a fin septembre approche et il est temps de faire notre édito de rentrée. Il est d’abord et avant tout, en forme d’un grand merci pour tous ceux qui nous suivent déjà et nous en profitons pour souhaiter du même coup, une bienvenue chaleureuse à tous nos nouveaux visiteurs.
Moyenagepassion est une sorte de machine à remonter le temps pour voyager dans le moyen-âge de ses périodes les plus reculées jusqu’à nos jours. Pour les curieux comme les passionnés, c’est aussi un laboratoire d’expérimentation pour explorer et découvrir tout en se divertissant, les mille ans d’histoire fascinante que couvre le monde médiéval.
Depuis ses premiers pas et à quelques rares exceptions près, nous avons publié, quotidiennement, un nouvel article, quelquefois plus. De fait, aujourd’hui, à près de neuf mois de lancement, vous pourrez y retrouver près de 300 articles sur des sujets aussi variés que l’histoire, la poésie, la littérature, la musique, la science, les châteaux, les manuscrits anciens, des livres ou romans plus récents sur le sujet, mais aussi sur des événements d’actualité ou des festivals célébrant le moyen-âge, et même encore des billets d’humour.
i nous y parlons très sérieusement et quelquefois plus trivialement d’Histoire, nous n’oublions pas non plus, dans nos pérégrinations, le moyen-âge imaginaire, celui qui vit encore dans nos esprits et même encore celui qui nous transporte jusqu’aux rivages du fantastique et de la fantaisie sur les ailes des dragons. C’est en effet, dans la confrontation de ses faits historiques comme de sa résonance réelle ou révée, que nous voulons saisir le monde médiéval. Que nous a-t’il légué? Que nous en reste-t’il? Comment s’invite-t’il encore dans nos vies, dans nos valeurs, dans notre imaginaire? Etait-il donc si barbare? Y était-on si misérable et si triste que nous l’ont conté les siècles qui le suivirent ou que nous le découvrait même parfois le Georges Duby au temps des cathédrales, dans de grands élans lyriques et dramatiques télévisuels? Pour paraphraser Pierre Desproges qui voulait vivre heureux en attendant la mort, ne pouvait-on y vivre heureux en attendant la peste?
Sans aller dans ces deux extrêmes, peut-être faut-il trouver une juste demi-mesure et si vous suivez moyenagepassion depuis quelques temps déjà, vous avez déjà compris que c’est à cela que nous nous employons. De la deuxième moitié du XXe siècle jusqu’à récemment, les historiens médiévistes se sont employés à réhabiliter cette période et c’est avec ce regard neuf, que nous tentons de l’aborder nous-même, pour démontrer qu’on peut, aujourd’hui, s’intéresser au monde médiéval sans pour autant le considérer moyenâgeux.
oute proportion gardée et en forme de clin d’oeil, il y a derrière tout cela un projet un peu foufou qui n’est pas sans évoquer les projets d’encyclopédie auxquels certains auteurs médiévaux pouvaient s’atteler, seuls. Nous avons de notre côté, le parchemin et la plume en moins, mais le multimédia et la souris en plus, avec des images, des illustrations, des vidéos, des documentaires, des films, des conférences et même des lectures audio en vieux français. Au final, encore une fois en le comprenant plus dans son sens médiéval que contemporain et en le projetant un peu dans le temps, cela pourrait prendre la forme d’une sorte de petite encyclopédie médiévale artisanale qui, sans trop se prendre au sérieux, se mettrait par instant à rêver qu’elle puisse, peut-être un jour, devenir idéale, comme l’était le beau palais du facteur Cheval.
Nous allons donc, de notre côté, pierre par pierre, continuer de l’édifier. Vous êtes déjà des milliers tous les mois à nous encourager à le faire et nous vous remercions encore du fond du coeur pour cela, et pour ceux qui nous découvrent, restez encore un peu, vous êtes les bienvenus!
En vous souhaitant une très belle journée à tous.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
– Qu’est-ce que tu ne sais Roland, toi qui sait tout? – Et bien ça. – Quoi ça? – Oui, je ne sais pas ce que je ne sais pas. C’est simple!
