Sujet : poésie médiévale, musique médiévale, chanson, trouvère, troubadour, complainte. Titre : la complainte du prisonnier ou Ja nuns hons pris Auteur : le roi Richard Coeur de Lyon. Langue originale : provençale Genre musical : rotruenge* Epoque : moyen-âge central , fin du XIIe siècle (1193-1194?) Interprète-compositeur dans la vidéo : Owain Phyfe
oici une pièce et un texte qui nous viennent tout droit du monde médiéval et du XIIe siècle. On dit, en effet, de cette complainte qu’elle a été composée, en langue provençale, par le célèbre Roi et Chevalier Richard Coeur de Lion en personne, durant sa captivité en Autriche autour des années 1193-1194. Elle est interprétée, ici, de fort belle manière et dans sa langue originale, par feu le troubadour moderne Owain Phyfe (1949-2012).
Un peu d’Histoire : une querelle de Rois
Revenant de croisades, Richard Ier d’Angleterre, dit « Coeur de Lion » est capturé par le duc Léopold V de Babenberg, autour de Vienne, en Autriche. En réalité, ce dernier agit pour le compte du roi de France Philippe Auguste. vieil « ami » de Richard, mais devenu au fil du temps son ennemi. Dans le cas précis, Philippe Auguste fait arrêter Richard Ier au motif que ce dernier l’aurait insulté publiquement durant une croisade. Les deux souverains avaient, en effet, « pris la croix », ensemble, pour la troisième croisade, lancée par le pape Grégoire VIII dans l’intention de reprendre Jérusalem et la terre sainte à Saladin, et pour laquelle l’empereur germanique Frédéric Barberousse avait déjà embarqué.
C’est durant cet emprisonnement que Richard Coeur de Lion va composer ce poème et cette complainte du prisonnier dont nous vous livrons ci-dessous la traduction/interprétation de la langue originale vers le français moderne.
Traduction, adaptation des paroles de la complainte du prisonnier de Richard Ier
Ja nus hons pris ne dira sa raison Adroitement, se dolantement non; Mais par effort puet il faire chançon. Mout ai amis, mais povre sont li don; Honte i avront se por ma reançon Sui ça deus yvers pris.
Jamais nul homme pris ne dira sa pensée
De manière juste et sans fausse douleur ;
Mais il peut faire l’effort d’une chanson ;
J’ai beaucoup d’amis, mais pauvres sont leurs dons.
La honte sera sur eux si, faute de rançon,
Je reste deux hivers prisonnier.
Ce sevent bien mi home et mi baron Ynglois, Normant, Poitevin et Gascon Que je n’ai nul si povre compaignon Que je lessaisse por avoir en prison; Je nou di mie por nule retraçon, Mais encor sui [je] pris.
Ils le savent bien, mes hommes et mes barons,
Anglais, Normands, Poitevins et Gascons :
Que jamais je n’eu si pauvre compagnon
Pour le laisser, faute d’argent, en prison.
Je ne le dis pas pour leur en faire reproche
Mais je suis encore prisonnier.
Or sai je bien de voir certeinnement Que morz ne pris n’a ami ne parent, Quant on me faut por or ne por argent. Mout m’est de moi, mes plus m’est de ma gent, Qu’aprés ma mort avront reprochement Se longuement sui pris.
Maintenant, je sais pour vrai et certain
Que morts ou prisonniers n’ont amis ni parents,
Quand ils me laissent ici pour or ou pour argent
C’est bien mal pour moi, mais pire pour mes gens,
Qui jusqu’après ma mort en auront le reproche,
S’ils me laissent ici prisonnier
N’est pas mervoille se j’ai le cuer dolant, Quant mes sires met ma terre en torment. S’il li membrast de nostre soirement Quo nos feïsmes andui communement, Je sai de voir que ja trop longuement Ne seroie ça pris.
Je ne m’étonne plus si j’ai le coeur souffrant
Car mon seigneur* met ma terre en tourment
Il ne se souvient plus de notre serment
Que nous fîmes ensemble au Saint,
Mais je sais bien en vérité que guère longtemps
Je ne serai, en ces lieux, prisonnier
(* Richard fait référence ici au roi Philippe Auguste)
Ce sevent bien Angevin et torain, Cil bacheler qui or sont riche et sain Qu’encombrez sui loing d’aus en autrui main. Forment m’amoient, mais or ne m’aimment grain De beles armes sont ores vuit li plain Por tant que je suis pris.
Ils savent bien Angevins et Tourangeaux,
Ces jeunes gens désormais riches et forts :
Que suis captif, loin d’eux, aux mains d’autrui.
