Sujet : humour, légendes arthuriennes, Excalibur,roi Arthur, extraits, dialogues, citations médiévales, cinéma, médiéval fantaisie. Titre : Sacré Graal (the Holy Grail) Période : haut moyen-âge,moyen-âge central Réalisation : Les Monty Python Date de sortie :1975
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous partageons un peu de l’humour des Monty Python autour d’Excalibur et des légendes Arthuriennes. A plus de quarante ans de la sortie de Sacrée Graal, certains passages de ce film à l’humour totalement décalé sont demeurés cultes. C’est le cas de celui que nous partageons aujourd’hui.
On se souvient qu’en 1975, certains puristes de la saga arthurienne se sont montrés choqués par les délires débridés des 5 comiques anglais, en y voyant un manque de respect. Ce n’était pas la première fois, du reste, qu’une partie du public passait à côté de leur humour. Pour d’autres, le film des Monty s’inscrivait légitimement, bien qu’à sa manière, dans la fresque arthurienne, et sur ses franges les plus drôles et les plus déjantées. Bien sûr, l’humour n’y avait pas grand chose de médiéval, et, au contraire, était tout à fait moderne.
Citations et dialogue extrait du sacrée Graal.
Le roi Arthur (Graham Chapman) bat la campagne, en compagnie de son serviteur Patsy (Terry Gilliam). Il s’arrête pour demander son chemin à un couple de vilains affairés à gratter la terre, au bord d’un champ. Il est loin de se douter qu’il va tomber sur des anarcho-syndicalistes, légèrement, en avance sur leur temps. (les deux vilains sont joués par Terry Jones, la femme, et Michael Palin). La conversation est, à peine, engagé, que l’un des deux vilains se lance dans une logorrhée politique sans fin. Excédé, Arthur finit par s’énerver et monte le ton.
Arthur : Calmez-vous ! Je vous ordonne de vous calmer ! Femme : Ordonner ? Et pour qui il se prend celui là ? Arthur : Je suis votre roi ! Femme : En tout cas, j’ai pas voté pour vous !!! Arthur : Les rois ne sont pas élus… Femme : Dans ce cas, comment êtes-vous devenu roi, alors ?
(départ d’une musique de fond épique)
Arthur :La Dame du Lac… Son bras vêtu du brocart le plus pur et scintillant, a fait surgir Excalibur des profondeurs des eaux, signifiant que, par la divine providence, moi, Arthur, était élu pour porter Excalibur. Et voilà pourquoi JE SUIS VOTRE ROI ! Autre vilain :Écoutez, d’étranges femmes allongées dans des mares et qui distribuent des épées, ne constituent pas une base sérieuse pour un système de gouvernement. Le pouvoir exécutif suprême provient d’un mandat délivré par le peuple, pas d’une cérémonie aquatique grotesque ! Arthur : Calmez-vous! Autre vilain : je veux dire, vous ne pouvez pas sérieusement espérer détenir le pouvoir exécutif suprême jusque parce qu’une pétasse détrempée vous a jeté un épée ! Arthur : FERMEZ-LÀ !!!!!
Dialogue original en anglais
Arthur: I am your king! Woman: Well I didn’t vote for you! Arthur: You don’t vote for kings… Woman: Well, how’d you become king then? Arthur: The Lady of the Lake, her arm clad in the purest shimmering silmite held aloft Excalibur from the bosom of the water, signifying by divine providence that I, Arthur, was to carry Excalibur. THAT is why I am your king! Dennis : Listen, strange women lyin’ in ponds distributin’ swords is no basis for a system of government! Supreme executive power derives from a mandate from the masses, not from some farcical aquatic ceremony! Arthur : BE QUIET! Dennis : I mean you can’t expect to wield supreme executive power just because some watery tart threw a sword at you! Arthur : SHUT UP !
Période : moyen-âge central, XIIIe siècle Conservation : Musée de Condé, Chantilly Manuscritancien : le Psautier d’Ingeburge
Bonjour à tous,
e week end pascal nous donne l’occasion de vous souhaiter de joyeuses pâques tout en vous parlant d’un célèbre manuscrit ancien du XIIIe siècle et du personnage historique qui s’y trouve attaché. Il s’agit d’un ouvrage religieux et même d’un livre de prières, connu sous le nom de Psautier d’Ingeburge, du nom de la reine de France Ingeburge de Danemark (Ingeborg), seconde et « éphémère » épouse du roi Philippe-Auguste, pour lequel le manuscrit aurait été réalisé et qui lui aurait appartenu.
