seule.  Quoiqu’il en soit, par son style, son  ton libre et cette façon unique de   se mettre en avant, il demeure un troubadour tout à fait particulier (et plaisant), de cette période du Moyen Âge.

Pour finir sur l’approche de cette chanson,  notons qu’on y retrouve également son grand goût du voyage. Il l’exprime même ici comme un des traits qui aurait fait partie intégrante de sa réputation : une forme de nécessité de mouvement qui lui était propre et qui aurait presque pu paraître, à ses propres yeux, comme une fâcheuse habitude,  et peut-être même une « maladie » (malavei).

Pour découvrir cette belle pièce occitane médiévale, nous vous proposons l’interprétation de Musica Historica.

« Baron de mon dan covit » de Peire Vidal avec Musica Historica

L’ensemble Musica Historica

Fondé en 1988 à Budapest, l’ensemble Musica Historica s’est doté d’un répertoire assez large qui part de la période médiévale pour s’étendre jusqu’à des musiques plus folkloriques et populaires des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Du point de vue des aires géographiques, on retrouve, chez eux, des compositions en provenance de l’Europe de l’ouest même si leur terrain de prédilection  se situe plutôt en  Europe de l’est.

Rumen István Csörsz, le fondateur du groupe (au centre de  la photo ci-dessous) est aussi celui qui prête sa voix à la pièce de Peire Vidal que nous présentons aujourd’hui. En plus d’une solide formation en musique classique, ce multi-instrumentiste et directeur a également longuement étudié l’histoire, la poésie et la littérature Hongroise, notamment sa relation avec les musiques folk et populaire des XVIIIe et XIXe siècles. Ceci explique la forte empreinte de ces thématiques sur le répertoire du groupe.

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Discographie et concerts

Musica Historica ne semble quasiment jamais se produire en France. On  retrouve bien plus la formation en Hongrie, Autriche et Slovakie mais encore en Allemagne et Italie.  Sa discographie est riche d’une dizaine d’albums, dont la majeure partie est centrée sur le répertoire hongrois ancien, comme nous le mentionnions plus haut.  Au delà de la scène, les membres du groupes, accompagnés d’autres collaborateurs ont également fondé en 1997, la Musica Historica Cultural Association, dont la vocation s’étend de la promotion d’événements autour de la musique ancienne à son enseignement.

Site web du groupe –   Page Facebook


« Baros de mon dan covit »
De l’occitan au français moderne

Note sur la traduction : nous suivons encore de près , ici,  les travaux du philologue et romaniste   Joseph Anglade  (1868-1930) dans son ouvrage les  poésies de Peire Vidal   (1913).

I
Baros de mon dan covit,
Fals lauzengiers desleials,
Qu’en tal domna ai chauzit,
On es fis pretz naturals.
Et eu am la de fin cor, ses bauzia,
E sui totz seus, quora qu’ilh sia mia,
Quar sa beutatz e sa valors pareis,
Qu’en leis amar fora honratz us reis,
Per qu’eu sui rics sol que’m denh dire d’oc.

Je méprise les seigneurs
qui sont de faux et déloyaux médisants, (1 !)
car j’ai choisi une dame
où la distinction parfaite est une qualité innée.
Et je l’aime d’amour parfait, sans fausseté,
et je suis tout à elle, quel que soit le moment où elle voudra être mienne ;
car sa beauté et sa valeur sont si manifestes
Qu’en l’aimant un roi serait honoré ;
aussi, suis-je riche pourvu qu’elle daigne me dire oui.

II
Que res tan no m’abelit
Com sos adreitz cors leials,
On son tug bon aip complit
E tug ben senes totz mals.
Pos tot i es quan tanh a drudaria,
Ben sui astrucs, sol que mos cors lai sia ;
E si merces, per que totz bos aips creis
Mi val ab leis, bems pose dir ses tot neis,
Qu’anc ab amor tant ajudar no’m poc.

Car rien ne me charme plus
Que son cœur  droit et loyal
Dans lequel sont réunis toutes les vertus 
Et tout le bien sans aucune trace de mal.
Puisqu’elle a tout ce qui convient à l’amour,
Je serai heureux, pourvu que je sois à ses côtés ;
Et si la pitié, en laquelle résident toutes les bonnes qualités,
M’est de quelque  valeur  auprès d’elle, je puis bien vous dire  encore (2)
Que jamais  en amour, elle ne pourra  m’être  d’un  plus grand secours.

III
Chant e solatz vei falhit,
Cortz e dos e bels hostals,
E domnei no vei grazit,
Si’lh domn’ e-l drutz non es fals.
Aquel n’a mais que plus soven galia.
Non dirai plus, mas com si volha sia.
Mas peza me quar ades non esteis
premiers fals que comenset anceis :
E fora dreitz, qu’avol eissemple moc.