Ils m’aimaient fort alors, ne m’aiment plus du tout.
Les belles armes ont déserté les plaines
Depuis que je suis prisonnier.
Mes compaignons que j’amoie et que j’ain Ces de Cahen et ces de Percherain Di lor, chançon, qu’il ne sunt pas certain, C’onques vers aus ne oi faus cuer ne vain; S’il me guerroient, il feront que vilain Tant con je serai pris.
Mes compagnons que j’aimais et que j’aime,
Ceux de Caen et ceux du Perche,
Conte pour moi, chanson, qu’ils ne sont pas fidèles
Quand jamais envers eux, mon coeur ne fut faux ou vide.
S’ils guerroient contre moi, ils se portent en vilains
Tant que je serais prisonnier.
Contesse suer, votre pris souverain Vos saut et gart cil a cui je me clain Et por cui je sui pris. Je ne di mie a cele de Chartain, La mere Looÿs.
Soeur comtesse, votre titre souverain
Vous sauve et vous garde de celui à qui je fais appel
Et qui me tient prisonnier !
Je ne le dis pas pour celle de Chartres*,
Le mère de Louis.
(* la comtesse de Chartes)
*rotruenge : « genre de poésie lyrique des troubadours et trouvères, caractérisé par un refrain interne, situé dans le corps de la strophe, au milieu ou à la fin » (http://cnrtl.fr/definition/rotruenge)
Sujet : romans, livres, série télévisée, médiéval fantastique ou fantaisie Genre : aventure, guerre et jeux de pouvoirs. Auteur : GRR Martin Titre : « le Trône de Fer », la saga Titre original : « A Song of Ice and Fire », « Games of thrones » pour la télévision (HBO) Editeur : Pygmalion et J’ai lu Sortie : de 1996 à ce jour.
Bonjour à tous,
‘est aux romans et livres de GRR Martin que nous dédions cet article, même si, inévitablement, on ne peut en parler sans parler de son adaptation télévisuelle tant elle rencontre un succès énorme au niveau mondial. A l’image de la sérié télévisée, la saga écrite n’est pas encore tout à fait achevée, mais elle est déjà bien avancée et son adaptation au petit écran en refait chaque année, un sujet d’actualité brûlant jusque dans le monde du livre. A noter que son auteur aura consacré au « trône de fer » déjà plus de vingt cinq ans de sa vie, puisque le premier livre de la saga a été édité en 1996 et qu’il l’avait écrit en 1991.
SUSPENSE QUAND TU NOUS TIENS
En réalité, je suis, comme beaucoup, entré dans cette saga livresque à partir de la série télévisuelle. C’est assez rare que je fasse les choses dans ce sens, préférant généralement toujours faire l’inverse, soit lire d’abord et, éventuellement après, voir les adaptations à l’écran des oeuvres écrites. Je trouve, en effet, que l’on entre mieux dans un livre quand l’imagination n’est pas encore figée dans des images toutes faites. On a alors tout loisir de se les fabriquer soi-même et c’est tout l’intérêt de la lecture d’ailleurs; c’est un acte alchimique entre deux imaginations ou esprits qui se rencontrent et c’est surement pour cela que ceux qui lisent aiment cela, autant qu’ils aiment souvent « l’objet » livre lui-même; lire restera toujours un acte magique. D’un point de vue psychologique, le roman creuse également bien plus ses personnages là où, souvent, un simple film ne fait qu’en effleurer la surface par la nécessité qu’il a de couper dans le texte pour en extraire un scénario finalement assez court en pages, quand on le compare à un livre de taille moyenne. (photo ci-dessous l’écrivain Américain du Trône de Fer, Georges RR Martin).
Cela étant dit, il faut tout de même rendre justice aux séries télévisées découpées en « saison » dont la longueur offre une bonne solution pour coller à l’oeuvre écrite et rattraper ainsi des détails ou certains traits des personnages qu’un long métrage n’aurait pas permis d’aborder. Le pendant de cela est que ce format ménage une dépendance incommode et un suspense qui, souvent, pèse d’une semaine sur l’autre, dans l’attente du prochain épisode, et pire, d’une année sur l’autre, dans l’attente de la « nouvelle saison ». Personnellement, je me sens toujours un peu otage de ce genre de formules que ce soit à la télévision ou au cinéma. J’attends donc en principe toujours que tout soit sorti et fini avant d’acquérir les DVDs.
