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Poésie satirique : pièges de l’avidité et apologie du contentement avec le roman de la Rose

enluminure_roman-de-la-rose_poesie-medievale-satirique_moyen-age_XIIIe-siecle_manuscrit-francais-24392Sujet : poésie médiévale, littérature médiévale, pauvreté, richesse, poésie morale, poèsie satirique, vieux français, langue d’Oïl. manuscrit ancien, enluminure, miniatures.
Période : Moyen-âge central, XIIIe siècle.
Titre : Le Roman de la Rose
Auteur :  Guillaume De Lorris et Jean De Meung

Bonjour à tous,

L_lettrine_moyen_age_passion‘adage ne date pas d’hier : « L’argent ne fait pas le bonheur ». Au XIIIe siècle, l’un des plus célèbres écrit médiéval, le Roman de la Rose, abordait déjà la question des pièges liés à la course interminable aux richesses et aux avoirs. Contre l’avidité, l’avarice, et leur corollaire : la convoitise du bien d’autrui, l’ouvrage prenait ici un tour satirique, en allant jusqu’à montrer du doigt certaines classes de la société particulièrement propices, selon lui, à choir dans ces travers : marchands, usuriers et autres « lombards« , mais encore avocats et médecins.

Eloge de la pauvreté
ou Apologie du contentement ?

poesie-satirique-medievale_roman-de-la-rose_Guillaume-De-Lorris_Jean-De-Meung_Moyen-Age_XIIIe-siecle« Le Roman de la Rose »
G de Lorris et J de Meung,
Français 24392  (XVe siècle)  BnF,  
(à consulter ici)

L’extrait proposé ici et sa traduction en français moderne, (revisitée quelque peu) sont tirés d’un ouvrage de Louis Petit de Julleville : Morceaux choisis des auteurs français, Moyen Age et Seizième siècle (1881). Le normalien et professeur d’université du XIXe siècle, spécialiste de littérature médiévale, disait alors voir entre ces lignes, un « Éloge de la pauvreté »On pourrait tout autant y percevoir une mise en garde contre la démesure et l’avidité: « Pour autant qu’on ouvre grand la bouche, on ne peut boire toute l’eau en Seine »Sur le terrain moral de la lutte entre « avoir » ou « être », en littérature et poésies médiévales, c’est souvent ce dernier qui ressort victorieux, plus encore quand la poursuite de l’acquis prend la forme de l’obsession. S’il y a éloge, ici, plus que de pauvreté, c’est sans doute plutôt celle du contentement et d’un contentement finalement plus lié à une disposition d’esprit – une « attitude psychologique », dirait-on aujourd’hui -, qu’à des conditions matérielles :  « Nul n’est misérable, s’il ne croit l’être, qu’il soit roi, chevalier, ou ribaud. »

En relisant ces lignes du moyen-âge central, il est utile de se souvenir aussi, qu‘entre l’idéal christique du dépouillement et les excès des marchands du temple, les valeurs spirituelles chrétiennes du monde médiéval ont ménagé une bonne place à la voix du milieu : « Benoit est qui tient le moyen », nous dira  Eustache Deschamps, un peu plus d’un siècle après le Roman deco_medievale_enluminures_moine_moyen-agede la Rose, en marchant sur les traces d’Horace.

Si la pauvreté se trouve « glorifiée », par endroits dans les lettres, en dehors de certaines voies monastiques, elle n’est pas non plus souhaitée ou considérée comme un idéal à atteindre, loin s’en faut. La misère véritable ferait même plutôt peur à nombre de clercs et auteurs médiévaux qui, encore au XIIIe siècle, sont presque toujours issus d’une certaine noblesse ou bourgeoisie, fut-elle modeste. Du reste, pour coller à cette thématique de classes, dans la deuxième partie de cet extrait, au sujet de ces ribauds de la place de grève que Rutebeuf a su également si bien mettre en vers, on pourrait être tenté, de ressentir une pointe de condescendance même si, sans doute un tel jugement demeure subjectif, en plus d’être à contretemps. L’auteur semble, en effet, sincère et il met même l’accent sur une certaine « exemplarité » de ces classes déshéritées. Toutefois, en l’imaginant vivant lui-même dans une certaine aisance, quand il nous explique « regardez comme ils sont heureux, s’ils n’ont rien il s’en passe, sinon on les fait porter à l’Hotel Dieu, etc..« ,  un certain sens critique (sociologique et moderne) pourrait  avoir tendance à nous aiguillonner. Finalement, la bonne vieille question « D’où parlez-vous ? » n’en finit jamais d’être posée, même si elle se complique d’autant, quand de nombreux siècles nous séparent de celui qui porte la plume.


