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Excalibur, Découverte de l’épée par Arthur, Alfred Tennyson

Sujet  : légendes arthuriennes, roman arthurien, poésie, citations, Excalibur, légendes du Moyen Âge,  roi Arthur, matière de Bretagne.
Période  : Moyen Âge central, haut Moyen Âge, XIXe siècle.
Ouvrage : Les Idylles du Roi, L’arrivée d’Arthur,
Auteur : Alfred Lord Tennyson (1809-1892)

Bonjour à tous,

epuis leur apparition au cœur du Moyen Âge central, les légendes arthuriennes n’ont cessé de fasciner le public. De Geoffrey de Monmouth à Chrétien de Troyes, en allant jusqu’à Robert de Boron ou Thomas Mallory et d’autres encore, le monde médiéval a vibré à l’évocation de la chanson de Roland, tout autant qu’aux récits de la matière de Bretagne. La présence de nombreux manuscrits médiévaux est encore là pour en attester (1).

Indémodables légendes Arthuriennes

Loin de se réduire au Moyen Âge, le cycle arthurien a continué de se perpétuer dans notre monde moderne. Jusqu’à des dates récentes, les hauts faits d’Arthur et d’Excalibur, son épée magique, ont inspiré les cinéastes et auteurs. Films, jeux vidéos, romans, études et essais, continuent d’alimenter la légende du roi breton et de ses chevaliers.

Du film Excalibur de John Boorman aux variations franco-françaises d’Alexandre Astier sur Kaamelott , chacun ajoute sa petite pierre à l’édifice et les richesses de l’épopée arthurienne reste une source d’inspiration inépuisable.

Les études en médiévalisme ne sont pas non plus en reste. Les conférences et les ouvrages fleurissent pour tenter d’éclairer la renommée toujours actuelle d’Arthur sous un jour nouveau (voir La Modernité d’Arthur par Justine Breton et William Blanc). Autre fait étonnant en provenance du monde de la recherche, jusqu’à dernièrement, les manuscrits médiévaux ont même révélé des nouveaux pans des légendes arthuriennes. On pense, en particulier, aux travaux de Emanuele Arioli et son chevalier Ségurant.

La poésie arthurienne d’Alfred Tennyson

Aujourd’hui, nos pas nous entraînent un peu en arrière. Nous repartons en effet, à l’époque victorienne et dans l’Angleterre du XIXe siècle, terre vivace des légendes arthuriennes. Ce siècle est aussi celui des romantiques. De Victor Hugo à des prédécesseurs plus précoces comme Gottfried August  Bürger (1747-1794), on redécouvre alors le monde médiéval, avec sa magie et ses dimensions épiques et ses promesses de mystères. Notre auteur du jour, Alfred Tennyson, se rattache lui aussi à ce courant.

"Arthur découvre Excalibur sur le lac", extrait/citation de "The Coming of Arthur" d'Alfred Tennyson, accompagné d'une gravure de Maclise Daniel (1806-1870) datée elle aussi du XIXe siècle
Arthur et Excalibur, extrait du Coming of Arthur avec gravure de Maclise Daniel (1806-1870)

Célèbre poète anglais de l’ère victorienne, on doit à Alfred Lord Tennyson une œuvre assez fournie dont un certain nombre de poésies dédiées à la matière de Bretagne. Entre 1859 à 1885, il revisita notamment en vers, le roman arthurien en se basant largement sur La Morte d’Arthur de Thomas Malory (1405-1471).

A travers 12 poésies, Tennyson s’attacha ainsi à retracer les exploits du roi Arthur, de son arrivée au pouvoir, à la formation de son royaume et jusqu’à sa tragique disparition. Ces poésies arthuriennes sont quelquefois réunies dans « Idylls of the King » (les idylles du roi) mais on peut aussi trouver d’autres textes regroupés dans des ouvrages à part.

