vec un peu d’avance, nous vous souhaitons un joyeux Noël ainsi que d’excellentes fêtes de fin d’année 2019. Nous envoyons une pensée toute particulière à tous ceux qui les passeront au travail ou, d’une manière générale, dans des circonstances difficiles ou défavorables.
Notes sur l’illustration
L’enluminure qui a servi de fond à notre illustration a été empruntée à un manuscrit médiéval daté des débuts du XIVe siècle (1310). Il s’agit du Psautier de Robert de Lisle, référencé Arundel MS 83. On peut le trouver au format numérique sur le site web de la British Library où il est actuellement conservé. Consulter ce manuscrit en ligne.
Nous profitons également de ce court message pour vous remercier de votre fidélité au long de cette année 2019.
Encore de joyeuses fêtes à tous .
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
ux portes des congés de fin d’année, nous vous souhaitons dors et déjà, à tous, d’excellentes fêtes. Que vous les passiez en famille et au repos, au travail et aux astreintes, ou plus solitaire et, peut-être encore dans des circonstances moins favorables, sachez que nos pensées et nos vœux vous accompagnent.
Manuscrit ancien : l’Evangéliaire d’Averbode
NB : l’illustration ayant servi de base à cette carte provient d’une miniature datant du moyen-âge central et représentant la nativité. Elle est tirée de l’Évangéliaire d’Averbode (vers 1150).
Sujet : poésie, littérature renaissante, poète, poésies courtes, ballade, Noël, exercice de style. Période : début renaissance, XVIe siècle Auteur : Clément MAROT(1496-1544) Titre : « Du jour de Noël » Ouvrage : Oeuvres complètes de
Clément Marot, P. Jannet (1873) et divers.
Bonjour à tous,
ous publions aujourd’hui, une ballade de saison et de circonstance qui nous vient du XVIe siècle et de Clément Marot. Elle est dédiée aux fêtes de Noël et on y retrouve la légèreté à laquelle le poète nous a souvent habitué ici.
Peut-être est-ce une commande, comme le suppose le commentateur d’une édition des œuvres complètes du poète datant de 1731 (chez P. Gosse & J. Neaulme) qui nous dit encore, à juste titre, au sujet de cette poésie que « c’est un jeu d’esprit qui fait moins connaître le génie du poète que la fertilité de son imagination ».
En Bref, pas satirique, pas non plus totalement dévote, cette ballade reste plus proche d’un exercice de rhétorique ou de style. C’est une invitation légère à la fête et à l’amusement dans le pur esprit marotique et, en dehors de ses références bibliques nombreuses et certaines, il ne faut sans doute pas lui chercher plus de profondeur sur le fond. Au delà de sa thématique et sur sa forme, sa particularité reste que toutes ses rimes finissent en C et qu’on les retrouve aussi précédées des différentes voyelles de l’alphabet, au fil de la poésie : ac, ec, ic, oc, uc.
Ballade XI. Du jour de Noël
Or est Noël venu son petit trac*, (piste, chemin) Sus donc aux champs, bergieres de respec; Prenons chascun panetiere et bissac*, (besace) Fluste, flageol, cornemuse et rebec, Ores n’est pas temps de clorre le bec, Chantons, saultons, et dansons ric à ric*: ( avec application et rigueur) Puis allons veoir l’Enfant au povre nic, Tant exalté d’Helie, aussi d’Enoc*, (Elie, Henoch biblique) Et adoré de maint grand roy et duc; S’on nous dit nac, il faudra dire noc. Chantons Noël, tant au soir qu’au desjuc (1).
Colin Georget, et toy Margot du Clac. Escoute un peu et ne dors plus illec (ici, en ce lieu) : N’a pas longtemps, sommeillant près d’un lac, Me fut advis qu’en ce grand chemin sec Un jeune enfant se combatoit avec Un grand serpent et dangereux aspic; Mais l’enfanteau, en moins de dire pic, D’une grand’ croix luy donna si grand choc Qu’il l’abbatit et luy cassa le suc*(col, tête); Garde n’avoit de dire en ce defroc*(déroute, désastre) : Chantons Noël tant au soir qu’au desjuc.
Quand je l’ouy frapper, et tic et tac, Et luy donner si merveilleux eschec, L’ange me dit d’un joyeux estomac: Chante Noël, en françoys ou en grec, Et de chagrin ne donne plus un zec, (2) Car le serpent a esté prins au bric. Lors m’esveillay, et comme fantastic Tous mes troupeaux je laissay près un roc. Si m’en allay plus fier qu’un archiduc En Bethleem : Robin, Gauthier et Roch, Chantons Noël tant au soir qu’au desjuc.
ENVOY. Prince devot, souverain catholic, Sa maison n’est de pierre ne de bric, Car tous les vents y soufflent à grand floc; Et qu’ainsi soit, demandez à sainct Luc. Sus donc avant, pendons soucy au croc, Chantons Noël tant au soir qu’au desjuc.
(1) Desjuc : petit matin, moment où l’on se lève
(2) De zest : un rien, une chose sans valeur (glossaire d’un édition des oeuvres complètes de Marot, Edition Rapilly, Tome 3,1824 )
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
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l’approche des fêtes, il est temps de publier quelques éléments sur noël sous l’angle de la poésie médiévale. Nous vous partageons donc ici, plusieurs extraits, et entre autre, la célèbre ballade des proverbes de François Villon puisqu’il en inclue un de circonstances sur Noël.