Dans le cas du trône de fer, j’ai toutefois dérogé à la règle sur les conseils de personnes de mon entourage qui, connaissant ma passion pour le monde médiéval, ne se lassaient pas de me vanter les qualités de la série télévisuelle. Je m’y suis donc plongé en faisant l’acquisition des DVD’s. Nous étions alors à la fin de la saison trois. A leur décharge, la série télévisuelle est excellente et, après avoir vu les trois premières saisons d’un coup, je l’ai donc prise en route jusqu’à la fin de la saison cinq. Fatalement, arrivé là, frustré une fois de plus de rester sur ma faim, je décidais de m’atteler à la lecture de ce « trône de fer » dans le texte. (ci-contre la photo du coffret DVD de la série chez HBO).
LE RESUME DE L’HISTOIRE
Je serais court sur le résumé de l’histoire parce que ceux qui ont vu la série la connaissent et ceux qui ne l’ont pas vu n’ont pas vraiment besoin d’en savoir énormément pour se plonger dans les livres. Pour ceux qui regardent la série télévisée, comme pour les autres d’ailleurs, je précise que vous ne trouverez ici aucun « spoil ».
La Carte du « Trône de fer »
Sur les territoires (fictionnels) de Westeros et d’Essos, et dans un temps que seul connaît le médiéval fantastique et qui n’est donc pas daté précisément, se tiennent sept royaumes, qui sont aussi des grandes familles, régions et cultures. L’organisation y est résolument féodale. Par le passé, l’union de ces sept régions et familles a été mise en place et une paix relative s’est maintenue dans ce que l’on a appelé et que l’on continue d’appeler « le royaume des sept couronnes » mais cela ne durera pas et les tensions vont bientôt gronder et menacer cette paix et son équilibre fragile.
Lutte et jeux de pouvoir
au royaume des Sept couronnes
Juché sur le « trône de fer » depuis lequel il gouverne les sept couronnes, le roi Robert Baratheon a vieilli et n’est plus à la hauteur de la tâche. Des complots s’ourdissent dans son dos pour la prise de pouvoir et, pour les déjouer, autant que pour l’assister dans la conduite du royaume, il nommera comme « la main du roi » son vieux compagnon de bataille « , », le seigneur du royaume du nord. Mais le poison continuera pourtant de se distiller dans le royaume et la nouvelle main du roi dérange. Eddard Stark découvrira bientôt, en effet, un terrible secret sur les héritiers de du roi Robert Barathéon qui leur coûtera cher à tous deux. Le roi mourra, en effet, bientôt d’un « accident de chasse », dit-on, et cet événement mettra définitivement en péril l’équilibre de la paix à Westeros et sera le détonateur de l’ensemble des luttes de pouvoirs et des intrigues de la saga du « trône de fer ». Personnage aussi obscure qu’impitoyable, la Reine Cersei y est-elle mêlée? Il faut dire que sa lignée, les Lannister, une famille honnie de presque tous, semble capable de tout, et même surtout du pire, pour assouvir ses ambitions. Les trois générations, du grand-père jusqu’au petit-fils (jeune héritier tyrannique et immature, mis à la hâte sur le trône), ont toujours, en effet, convoité le pouvoir, dusse être à coup de manoeuvres politiques ou dans le sang. Seul semble les garder de la folie totale, le plus raisonnable d’entre eux, Tyron Lannister, dit « le lutin », homme de petite taille, grand par l’âme et l’intelligence, mais qu’à peu près l’ensemble du clan semble s’accorder à détester.
Un Héritier et trois dragons pour le Trône de fer
Et tandis que bien des nobles de Westeros convoiteront secrètement ou réclameront ouvertement le « trône de fer », deux autres dangers planent et menacent Westeros. Sur le grand territoire de Essos, on conte, en effet, que se dressera bientôt l’héritier légitime du roi Aerys II Targaryen, roi devenu fou, dit-on, souverain des sept couronnes avant que Robert Baratheon ne le tue de sa main et ne se juche lui-même sur le trône, Cet héritier légitime posséderait des dragons et viendrait bientôt, avec leur aide, réclamer son due et son trône, ce que personne ne croit vraiment, car toute trace de créatures magiques a disparu depuis bien longtemps de ces terres.