Citation de Nicolas de Cusa , (1401-1464)
Tirée de la Docte Ignorance.
icolas de Cusa, (ou encore Nicolas de Cues ou Chrypffs) est un religieux (cardinal puis vicaire), philosophe, penseur et savant allemand du moyen-âge tardif. Sa pensée l’inscrit dans une modernité en rupture avec la scolastique du monde médiéval qui l’avait précédé et préfigure déjà l’esprit de la renaissance. On lui prête notamment une grande influence sur la philosophie des sciences, pour les siècles qui suivront, d’Hegel à Descartes, mais aussi sur l’astronomie.
« Maintenant nous allons travailler à rendre pure et parfaite la matière imparfaite »
Petit Traité d’Alchimie, intitulé « Miroir de l’Alchimie ».
Citation médiévale prêtée au « Doctor Mirabilis » Roger Bacon, savant, philosophe et alchimiste du XIIIe siècle, (1214-1292) mais qui à l’évidence ne lui appartient pas.
Quand les auteurs se changent en corpus
ous avons déjà évoqué, ici, dans un article, du phénomène qui s’est souvent produit consistant à attribuer à un auteur ancien tout un ensemble de textes qui ne lui appartenait, en définitive, pas du tout. (voir article sur les Goliards et l’Archipoète). Outre les possibles erreurs d’archivage qui peuvent expliquer cela, il faut y voir encore les erreurs des lecteurs de textes non signés, convaincus de bonne foi de leur paternité quand les ouvrages ou les productions ne sont pas eux-même signés faussement de la main des auteurs originaux. L’affaire n’est donc pas simple mais de fait, les auteurs célèbres du monde médiéval, savants, poètes comme alchimistes (Albert le Grand, Arnaud de Villeneuve, etc, …), ont eu souvent tendance à se voir changer, malgré eux, en « corpus ».
Concernant cette citation que nous vous livrons ici et le fait qu’elle aurait été écrite par Roger Bacon, les mêmes flottements ont existé même si l’hypothèse semble en être, aujourd’hui, définitivement écartée. L’ouvrage, pas d’avantage que la citation présente en tête de cet article, ne sont de lui. Cette dernière est, en revanche, réellement tirée de l’ouvrage que l’on appelle le Miroir de l’Alchimie (Speculum alchimiae) qui aurait été écrit, en réalité, au XVe siècle et ne peut donc être contemporain du vrai Roger Bacon décédé, quant à lui, près de 300 ans avant, sauf à croire qu’il ait, en secret, découvert la pierre philosophale et l’immortalité. Mais ce sont des légendes qui courent pour l’instant plus sur Nicolas Flamel que sur le célèbre « Doctor admirable » du XIIIe siècle.
Alchimie & mystique de la transformation
Quoiqu’il en soit, cette citation résume, en une ligne, l’objet autant ambitieux que fascinant de l’Alchimie. Pour en avoir une vision plus juste et plus complète de cette science médiévale, il faudrait encore ajouter que la perfection recherchée était, bien sûr, une perfection divine. Je dis que cet objet est fascinant parce que, même si l’Alchimie a souvent pris, sous des odeurs de souffre, les dehors de la recherche obscure et quelquefois obsessionnelle de l’or ou de l’immortalité, et même si elle a été, il est vrai, noyauté par une ribambelle d’imposteurs qui lui ont fait du tord, dans sa Maestria, son ambition réelle était bien plus profonde et spirituelle. A la faveur des incompréhensions qu’elle a suscité, il faut encore ajouter l’hermétisme de son langage autant que de ses processus de transmission comme autant de facteurs aggravants pour la faire méjuger. Science et discipline ancienne incomprise ne faisant, dans sa forme, pas l’effort de se mettre à portée du commun et même, tout au contraire, cultivant l’hermétisme, l’Alchimie était, d’abord et avant tout une mystique de la transformation, une quête du divin et du sacré jusque dans le coeur de la matière. A travers ses actes de transmutation et ses opérations tant symboliques que matérielles, c’était la quête d’un chercheur solitaire, en recherche pour devenir un agent du divin, pour se bonifier, se purifier et finalement transcender sa propre nature dans une quête initiatique dont on disait qu’une vie entière ne suffisait souvent pas à l’épuiser ou à l’atteindre. Y-a-t’il quête plus fascinante ou plus merveilleuse que celle d’un homme qui cherche à dépasser les imperfections de sa propre nature pour s’élever? Le débat est, bien sûr, ouvert pour qui pense que l’univers manque de sacré ou pour qui , au contraire, soutient que nous lui en prêtons encore trop.