L’extrait du jour est tiré de la première poésie de la série intitulée « The coming of Arthur » (l’arrivée d’Arthur). Elle conte l’épisode dans lequel le roi breton, en compagnie de Merlin, vogue en barque sur le lac en direction d’Excalibur pour s’en saisir. Dans La Morte d’Arthur de Malory, l’épée, surgie des profondeurs des eaux, est offerte à Arthur par la dame du lac en gage d’un futur service.

Traductions françaises d’Alfred Tennyson

La poésie d’Alfred Tennyson ne semble pas avoir connu une grande destinée en langue française. Pour la traduction de l’extrait du jour, nous nous sommes basé sur une édition anglaise de Sophie Chantal Hart, éditée chez Longman english classics en 1915. L’ouvrage contient The Coming of Arthur, The Holy Grail et The Passing of Arthur ( L’Arrivée d’Arthur, Le Sacré Graal et La Mort d’Arthur).

On pourra retrouver quelques-unes des poésies d’Alfred Tennyson en version française dans l’ouvrage In Memoriam, édité chez Classic Reprint en 2019. Pour les anglophones parmi vous, Gallica propose également une belle version illustrée par Gustave Doré des Idylls of the King, datée de 1868 (à consulter en ligne ici).


La découverte d’Excalibur par Arthur
dans la langue originale d’Alfred Tennyson

« There likewise I beheld Excalibur
Before him at his crowning borne, the sword
That rose from out the bosom of the lake.
And Arthur row’d across and took it —rich
With jewels, elfin Urim, on tlie hilt.
Bewildering heart and eye —the blade so bright
That men are blinded by it —on one side,
Graven in the oldest tongue of all this world,
« Take me, » but turn the blade and ye shall see,
And written in the speech ye speak yourself,
« Cast me away ! » And sad was Arthur’s face
Taking it, but old Merlin counsell’d him,
« Take thou and strike ! the time to cast away
Is yet far-off. » So this great brand the king
Took, and by this will beat his foemen down. »


The Coming of Arthur, Alfred Lord Tennyson (1809-1892)

Traduction en français actuel de cet extrait

« Et là encore, j’ai vu Excalibur, devant lui, lors de son couronnement, l’épée qui s’élevait au milieu du lac. Et Arthur a navigué jusqu’à elle et l’a prise, sa poignée garnie de joyaux délicats (elfiques) brillants et parfaits (Urim hébreu). Splendide et déroutante à l’œil et au cœur, la lame si brillante qu’elle aveugle les hommes, avec sur un côté, gravés dans la plus vieille langue de tout ce monde, les mots : « Prends-moi », mais en retournant la lame, tu aurais pu voir, de l’autre côté, écrit en une langue que tu parles toi aussi : « Jette-moi au loin ! » Et le visage d’Arthur était triste en la prenant, mais le vieux Merlin lui a conseillé : « Prends là et frappe ! Le moment de t’en défaire est encore loin. » Ainsi, le roi s’est saisi de cette grande lame, avec laquelle, il allait abattre ses ennemis. »

La venue d’Arthur, Alfred Lord Tennyson (1809-1892).


En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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(1) voir la conférence codicologie et les romans arthuriens de Richard Trachsler.

NB : au côté du portrait d’Alfred Tennyson sur l’image d’en-tête, on peut retrouver le détail d’une illustration de N. C. Wyeth (1882-1945) de la même scène d’Arthur récupérant Excalibur sur le lac.

Art pictural et inspiration médiévale : le château de Alnwick par William Turner

william_turnerSujet : châteaux moyen-âge, peinture, art pictural, inspiration médiéval, romantisme,
Période :  moyen-âge central et XIXe siècle
Artiste : J Mallord William Turner (1775-1851)
Titre :  Alnwick Castle, Northumberland (1829)
(ci-contre Turner auto portrait 1799 )

Bonjour à tous,

P_lettrine_moyen_age_passion-copialus d’un siècle avant que le cinéma ne s’empare de son incomparable décor pour y réaliser un nombre considérable de films, dont une partie de la série des Harry Potter, le château anglais de Alnwick avait déjà inspiré le célèbre Joseph Mallord William Turner.