La garde de nuit et les « autres »
Dans le nord également, un autre danger, peut-être même plus grand encore menace de mettre en péril non seulement le trône de fer mais aussi bien des vies dans les sept royaumes, en frappant quiconque se trouvera sur son chemin. D’étranges créatures, « les autres », qui porteraient en elles un froid glacial pourraient, en effet, s’y éveiller la nuit, changeant les vivants en morts qui revivraient bientôt, transformés à leur tour en zombies sanguinaires, et alors, un long et interminable hiver reviendra, qui cachera, en son sein, cette mort blanche. Mais qui peut croire, là encore, de telles histoires ? Elles font partie de la mythologie lointaine de Westeros et bien peu de gens prête foi à ces vieilles légendes. Pourtant, à la frontière de ce grand nord, on a, par le passé, construit un mur gigantesque, gardé depuis toujours et en permanence, par « la garde de nuit », une vaillante légion de soldats, pour la plupart repris de justice, et auxquels on a épargné la vie en échange de leur voeu de passer leur vie entière à garder le mur. Et tous, ici, craignent le pire, sachant bien que s’ils ont pour mission d’empêcher les forces rebelles et sauvages menées par le rebelle « Mance Rayder » et qui menacent, à tout instant, d’attaquer le mur, ils ne sont pas là que pour résister à ces envahisseurs humains. Bientôt, ils en sont convaincus l’hiver et la mort blanche reviendra pour réclamer son tribu sur Westeros,
Voilà, en quelques traits, le cadre de l’histoire du « trône de fer » et vraiment pour en faire une synthèse courte, car nous parlons là d’un total de quinze romans et ce monde est complexe tant en intrigues qu’en personnages.
IMPRESSIONS DE LECTURE
Je dois avouer qu’il m’a fallu empiler quelques pages quand même avant de me retrouver totalement immergé, mais par contre avec grand plaisir, dans cette saga écrite de GRR Martin, pour finir par la lire d’une traite jusqu’à sa fin actuelle. Comme nous le
disions plus haut, il manque encore quelques livres à cette saga pour être terminée. Officiellement, Georges RR Martin dit qu’il lui en reste deux à écrire, mais il est possible que son histoire l’emporte plus loin qu’il ne le pense; nous ne le saurons donc vraiment que quand il en aura terminé.
Une aventure médiévale fantaisie pour tous.
L’écriture de GRR Martin est une écriture factuelle et efficace, caractéristique des romans d’action ou d’aventure anglo-saxons. Je n’ai pas de « snobisme » en lecture et j’aime assez me divertir sans trop me donner de migraines. Qu’on me raconte une histoire ou un conte et me voilà satisfait. C’est un peu comme au cinéma, l’écriture qui réfléchit un peu trop à elle-même en même temps qu’elle s’écrit, ne me détend que très rarement. Sans contester l’intérêt de la haute littérature, bien entendu, disons que c’est une affaire de moment. Au fond aussi, tout cela est un peu comme la nouvelle cuisine. Il n’y a pas de recettes et il faut un vrai talent pour réussir ce genre d’exercice de style, alors, de la même façon que je préfère largement une bonne blanquette de veau traditionnelle réussie à un feuilleté aux truffes au jus de rutabaga et son coulis de framboises mentholé douteux et raté, je préfère un bon roman d’action réussi à un ouvrage prétendument littéraire mais au final pompeux, illisible, et parfois, en plus, mâtiné de cynisme. Encore une fois cela ne me détend pas*
Donc, tout cela est bien clair, avec le trône de fer, nous voilà en face d’un conte et si, paradoxalement, c’est peut-être la nature factuelle et dépouillée du style de GRR Martin qui m’a, au premier plan, un peu fait faire la moue, le temps de traverser quelques situations, de trouver les repères et l’affaire était faite. L’intérêt de la saga du trône de fer se révèle sur la longueur et l’histoire prend vite le dessus sans fioritures inutiles, qui, par ailleurs, sur la longueur aurait peut-être finie par alourdir le tout. Pas de longues pirouettes littéraires donc chez Georges RR Martin, et pas non plus de longues descriptions interminables mais du coup et, ce faisant, vous ne vous y perdrez pas non plus. (photo ci-contre, je sais, ça n’a rien à voir, mais c’était juste pour voir si vous suiviez, sans compter qu’elles déchirent ces moon boots).
Les personnages
Ce qui compte, en dehors du monde du « trône de fer » lui-même, de sa complexité, de sa taille et de ses conflits, de toutes ces intrigues qui s’entremêlent et finalement de sa grande richesse, ce sont les personnages qui rythment la saga, et, sur la longueur, sont merveilleusement bien creusés, complexes à souhait et ne semblent jamais jugés par leur auteur quelque soit leur actes. Au fil des chapitres, l’oeuvre passe ainsi d’un personnage à l’autre, en restant dans un style impersonnel, qui privélégie le « il » sur le « je » et qui crée cette distance narrative très agréable de l’auteur avec ses personnages. Il y a aussi cette dimension générationnelle des pères ou des mères d’un côté et des fils ou filles de l’autre qui doivent être à la hauteur de leur héritage et en porter le poids, qui donne un rythme particulier à cette saga et en font aussi une oeuvre ouverte à un large public.