Je vois les chants et les divertissements faire défaut  (3)
Les réunions, la bonne hospitalité et la libéralité;
La courtoisie (Anglade : galanterie) n’est plus honorée,
A  moins que dame et amant ne soient faux (Anglade : fourbes).
Celui-là a la plus belle récompense qui trompe le plus ;
Je n’en dirai pas plus, mais qu’il en soit ainsi (4).
Mais ce qui me chagrine c’est qu’il n’ait pas disparu sur le champ :
Le premier fourbe qui débuta cela (5)
Ce serait juste, car il montra un bien mauvais exemple.

IV 
Mon cor sent alegrezit,
Quar me cobrara’N    Barrals.
Ben aja cel que’m noirit
E Deus ! quar eu sui aitals;
Que mil salutz me venon cascun dia
De Catalonha e de Lombardia,
Quar a totz jorns poja mos pretz e creis.
Quar per un pauc no mor d’enveja’l reis,
Quar ab domnas fauc mon trep e mon joc.

Je sens mon cœur  réjoui,
Car Barral (6) m’aura de nouveau.
Heureux celui qui m’a élevé
Et que Dieu le protège ! Car je suis si connu
Que mille salutations  m’arrivent  chaque jour
De Catalogne et de Lombardie ;
Car tous les jours montent et grandit ma renommée.
Au point que, pour un  peu, le roi en mourrait d’envie,
Car je fais mes folâtreries et mes jeux avec les dames.

V
Ben es proat et auzit
Com eu sui pros e cabals,
E pos Deus m’a enriquit,
No-s tanh qu’eu sia venals.
Cen domnas sai que cascuna’m volria
Tener ab se, si aver me podia.
Mas eu sui cel qu’anc no-m gabei ni-m feis
Ni volgui trop parlar de mi mezeis,
Mas domnas bais e cavaliers desroc.

Ma vaillance et ma supériorité 
Sont choses connues et prouvées (7);
Puisque Dieu m’a enrichi,
Il ne convient pas que je sois vénal.
Je connais cent femmes dont chacune voudrait
Me   tenir auprès d’elle, si elle le pouvait m’avoir.
Mais je suis celui qui, jamais, ne parle pour ne rien dire, ni n’affabule (ni n’est   vaniteux)      
(8)
Je n’ai jamais trop voulu parler de moi-même,
Mais j’embrasse les dames et met à terre les cavaliers. (Anglade : renverse)

VI 
Maint bon tornei ai partit
Pels colps qu’eu fier tan mortals,
Qu’en loc no vau qu’om no crit :
 »    So es En Peire Vidais,
 »  Cel qui mante domnei e drudaria
 » E fa que pros per amor de s’amia,
 » Et ama mais batalhas e torneis
  » Que monges patz, e sembla-l malaveis
 »  Trop sojornar et estar en un loc. »

J’ai mis fin à maints bons tournois
Par les coups mortels que j’ai porté ;
De sorte qu’il n’est d’endroits où j’aille où on ne s’écrit : 
« Voilà messire Peire Vidal,
Celui qui maintient courtoisie et galanterie,
Qui agit en vaillant homme (avec mérite) pour l’amour de sa mie,
Et aime mieux batailles et tournois
Qu’un moine n’aime la paix et  pour qui semble une maladie
De séjourner et de rester trop longtemps dans un même lieu. »

VII
Plus que no pot ses aiga viure-l peis,
No pot esser ses lauzengier domneis,
Per qu’amador compron trop car lor joc.

Pas plus que le poisson ne peut vivre sans eau,
La Courtoisie ne peut vivre sans médisants :
C’est pourquoi    les amants payent bien cher leur joie.  

Notes

(1)   Peire Vidal a-t-il vraiment donné, dans cette chanson, le visage des puissants aux médisants  comme l’a traduit   Joseph Langlade  en son temps ?  « Baros de mon dan covit » : « je méprise les seigneurs faux et desloyaux ».   Ou faut-il plutôt y  voir une adresse, une virgule absente et traduire   « Seigneurs, Barons,  je méprise les  médisants et les déloyaux » ? Cela semblerait plus plausible et, en tout cas, largement moins provocateur comme entrée en matière.
(2) Anglade :  « je puis bien vous dire  sans hésitation, sans mensonge »
(3) Anglade : « je vois la poésie en décadence, ainsi que les joyeux entretiens »
(4) Anglade :  « que les choses aillent comme elles voudront »
(5) Anglade : « celui qui commença à être fourbe »
(6) Barral : Raymond Geoffrey, Vicomte de Marseille, un des protecteurs de  Peire Vidal
(7)  Cette fois,  je laisse la version d’Anglade mais je mets ici une alternative de notre cru parce que les adjectifs « pros » et « cabals » sont tout de même  à tiroirs :  il est bien connu et établi combien je suis valeureux (méritant, bon)  et puissant (excellent, juste, loyal).
(8)  Anglade :  « Mais je suis d’un naturel à ne jamais faire le fanfaron »


Au sujet de la courtoisie, vous pouvez également consulter cet article   :   réflexions sur l’amour courtois au Moyen Âge.