Une chose demeure certaine, que le but soit ou non atteint et que l’on tende l’oreille aux mystérieuses légendes de ses grands ayant trouvé la pierre philosophale, devenu riche et peut-être immortel comme on le dit d’Hermès Trismégiste (encore un corpus!) à Nicolas Flamel, cette science médiévale aura favorisé de nombreuses découvertes qui sont venues, au fil des manipulations de la matière, comme les conséquences accessoires ou les accidents d’une recherche bien plus vaste et ambitieuse : découverte de quantité de solutions acides, citrique, sulfurique, chlorhydrique, acétique, …, et encore, gaz carbonique, potasse, phosphore, eau de vie, sans parler des applications cosmétiques et médicinales, etc, La liste est longue.
L’alchimie, ancêtre de la Chimie ?
« L’alchimie, aussi bien que l’astrologie et la magie, doit être considérée comme une science traditionnelle. Elle doit être définie en fonction de ses rapports avec les structures et les valeurs des sociétés et des civilisations de type traditionnel, orientales et occidentales, antiques et médiévales où elle est née et où elle s’est développée. Il faut donc la considérer en fonction de ses propres critères et se garder de la réduire à nos systèmes. » René Alleau, historien des sciences, (voir article ici sur universalis)
L’Alchimie était-elle « simplement » l’ancêtre de la chimie ? Peut-on simplement la réduire à cela ? C’est ue définition commode et souvent entendue. Je ne le crois pas. Factuellement, elle a, certes, donné naissance à la chimie mais les sciences modernes sont nées dans une rupture matérialiste et rationaliste d’avec leurs aïeules. L’Alchimie n’est pas simplement la Chimie, une fois Dieu « ôté » ou quelques croyances soustraites. Bien sûr, à l’évidence, cette science médiévale, pour peu qu’on veuille avec René Alleau, encore lui prêter ce caractère de science, date d’un temps où l’objet de la science n’était pas dissocié de la recherche du divin et où, dans les mystères de l’univers, c’est toujours, au bout du compte, le divin que l’on cherchait, que l’on voyait à l’oeuvre et que l’on finissait, invariablement, par trouver, dedans les découvertes comme face aux mystères. Mais quand je dis que la Chimie n’est pas simplement « l’Alchimie moins Dieu », en dehors de la complexité des opérations auxquelles elle se livrait et de l’intentionnalité qui les sous-tendait et qui en font bien plus qu’une Chimie balbutiante, il demeure aussi évident que la pratique de la science moderne n’a pas évacué, tout à fait, certains questionnements chez l’ensemble de ses chercheurs.
Il aura fallu sans doute quelques siècles pour que la jeune science matérialiste et rationaliste, né d’un « schisme » et ayant commencé à faire le deuil de ses vieilles luttes au corps à corps avec les institutions religieuses, s’ouvre à nouveau et admette que la question du divin n’est toujours pas tranchée de manière irrévocable par son exercice. Cette question continue d’appartenir, au fond, à chacun de ses chercheurs et depuis la deuxième moitié du XXe siècle, les sciences de la nature ne peuvent plus tout à fait se contenter de l’hégémonie du seul matérialisme. Albert Einstein, repensant la matière dans l’espace quantique et les mystères de la lumière et du temps, nous parlait de Divin, mais il n’est pas le seul de tout ceux qui cherchent à prêter à la marche de l’univers quelques mystères ou quelques lois à l’oeuvre, qui relève d’autre chose que de
la simple mécanique hasardeuse. De la même façon, une certaine biologie née récemment tente de repenser les lois de la vie en s’affranchissant de la physique matérialiste des origines.