« Éloge de la Pauvreté ».
(Extrait du Roman de la Rose.)

Si ne fait pas richesce riche
Celi qui en trésor la fiche :
Car sofîsance solement
Fait homme vivre richement :
Car tex n’a pas vaillant dous miches
Qui est plus aese et plus riches
Que tex a cent muis de froment.
Si te puis bien dire comment
(…) Et si r’est voirs, cui qu’il desplese,
Nus marcheant ne vit aese :
Car son cuer a mis en tel guerre
Qu’il art tous jors de plus aquerre;
Ne ja n’aura assés aquis
Si crient perdre l’avoir aquis,
Et queurt après le remenant
Dont ja ne se verra tenant,
Car de riens desirier n’a tel
Comme d’aquerre autrui cbatel.
Emprise a merveilleuse peine,
Il bee a boivre toute Saine,
Dont ja tant boivre ne porra,
Que tous jors plus en demorra.
C’est la destresce, c’est l’ardure,
C’est l’angoisse qui tous jors dure;
C’est la dolor, c’est la bataille
Qui li destrenche la coraille,
Et le destraint en tel défaut,
Cum plus aquiert et plus li faut.
Advocat et phisicien
Sunt tuit lié de cest lien ;
Cil por deniers science vendent,
Trestuit a ceste hart se pendent :
Tant ont le gaaing dous et sade,
Que cil vodroit por un malade
Qu’il a, qu’il en eust quarente,
Et cil pour une cause, trente,
Voire deus cens, voire deus mile,
Tant les art convoitise et guile !..

Non, richesse ne rend pas riche
Celui qui la place en trésors.
Car seul le contentement
Fait vivre l’homme richement.
Car tel n’a pas vaillant deux miches
Qui est plus à l’aise et plus riche
Que tel avec cent muids (1) de froment.
Je te puis bien dire comment.
Et, il est vrai, à quiconque en déplaise
Nul marchand ne vit à l’aise ;
Car son cœur, a mis en telle guerre
Qu’il brûle toujours d’acquérir plus :
Et il n’aura jamais assez de biens 
S’il craint de perdre ceux qu’il détient,
Et court après ce qui lui manque,
Et qui  jamais ne sera sien.
Car tel, il ne désire rien 
Que d’acquérir d’autrui, les biens.
Son entreprise a grande peine ;
Il bée pour boire toute la Seine,
Quand jamais tant boire ne pourra , 
Car toujours, il en demeurera.
C’est la détresse, c’est la brûlure,
C’est l’angoisse qui toujours dure ;
C’est la douleur, c’est la bataille
Qui lui déchire le cœur 
Et l’étreint en tels tourments
Que plus acquiert et plus lui manque.
Avocats et médecins
Sont tous liés par ce lien.
Ceux-là pour deniers vendent science;
Et tous à cette corde se pendent,
Gain leur est doux et agréable;
Si bien que l’un, pour un malade
Qu’il a,  en voudrait quarante;
Et l’autre pour une cause, trente,
Voire deux cents, voire deux mille;
Tant les brûlent convoitise vile.

Mais li autre qui ne se lie
Ne mes qu’il ait au jor la vie,
Et li soflit ce qu’il gaaingne,
Quant il se vit de sa gaaingne,
Ne ne cuide que riens li faille,
Tout n’ait il vaillant une maille,
Mes bien voit qu’il gaaingnera
Por mangier quant mestiers sera,
Et por recovrer chauceiire
Et convenable vesteiire ;
Ou s’il avient qu’il soit malades,
Et truist toutes viandes fades,
Si se porpense il toute voie
Por soi getier de maie voie,
Et por issir hors de dangier,
Qu’il n’aura mestier de mangier ;
Ou que de petit de vilaille
Se passera, comment qu’il aille,
Ou iert a l’Ostel Dieu portés,
La sera moult reconfortés;
Ou, espoir, il ne pense point
Qu’il ja puist venir en ce point
Ou s’il croit que ce li aviengne,
Pense il, ains que li maus li tiengno»
Que tout a tens espargnera
Pour soi chevir quant la sera;
Ou se d’espargnier ne li cliaut,
Ains viengnent li froit et li chaut
Ou la fain qui morir le face,
Pense il, espoir, et s’i solace,
Que quant plus tost definera,
Plus tost en paradis ira…
Car, si corne dit nostre mestre,
Nus n’est chetis s’il ne l’cuide eslre,
Soit rois, chevaliers ou ribaus.