En vous souhaitant une belle  journée.

Frédéric EFFE.
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.

Le Testament de Villon mis en musique et chanté par Evgen Kirjuhel

Francois_villon_poesie_litterature_medievale_ballade_menu_propos_analyseSujet : poésie médiévale, ballade,  auteur médiéval, moyen-français,  poésie morale, folk, musique
Auteur   :   François Villon  (1431-?1463)
Titre :   extrait du testament
Période : moyen-âge tardif, XVe siècle.
Interprète  :    Evgen Kirjuhel
Album: 12 poèmes  en langue française

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous nous éloignons un peu des compositions   musicales  purement médiévales pour revenir aux inspirations plus modernes qu’ont pu susciter les auteurs et poètes du Moyen-âge chez nos compositeurs et chanteurs contemporains. C’est avec   François Villon que nous y revenons. On sait  qu’il a  inspiré Georges Brassens,  Léo  Ferré,  Monique Morelli et d’autres encore   et,   pour cet article,   c’est  un   extrait du Testament mis en musique et chanté par   Evgen Kirjuhel  que nous vous présentons.

Un extrait du testament de François Villon chanté par   Evgen Kirjuhel

Evgen Kirjuhel itinéraire et portrait
d’un artiste  insatiable

Né en 1929, Evgen Kirjuhel (nom de scène et d’écriture de Jean Frédéric Brossard) est un auteur-compositeur-chanteur à la longue carrière. Inclassable, il  a, jusque là, œuvré dans un registre qui va de la chanson bretonne et française poétique ou sociale, à des expérimentations textuelles et musicales  aux origines culturelles très diverses   : de la Grèce ancienne à la musique contemporaine, au jazz, au flamenco, en passant par bien d’autres univers  musicaux ou poétiques.

Chanson sociale et militante

D’origine parisienne, l’artiste s’est cherché dans les arts du théâtre  et de la musique   jusqu’aux années 68.  Leur impact a éveillé chez lui une vocation plus engagée et il s’est alors engagé plus clairement vers la chanson militante et sociale. Durant ces années là, il s’est rangé notamment aux côtés des révoltes ouvrières et paysannes. Installé en Bretagne, il a fait, un peu plus tard, evgen-kirjuhel-12-poemes-album-parcours-francois-villonl’apprentissage de la langue et commencé à écrire, ses premières chansons bretonnes. Il allait, bientôt, en devenir une des icônes. La mouvance folk bat alors son plein dans la région. L’artiste la côtoie tout en restant un peu à  part. Son intérêt reste à la colère sociale et, dans les années qui suivent,  il  conservera ce ton à la fois militant et poétique. Il créera même son propre label indépendant pour véhiculer  ses  textes et ses  compositions.

Le temps des voyages

La fin des années 70 sera source pour Evgen Kirjuhel  de  nouveaux horizons. La Bretagne a-t-elle un peu perdu de sa verve et laissé en chemin certains des engagements militants des premières heures des soixante-dix  ? En tout cas, l’artiste  s’en est  éloigné avec, dans ses valises, grand soif d’aventure et de découvertes : Allemagne, Afrique, Grèce, il est de tous les voyages et de toutes les expériences. S’il n’est pas question pour lui de faire le deuil de ses sensibilités premières, sans doute cherche-t-il aussi  autre chose à présent ;    d’autres nourritures. La poésie des grands auteurs l’inspire, celle des celtes, des  français  mais encore  celle des grecs anciens. Ses recherches s’étendent aussi  sur l’expérimentation instrumentale et musicale à partir des berceaux culturels qu’il explore et au delà,  à l’inde, au Tibet, la Turquie, le Japon, et même la musique plus contemporaine. Il inventera même un instrument à la mesure de sa créativité, une harpe baptisée « nucléaire » aux cordes métalliques  et au  son unique.