Georges RR Martin, auteur facétieux
Je retiens aussi comme impression de fond, le plaisir jubilatoire que semble prendre l’auteur Georges RR Martin à écrire et à nous surprendre en ne tombant pas dans les schémas conventionnels « attendus ». Les héros, quels qu’ils soient, peuvent, à tout instant, mourir et peu lui importe que nous nous y attachions ou pas, ils suivent leur destinée et l’écrivain se laisse guider par les lois de son monde. Passion et plaisir, voila ce que l’on sent dans ce flot de personnages, de cultures et de situations qu’il nous a concocté dans ce « trône de fer ». Nul doute que c’est une histoire qu’il se raconte d’abord à lui-même, mais on ressent aussi de la facétie et de la truculence dans cette écriture, dans les méandres par lesquels il nous oblige à passer pour le suivre.
Alors à lire ou pas, même si on est spectateur de la série?
Oui, largement! Et pas seulement pour compter les points et jouer au jeu des sept différences entre l’auteur de « trône de fer » et les scénaristes de HBO qui adaptent la saga pour le petit écran. L’intérêt va bien au-delà de cela et si vous aimez les romans d’aventure, vous passerez de vrais bons moments sur ses terres imaginaires de Westeros et d’Essos, en compagnie de Georges Martin.
A quand la fin de la saga & le prochain livre ?
C’est pour bientôt mais de gràce, ne demandez pas à GRR Martin je pense que la question lui sort un peu par les trous de nez pour le dire trivialement! La preuve en image ci-dessous :
Une très belle journée à tous!
Fred
pour moyenagepassion.com
___________________________________________________________________________ * Encore une petite couche sur le simple plaisir de lire?
Je m’excuse de m’étaler un peu sur ce sujet, mais c’est un fait aussi que nombre d’auteurs/conteurs français de romans à succès sont dédaignés, au mieux ignorés, au pire lapidés, par une certaine critique parce qu’ils ne versent pas dans notre « grande » tradition littéraire française mais s’attellent simplement à conter des histoires par l’écrit.. Au fond, pourtant, si ce ne sont pas leurs critères, pourquoi les juger au prisme d’un filtre dont ils n’ont jamais eu la prétention de se revendiquer? On peut aimer le genre du contes, des histoires et du roman d’action ou d’aventure, sans forcément que tout y soit « hollywoodien » et « attendu » au mauvais sens du terme. J’ai de mon côté en mémoire bien des romans « de gare » qui m’ont fait aimer les trains et mon amour de la lecture de tout temps est aussi dans ceux-là. Il y a peut-être encore en France un espace (médiatique?) à combler de la « Grande » littérature aux « simples » romans, même si j’ai quand même le sentiment que l’on médiatise de moins en moins l’intérêt de la lecture et les livres. Je dis tout cela pour réhabiliter simplement l’acte de lire, quelque soit les goûts du lecteur car il y en a vraiment pour tous les goûts. En résumé, que vivent longtemps les livres, les salons du livre et la lecture sous toutes ses formes!
Sujet : Châteaux et forteresses, Château Montbrun, Dournazac, Haute vienne.
Histoire et architecture médiévales Média : vidéo, réplique du château Période : moyen-âge central
Bonjour à tous!
‘est avec grand plaisir que nous partageons aujourd’hui cette nouvelle vidéo sur le moyen-âge et ses forteresses, dans laquelle nous parlons du merveilleux et célèbre château Montbrun et de son domaine.
La construction de cette forteresse a débuté au XIIe siècle et s’est achevée au XVe s. Depuis, le château Montbrun a été sujet à diverses restaurations dont notamment une au XIXe siècle et une autre courant XXe par son actuel propriétaire. Par chance, il semble que l’ensemble de ces travaux n’ait pas dénaturé la forteresse d’origine, aujourd’hui classée au titre des monuments historiques français.
