ous poursuivons notre bestiaire médiéval fantastique audio avec aujourd’hui l’histoire de trois nains et un elfe dans la forêt. Nous en profitons pour aborder la légendaire entente entre ses deux peuples, qui, à part la bipédie, n’ont finalement pas grand chose d’autre en commun, les uns vivant sous terre et creusant des mines, les autres, amants de la nature et des arbres, et vivant dans les forêts.
Que les puristes, fans de Tolkien, ne nous en veulent pas, si nous ne l’étions pas nous-même, nous ne commettrions sans doute pas ces petites histoires drôles et ces blagues sur cet univers médiéval fantastique.
D’ailleurs, puisque j’y suis, j’en profite pour ajouter, pour ceux qui ne connaissent le Seigneur des Anneaux que par le cinéma, que si vous ne l’avez pas déjà fait, je vous encourage franchement à lire les livres. L’écriture de JRR Tolkien est une merveille et vous y trouverez des détails et bien des choses que les films de Peter Jackson (LOTR), si réussis et si respectueux de l’oeuvre du grand écrivain anglais, soient-ils, n’ont pas pu aborder. Voila il fallait quand même que cela soit dit! Saperlipopette!
oursuivons notre bestiaire médiéval fantastique, en exclusivité pour moyenagepassion.com et pour nos lecteurs*, et, bien entendu, toujours animés que nous sommes de la volonté tenace de mieux cerner tous ces êtres magiques que l’on peut pouvons croiser dans la littérature ou le cinéma dédiés au médiéval fantaisie (ou même simplement dans une forêt un peu ancienne pour certains d’entre eux). Aujourd’hui donc, nous parlons de ces merveilleuses créatures des forêts que sont les elfes et nous nous posons la question de leur « adaptabilité sociale réelle en environnement urbanisé à semi-urbanisé ». Autrement dit, sans en faire des caisses non plus, il s’agit de savoir comment les elfes arrivent plus ou moins à passer en ville, propos que nous tâcherons d’illustrer à travers une anecdote les concernant. (photo: Elrond, roi de elfes, Le Seigneur des anneaux de P. Jackson)
Notre histoire se passe donc dans un village médiéval. Trois elfes entrent dans une taverne et s’assoient à une table. La patronne s’approche et leur demande :
« – Qu’est-ce qu’on leur sert? »
Le premier elfe réfléchit longuement et finalement dit :
» – Je vais prendre un jus d’airelles bien frais avec un soupçon de coulis de mûres et si c’est possible, une à deux pincées de pollen de lys blanc, vraiment juste un peu par contre. Après, sinon, ça va être trop fort et ça va passer par dessus le goût de la mure »
Le deuxième elfe se gratte la tête, et après un moment, fait:
« – Alors, moi je vais plutôt partir sur un jus à base de romarin et de trèfles, avec un nuage d’hydromel et, si vous avez, deux ou trois petites framboises sauvages également, mais par contre là, vous vous embêtez pas, vous les mettez juste comme ça entières, avec le reste dans la chope ».
La patronne acquiesce et regarde le troisième elfe qui fait :
« – Bon du coup, moi, je vais partir sur un jus d’airelles aussi, très bonne idée ça Gwëhëndorn!, mais par contre ce qu’on va faire, on va le couper avec un bon tiers de jus de cresson sauvage et trois cuillères de miel d’acacia. Ça devrait le radoucir un peu. Ah aussi, si vous pouviez bien battre le tout pour que ce soit bien homogène, ce serait parfait ».