La cène, Psautier d’Ingeburge, enluminures et peintures sur feuille d’or du XIIIe siècle
L’étrange et douloureux destin
de la reine Ingeburge de Danemark
Concernant le destin de cette jeune noble danoise, fille du roi Valdemar 1er, en tant que reine de France, on se souvient qu’il fut assez particulier puisque, dès le lendemain de la nuit de noces, le roi Philippe Auguste la rejeta et s’employa, dés lors, à faire annuler ce mariage. A ce jour, le mystère reste entier sur ce qui survint, cette nuit-là, dans la chambrée royale et les historiens s’y sont perdus en conjectures, sans que l’on puisse rien avérer.
Suite à son rejet par le roi, la jeune danoise qui n’a alors que 18 ans cherchera et obtiendra l’appui du pape et de Rome contre l’annulation du mariage. Le roi lui fera payer puisqu’il lui imposera une errance de plus de vingt ans, en la tenant recluse ou prisonnière dans divers monastères et forteresses royales. Il surseoira même à l’interdiction du pape en finissant par se remarier, même s’il n’eut jamais gain de cause face à l’Eglise. Quatre conciles se prononcèrent, en effet, en défaveur de l’annulation et rien ne fit jamais fléchir Rome, ni la détermination de Ingeburge à maintenir son honneur sauf et à défendre son statut de reine de France.
Vingt ans après, à la mort de sa troisième et illégitime épouse aux yeux de Rome, Agnès de Méran, Philippe-Auguste réhabilitera la noble danoise sur le trône, comme il l’avait répudié, sans aucune explication. Elle aura, entre temps, subi ses foudres pendant de longues années, de sévices psychologiques en humiliation, pour une raison encore, à ce jour, inconnue, comme nous le disions plus haut.
Concernant la réhabilitation tardive d’Ingeburge, elle fut à l’évidence plus le fruit de calculs et de manoeuvres politiques en vue d’alliance de la part de Philippe-Auguste que dénotant d’une quelconque volonté d’expiation face au sort qu’il avait réservé à la jeune femme. La stratégie fut vaine puisqu’il n’obtint rien des danois face aux anglais, mais la reine y gagna au moins sa liberté.
Une décennie plus tard, à la mort du roi, ce dernier tint, dans son testament, à que soit rendue à la reine, la dot de 10 000 marcs d’argent qu’il avait « injustement » perçue, à l’occasion de ce mariage; cette volonté inexpliquée d’effacer totalement cette union sera restée implacable jusqu’au bout. Après la mort de Philippe Auguste, Ingeburge fut reçu avec tous les égards de son rang par Blanche de Castille et le nouveau roi Louis VIII, elle put alors se consacrer à ses « oeuvres », jusqu’à 1238, date de sa mort.
Le prestigieux Psautier d’Ingeburge
omposé de 197 feuillets, ce manuscrit, riche en illustrations et enluminures, se trouve conservé au musée de Condé à Chantilly. A la faveur du week end de Pâques, nous en partageons ici quelques unes liées à cette fête religieuse. En plus du psautier et de ses enluminures, le manuscrit comprend aussi un calendrier décoré, ainsi que plus de cinquante peintures et encore d’autres prières et oraisons.
La reine Ingeburge y a fait écrire les dates de la mort de ses parents, ainsi que celle de la bataille de Bouvines qui consacrait la victoire de Philippe-Auguste, mais aussi la fin de sa période de souffrances et de réclusion.
Après la mort de cette dernière, le manuscrit resta attaché à la maison royale et il comporte une mention qui atteste qu’il aurait appartenu par la suite au roi Louis IX, Saint louis. Il fut d’ailleurs conservé dans le courant du XIVe siècle au château de Vincennes comme une relique de ce dernier roi.
Après le XIVe siècle, pour une raison inconnue, le manuscrit partit en périple jusqu’en Angleterre où il demeura jusqu’au milieu du XVIIe, date à laquelle il revint finalement en France. Une mention ajoutée par un faussaire sur le manuscrit tentait d’expliquer les raisons de ce passage en Angleterre mais ses affirmations ont été démontées depuis la fin du XIXe siècle, notamment par l’historien Léopold Delisle.