Une histoire qui se perd dans la nuit des temps
Le château Montbrun est situé en Haute-Vienne sur la commune de Dournazac. L’histoire, autant que les origines des terres autour de Montbrun, sont au moins aussi intéressantes et passionnantes que le château lui-même. Le terrain autour de la forteresse a en effet été occupé depuis des millénaires par des ethnies ou tribus successives qui, au delà de sa simple position stratégique, semblent y avoir vu et même découverts des richesses (mines d’or?) qui fondent encore les légendes actuelles du domaine et de château Montbrun. Les Celtes l’ont occupé, puis les francs et on y a même retrouvé la présence d’une motte castrale et d’une tour en bois. Non loin de là, encore, dans le courant du XIIe siècle (en 1199 pour être plus précis), sur le site de Châlus Chabrol, le roi Richard Coeur de lion en personne (rendu célèbre entre autre par les aventures de Robin de Bois) a trouvé la mort pendant un autre siège après avoir reçu un carreau d’arbalète à la base du cou. Au passage, si vous le souhaiter, vous pouvez consulter l’article sur la très belle complainte poétique que Richard Coeur de Lion nous a laissée alors qu’il était emprisonné en Autriche.
Un siège à 21 millions d’Euros :
la vidéo sur château Montbrun
Pourquoi ce titre ? Et bien tout d’abord parce que ce château et son gigantesque domaine (étables, maisons, dépendance, immense restaurant taverne, etc) sont à vendre. Le propriétaire actuel est un hollandais d’origine celte passionné et qui a beaucoup investi dans le château pour l’amener au niveau d’une prestation de luxe (héliport, jacuzzi, suites mirobolantes, mobilier d’époque, …) dans le respect de son architecture et de son histoire mais il souhaite apparemment le vendre depuis quelques années. Avis donc aux acheteurs nantis! On raconte même que Brad Pitt a failli l’acheter mais que Angelina Jolie le trouvait un peu isolé lui préférant une propriété un peu plus proche du bord de mer et des alizés. Je précise que je ne suis pas du tout, mais alors pas du tout, en situation de vérifier cette information hautement people, glanée sur le web et qui ne me passionne qu’à demi, il me faut bien l’avouer, mais comme certains pourraient la trouver intéressante, je la mentionne. Il en faut pour tout le monde.
Pour le côté « siège » du titre et de la vidéo, il s’agit bien sûr de siège médiéval. En effet, en 1424, le château est assiégé par le roi de France, Charles VII au motif que Guy Brun, le seigneur du domaine de cette époque refuse obstinément de se soumettre à son autorité, lui préférant la couronne anglaise et Henri VI. L’infortuné et outrecuidant Guy Brun périra dans ce siège.
En construisant une réplique de ce château à l’aide du moteur du jeu « Medieval Engineers » et de sa boîte à outils (sandbox*) pour bien sûr parler d’histoire et d’architecture médiévales nous avons aussi voulu ouvrir l’opportunité de pouvoir revivre ce siège de la manière la plus réaliste qui soit aux détenteurs de ce jeu vidéo.
L’architecture de château Montbrun
Grand château symétrique, à la cour intérieur carrée, doté de tours d’angle défensives dont une est surmontée d’un donjon immense, (chaque tour étant bien sûr relié par des courtines), il ne fait aucun doute que le Château Montbrun largement reconstruit au XVe hérite des standard de l’architecture philippienne.
Même si de l’extérieur, le château de Montbrun en impose par l’élévation de ses murs autant que par la hauteur vertigineuse de son donjon, nous ne sommes pas non plus en face d’une forteresse gigantesque mais plutôt d’un château de taille moyenne. Pourtant à flâner à l’intérieur de ses couloirs, ses escaliers de colimaçon et ses tours, on se rend bien compte de la surface habitable (plus de 400 m²) et l’impression de grandeur est au rendez-vous.
A l’image de nombreux autres châteaux du moyen-âge, cet édifice ramassé sur lui-même et dont chaque mètre carré semble avoir été optimisé à l’intérieur de son enceinte, contient tous les standards qu’on peut attendre d’un château-fort médiéval: une chapelle, un vaste logis du seigneur, de spacieuses cuisines et un grand hall pour les fêtes, et bien sûr de nombreuses dépendances et habitations. On y trouve même des oubliettes en sous-sol d’une des tours et, ô merveille pour les amateurs de souterrains et autre passage secret!, une chambre secrète dans une autre tour.
Détail de l’intérieur actuel de château Montbrun
Comme mentionné plus haut, le château a été superbement restauré et entretenu par son actuel propriétaire. Si vous souhaitez en savoir plus sur la question, vous trouverez plus de photos et détails ici : site web du château Montbrun à vendre. Je vous mets aussi quelques photos ci-dessous afin que vous vous en fassiez une idée.
Détails de l’intérieur de la réplique
Comme la réplique que nous avons faite a pour vocation d’aborder l’architecture et l’Histoire de château Montbrun, mais également de permettre de revivre le siège de 1424, nous ne l’avons pour l’instant pas meublé. Nous avons par contre mis force dispositifs en place pour en sécuriser les accès qu’il s’agisse de sa porterie principale avec sa grande portes et sa grille mais aussi de tout accès vers les bâtiments depuis la cour intérieure. Voici quelques captures d’écran de ces dispositifs.