Cherchant son propre chemin poétique et musicale dans la synthèse et la modernité, Evgen se refuse à être cantonné au registre des musiques folkloriques ou traditionnelles. Il ne l’a, du reste, jamais été, puisque, face aux compositions anciennes, il n’a cessé de vouloir les transcender, recomposer,  adapter, actualiser. En 1996, à l’aube des  années 2000, il fondera   Revoe Productions  une maison d’édition  à sa mesure, pour distribuer ses productions :    quelques simples syllabes pour une triple lecture et une  étymologie qui contient  à la fois tous ses rêves, toute sa révolte et  tout son goût pour l’évolution ; trois clefs essentiels pour comprendre son itinéraire atypique.

12 poèmes en langue française, l’album

villon-folk-le-testament-album-12-poemes-Evgen-KiruhelEn 86, Evgen  Kirjuhel   décida de faire tribut aux poètes de langue française, de Villon à Rimbaud. Il  mis ainsi  en chansons 12 poèmes et donna ce même titre à son album. Il en composa toutes les mélodies et les chanta lui même. Comme vous pourrez l’entendre ici, il  fit le choix de moderniser la langue de Villon et de l’adapter légèrement pour la mettre à portée de tous.

L’album fut salué, dès sa sortie, par Telerama. Il a été réédité en 2004 par Revoe Productions et on peut le trouver en ligne au format CD   ou même  en MP3,  avec la possibilité de l’acquérir  par pièces. Voici un lien utile pour en savoir plus ou pour le pré-écouter : 12 Poèmes de Evgen Kirjuhel.


Sélection faite par Evgen Kirjuhel
dans  les strophes du Testament de Villon

I
En l’an trentiesme de mon aage,
Que toutes mes hontes j’eu beues,
Ne du tout fol, ne du tout sage.
Nonobstant maintes peines eues, (…)

XXII
Je plaings le temps de ma jeunesse,
Ouquel j’ay plus qu’autre gallé,
Jusque à l’entrée de vieillesse,
Qui son partement m’a celé. (…)

XXVI
Bien sçay se j’eusse estudié
Ou temps de ma jeunesse folle,
Et à bonnes meurs dedié,
J’eusse maison et couche molle!
Mais quoy? je fuyoye l’escolle,
Comme faict le mauvays enfant…
En escrivant ceste parolle,
A peu que le cueur ne me fend.

XXIX
Où sont les gratieux gallans
Que je suyvoye au temps jadis,
Si bien chantans, si bien parlans,
Si plaisans en faictz et en dictz?
Les aucuns sont mortz et roydiz;
D’eulx n’est−il plus rien maintenant.
Respit ils ayent en paradis,
Et Dieu saulve le remenant!

XXX
Et les aucuns sont devenuz,
Dieu mercy! grans seigneurs et maistres,
Les autres mendient tous nudz,
Et pain ne voyent qu’aux fenestres;
Les autres sont entrez en cloistres;
De Celestins et de Chartreux,
Bottez, housez, com pescheurs d’oystres:
Voilà l’estat divers d’entre eulx.

XXXV
Pauvre je suys de ma jeunesse,
De pauvre et de petite extrace.
Mon pere n’eut oncq grand richesse.
Ne son ayeul, nommé Erace.
Pauvreté tous nous suyt et trace.
Sur les tumbeaulx de mes ancestres,
Les ames desquelz Dieu embrasse,
On n’y voyt couronnes ne sceptres.

XXXIX
Je congnoys que pauvres et riches,
Sages et folz, prebstres et laiz,
Noble et vilain, larges et chiches,
Petitz et grans, et beaulx et laidz,
Dames à rebrassez colletz,
De quelconque condicion,
Portant attours et bourreletz,
Mort saisit sans exception.

XL
Et mourut Paris et Hélène.
Quiconques meurt, meurt à douleur.
Celluy qui perd vent et alaine,
Son fiel se crève sur son cueur,
Puys sue Dieu sçait quelle sueur!
Et n’est qui de ses maulx l’allège:
Car enfans n’a, frère ne soeur,
Qui lors voulsist estre son pleige.

XLI
La mort le faict frémir, pallir,
Le nez courber, les veines tendre,
Le col enfler, la chair mollir,
Joinctes et nerfs croistre et estendre.
Corps féminin, qui tant est tendre,
Polly, souef, si precieulx,
Te faudra−il ces maulx attendre?
Ouy, ou tout vif aller ès cieulx.


Une  belle  journée.