Mais cet autre qui ne se lie
Qu’à chaque jour gagner sa vie
Et à qui suffit ce qu’il gagne,
Quand il peut vivre de son gain ;
Il ne craint que rien ne lui faille,
Bien qu’il n’ait vaillant une maille.
Mais il voit bien qu’il gagnera
à manger, quand besoin aura
De quoi se procurer des chaussures
et un vêtement convenable.
Ou s’il advient qu’il soit malade,
Et trouve toutes viandes fades,
Il réfléchit à toute voie,
Pour se sortir du mauvais pas
Et pour échapper au danger,
Qu’il n’ait pas besoin de manger,
Ou que la moindre victuaille
Lui suffise, vaille que vaille;
Ou à l’Hôtel-Dieu, se fera porter
Où sera bien réconforté.
Ou peut-être ne pense-t-il point
Qu’il puisse en venir à ce point.
Ou s’il craint que tel lui advienne,
Il pense, avant que mal le prenne,
Qu’il aura le temps d’épargner
Quand il lui faudra se soigner,
Et s’il ne se soucie d’épargner,
Viendront alors le froid, le chaud
Ou la faim, qui l’emporteront,
 Peut-être, pense-t-il, et s’en console,
Que tant plus tôt il finira,
Plus tôt en paradis ira.
Ainsi, comme dit notre maître,
Nul n’est misérable, s’il ne croit l’être,
Qu’il soit roi, chevalier, ou ribaud.

Maint ribaus ont les cuers si baus,
Portans sas de charbon en Grieve ;
Que la poine riens ne lor grieve :
Qu’il en pacience travaillent
Et baient et tripent et saillent,
Et vont a saint Marcel as tripes,
Ne ne prisent trésor deus pipes *;
Ains despendent en la taverne
Tout lor gaaing et lor espergne,
Puis revont porter les fardiaus
Par leesce, non pas par diaus,
Et loiaument lor pain gaaignent,
Quant embler ne tolir ne l’daignent;
Tuit cil sunt riche en habondance
S’il cuident avoir soffisance ;
Plus (ce set Diex li droituriers)
Que s’il estoient usuriers !…

Maints ribauds ont les cœurs si vaillants,
Portant sacs de charbon en Grève* (la place de Grève),
Que la peine en rien ne leur pèse;
Mais ils travaillent patiemment,
Et dansent, et gambadent, et sautent;
Et vont à Saint-Marceau  aux tripes* (en acheter),
Et ne prisent trésor deux pipes;
Mais dépensent en la taverne
Tout leur gain et toute leur épargne ;
Puis retournent à leurs fardeaux,
Avec joie et sans en gémir,
Ils  gagnent leur pain avec loyauté,
Et ne daignent  ravir, ni voler;
Tous ceux-là sont riches en abondance,
S’ils pensent avoir leur suffisance,
Plus riches (Dieu le juste le sait)
Que s’ils étaient usuriers ! …

(1) Unité de mesure ancienne.


En vous souhaitant une excellente journée.
Fred
pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen-âge sous toutes ses formes

« Il me covient renvoisier », une chanson de Colin Muset entre courtoisie et invite aux ripailles

trouvere_poesie_medievale_chansons_lyrique-courtoise_moyen-ageSujet  : chanson médiévale, poésie médiévale, trouvère, fine amor, vieux-français,  lyrique courtoise, amant courtois. chansons bachiques, trouvère
Période :    moyen-âge central, XIIIe siècle.
Auteur   :    Colin Muset (1210-?)
Titre  : « Il me covient renvoisier.»
Ouvrage    :   Les chansons de Colin Muset, par Joseph Bédier & Jean Beck. Paris, Champion, 1938.

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous vous présentons une nouvelle chanson en langue d’oïl. En provenance du moyen-âge central et du XIIIe, elle est traditionnellement rattachée au trouvère Colin Muset, Du point de vue documentaire, elle a pour seule source historique le Chansonnier Cangé, ou Français 846 (consulter sur Gallica). Ce manuscrit médiéval, daté du dernier quart du XIIIe siècle, n’en attribue  pas, de manière claire, la paternité au trouvère, mais au vue des similitudes de cette pièce avec le style de ce dernier, ces biographes s’en sont chargés, en particulier Joseph Bédier dans son édition de 1938 sur l’oeuvre de Muset.

Amour, courtoisie et bonne chère

Du point de vue du contenu, on trouve, dans cette chanson, des envolées d’enthousiasme et de joie très courtoises. La belle saison est là, le poète est guilleret et léger. Il pense à la demoiselle chère à son cœur même si, dans la pure tradition de cette lyrique colin_muset_chanson-poesie-medievale_Manuscrit_Chansonnier-Cangé_il-me-covient-renvoisier-spoétique, les médisants ne sont jamais loin pour diviser ou pour empêcher que le tableau ne soit trop simple pour l’amant courtois (voir sur le thème des médisants dans la lyrique courtoise).
.