La femme acquiesce, retourne au comptoir où son mari, le tavernier, lui demande :
« – Alors, i veulent quoi? »
Et la femme lui répond :
« – Trois bières. »
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u’il s’agisse de fêtes ou de festivals médiévales, de sites web, ou autres médias, l’intérêt et la fascination que suscite le monde médiéval chez nos contemporains est indéniable. Le sujet nous concerne d’autant plus que Moyenagepassion s’intéresse autant à l’Histoire du moyen-âge qu’aux occasions qui nous sont données de vivre ou revivre, encore aujourd’hui et à notre époque, un peu de cette période de notre Histoire, fusse-t-il de manière imaginaire ou rêvée. De fait, une des ambitions de ce site est aussi de témoigner de cette fusion pour réunir ce qui compose le monde médiéval au sens large, dans son Histoire, dans sa contemporanéité, et pour tout dire dans sa dimension réaliste, autant que dans sa dimension imaginaire, littéraire ou fantaisiste, en prenant soin, bien sûr, de bien fixer les lignes de démarcation pour autant qu’elles soient claires.
ertains pourraient être tentés de voir dans l’engouement actuel pour cette période de notre Histoire, l’expression d’une passion passéiste. Sans tomber dans l’analyse socio-psychologique à deux sous, on peut se demander, il est vrai, d’où vient cette attraction quand il ne s’agit pas simplement de se divertir et de passer un bon moment. Est-ce simplement le besoin naturel de renouer avec notre propre histoire et nos vieilles racines? Peut-être garde-t-on, au fond, de ce long moyen-âge la nostalgie ou l’idée de certaines valeurs que la société moderne a un peu mise à mal? Ou est-ce encore, plutôt, le fait qu’un certain « obscurantisme » moderne et entretenu au sujet de ces mille ans d’histoire, en fait de créer un repoussoir, finisse par recouvrir ce monde médiéval d’un voile propice à l’imaginaire et aux rêves, qui nous attire dans ses replis? Ô chevaliers et dragons, gentes dames aux belles toilettes! A nous, ripailles et rires tonitruants ou encore fous du roi qui moquent le pouvoir! A nous jongleurs, troubadours et poètes!
ans doute les légendes du roi Arthur, de Merlin et des chevaliers de la table ronde hantent-elles encore nos esprits? Ou peut-être encore les écrits de Tolkien et toutes les créatures issues du médiéval fantaisie ou fantastique, contribuent-ils aussi à entretenir tout un univers de légendes autour de cette période chez certains de nos contemporains?
Quoiqu’il en soit, on le voit bien, le succès et l’attrait du moyen-âge ne se démordent pas auprès du public. Qu’il suffise de regarder les scores de la série du Trône de fer à chaque nouvelle saison, les résultats des adaptations cinématographiques de Peter Jackson des romans de JRR Tolkien et son excellente trilogie du seigneur des Anneaux, ou encore les nombreux fans de l’excellent Kaamelott d’Alexandre Astier. Qu’il suffise de se rendre dans une des nombreuses fêtes médiévales présentes sur notre belle terre de France et au delà dans toute l’Europe, pour s’en convaincre. Les ruines et les vieilles pierres des châteaux y revivent et ce sont autant d’événements, de marchés et de vibrantes reconstitutions historiques que l’on peut y retrouver.
LES AGES SOMBRES
ertes, le moyen-âge a aussi eu ses grands drames, ses guerres, ses invasions, et ceux, les pauvres, les gens du simple ou ceux de basse condition y étaient souvent en souffrance. Certes, l’ombre noire des terribles épidémies de peste qui ont disséminé les habitants de l’Europe au XIVe siècle plane encore sur ce monde médiéval et les cohortes de lépreux ou de ladres en procession continuent de marquer aussi les imaginaires, comme les grandes famines qui se sont produites durant ces mille ans d’Histoire, mais il demeure certain aussi, et, de plus en plus, que le tableau de cette période a été fortement noirci par le siècle des lumières qui a voulu trancher avec sa propre histoire et ses propres conditions d’émergence. Fallait-il donc pour mieux briller que les siècles précédents fussent ternis?