Frédéric EFFE.
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen-âge  sous toutes ses formes

« Puisque Belle dame m’eime », un chant polyphonique courtois du XIIIe

trouveres_troubadours_musique_poesie_medievale_musique_ancienneSujet : codex de Montpellier,   musique, chanson médiévale, amour courtois, vieux-français,  chants polyphoniques, motets,
Période :   XIIIe siècle, Moyen Âge central
Titre:   
Puisque Bele Dame m’eime
Auteur :    Anonyme

Interprète :  Anonymous 4
Album : 
Love’s Illusion Music from the Montpellier Codex 13th Century (1993)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous vous avions déjà présenté, il y a quelques semaines, une pièce du Chansonnier médiéval de Montpellier  ( ou   Codex de Montpellier  H196 )  et nous poursuivons aujourd’hui son exploration.

Pour rappel, ce manuscrit ancien des débuts du XIVe fait un immense tribut aux chants polyphoniques et aux motets  du  XIIIe siècle. Il présente, en effet, pas moins de 336 pièces de ce type ( voir article précédent sur le Codex de Montpellier). La chanson médiévale que nous vous présentons, ici, est  àamour-courtois-musique-medievale-motets-chansonnier-montpellier-Moyen-age_s  l’image de la majorité d’entre elles puisqu’il s’agit d’un motet  d’amour courtois ayant pour titre « Puisque Bele Dame m’eime ».   On peut  la trouver interprétée par un certain nombre d’ensembles sur la scène des musiques anciennes et médiévales. De notre côté, nous avons choisi la version de la formation américaine Anonymous 4 pour vous la faire découvrir et nous en profiterons pour vous présenter ce quatuor vocal  à la longue    carrière.

« Puisque Belle Dame m’eime » par L’Ensemble  New-Yorkais Anonymous 4

Anonymous 4 sur les ailes des chants polyphoniques  de  l’Europe médiévale

L’ensemble Anonymous 4 est le fruit de la rencontre de  quatre chanteuses américaines, à l’occasion d’une session d’enregistrement dans un studio new-yorkais, au printemps 1986. Réunies autour d’une même passion pour  les chants polyphoniques et de musique médiévale,   il n’en fallut pas moins pour donner naissance à cette formation.   A plus de  trente ans de là, Anonymous 4  s’est  produit sur scène au cours de plus de 1500 représentations  sur tout le territoire américain. La quatuor a aussi   fait connaître et voyager son art dans la bagatelle de  trente -cinq pays.

amour-courtois-musique-medievale-chants-polyphoniques-anonymous-4Au cours de cette longue carrière qui  a vu son dernier concert en 2015,   Anonymous 4  a fait paraître  près de 30 albums, incluant quatre anthologies pour saluer leur large contribution à la scène des musiques anciennes et médiévales.   La formation ne s’est pas cantonnée au répertoire médiéval et on la retrouve également sur des chants de Noël, des chansons  du temps de la guerre civile américaine ou encore sur des chants celtiques ou anglais plus folkloriques. Du côté du Moyen Âge qui reste tout de même son terrain de prédilection,  Anonymous 4 a eu l’occasion d’exercer son talent sur de nombreux thèmes :  les visions d’Hildegarde de Bingen, les chants dédiés au culte marial médiéval,   le répertoire de Francisco Landini,  et encore bien d’autres  chansons de l’Europe médiévale : France, Angleterre, Hongrie,  Espagne, etc…

Membres de la formation   Anonymous  4

La dernière formation  était composée de   Ruth Cunningham, Marsha Genensky, Susan Hellauer et Jacqueline Horner-Kwiatek.   Au départ, elle fut  fondée par Ruth Cunningham, Marsha Genensky, Susan Hellauer et Johanna Maria Rose.

Voir le site web de Anonymous  4   (en anglais) – Page FB

Love’s Illusion,   l’illusion de l’amour (courtois) autour  du  chansonnier de Montpellier

En  1993, Anonymous 4   proposait au public un album  intitulé « Love’s Illusion » autour du codex de Montpellier et de ses chants courtois  polyphoniques. Ces pièces étant courtes, le quatuor féminin décidait d’en proposer un bon    chanson-musique-medievale-album-amour-courtois-codex-montpellier-moyen-age nombre et on en retrouve ainsi pas moins de 29 sur cette production.

Publié chez Harmoni Mundi, on peut encore trouver des exemplaires de cet album à la vente  en ligne. Voici un lien pour en savoir plus  : Love’s Illusion – Motets français des XIIIe et XIVe siècles (CD catalogue). Vous pourrez même y écouter des extraits de chacune des pièces.


Flos filius, « Puisque bele dame m’eime« 

Partition de cette chanson médiévale

On retrouve la partition moderne de cette pièce médiévale  chez Hans Tischler.  En 1978,   le compositeur et musicologue américain  a, en effet, réalisé un excellent travail de transcription musicale sur les pièces du Codex de Montpellier : The Montpellier Codex Fascicles 6,7 and 8.