Après avoir été la possession de plusieurs familles ou collectionneurs, ce psautier fait partie désormais de la collection du Musée de Condé. Outre le fait qu’il est passé dans les mains de grands personnages historiques, il demeure un précieux témoin de l’art légué par les ateliers d’enluminures des débuts du XIIIe siècle.
En vous souhaitant une belle journée et de joyeuses pâques !
Fred
Pour moyeagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
Sujet : archéologie, histoire médiévale, Tintagel, château, fouilles archéologiques, roi Arthur, légendes Arthuriennes. château, royaume celte. Période : Haut Moyen Âge, Moyen Âge central. Lieu d’Intérêt : Tintagel, site archéologique d’exception, découvertes récentes Gestion du site : English Heritage
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous parlons un peu d’archéologie outre-manche et de Tintagel en Cornouailles, berceau des légendes Arthuriennes, mais surtout site d’exception archéologique. Nous en profitons pour aborder les les dernières découvertes en date, en examinant leurs possibles convergences avec les légendes arthuriennes.
Tintagel au Moyen Âge central
Entre presse à sensation et archéologie, le site de Tintagel est marqué du sceau indélébile de Geoffrey de Monmouth,religieux et historien anglo-normand du XIIe siècle, au service du roi Henri 1er d’Angleterrequi, dans son Historia Regum Britanniae, fit de l’endroitle lieu mythique de la naissance du Roi Arthur, enfanté par Uther Pandragon suite à un subterfuge rendu possible par l’enchanteur Merlin. Aujourd’hui, Tintagel est sans doute une des places historiques les plus visitées d’Angleterre, certainement d’ailleurs bien plus pour ses références au légendaire roi breton que pour sa réalité historique établie.
Dans les faits, le site de Tintagel héberge les ruines d’un château construit durant le Moyen Âge central et au XIIIe siècle. Sise sur un emplacement qui ne semble pas avoir « à première vue » de valeur stratégique particulière, cette forteresse n’est pourtant pas sans lien avec le Roi Arthur puisqu’on admet généralement qu’elle fut construite à cet endroit même par Richard 1er, comte de Cornouailles et frère du Roi Henri IIId’Angleterre pour mieux asseoir sa légitimité auprès des habitants de la province, en établissant l’idée d’une connexion entre sa lignée et celle du mythique souverain. C’est encore une preuve de la force des légendes arthuriennes dans l’Angleterre du Moyen Âge central.
Si la majorité des historiens contemporains conteste dans les grandes lignes, la réalité des faits du roi Arthur et de ses chevaliers, ou à tout le moins fait le constat qu’il est impossible d’en établir la véracité, au vue des documents en présence, pour les hommes de Moyen Âge, il ne faisait guère de doute que le fils de Uther Pendragon avait réellement existé et conduit nombre des exploits que les contes gallois ou les écrits de Geoffrey de Monmouth lui prêtaient.
Héritier des légendes arthuriennes
En 1225, Richard 1er de Cornouailles échangea donc avec Gervase de Tintagelses terres de Merthen contre celle de Tintagel pour y bâtir sa forteresse. Au titre des détails intéressants de l’histoire qui viennent encore renforcer ses intentions, il semble même qu’alors il fit bâtir le château dans un style architectural antérieur à celui dont il était contemporain, afin de le faire paraître plus ancien et donc finalement encore plus « Arthurien » et légitime aux yeux des populations de Cornouailles. En affichant la volonté de se situer dans l’héritage des légendes arthuriennes, le noble ne fit pas exception. Comme cité précédemment (voir article), il n’était, en effet, pas rare que les rois anglais des XIIIe et XIVe siècles se référent au légendaire héros, pour s’inscrire dans sa « lignée » ou son « esprit » comme d’autres le faisaient alors avec Charlemagne, en France. Pour que tout cela soit possible, il fallut tout de même attendre que les rois de l’île britannique « anglicisent » en quelque sorte Arthur et le « christianisent » même un peu plus, afin qu’il soit « récupérable » et « présentable ». Dans les siècles précédents le XIIIe, ce dernier incarnait, en effet, un idéal breton ou celte un peu « encombrant » pour l’élite noble anglaise. Cette dernière s’étant finalement réconciliée avec le légendaire roi de Bretagne, on se mit à revendiquer de plus en plus son héritage. De nos jours encore, l’aristocratie britannique continue quelquefois sur cette lancée, en utilisant le célèbre prénom dans le nom donné aux enfants : Prince William Arthur Philip Louis, Princes Charles Philip Arthur George.
