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Kalenda maya : une poésie de Raimbaut de Vaqueiras sur une estampie du XIIe siècle

troubadours_provençaux_poesie_chanson_medievaleSujet : musique, danse, chanson et poésie médiévale, troubadours
Titre : Kalenda maïa, Kalenda maya (Calenda)
Auteur : Raimbaut de Vaqueiras,
Période : moyen-âge central, XII, XIIIe
Interprètes : Clemencic Consort , René Zosso , Album : Troubadours, Harmonia Mundi

Bonjour à tous,

n peu de danse, musique et poésie à la fois, aujourd’hui, avec la chanson célèbre Kalenda Maia. C’est de circonstance puisque nous sommes arrivés aux calendes de mai dont le chant nous parle, soit les premiers jours de ce mois ; contrairement à ce qu’on pourrait quelquefois le crois, rien à voir avec le calendrier maya.

« Ni les calendes de Mai
Ni les feuilles de hêtres,
Ni les chants d’oiseaux, ou les glaïeuls fleuries
Ne sont de mon goût,
O noble et joyeuse dame,
Jusqu’à ce qu’un messager de la flotte
envoyé par votre belle personne
vienne  me conter de nouveaux plaisirs d’amour et de joie
que vous m’apportez »
Raimbaut de Vaqueiras, Calendes de mai.

L’estampie : danse médiévale
des XIIe au XIVe siècles

On dit de cette chanson qu’elle a été chantée et même improvisée par le troubadour Raimbaut de Vaqueiras (1150 – 1207) sur la musique d’une estampie qui existait déjà. L’estampie est une danse du moyen-âge qui a été assez populaire du  XIIIe siècle jusqu’au XIVe siècle. On la suppose née en France d’où elle s’est répandue jusqu’en Angleterre où elle a connu une grande popularité. Concernant le morceau que nous partageons aujourd’hui, c’est, à ce jour, une des plus ancienne estampie connue qui nous soit parvenue (cf universalis). On notera que cette chanson a été également interprété par le troubadour italien Angelo Branduardi sur son album  » « Futuro Antico ». Rien d’étonnant quand on sait qu’en son temps Raimbaut de Vaqueiras fut au moins aussi populaire en Italie qu’en Provence sinon plus.

L’album « Troubadours » du Clemencic Consort
avec René Zosso

Pour la version que nous partageons aujourd’hui, elle est interprétée par le Clemencic Consort, accompagné de René Zosso. Au moment de la publication initiale, nous ne l’avions pas identifiée, aussi merci au visiteur qui a su rappeler à notre attention ce manque dans cet article ! C’était un des rares pour lequel nous n’avions pas l’interprète et l’occasion ne nous avait pas été donnée d’y revenir depuis sa parution. C’est chose faite, grâce à lui aussi merci encore.

clemencic-consort-rene-zosso_troubadours_calenda-maia_moyen-age_Raimbaut-de-VaqueirasOn peut retrouver cette chanson, aux côtés d’autres pièces en langue occitane, dans l’album Troubadours de l’excellent Ensemble médiéval de René Clémencic : Raimbaut de Vaqueiras y côtoie Bernart de Ventadorn, Peirol, Peire Vidal,  et encore une composition demeurée anonyme du XIIe siècle.  Enregistré en 1977, l’album a fait, depuis, l’objet de diverses rééditions. A ce jour, il est encore disponible à la vente en ligne au format vinyle mais aussi au format dématérialisé :  lien utile pour plus d’information ici.

Précisons qu’on peut trouver de nombreuses interprétations de Kalenda Maya, mais nous cherchions quelque chose de plus épuré qui puisse un peu nous rapprocher du contexte de sa création originale. Cette version qui reflète du reste bien l’esprit et le travail habituel de ce très bel  ensemble médiéval sort clairement  du lot.

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Raimbaut de Vaqueiras :
guerrier, chevalier et troubadour

Fils d’un chevalier de Provence de petite noblesse et désargenté, les talents de jongleur et troubadour que Raimbaut de Vaqueiras  (Vaucluse) développa  assez vite le firent admettre à la cour de Guillaume des Baux, prince d’Orange, où il put développer son art du chant et de la poésie tout en apprenant le maniement des armes. Il passa, par la suite, à la cour de Boniface de Montferrat où il demeura, semble-t-il, la plus grande partie de sa vie. Il resta attaché au service de ce dernier dont il fut le vassal et qui le fit aussi chevalier, Entre autres campagnes et batailles, il accompagna notamment le Marquis de Montferrat, à l’occasion de la quatrième croisade.

Raimbaut de Vaqueiras a laissé une œuvre qui se compose de trente trois poésies lyriques mais également d’une « lettre épique » adressée à Boniface et dans laquelle il conte, en plus de deux cent pieds de vers, sa vie de Chevalier et de troubadour. Ce document reste, à ce jour, un des seuls témoignages autobiographiques, écrit de la main troubadour_raimbaut_de_vaqueiras_chevalier_poete_kalenda_mayad’un troubadour, connu historiquement (cf The Poems of the Troubadour Raimbaut de Vaqueiras by Joseph Linskill,  Charles Roth, Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance).