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« Puisque Bele dame m’eime » – chanson médiévale du Codex de Montpellier. Partition de Hans Tischler

Les paroles en    vieux français
et leur traduction en français moderne

Puisque bele dame m’eime
Destourber ne m’i doit nus;
Quar iere si loiaus drus
Que je n’iere ja tensus
Pour faus amans ne vantanz.
Ja li mesdisant
N’en seront joiant,
Car nul mal ne vois querant;
Mes qu’ami me cleime
Je ne demant plus.

 » Puisque belle dame m’aime
Nul ne doit m’en  empêcher ;
Car j’ai toujours été amant loyal
Et jamais on ne m’a accusé d’être
Faux amant (infidèle) ou vantard.
Désormais, les médisants
Ne pourront plus se réjouir,
Car nul autre mal, je ne cherche ;
Qu’elle me proclame  son ami (amant)
Je ne demande rien de plus. »


En vous souhaitant une  excellente journée

Fred
Pour moyenagepassion.com
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« S’eu fos en cort » la chanson médiévale d’un fine amant en peine par Peire Vidal

peire_vidal_troubadour_toulousain_occitan_chanson_medievale_sirvantes_servantois_moyen-age_central_XIIeSujet : musique, poésie, chanson médiévale, troubadours, occitan, langue d’oc, amour courtois, Provence médiévale, fine amor, fine amant
Période : Moyen Âge central, XIIe, XIIIe siècle
Auteur : Peire Vidal (? 1150- ?1210)
Titre : S’eu fos en cort
Interprète : Ensemble Peregrina
Album :   Cantix (2013)

Bonjour à tous,

E_lettrine_moyen_age_passionn suivant les pas de Peire Vidal et de ses désillusions amoureuses, nous vous entraînons, cette fois,  du côté de la Provence médiévale. Nous sommes   quelque part entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle  et  le troubadour nous conte  comme il se trouve mis à mal par l’indifférence de sa dame.  Sous les formes (habituelles pour l’époque) de la courtoisie, cette chanson médiévale est l’histoire d’une impasse et, comme tout bon loyal amant continue de l’être,  quelquefois, au delà de toute raison, le poète s’accroche  à ses sentiments  autant qu’à son désespoir de ne pas les voir aboutir.

Pour servir cette  belle chanson en occitan médiéval, dont nous vous proposerons une traduction, nous avons choisi l’interprétation d’une formation de talent : l’Ensemble Peregrina, ce qui nous donnera l’occasion de vous la    présenter.

S’eu fos en cort, de Peire Vidal par l’Ensemble Peregrina

L’Ensemble Peregrina

L’ensemble  Peregrina a été  fondé à Bâle, en 1997, par la musicologue et  chanteuse   Agnieszka Budzińska-Bennett (au centre, sur la photo ci- dessous). Il a des relations étroites avec la Schola Basiliensis Cantorum puisque c’est là que ses membres se sont rencontrés. On se souvient que cette école suisse spécialisée dans l’apprentissage des musiques anciennes et médiévales a vu passer des professeurs de renom (voir autobiographie intellectuelle de Jordi Savall) mais qu’elle a aussi favorisé la formation de  nombreux ensembles de talent.

ensemble-medieval-Peregrina-album-musique-moyen-ageDès sa formation, Peregrina a opté pour un répertoire très clairement médiéval avec une prédilection pour les musiques sacrées ou profanes du Moyen Âge central à tardif (XIIe au XIVe siècle). Depuis sa création, il y a presque 20 ans, l’ensemble a fait du chemin. Il s’est produit en concert sur de nombreuses scènes en Europe (Suisse, Pologne, Espagne, Allemagne, France, Angleterre, Estonie, …) mais aussi aux Etats-Unis. Il a également produit un nombre important d’albums sur les thèmes les plus divers :  musiques médiévales de l’Europe du nord (Finlande, Suède et Danemark),  musiques   du Tyrol,  compositions autour de Saint-Nicolas , chants dévots à la vierge du XIIe siècle, etc… A différentes occasions, Peregrina  a reçu de nombreux prix et sa reconnaissance sur la scène des musiques médiévales est, aujourd’hui, largement établie.

Voir le site web de l’Ensemble Peregrina (anglais)Voir sa Page FB

L’album Cantrix
Musique Médiévale pour Saint Jean-Baptiste

Enregistré en 2012 et mis à la distribution l’année suivante, l’album Cantrix  a pour vocation de faire tribut aux musiques médiévales autour de Saint Jean-Baptiste,  notamment tel qu’on le chantait dans les couvents royaux des  hospitalières de  Sigena et des Cisterciennes de   Las Huelgas.