Si le peintre anglais a su sublimer l’art des paysages, les châteaux du moyen-âge et leur vestiges l’ont aussi inspiré à de nombreuses reprises. Il leur a consacré de nombreuses toiles, au long de sa carrière et, à la faveur de voyages en France, Turner a même eu l’occasion de peintre quelques unes de nos forteresses (Blois, Saint-Germain-en-Laye, …).  La toile du jour date du début du XIXe siècle (1829). Parti d’Angleterre et d’Allemagne, le romantisme est désormais en marche jusqu’en France, notamment sous la plume d’Hugo (voir article). A l’image d’auteurs et artistes de ce mouvement qui lui sont contemporains, Turner revisite, à sa manière, les châteaux et monuments du moyen-âge comme pour en faire mieux resurgir la nature mystérieuse et grandiose.

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La forteresse médiévale de Alnwick par William Turner

Le château de Alnwick

Sis dans le  Northumberland, le château de Alnwick a connu ses premières mentions et heures de gloire dans le premier tiers du XIIe siècle. A la frontière anglo-écossaise, il a été au coeur des tensions entre les deux couronnes, avant d’être le témoin, jusqu’au XVe siècle, de luttes de pouvoir entre la couronne et ses puissants vassaux les Percy, comtes et ducs de   Northumberland. De nos jours, il est toujours la propriété et la résidence des ducs de Northumberland.

En vous souhaitant une bonne journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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Un songe de Clément Marot en forme de dizain.

poesie_medievale_clement_marotSujet : poésie médiévale, auteur, poète, dizain, amour, romantisme, passion amoureuse
Période : fin du moyen-âge, début renaissance
Auteur : Clément Marot (1496-1544)
Titre : « D’un songe »
Tiré de : Récréation et passe temps des tristes, (1595)

Bonjour à tous,

L_lettrine_moyen_age_passione talent de Clément Marot pour les pièces de poésies courtes n’est plus à démontrer tant il excelle dans ce genre, qu’il s’agisse d’épigrammes, de dizains ou même encore d’épitaphes. Le dizain que nous vous proposons aujourd’hui est dédié à sa belle dont les charmes irrésistibles ont, dans le verbe du poète, conquis  jusqu’à Apollon, Dieu de poète des Arts, de la musique et de la connaissance.

poesie_medievale_dizain_auteur_clement_marot_amour_songe_moyen-age_tardif_debut_renaissance

Même s’il reste chaste, Marot ose ici la nudité et s’avance sur le terrain d’une sensualité qu’on retrouve peu dans les traits de l’amour courtois des siècles précédents; la plupart du temps, ce dernier ne s’approche, en effet, pas aussi près. Dans les formes poétiques de ce dizain et dans cet objet convoité que même un Dieu veut dérober à l’emprise de son auteur, on lit , sans doute plus, le désir intarissable de l’amant, que celui inassouvi du prétendant.

Et à travers cette pièce, Marot nous montre encore que son don pour les mots et leur musique ne s’arrête pas aux traits d’esprit, à la satire ou aux grivoiseries légères, mais a aussi le pouvoir de donner au sentiment amoureux ses plus belles lettres.

D’un songe

La nuict passée en mon lict je songeoye
Qu’entre mes bras vous tenoy nue à nu,
Mais au resveil, se rabaissa ma joye
De mon désir en dormant advenu,
Àdonc je suis vers Apollo venu, 
Luy demander qu’aviendroit de mon songe,
Lors luy jaloux de toy, longuement songe,
Puis me respond : tel bien ne peulx avoir.
Helas! m’amour fais luy dire mensonge,
Si confondras d’Apollo le scavoir.
Clément Marot (1496-1544)

En vous souhaitant une belle journée.
Fred
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