Montbrun hanté ? La légende de la dame en bleu
Pour ce château comme pour tant d’autres, on conte l’histoire d’un revenant que l’on aperçoit encore de nos jours au hasard d’un couloir et d’une nuit sans lune. C’est l’âme d’une dame en peine, Jaquette de Bourdeille, qui erre à la recherche de sa bague.
N’hésitez pas à regardez la vidéo présente dans cet article pour en savoir plus sur elle et sur château Montbrun. Tout y est!
Merci de votre intérêt et Longue vie!
Fred
Pour moyenagepassion.com
* Sandbox : bac à sable. Désigne la boite à outils de jeu vidéo qui propose des pièces permettant l’assemblage et la construction d’édifices, de technologie ou d’objets complexes.
u’il s’agisse de fêtes ou de festivals médiévales, de sites web, ou autres médias, l’intérêt et la fascination que suscite le monde médiéval chez nos contemporains est indéniable. Le sujet nous concerne d’autant plus que Moyenagepassion s’intéresse autant à l’Histoire du moyen-âge qu’aux occasions qui nous sont données de vivre ou revivre, encore aujourd’hui et à notre époque, un peu de cette période de notre Histoire, fusse-t-il de manière imaginaire ou rêvée. De fait, une des ambitions de ce site est aussi de témoigner de cette fusion pour réunir ce qui compose le monde médiéval au sens large, dans son Histoire, dans sa contemporanéité, et pour tout dire dans sa dimension réaliste, autant que dans sa dimension imaginaire, littéraire ou fantaisiste, en prenant soin, bien sûr, de bien fixer les lignes de démarcation pour autant qu’elles soient claires.
ertains pourraient être tentés de voir dans l’engouement actuel pour cette période de notre Histoire, l’expression d’une passion passéiste. Sans tomber dans l’analyse socio-psychologique à deux sous, on peut se demander, il est vrai, d’où vient cette attraction quand il ne s’agit pas simplement de se divertir et de passer un bon moment. Est-ce simplement le besoin naturel de renouer avec notre propre histoire et nos vieilles racines? Peut-être garde-t-on, au fond, de ce long moyen-âge la nostalgie ou l’idée de certaines valeurs que la société moderne a un peu mise à mal? Ou est-ce encore, plutôt, le fait qu’un certain « obscurantisme » moderne et entretenu au sujet de ces mille ans d’histoire, en fait de créer un repoussoir, finisse par recouvrir ce monde médiéval d’un voile propice à l’imaginaire et aux rêves, qui nous attire dans ses replis? Ô chevaliers et dragons, gentes dames aux belles toilettes! A nous, ripailles et rires tonitruants ou encore fous du roi qui moquent le pouvoir! A nous jongleurs, troubadours et poètes!
ans doute les légendes du roi Arthur, de Merlin et des chevaliers de la table ronde hantent-elles encore nos esprits? Ou peut-être encore les écrits de Tolkien et toutes les créatures issues du médiéval fantaisie ou fantastique, contribuent-ils aussi à entretenir tout un univers de légendes autour de cette période chez certains de nos contemporains?
Quoiqu’il en soit, on le voit bien, le succès et l’attrait du moyen-âge ne se démordent pas auprès du public. Qu’il suffise de regarder les scores de la série du Trône de fer à chaque nouvelle saison, les résultats des adaptations cinématographiques de Peter Jackson des romans de JRR Tolkien et son excellente trilogie du seigneur des Anneaux, ou encore les nombreux fans de l’excellent Kaamelott d’Alexandre Astier. Qu’il suffise de se rendre dans une des nombreuses fêtes médiévales présentes sur notre belle terre de France et au delà dans toute l’Europe, pour s’en convaincre. Les ruines et les vieilles pierres des châteaux y revivent et ce sont autant d’événements, de marchés et de vibrantes reconstitutions historiques que l’on peut y retrouver.
LES AGES SOMBRES
ertes, le moyen-âge a aussi eu ses grands drames, ses guerres, ses invasions, et ceux, les pauvres, les gens du simple ou ceux de basse condition y étaient souvent en souffrance. Certes, l’ombre noire des terribles épidémies de peste qui ont disséminé les habitants de l’Europe au XIVe siècle plane encore sur ce monde médiéval et les cohortes de lépreux ou de ladres en procession continuent de marquer aussi les imaginaires, comme les grandes famines qui se sont produites durant ces mille ans d’Histoire, mais il demeure certain aussi, et, de plus en plus, que le tableau de cette période a été fortement noirci par le siècle des lumières qui a voulu trancher avec sa propre histoire et ses propres conditions d’émergence. Fallait-il donc pour mieux briller que les siècles précédents fussent ternis?