On y retrouve des musiques principalement liturgiques extraites, dont  une grande partie, issues du Codex  de    Las Huelgas.   L’ombre de la Reine Sancha qui fonda un monastère en Aragon plane aussi  sur cet album.  Ceci explique la présence de  pièces issues du répertoire des troubadours, une de Rostainh Berenguier de Marselha et celle du jour de Peire Vidal. On la retrouve  sous deux formes dans l’album :   en version vocale et   musicale.  Comme on le verra, dans sa chanson, le troubadour provençal et occitan  fait allusion à la grandeur d’une reine d’Aragon et son roi et leur adresse même cette création. Au vue des éloges qu’il y prodigue à leur encontre,  il semble bien qu’il s’étaitmusique-medievale-album-ensemble-peregrina-cantix-moyen-age  fait des deux monarques  des  protecteurs très appréciés et bienveillants.

Pour revenir à l’album Cantrix, sa sortie coïncidait aussi avec l’anniversaire les 900 ans de l’Ordre de Malte et sa reconnaissance par le pape.  Il a d’ailleurs été co-produit par  l’Association Suisse pour le règne souverain de l’Ordre de Malte (la Swiss Association of the Sovereign Order of Malta). On y retrouve 24 pièces  dont une majorité de chants polyphoniques et motets, mais aussi des pièces plus instrumentales.

L’album est encore disponible à la vente en ligne. Voici un lien utile pour plus d’informations :   Cantrix. Musique Médiévale pour Saint Jean-Baptiste. Ensemble Peregrina.

Membres de  l’Ensemble Peregrina sur cet album

Agnieszka Budzińska-Bennett  (dir, voix, harpe), Kelly Landerkin, Lorenza Donadini, Hanna Järveläinen, Eve Kopli, Agnieszka Tutton (voix),  Baptiste Romain (vièle),  Matthias Spoerry (voix)


S’eu fos en cort de Peire Vidal
de l’Occitan au Français moderne

Pour nous guider dans la traduction de cette chanson, nous avons suivi   les travaux de  Joseph Anglade : Les  poésies de Peire Vidal (1913). Nous les avons complétés avec des recherches personnelles sur divers lexiques et dictionnaires occitans. Se faisant, il n’est jamais question d’arrêter une version définitive, ni d’en avoir la prétention, mais plus d’ouvrir d’autres pistes et même, par endroits, de susciter certaines interrogations sur les sens et les  interprétations.

S’eu fos en cort on hom tengues dreitura,
De ma domna, sitôt s’es bon’ e bela,
Me clamera, qu’a tan gran tort mi mena
Que no m’aten plevi ni covinensa.
E donc per que.m promet so que no.m dona,
No tem peccat ni sap ques es vergonha.

Si j’étais dans une cour où on obtienne justice,
De ma dame, quoiqu’elle soit bonne et belle,
Je me plaindrais, car elle me traite avec tant d’injustice,
En ne respectant ni promesse, ni convention (gage, accord).
Et puisqu’elle me promet ce qu’elle ne me donne pas;
Elle ne craint pas le péché et ne sait ce qu’est la honte.

E valgra.m mais quem fos al prim esquiva,
Qu’ela’m tengues en aitan greu rancura ;
Mas ilh o fai si com cel que cembela,
Qu’ab bels semblans m’a mes en mortal pena,
Don ja ses leis no cre aver garensa,
Qu’anc mala fos tan bêla ni tan bona.

Il eut mieux valu qu’elle me fut, d’emblée, farouche,
Puisqu’elle me tient dans un chagrin (rancune ?) si grand et si sévère
Mais elle a fait comme celui qui tend un piège (au moyen d’un leurre)
Puisqu’avec ses belles apparences, elle m’a mis dans une peine mortelle,
Dont jamais sans elle, je ne crois pouvoir  me guérir
Tant, pour mon malheur, elle n’eut sa pareille en beauté et en bonté.

D’autres afars es cortez’ e chauzida,
Mas mal o fai, car a mon dan s’abriva,
Que peitz me fai, e ges no s’en melhura,
Que mals de dens, quan dol en la maissela;
Que.l cor me bat e.m fier, que no.s refrena,
S’amors ab leis et ab tota Proensa.

En d’autres affaires, elle est courtoise et distinguée (indulgente, avisée ?)
Mais elle agit mal, car elle s’acharne à me causer de la peine,
En me faisant le pire et cela ne s’améliore en rien,
Pas plus que le mal de dents quand il s’étend à la mâchoire ;
Au point que mon cœur bat et frappe, sans se refréner,
D’amour pour elle, dans toute la Provence.