« Il covient de renvoisier »
dans le Français  846

ou Chansonnier Cangé
BnF, dept des manuscrits

Pour le reste, Colin Muset  nous a conté souvent son goût de la bonne chère et des bons vins, au point d’en avoir presque fait l’une de ses marques de fabrique et, là encore, sa joie courtoise ne va pas lui nouer l’estomac et certainement pas lui couper l’appétit. Au contraire, elle lui fournit plutôt l’occasion d’une invite à festoyer et ripailler et notre trouvère (s’il s’agit bien de lui et non pas d’un imitateur d’époque) fait ici une pièce qui tient, à la fois, de la lyrique courtoise et des chansons à boire. C’est d’ailleurs dans cette dernière catégorie que Alfred Jeanroy et Arthur Långfors la classeront (sans l’attribuer au trouvère) dans leur ouvrage de 1921 : Chansons satiriques et bachiques  du XIIIe siècle. 

Au passage et se souvenant de certaines autres des compositions de Muset, et notamment de « Sire Cuens j’ai viélé« , on peut se demander si ce mélange de genres n’est pas aussi destiné à ses nobles hôtes et auditeurs : un peu comme une façon de leur tendre la perche, pour s’assurer qu’ils colin-muset_musique-medievale_chanson-poesie-moyen-age_partitionle gratifient d’un bon repas en retour de ses chansons et de son art.

(Ci-contre la partition musicale moderne de cette chanson médiévale par John E Stevens)

Concernant le vieux français du XIIIe siècle, il ne se laisse pas si facilement saisir aussi, à notre habitude nous vous donnons des clefs utiles de vocabulaire. Elles sont nombreuses, aussi nous espérons qu’elles ne compliqueront pas trop le plaisir de votre lecture.


« Il me covient renvoisier »
dans le vieux français d’oïl de Colin Muset

Il me covient renvoisier (m’égayer, folâtrer)
En cest estey
Et joer et solacier (me divertir)
Et deporter : (me réjouir)
J’ai trovey
Mon cuer plus que je ne sueil (souloir, avoir l’habitude) enamoré ;
Mais grever (me nuire)
Me cuident (croire) li mesdisant et dessevrer (compromettre ma liaison).
La tousete (jouvencelle) es blans muteaus (mollets),
Es chevous lons,
Celi donrai mes joiaus
Et mes granz dons.
Sejornons (reposons-nous, faisons halte),
Ensi s’en va mes avoiers (mon chemin) a grand bandon, (sans retenue)
Or maingons,
Solaçons et deportons !  Bon poissons,
Vins poignanz (piquants, de caractère ? ) et bon rapiaux (boisson médiévale à base de vin) et venoisons !

S’ele me done une baisier
En receley, (en secret, en cachette)
Je n’avroie pas si chier
Une cité ;
J’en prie Dey :
Lors avrai quanque je quier a point mené. (1)

(1) Dès lors j’aurais mené à bien tout ce que j’ai en tête, ce en quoi je crois.


En vous souhaitant une belle journée.
Fred

Pour moyenagepassion.com
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Lecture audio, poésie satirique : au coeur du XVe siècle, la ballade de l’Appel de Villon

Francois_villon_poesie_litterature_medievale_ballade_menu_propos_analyseSujet    : poésie médiévale, ballade médiéval, moyen-français, poésie réaliste, poésie satirique
Auteur    :   François Villon (1431-?1463)
Période  : moyen-âge tardif, XVe siècle.
Titre : « La ballade de l’Appel de Villon
ou question au clerc du guichet»
Média : lecture audio

Bonjour à tous,

D_lettrine_moyen_age_passionans la foulée de notre analyse de la ballade de l’Appel de François Villon, en voici une petite lecture audio. Du point de vue de la prononciation, à l’arrivée du XVe siècle et du moyen-français, les « oi » deviennent des « Oué ». Les R sont, semble-t-il, toujours roulés.

NB : vous pourrez trouver dans certaines autres versions de cette poésie : « estoit-il lors temps de moi taire ? » en lieu de « estoit-il lors temps de me taire? » nous avons, quant à nous, choisi cette dernière version, conforme à de nombreuses transcriptions de l’oeuvre de VIllon..

Pour plus de détails sur cette ballade médiévale et quelques clés de vocabulaire, n’hésitez pas à vous reporter à notre article précédent la concernant.