Fait qui mérite encore d’être souligné, on lui doit encore une poésie de cinq strophes dont chacune d’entre elle est écrite  dans une langue différente : occitan, français, italien, gascon, galeïco-portugais et on dit encore de lui qu’il est un des troubadours qui aura le plus fait pour acclimater son art et la langue provençale dans la péninsule italienne! (ci-dessus Raimbaut de Vaqueiras, enluminures, BnF, Manuscrit 854, Recueil de poésies, en provençal, de troubadours, XIIIe siècle )

Outre le destin exceptionnel de cet homme, issu de famille pauvre et de petite noblesse, finalement adoubé et fait chevalier, Raimbaut de Vaqueiras fut aussi un des premiers troubadours à se rendre populaire dans les cours d’Italie du nord. On lui prête des talents qui vont de la poésie et l’art du troubadour jusqu’aux arts guerriers et on se trouve bien en peine de choisir celui qui le distingue le plus tant il montre des qualités dans les deux domaines.  De sa mort, on sait peu de chose et on suppose qu’il est peut-être mort au combat, aux côtés de son suzerain lors d’une bataille qui opposait ce dernier aux bulgares pour défendre son royaume de Romanie.

Les paroles et l’histoire de la Chanson:
Un chant d’amour courtois.

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Comme tous les troubadours, Rambaut de Vaqueiras était un provençal. Sa langue est donc, comme celle des troubadours, l’occitan. Nous n’avons pas cette langue dans notre besace et les langues latines que nous possédons sont de peu d’aide pour approcher la traduction de l’occitan. Concernant Kalenda Maya, nous en avons trouvé, pour l’instant une traduction anglaise et une autre italienne.  A ce jour, il semble bien en effet que la bible des textes de Raimbaut de Vaqueiras et leur traduction soit anglaise : « The Poems of the Troubadour Raimbaut de Vaqueiras. By Joseph Linskill ». Pour le coup, une telle traduction reste un peu du billard indirect et ne saurait atteindre des sommets en terme d’excellence linguistique, mais cela aura le kalenda_maya_amour_courtois_moyen_age_raimbaut_de_vaqueirasmérite de nous donner une idée du texte original à défaut de prétendre lui être totalement fidèle. Il faudra toutefois un peu de temps pour arriver au résultat et je la posterais plus tard dans le temps..

En deux mots quand même, et pour ne pas vous laisser trop sur votre faim, l’histoire est un chant d’amour courtois. Le troubadour y déclare donc sa flamme douloureuse à la belle dame qu’il convoite et qu’il n’a pas encore « pécho », conquise pardon! Le voilà donc tout à ses tourments dans l’attente d’un messager aux premiers jours de mai, et même les chants d’un oiseau, les glaïeuls en fleur ou les belles feuilles de hêtres ne peuvent le soustraire à son supplice. Tremblant qu’on ne lui prenne la belle Béatrice avant même qu’elle ne soit à lui mais confiant en ses grandes vertus, il lui déclare son amour transis tout au long du chant. Pour l’anecdote, on ne sait pas vraiment qui était cette dame Béatrice mais plusieurs poèmes de Raimbaut de Vaqueiras y font référence après qu’il ait rejoint la cour de Montferrat.


Les paroles originales  de Calenda Maïa, (Kalenda Maïa) en occitan

Kalenda maia
Ni fueills de faia
Ni chans d’auzell ni flors de glaia
Non es qe.m plaia,
Pros dona gaia,
Tro q’un isnell messagier aia
Del vostre bell cors, qi.m retraia
Plazer novell q’amors m’atraia
E jaia,
E.m traia
Vas vos, donna veraia,
E chaia
De plaia
.l gelos, anz qe.m n’estraia.

Ma bell’ amia,
Per Dieu non sia
Qe ja.l gelos de mon dan ria,
Qe car vendria
Sa gelozia,
Si aitals dos amantz partia;
Q’ieu ja joios mais non seria,
Ni jois ses vos pro no.m tenria;
Tal via
Faria
Q’oms ja mais no.m veiria;
Cell dia
Morria,
Donna pros, q’ie.us perdria.

Con er perduda
Ni m’er renduda
Donna, s’enanz non l’ai aguda
Qe drutz ni druda
Non es per cuda;
Mas qant amantz en drut si muda,
L’onors es granz qe.l n’es creguda,
E.l bels semblanz fai far tal bruda;
Qe nuda
Tenguda
No.us ai, ni d’als vencuda;
Volguda,
Cresuda
Vos ai, ses autr’ajuda.

Tart m’esjauzira,
Pos ja.m partira,
Bells Cavalhiers, de vos ab ira,
Q’ailhors no.s vira
Mos cors, ni.m tira
Mos deziriers, q’als non dezira;
Q’a lauzengiers sai q’abellira,
Donna, q’estiers non lur garira:
Tals vira,
Sentira
Mos danz, qi.lls vos grazira,
Qe.us mira,
Cossira
Cuidanz, don cors sospira.

Tant gent comensa,
Part totas gensa,
Na Beatritz, e pren creissensa
Vostra valensa;
Per ma credensa,
De pretz garnitz vostra tenensa
E de bels ditz, senes failhensa;
De faitz grazitz tenetz semensa;
Siensa,
Sufrensa
Avetz e coneissensa;
Valensa
Ses tensa
Vistetz ab benvolensa.

Donna grazida,
Qecs lauz’ e crida
Vostra valor q’es abellida,
E qi.us oblida,
Pauc li val vida,
Per q’ie.us azor, donn’ eissernida;
Qar per gencor vos ai chauzida
E per meilhor, de prez complida,
Blandida,
Servida
Genses q’Erecs Enida.
Bastida,
Finida,
N’Engles, ai l’estampida.


Voilà, pour la traduction complète en français, ce sera pour un peu plus tard. 🙂

En vous souhaitant une excellente journée.
Fred
pour moyenagepassion.com
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