(ci-contre gravure du XIXe, (colorisée par nos soins) qui représente le Faust de Goethe créant un Homunculus)
Au fond, on pourrait dire que Dieu reste dans la chimie, s’il est dans le chercheur, à quoi un croyant me répondrait sans nul doute: « Mon jeune ami, que le chercheur y prête foi ou non , Dieu est dans chaque chose et n’attend pas que l’homme croit en lui pour être », mais ceci est un autre débat. En tout cas, pour toutes ces raisons, on ne peut plus simplement réduire à la fois la Chimie et l’Alchimie à des définitions matérialistes et rationalistes: la chimie n’est pas l’Alchimie moins Dieu, pas d’avantage que la vieille science médiévale n’est simplement la Chimie enrobée d’une couche de foi.
Pour en revenir à cette citation du Miroir de l’Alchimie et concernant le grand Roger Bacon, il a également comme de nombreux savants et érudits du monde médiéval pratiqué l’Alchimie. On ne prête toujours qu’aux riches.
En vous souhaitant une belle journée!
Frédéric Effe
Pour moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publilius Syrus Ier s. av. J.-C
«L’humilité est le fondement de toutes les autres vertus. Ainsi, dans l’âme dans laquelle il n’existe pas cette vertu, il ne peut y avoir d’autres vertus que la simple apparence. »
Saint Augustin d’Hippone, (an 354-430), Théologien, philosophe, mystique chrétien (enluminure ci-contre Saint Augustin, livre de prière de Clément VII, XIVe siècle, Avignon)
Bonjour à tous!
ous vous proposons aujourd’hui un petit article sur l’Histoire en tant que science et sur les réserves à garder en tête quand nous parlons de « vérités historiques ». Il n’est, bien sûr, pas question de nier l’état des recherches actuelles, ni de faire table rase de nos visions sur le monde médiéval mais juste d’apporter un petit « bémol » de principe sur ce sujet. Ce sont des choses importantes à garder en tête quand nous parlons de Science en général, et, dans notre cas, d’Histoire médiévale et quand nous tentons d’avoir une vision claire du moyen-âge.
Il est question donc, ici, de s’interroger sur la manière dont l’Histoire est conduite et se construit comme discipline scientifique, et en deux mots d’effleurer ce que l’on appelle « l’épistémologie ». C’est un mot qui fait un peu peur pour qui ne l’a jamais entendu et qui se destine souvent plus aux chercheurs et aux philosophes qu’aux profanes mais, encore une fois, comme nous parlons beaucoup d’Histoire médiévale sur ce site, il paraît intéressant d’y réserver une petite place pour ce genre de réflexions. Au fond, un peu de distance ne fait jamais de mal pour qui se passionne d’Histoire et de moyen-âge, autant que pour le chercheur qui s’interroge sur sa manière de chercher et qui aspire à la découverte d’une certaine « vérité ».
Aussi agréable que puisse être le refuge des certitudes, je vous propose donc, aujourd’hui, de céder un peu à l’inconfort qu’il y a à penser la complexité; et le fait est que l’Histoire des hommes, de leurs sociétés et des facteurs qui les influencent est un sujet d’étude particulièrement complexe, au présent comme au passé.
L’Histoire, une science de la reconstruction
l’image de la paléontologie ou de la science préhistorique, l’Histoire est autant une science de la reconstruction, qu’une science en construction. A tout le moins, c’est ainsi qu’elle devrait être conduite. C’est le lot d’ailleurs de toutes les sciences et la tentation d’arrogance des premiers siècles de ces disciplines, au fond extrêmement jeunes dans l’histoire de l’humanité, doit désormais laisser la place à une saine humilité avec leur arrivée dans l’âge de leur puberté, à défaut d’être encore celui de leur maturité. En d’autres termes, si le physicien quantique face à une particule l’a déjà compris et sait, aujourd’hui, replacer ses recherches, au sein d’un grand mystère qu’il lui faut tenter de percer – en comprenant bien à quel point sa neutralité d’observateur et la limite de ses propres perceptions peuvent être problématiques pour appréhender la complexité à laquelle il fait face- , le même devoir s’applique, a fortiori, à l’historien ou au chercheur en sciences humaines face à la complexité des phénomènes qu’il a la prétention d’approcher ou de décrypter.