En espérant que cette lecture audio vous agrée.

Une belle journée à tous.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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La Quinte Estampie Royale dans un album de Anne Azema, dédié au culte marial et ses miracles

chanson_musique_danse_medievale_manuscriit_ancien_français_844_chansonnier_du_roi_moyen-ageSujet :  danse, musique médiévale,   estampie,  manuscrit ancien, chansonnier du Roy, trouvères, troubadours, Miracle, Vierge Marie, Culte marial,  Français 844, chansonnier du Roy.
Période :  moyen-âge,  XIIIe siècle.
Auteur :  anonyme
Titre    : La quinte estampie royale
Interprètes    :   Anne Azema – Shira Kammen
Album : Etoile du nord – Le Miracle Médiéval (2003)

Bonjour  à tous,

E_lettrine_moyen_age_passionn 2003, la directrice d’orchestre, musicienne et chanteuse soprano Anne Azema sortait un album dédié aux poésies et chansons médiévales sur le thème des miracles de la Vierge, ayant pour titre: Gauthier de Coincy. Etoile du Nord, le Miracle médiéval.

De Coincy. Etoile du nord, le miracle marial
par Anne Azema

Avec onze pièces datant du moyen-âge central, Anne Azema faisait le choix, dans cet album, d’une formation réduite à minima, en s’accompagnant uniquement de la talentueuse vielliste et instrumentiste américaine Shira Kammen. Du reste, les deux artistes n’en étaient pas à leur première collaboration puisqu’elles avaient déjà eu l’occasion d’exercer leur talent mutuel et leur complicité, bien avant cela, et notamment dès le début des années 90, dans le cadre de la Boston Camerata et de la  Camerata Mediterranea.

culte-marial-medieval_miracle_vierge-marie_album_musique-poesie_moyen-age_Anne-Azema

Du point de vue des pièces présentées, l’idée directrice de  Anne Azema était la mise en miroir des miracles chantés ou narrés par les trouvères du Nord de la France avec ceux de l’Espagne médiévale. A ce titre,, l’oeuvre majeure compilée par Alphonse X le Sage de Castille dont nous sommes familiers ici (voir index des Cantigas de Santa Maria) y tenait une bonne place.

Contenu de l’album

On peut ainsi  trouver, dans cette Etoile du Nord, des compositions de trouvères célèbres de la fin du XIIe et même plutôt du XIIIe, siècle florissant du culte marial : une chanson de Rogeret de Cambrai, une de Thibaut de Champagne, trois Cantigas de Santa Maria du roi Alphonse le Sage et encore quatre pièces de Gauthier de Coincy, qui occupe un place particulière dans cet album puisque ce dernier lui est dédié. On peut encore y écouter deux pièces demeurées anonymes dont la Quinte Estampie Royale du manuscrit médiéval Français 844 ou Chansonnier du roy que nous vous présentons ici. En terme de contenu, ce n’est, certes, pas la plus représentative de l’album et elle pourrait même sembler y faire un peu office d’interlude, mais comme elle est, à l’image du reste des pièces, très réussie, nous avons jugé intéressant de vous la faire connaître.

Du point de vue distribution, l’album est encore édité à ce jour et toujours disponible à la vente en ligne. On peut le trouver au format  CD, mais aussi au format digitalisé, ce qui offre l’avantage de pouvoir en pré-écouter les différentes titres pour s’en faire une meilleure idée ; L’album Etoile du Nord: le miracle médiéval, de Anne Azema

La quinte estampie royale sous la vielle de Shira Kammen

Gauthier de Coincy (1177-1236)

Disons un mot ici de Gauthier de Coincy (Gautier) avant que l’occasion nous soit donnée, d’en faire un portrait plus complet. On doit à ce moine trouvère de la fin du XIIe et des débuts du XIIIe siècle nombre de chansons et récits de Miracles au sujet de la vierge ( Les Miracles de notre Dame). Certains inspireront même d’autres auteurs médiévaux et notamment certaines Cantigas de Santa Maria du roi Alphonse X de Castille.

Dans cet album, on notera parmi les pièces présentées du trouvère, de courts récits de miracles mais aussi de beaux échantillons de son talent courtois. Sa chanson « Ja pour yver, pour noif ne pour gelee »  notamment, est une véritable ode à la vierge et à son amour sur le modèle de la lyrique courtoise des troubadours. Nous aurons assurément l’opportunité de vous la présenter plus tard dans le temps.

Ecouter une autre version de la Quinte estampie par le Early Music Consort of London.

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen-Age sous toutes ses formes