Il semble qu’une certaine Histoire moderne se soit faite également complice de tout cela, cédant, peut-être à la tentation de la vulgarisation, d’un certain sensationnalisme ou même encore de ses propres idéologies. Dressant sur le moyen-âge le tableau systéma-tique d’une période violente, obscure et obscurantiste à laquelle notre civilisation se serait finalement glorieusement arrachée depuis la Renaissance pour se tenir, enfin, dans la grande et merveilleuse lumière du progrès et de la raison, cette Histoire là, souvent loin des spécialistes de ces questions, nous a laissé le portrait d’un âge sombre et sanglant, où ne se passent guère de progrès ou de choses agréables, où ne semblent sévir qu’interminables famines, épidémies et guerres sans fin, où d’impitoyables seigneurs, encore, tranchent et découpent aussi les chairs des voleurs de poule en place publique.
L’IMPORTANCE DU SENS CRITIQUE
‘il n’est pas question de nier cette violence du monde médiéval, elle ne saurait pourtant résumer le moyen-âge et il faudrait sans doute un peu plus qu’un article de blog pour l’analyser. On trouve d’excellents documents en ligne de nos jours, des thèses, des essais très pointus d’historiens qui permettent de s’en faire une idée plus précise et plus réaliste. Pour approcher le moyen-âge dans sa complexité et ses nuances, il faut aller chercher, sans crainte et directement, les ouvrages de ces spécialistes et historiens et ne plus savoir se contenter d’une certaine vision « journalistique », « médiatisée » ou « hollywoodienne » sur ces questions.
Mais que l’on se rassure, ceux qui se passionnent, de nos jours, de cette longue période, l’ont déjà compris par eux-même, et ont fini souvent par lire dans le creux de non-dits et les vides laissés, autre chose que la marque du fer et du sang. J’ajouterai, comme eau à ce moulin, quelque chose qui n’engage que moi: au final, il faut bien faire le constat que le monde moderne finit par se montrer tout aussi violent et impitoyable à sa manière. Il suffirait d’ailleurs de demander aux petits paysans actuels s’ils ne ressentent aucune violence ou à ceux de plus en plus nombreux qui vivent dans les rues de nos grandes villes et se nourrissent des restes trouvés dans les poubelles ce qu’ils en pensent. Sans doute, faut-il bien que nous pointions du doigt quelque autre violence ou quelque autre obscurantisme pour ne point voir ceux qui sont à l’oeuvre même au coeur de nos sociétés. Aussi, sans céder à l’excès d’idéaliser le moyen-âge comme un paradis perdu sur lequel s’épancher, il est sans doute prudent de ne point se tenir béat devant le monde actuel en en gobant toutes les promesses ou les mirages, et avec eux, sa version de l’Histoire, quelquefois, commodément et pas toujours innocemment, revisitée. Pas de passéisme donc, mais un peu de vrai sens critique.
out cela étant dit, de nombreuses recherches historiques modernes se sont employées à patiemment déconstruire la soupe que l’on nous avait servie un peu vite sur le moyen-âge durant des années et pour peu que l’on s’y penche sérieusement, on a tôt fait de redécouvrir le monde médiéval sous un jour nouveau, bien loin des vieilles caricatures convenues. Le fait est là, la grande majorité des médiévistes sérieux et des historiens du moyen-âge semble s’accorder pour que l’on revienne à une vision plus nuancée de cette période passée. Dans le champ de la recherche sérieuse, en Histoire comme en Sciences Humaines, l‘objectivité est quelque chose qui se conquiert par le travail, par la patience, par la méthode, elle n’est jamais donnée. Nos représentations et nos valeurs compliquent, et la tentation de conclure n’est jamais loin. Autant de raison pour éviter de sous-estimer la dimension idéologique de l’Histoire qu’on nous sert. Elle n’est pas toujours dénuée d’intentionnalité, mais quand bien même elle le serait, elle reste écrite par des hommes, eux-même sujets aux conditionnements, au déterminisme et aux idéologies de leurs propres époques et/ou contrées.
Voilà, cela étant dit, pour revenir à des choses plus triviales, longue vie à la passion pour le monde médiéval, aux châteaux, aux dragons, mais aussi aux recherches sérieuses sur la question!
Bonne journée à tous!
Fred
pour moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publiliue Syrus Ier s. av. J.-C