Concernant la période du moyen-âge, l’historien a, certes, plus de documents et d’éléments à se mettre sous la dent que quelques squelettes d’hominidés ou de bipèdes pris dans l’argile, mais l’exercice reste le même. Par ailleurs, même si les sources demeurent plus nombreuses qu’en paléontologie, les moines et l’église ayant notamment consigné de nombreuses choses par écrit, il reste tout de même frappant de voir combien le temps a pu emporter de traces dans son cours impétueux. Entre les pointillés de ses découvertes archéologiques, entre les pierres des châteaux ou des églises, entre les sépultures, les documents ou les parchemins retrouvés, l’Histoire doit pourtant bien s’écrire avec les éléments qu’elle a en sa possession et c’est avec les sources fiables et datées en présence qu’il lui faut tenter de retracer des lignes continues entre les faits et les points connus pour refabriquer du sens et tenter de mettre à jour un vision « juste » du monde médiéval. Se faisant, elle doit, bien sûr, rester consciente du fait qu’il lui faut éviter de rechercher, à tout crin, des raccourcis faciles. L’historien sait bien, en effet, que la réalité s’inscrit toujours dans les nuances et que les vérités tranchées sont rares. L’Histoire quelquefois se répète ou, à tout le moins, balbutie et il a aussi appris d’expérience que les visions « simplistes » des premiers découvreurs doivent être souvent revisitées à la lumière d’une complexité qui grandit au fil des nouvelles découvertes.
toutes ces difficultés, s’ajoute encore le fait que l’affaire se complexifie au fil des avancées des autres sciences qui, inévitablement, viennent mettre leur grain de sel dans l’Histoire et l’oblige à se revisiter : climatologie, datation, analyse ADN et biologie, etc… La reconstruction devient alors multiforme et complexe et il peut s’avérer bien difficile de pondérer les effets des sciences connexes sur cette réalité « passée » que l’on a la prétention d’observer ou de reconstruire. Quel est l’incidence d’un micro-réchauffement climatique de deux degrés sur l’expansion économique d’une période particulière du moyen-âge? Si la question n’était pas encore trop générique, nous serions presque déjà en plein sujet de thèse!
t comme l’Histoire est une science humaine conduite par les hommes à travers des institutions et des académies, dans ce difficile exercice d’hypothèse, de projection et de reconstruction qui lui échoie, il lui faut encore résister à ses propres corporatismes et aux préjugés qu’elle se forge et auxquels parfois elle s’attache. Passer ce genre de cap lui prend quelquefois du temps et il n’est pas rare que dans le débattement, les nouvelles découvertes soient rangées dans les exceptions ou dans les confirmations suivant qu’elles viennent infirmer ou confirmer la vision que l’on s’est déjà faite ou la construction que l’on a échafaudé d’un certain moment N de l’Histoire. Au fond, dans toutes ces réflexions. Michel Foucault n’est jamais bien loin, avec son archéologie du savoir.
Mais alors, au vue de tout cela, que reste-t’il à découvrir de l’Histoire du moyen-âge pour l’éclairer ou la ré-éclairer d’un jour nouveau? Bien sûr, il est difficile de le savoir mais plus on avance dans les investigations, plus nous affinons notre conception du passé (même si cela reste encore dans les limites et à la lumière de nos idéologies actuelles), et plus il semble qu’il faille nous défier des reconstructions faciles et des vérités à l’emporte-pièce. Au final, il ne nous reste qu’une certitude; ce que l’on tient pour vérité historique est toujours posé sur un socle susceptible de se mouvoir avec le temps. C’est donc toujours dans la perspective de ces possibles remises en cause et dans une nécessaire ouverture d’esprit que se tient aussi la passion pour l’Histoire et pour son incontournable alliée de terrain, l’archéologie.
Humilité et distance, c’est là que se tient la vérité historique, sage et placide, mais toujours consciente de la complexité de l’objet de ses recherches.
Un très belle journée à tous!
Frédéric EFFE
pour moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publiliue Syrus Ier s. av. J.-C