Un château peut en cacher un autre
Pour en venir à l’archéologie sur site, la campagne de fouilles actuelle à Tintagel est conduite par l’association English Heritage depuis les années 90. Disons d’emblée que le but déclaré n’est pas – les archéologues sur place s’en défendent largement – de rechercher une quelconque corrélation entre les découvertes et les légendes arthuriennes, mais bien plutôt de mettre à jour les vestiges de bâtiments du haut Moyen Âge.
Dans les années 30, certaines fouilles avaient, en effet, permis de découvrir les traces d’édifices datant d’une période contemporaine des légendes : les Ve, VIᵉ siècles et le haut Moyen Âge. Suite à ces découvertes effectuées du début du XXe siècle, les fouilles s’étaient interrompues pour quelques décennies et, pire même, la demeure de l’archéologue qui les avait en charge ayant été détruite par des bombardements durant la deuxième guerre mondiale, les traces de ses conclusions avaient été en grande partie perdues. Quoiqu’il en soit, depuis les années 70-80, on admettait généralement que les vestiges mis à jour et les traces de bâtiments enfouis pouvaient être les restes d’une forteresse celte, et peut-être même le centre du Royaume de Dumnonia(Domnonée). A partir du IVe siècle et jusqu’au début du IXe siècle et l’invasion des saxons, cette province s’étendait de part et d’autre de la manche sur l’île britannique, mais aussi en Bretagne continentale.
« La pierre d’Arthur »
Débutée dans les années 90, la campagne de fouilles menée par l’organisme English Heritage a permis de mettre à jour une première découverte troublante dans le courant de l’année 98. Si elle ne créa pas de révolution majeure chez les archéologues, amateurs de faits avérés et peu enclins à s’échauffer rapidement, la nouvelle fit le « buzz » dans la presse anglaise. La découverte était un fragment d’ardoise plate gravée d’inscriptions. On émet l’hypothèse qu’elles furent écrites par une main gauloise et toutes ne sont pas entières mais la partie déchiffrable permet de lire : « Pater Coliavificit Artognov« . L’archéologue et historien Charles Thomas (1928-2016) de l’Université d’Exeter la traduisit ainsi : « Artognou, father of a descendant of Coll, has had this built » soit en français moderne : « Artognov (Arthnou, Arthur) père et descendant de Coll a possédé cette construction« .
La pierre a passé, avec succès, les tests de datation et on a pu ainsi la faire remonter au VIe siècle. Elle serait donc contemporaine de la période durant laquelle Arthur aurait vécu. Comme nous le disions plus haut, les historiens et archéologues ne sont jamais prompts à sauter trop rapidement sur les conclusions et se tiennent toujours dans une réserve scientifique prudente, mais certains sont tout de même plus enclins à s’enthousiasmer que d’autres. Ainsi, au moment de la découverte, quand les uns affirmaient que la seule chose que l’on puisse déduire, pour l’instant et avec certitude, de cette pierre était que le prénom « Arthur » était en usage à l’époque, mais aussi que ses inscriptions établissaient la présence d’une compétence de lecture et d’écriture en dehors du cadre religieux, le professeur et archéologue Geoffrey Wainwrightprésent sur le site se montrait, quant à lui, largement plus enthousiaste et déclarait :
« Tintagel nous a présenté la preuve de l’existence d’un prince de Cornouailles, au haut Moyen Âge (dark ages), d’un statut social élevé et qui vivait au temps où Arthur vivait. Le site nous a livré le nom d’une personne : « Arthnou ». Arthnou était ici, c’est son nom que nous retrouvons sur ce morceau de pierre. C’est tout de même assez énorme comme coïncidence, C’est là que le mythe rejoint l’histoire. C’est la découverte de toute une vie. » Geoffrey Wainwright, Arthur Stone Discovery at Tintagel
Les découvertes de 2016
En août 2016, en poursuivant les fouilles sur le site, l’équipe d’archéologues a mis à jour de nouvelles découvertes : les restes d’un mur enfoui d’un mètre d’épaisseur datée de ce même haut Moyen Âge et également de nombreux fragments de poterie et d’objets de verre qui, à l’analyse, proviennent de sites très distants : romains, anatoliens et méditerranéens notamment. L’ensemble tend à confirmer la présence sur place d’une installation de taille, peut-être même d’une forteresse « royale » qui aurait pu être, comme on le pensait depuis quelque temps déjà, le centre de la Domnonée.