Il semble qu’une certaine Histoire moderne se soit faite également complice de tout cela, cédant, peut-être à la tentation de la vulgarisation, d’un certain sensationnalisme ou même encore de ses propres idéologies. Dressant sur le moyen-âge le tableau systéma-tique d’une période violente, obscure et obscurantiste à laquelle notre civilisation se serait finalement glorieusement arrachée depuis la Renaissance pour se tenir, enfin, dans la grande et merveilleuse lumière du progrès et de la raison, cette Histoire là, souvent loin des spécialistes de ces questions, nous a laissé le portrait d’un âge sombre et sanglant, où ne se passent guère de progrès ou de choses agréables, où ne semblent sévir qu’interminables famines, épidémies et guerres sans fin, où d’impitoyables seigneurs, encore, tranchent et découpent aussi les chairs des voleurs de poule en place publique.
L’IMPORTANCE DU SENS CRITIQUE
‘il n’est pas question de nier cette violence du monde médiéval, elle ne saurait pourtant résumer le moyen-âge et il faudrait sans doute un peu plus qu’un article de blog pour l’analyser. On trouve d’excellents documents en ligne de nos jours, des thèses, des essais très pointus d’historiens qui permettent de s’en faire une idée plus précise et plus réaliste. Pour approcher le moyen-âge dans sa complexité et ses nuances, il faut aller chercher, sans crainte et directement, les ouvrages de ces spécialistes et historiens et ne plus savoir se contenter d’une certaine vision « journalistique », « médiatisée » ou « hollywoodienne » sur ces questions.
Mais que l’on se rassure, ceux qui se passionnent, de nos jours, de cette longue période, l’ont déjà compris par eux-même, et ont fini souvent par lire dans le creux de non-dits et les vides laissés, autre chose que la marque du fer et du sang. J’ajouterai, comme eau à ce moulin, quelque chose qui n’engage que moi: au final, il faut bien faire le constat que le monde moderne finit par se montrer tout aussi violent et impitoyable à sa manière. Il suffirait d’ailleurs de demander aux petits paysans actuels s’ils ne ressentent aucune violence ou à ceux de plus en plus nombreux qui vivent dans les rues de nos grandes villes et se nourrissent des restes trouvés dans les poubelles ce qu’ils en pensent. Sans doute, faut-il bien que nous pointions du doigt quelque autre violence ou quelque autre obscurantisme pour ne point voir ceux qui sont à l’oeuvre même au coeur de nos sociétés. Aussi, sans céder à l’excès d’idéaliser le moyen-âge comme un paradis perdu sur lequel s’épancher, il est sans doute prudent de ne point se tenir béat devant le monde actuel en en gobant toutes les promesses ou les mirages, et avec eux, sa version de l’Histoire, quelquefois, commodément et pas toujours innocemment, revisitée. Pas de passéisme donc, mais un peu de vrai sens critique.
out cela étant dit, de nombreuses recherches historiques modernes se sont employées à patiemment déconstruire la soupe que l’on nous avait servie un peu vite sur le moyen-âge durant des années et pour peu que l’on s’y penche sérieusement, on a tôt fait de redécouvrir le monde médiéval sous un jour nouveau, bien loin des vieilles caricatures convenues. Le fait est là, la grande majorité des médiévistes sérieux et des historiens du moyen-âge semble s’accorder pour que l’on revienne à une vision plus nuancée de cette période passée. Dans le champ de la recherche sérieuse, en Histoire comme en Sciences Humaines, l‘objectivité est quelque chose qui se conquiert par le travail, par la patience, par la méthode, elle n’est jamais donnée. Nos représentations et nos valeurs compliquent, et la tentation de conclure n’est jamais loin. Autant de raison pour éviter de sous-estimer la dimension idéologique de l’Histoire qu’on nous sert. Elle n’est pas toujours dénuée d’intentionnalité, mais quand bien même elle le serait, elle reste écrite par des hommes, eux-même sujets aux conditionnements, au déterminisme et aux idéologies de leurs propres époques et/ou contrées.
Voilà, cela étant dit, pour revenir à des choses plus triviales, longue vie à la passion pour le monde médiéval, aux châteaux, aux dragons, mais aussi aux recherches sérieuses sur la question!
Bonne journée à tous!
Fred
pour moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publiliue Syrus Ier s. av. J.-C