E car no vei mon Rainier de Marselha,
Sitot me viu, mos viures no m’es vida ;
E.l malautes que soven recaliva
Garis mout greu, ans mor, si sos mals dura.
Doncs sui eu mortz, s’enaissi.m renovela
Aquest dezirs que.m tol soven l’alena.

Et puisque je ne vois mon Rainier de Marseille,
Quoique je vive, ce n’est pas une vie ;
Et comme le malade, qui ne cesse d’avoir de la fièvre
Est plus dur à guérir, et meurt, si son mal persiste.
Ainsi je suis bien mort, si ne cesse de se renouveler,
Ce désir qui me prive souvent de respiration.

A mon semblan mout l’aurai tart conquista,
Car nulha domna peitz no s’aconselha
Vas son amic, et on plus l’ai servida
De mon poder, eu la trob plus ombriva.
Doncs car tan l’am, mout sui plus folatura
Que fols pastres qu’a bel poi caramela.

A ce qu’il me semble, je l’aurais conquise trop tard,
Car nul femme ne prend de si dures résolutions,
Envers son ami (amant), et plus je l’ai servie
De toutes mes forces, plus je la trouve ombrageuse.
Ainsi puisque je l’aime tant, je suis encore plus fou
Que le pâtre qui joue du chalumeau sur une belle colline.

Mas vencutz es cui Amors apodera ;
Apoderatz fui quan ma domn’ aic vista,
Car nulh’autra ab leis no s’aparelha
De pretz entier ab proeza complida.
Per qu’eu sui seus e serai tan quan viva,
E si no.m val er tortz e desmezura.

Mais il est vaincu celui que l’amour possède
Je fus pris dès que j’ai vu ma dame,
Car nulle autre ne lui ressemble,
De ses mérites entiers à sa bonté parfaite.
Et pour cela je suis à elle et le resterais aussi longtemps que je vivrais
Et si elle ne me porte secours ce sera tort et démesure.

Chansos, vai t’en a la valen regina
En Arago, quar mais regina vera
No sai el mon, e si n’ai mainta quista,
E no trob plus ses tort e ses querelha.
Mas ilh es franc’ e leials e grazida
Per tota gent et a Deu agradiva.

Chanson, va-t-en jusqu’à la vaillante reine
En Aragon, car reine plus authentique
Je ne connais au monde, et pourtant j’en ai vu plus d’une
Et je n’en trouve d’autre, sans tort et sans tâche
Mais, elle, est franche, et loyale et gracieuse
aimée de tous et de Dieu.

E car lo reis sobr’autres reis s’enansa,
Ad aital rei coven aitals regina.

Bels Castiatz, vostre pretz senhoreja
Sobre totz pretz, qu’ab melhors faitz s’enansa.

Mon Gazanhat sal Deus e Na Vierna,
Car hom tan gen no dona ni guerreja.

Et puisque le roi au dessus des autres rois s’élève,
A un tel roi convient une telle reine.

Beau Castiat (1), votre mérite surpasse
tous les mérites, car il s’élève par de plus hauts faits (nobles actions).

Dieu sauve mon Gazanhat (profit, protecteur ?) et dame Vierna (2),
Car personne ne sait mieux qu’eux donner et guerroyer.


Notes

(1)   Castiatz : Raymon V de Toulouse, protecteur du troubadour. d’après M.E Hoepffner suivi par une grande majorité de médiévistes depuis.

(2)   Na Vierna : Dame très souvent mentionnée dans les poésies de Vidal, et qui d’après Hoepffner vivait certainement dans l’entourage du comté de Toulouse. Dans ses poésies, Peire Vidal la mentionne, en effet, systématiquement  en même temps que Castiatz.  Dans un article de 1943, la philologue et médiéviste Rita Lejeune  nous apprend que son nom véritable aurait été  Vierna de  GangesSelon elle toujours, cette Na Vierna aurait pu être plus proche du comte de Toulouse que seulement une vassale et lointaine parente. Elle pense même que serait cette dame à laquelle le troubadour aurait volé un baiser qui allait lui coûter son exil de Toulouse par le comte lui même. En suivant son raisonnement, ce serait peut-être encore la dame à laquelle est destinée cette pièce. Très sincèrement, il n’existe aucun moyen de vérifier cela aussi libre à vous de suivre ou non la médiéviste dans ses allégations et son raisonnement. (Voir Les personnages de   Castiat  et de  Na Vierna  dans Peire Vidal,  Annales du Midi, Tome 55, N°217-218, 1943). 

En vous souhaitant une belle  journée.

Frédéric EFFE.
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval    sous toutes ses formes.