Cette allusion de Villon à Noël, même si elle scande sa ballade, ne peut pas tellement être considérée comme une poésie dédiée à la célébration de la nativité, mais il faut dire que si on chante Noël en latin dans les cantiques et les églises durant ce long moyen-âge, les poètes médiévaux qui nous sont connus, se sont, quant à eux, assez peu exercés sur le sujet, et s’ils l’ont fait, peu de leurs textes nous sont parvenus, à ce jour.
Les fêtes de Noël,
de Chrétien de Troyes à Clément Marot
Dans Perceval, le roman de Graal, le célèbre Chrétien de Troyes mentionnera la célébration de la nativité, en simple forme d’allusion à un long repas, comme ceux que l’on fait alors autour des fêtes de Noël.
« Mes sire Gauvains coste a coste Fist delez lui mangier son oste, Et li mangiers ne fut pas corz, Qu’il dura plus que uns des jorz Antor Natevité ne dure »
Messires Gauvin à ses côtés, Qui avait fait de lui son hôte, Et le repas ne fut pas bref Qui dura plus qu’un des jours Autour de Nativité dure
Chrétien de Troyes, Perceval, le conte de Graal, (XIIIe siècle)
On trouvera encore, dans le Fabliau de Cocagne (Cocaigne) du XIIIe siècle, une courte mention du sujet. Le Fabliau traite pourtant d’un pays imaginaire où tout se trouve en abondance, et où tous les jours sont fériés et propices à la fête:
« Quatre semaines font un mois , Et quatre Pasques a en l’an Et quatre festes Saint-Julian. Quatre toz saints , quatre Noex , Et quatre festes chandeleurs. »
Fabliau de Cocagne, XIIIe siècle.
Bien plus tard, dans l’hiver du moyen-âge et au début de la renaissance, Clément Marot de Cahors écrira quelques textes sur le sujet, dont une chanson que voici :
« Une pastourelle gentile Et un berger, en un verger, Lautrehier en jouant à la bille S’enlredisoient, pour abréger : Roger Berger, Légère Bergère, C’est trop à la bille joué : Chantons Noé, Noé, Noé. Te souvient il plus du Prophète Qui nous dit cas’ de si hault faicl, Que d’une pucelle parfaicte Naistroit un enfant tout parfaict ? L’effect Est faict : La belle Pucelle A un filz du ciel advoué : Chantons Noé, Noé, Noé. » Clément Marot Chanson XXV, un jour de Noël.
Ballade des proverbes de François Villon
Pour l’instant, place donc à la Ballade des proverbes de François Villon, dont on a dit que le poète médiéval l’adressa en 1458, à son mécène d’élection, Charles D’Orléans, afin de se réconcilier avec lui. Si c’est le cas, cela ne suffira pas à lui ré-ouvrir les portes de la cour, ni à lui regagner les faveurs du Prince.
Si elle ne nous dit pas grand chose des fêtes de Noël, mais nous le disions plus haut, les poètes médiévaux semblent les avoir peu chantées, cette ballade reste un précieux héritage sur les proverbes du XVe siècle. Comme il s’agit d’une véritable compilation d’adages, plus ou moins remaniés par le verbe de Villon, il demeure difficile d’y retrouver un fil conducteur, autre que le plaisir que prend ici l’auteur à jouer avec les mots:
Tant gratte chèvre que mal gît, Tant va le pot à l’eau qu’il brise, Tant chauffe-on le fer qu’il rougit, Tant le maille-on qu’il se débrise, Tant vaut l’homme comme on le prise, Tant s’élogne-il qu’il n’en souvient, Tant mauvais est qu’on le déprise, Tant crie-l’on Noël qu’il vient.
Tant parle-on qu’on se contredit, Tant vaut bon bruit que grâce acquise, Tant promet-on qu’on s’en dédit, Tant prie-on que chose est acquise, Tant plus est chère et plus est quise, Tant la quiert-on qu’on y parvient, Tant plus commune et moins requise, Tant crie-l’on Noël qu’il vient.
Tant aime-on chien qu’on le nourrit, Tant court chanson qu’elle est apprise, Tant garde-on fruit qu’il se pourrit, Tant bat-on place qu’elle est prise, Tant tarde-on que faut l’entreprise, Tant se hâte-on que mal advient, Tant embrasse-on que chet la prise, Tant crie-l’on Noël qu’il vient.
Tant raille-on que plus on n’en rit, Tant dépent-on qu’on n’a chemise, Tant est-on franc que tout y frit, Tant vaut « Tiens ! » que chose promise, Tant aime-on Dieu qu’on fuit l’Eglise, Tant donne-on qu’emprunter convient, Tant tourne vent qu’il chet en bise, Tant crie-l’on Noël qu’il vient.
Prince, tant vit fol qu’il s’avise, Tant va-il qu’après il revient, Tant le mate-on qu’il se ravise, Tant crie-l’on Noël qu’il vient.
François Villon, 1458
En vous souhaitant une belle journée à tous et de joyeuses fêtes de fin d’année.
Fred
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