De manière certaine, en tout cas, le site était le lieu de vie d’une élite, abritée derrière de hauts et solides murs de pierre dans un complexe élaboré, tant au niveau architectural que défensif. L’endroit était aussi, à l’évidence, le centre d’une forte activité commerciale. Les experts de cette période et de ce peuple celte brittonique de Domnonée avancent que ces derniers échangeaient très certainement de l’étain, et peut-être même encore des esclaves et des chiens de chasse contre ces produits élaborés d’origine lointaine et méditerranéenne (vin, huile d’olive, etc…). Plus d’informations sur la Domnonée ici ( en anglais).
Corrélations arthuriennes ?
Et Arthur dans tout ça, me direz-vous ? Et bien les bâtiments sont, encore une fois, contemporains du siècle où la légende situe le roi breton mais les archéologues restent, là encore, prudents. Si certains y cèdent volontiers, il semble tout de même que l’ensemble de la corporation voit la poursuite des légendes arthuriennes plus proche d’un film de Stephen Spielberg que d’un travail sérieux de recherche de terrain. Arthur n’est donc pas devenu leur Graal et ils se défendent, au moins officiellement, d’en poursuivre la chimère. Ils préfèrent donc se focaliser sur les informations cruciales que promettent, quoiqu’il en soit, d’apporter les fouilles de Tintagel dans les années à venir sur l’Angleterre du haut moyen âge, et sur cette période encore peu connue de son histoire qui fait suite à la chute de l’empire romain. Ajoutons que ces dernières trouvailles archéologiques ont fait de Tintagel, un site d’exception et sans doute même, l’un des plus importants d’Europe de l’ouest, sur la période du haut Moyen Âge.
Bien sûr, du côté des amateurs du mythe d’Arthur et ses preux chevaliers, chaque découverte allant dans le sens de la légende est toujours un enchantement et ces dernières trouvailles risquent de garantir encore pour longtemps la haute fréquentation du site de Tintagel.
En vous souhaitant une très belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : musique, poésie, chanson, médiévale, troubadour. complainte. Titre : la complainte du prisonnier ou Ja nuns hons pris, Ja nuls om pres Epoque : moyen-âge central (1193-1194?) Auteur : le roi Richard Coeur de Lyon. Langue originale : occitan, langue d’oc Interprètes : Ensemble Perceval
Album : « Minnesänger, Troubadours, Trouvères » (1998) Label: ARTE NOVA Classics
Bonjour à tous,
ous vous proposons aujourd’hui l’écoute d’une nouvelle version de la complainte du prisonnier de Richard Coeur de Lion, cette fois-ci dans la langue originale de sa composition par le roi d’Angleterre et Duc de Normandie, soit en langue occitane.
ette très belle interprétation nous fournit l’occasion de parler d’une autre formation spécialisée dans les musiques anciennes et médiévales avec comme ambition un parti pris de restitution sérieuse, sous-tendu par de longues recherches comparatives aux sources des manuscrits anciens. Il s’agit, cette fois, de l’ensemble Perceval.
Fondé et dirigé en 1979, par Guy Robert et par Katia Caré, l’Ensemble Perceval nous a légué autour de douze albums à la recherche des sonorités, des musiques et de la poésie médiévales.
Instrumentiste, luthiste de renom, fondateur également de l’ensemble Guillaume de Machaut en 1974, Guy Robert s’était encore chargé en 1978 de la musique du film Perceval de Eric Rohmer qui propulsa le jeune Fabrice Luchini à l’écran et dans l’univers très ambitieux du réalisateur. Le luthiste s’était alors inspiré de partitions des XIIe et XIIIe siècles.
