Sujet : musique, danse médiévale, danse, ductia, musique ancienne, cour d’Espagne Période : XIIIe siècle, moyen-âge central Auteur : Alphonse X de Castille Interprète : Jordi Savall, Hesperion XXI Titre: Cantiga Santa Maria 248 Album : « Orient – Occident » Editeur : Alia Vox (2006)
Bonjour à tous,
ous vous proposons un peu de musique, à nouveau aujourd’hui, avec le groupe Hespérion XXI et le grand musicien de talent qui le mène et l’inspire: Jordi Savall.
Nous avions déjà présenté une autre version de cette Ductia 248, danse médiévale de cour, tirée des Cantigas de Santa Maria, et des œuvres du roi poète, érudit Alphonse X de Castille, plus connu encore sous le nom d’Alphonse le Sage ou même Alphonse le Savant.
Cette fois-ci, Jordi Savall et sa formation reviennent sur le même morceau dans le cadre de l’album Orient – Occident et à la première version plus minimaliste que l’on peut retrouver sur l’album La Lira D’esperia II, ils nous présentent, cette fois, une pièce largement plus orchestrée, sur un tempo plus soutenu aussi.
En vous souhaitant une belle écoute et une excellente journée!
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : musique ancienne et médiévale, musiques et cultures méditerranéennes, oud. viole de gambe Période : Moyen Âge central à la Renaissance Titre : Danse de l’âme. Groupe : Hespèrion XXI, Jordi Savall, AliaVox Interprète: Driss El Maloumi (oud) Album : Orient-Occident 1200-1700 (2006)
Bonjour à tous,
isser un dialogue entre les musiques anciennes et médiévales de l’Espagne chrétienne, juive et musulmane, de l’Italie, du Maroc, de Perse, d’Afghanistan, ou encore de l’empire ottoman, telle était l’ambition de Jordi Savall et de son ensemble Hespèrion XXI dans un album de 2006, ayant pour titre Orient-Occident et dont nous vous proposons aujourd’hui d’écouter une pièce.
Et quel titre mieux que celui que nous vous présentons ici pouvait représenter l’essence même de ce projet merveilleux consistant à réunir autour du même album tant de cultures et de musiques anciennes? Et pour cause, il s’appelle la danse de l’âme et nous provient du Maroc. L’ombre de Paco de Lucia plane sur ses accents presque flamenco et dans le toucher incroyable du virtuose Driss El Maloumi(ici en photo) et de cet oud qui prend vie et devient magique entre ses doigts.
Un peu d’histoire de l’oud
Concernant cet instrument ancien, son origine se perd dans la nuit des temps. Au moyen-âge, on note sa présence à partir des IX, Xe siècles et il pourrait être originaire de Perse ou de Mésopotamie. Son ancêtre, le barbat, un des plus vieux lute connu au monde, était, quant à lui, utilisé plus d’un siècle avant notre ère et proviendrait d’Asie centrale, avant d’être rapidement adopté par les arabes et la culture musulmane qui le firent évoluer. Sous sa forme actuelle, il est vraisemblable que l’Oud ait émergé en Andalousie, dans l’Espagne médiévale musulmane. Du moyen-âge à nos jours, son succès ne s’est pas démenti et on le retrouve dans une grande partie du berceau méditerranéen, à la racine des musiques traditionnelles et populaires, autant que spirituelles.
La renaissance spirituelle, philosophique, scientifique du moyen-âge central en occident, s’est jouée autour de la méditerranée et s’est faite indéniablement dans la rencontre et dans le choc culturel avec l’orient et le moyen-orient. Nul ne conteste plus aujourd’hui l’apport, en quelque sorte inattendu, des croisades que l’Europe chrétienne était allée mener pour des raisons autant spirituelles qu’économiques et dont les croisés ramenèrent bien d’autres trésors que matériels.
De près de cinq siècles de ces expéditions en terre sainte et en orient, il résulta, au final, peu de victoires, peu de gloire et beaucoup de drames, et ces croisades répétées verront, au fil des siècles, s’étioler la motivation même des plus fervents. Mais au delà du fer croisé et du sang versé, il y eu aussi, et peut être plus que tout autre chose, dans la rencontre si barbare fut-elle par endroits, l’héritage des richesses infinies du savoir et de la culture: la médecine d’Avicenne, Averroès, tant d’autres auteurs, et à travers eux, la redécouverte d’Aristote que les arabes étaient occupés à commenter et à étudier, mais aussi des apports en sciences physiques, mathématiques et militaires.
Il est touchant de voir qu’à travers les siècles et dans ce projet musical trans-culturel, au carrefour des trois grandes religions et des cultures du berceau méditerranéen, Jordi Savall (en photo ci-contre) tisse, sur une partition de noires et de blanches, le fil d’échanges millénaires et, au delà des tensions, des incompréhensions ou des volontés, souvent déraisonnables de part et d’autre, de faire plier l’autre à ses raisons, le maître de musique catalan nous montre finalement le chemin d’une fraternité retrouvée.
Pour conclure, nous empruntons, ici, un extrait du commentaire de l’écrivain franco-libanais Amin Maalouf sur cet album, qui résume à merveille ce de quoi il s’agit exactement :
« Au cours de ce voyage dans le temps et l’espace, nous nous demandons à chaque instant si les conflits auxquels nous sommes accoutumés ne sont pas trompeurs, finalement, et si la vérité des hommes et des cultures ne réside pas plutôt dans ce dialogue des instruments, des accords, des cadences, des gestes et des souffles. Monte alors en nous un sentiment de joie profonde, né d’un acte de foi : la diversité n’est pas forcément un prélude à l’adversité ; nos cultures ne sont pas entourées de cloisons étanches ; notre monde n’est pas condamné à des déchirements sans fin ; il peut encore être sauvé… N’est-ce pas là, d’ailleurs, depuis le commencement de l’aventure humaine, la raison première de l’art ? »