Aujourd’hui, le travail de recherche, de diffusion et d’interprétation insufflé par l’ensemble Perceval se poursuit avec les Productions Perceval. Sur le terrain musical, il a pris la forme d’une nouvelle formation du nom de Ligériana, ensemble vocal et instrumental dirigé par Katia Caré. Chanteuse soliste, flûtiste et directrice d’orchestre, cette artiste polyvalente était déjà étroitement associée à la direction de l’Ensemble Perceval depuis sa création, ainsi qu’à la réalisation des albums dont, bien sûr, celui dont le morceau du jour est extrait: « Minnesänger, Troubadours, Trouvères », album enregistré en 1998.
Il faut ajouter que c’est le baryton Jean-Paul Rigaud qui prête sa voix à cette belle version occitane de la complainte du prisonnier que nous vous proposons ici, Ce chanteur lyrique d’exception, que vous aurez l’occasion de retrouver en collaboration avec de nombreuses autres formations médiévales, puisque c’est un répertoire dans lequel il s’est tout particulièrement spécialisé, est aussi directeur de l’Ensemble Beatus, autre formation dont nous aurons très certainement l’occasion de reparler ici.
Au niveau de ses activités, les Productions Perceval débordent largement du cadre des concerts et des tournées européennes pour proposer, en sus d’une discographie abondante et accessible à la vente en ligne, des actions culturelles, des ateliers pédagogiques, mais encore des expositions et d’autres événements autour du moyen-âge et des musiques anciennes. A noter que Katia Caré participe aussi activement à la réalisation de programmes musicaux et télévisuels sur la chaîne ARTE.
Vous trouverez tout le détail de leurs activités et concerts sur leur site web très complet, ici même : www.productions-perceval.com.
Les paroles de la complainte de Richard Coeur de Lyon en occitan
ous vous proposons donc cette fois-ci cette chanson dans sa langue d’oc originale. Vous pourrez retrouver également les paroles en vieux français ici . Elles incluent quelques strophes qui n’apparaissent pas dans la version occitane ci-dessous.
Ja nuls om pres non dira sa razon Adrechament si com om dolens non Mas per conort deu om faire canson Pro n’ai d’amis mas paure son li don Anta lur es si per ma rezenson So çai dos ivers pres
Jamais nul homme pris ne dira sa pensée
De manière juste et sans fausse douleur ;
Mais il peut faire l’effort d’une chanson ;
J’ai beaucoup d’amis, mais pauvres sont leurs dons.
La honte sera sur eux si, faute de rançon,
Je reste deux hivers prisonnier
Or sapchon ben miei om et miei baron Angles norman peitavin et gascon Qu’ieu non ai ja si paure companhon Qu’ieu laissasse per aver en preison Non o dic mia per nula retraison Mas anquar soi ie pres
Ils le savent bien, mes hommes et mes barons,
Anglais, Normands, Poitevins et Gascons :
Que jamais je n’eu si pauvre compagnon
Pour le laisser, faute d’argent, en prison.
Je ne le dis pas pour leur faire reproche
Mais je suis encore prisonnier. Car sai eu ben per ver certanament Qu’om mort ni pres n’a amic ni parent E si’m laissan per aur ni per argent Mal m’es per mi mas pieg m’es per ma gent Qu’apres ma mort n’auran reprochament Si çai me laisson pres
Maintenant, pour le voir, je sais parfaitement
Que morts ou prisonniers n’ont d’amis ni parents,
Et s’ils me laissent ici pour or ou pour argent
C’est bien mal pour moi, mais pire pour mes gens,
Qui jusqu’après ma mort se verront reprochés
S’ils me laissent ici prisonnier
No’m meravihl s’ieu ai lo cor dolent Que mos senher met ma terra en turment No li membra del nostre sagrament Que nos feimes els sans cominalment Ben sai de ver que gaire longament Non serai en çai pres
Je ne m’étonne plus si j’ai le coeur souffrant Car mon seigneur* met ma terre en tourment Il ne se souvient plus de notre serment Que nous fîmes ensemble au Saint, Mais je sais bien en vérité que guère longtemps Je ne serai, en ces lieux, prisonnier
Suer comtessa vostre pretz sobeiran Sal Dieus e gart la bela qu’ieu am tan Ni per cui soi ja pres
Soeur comtesse, votre titre souverain Vous sauve et vous garde de celui à qui je fais appel Et qui me tient prisonnier !
En vous souhaitant une très belle journée !
Fred
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