Archives par mot-clé : voyages

Soif d’aventure et de voyages ? Sur les traces de quelques explorateurs du monde médiéval

voyages-medievaux-voyages-modernes-explorateurs-moyen-ageSujet : voyages, voyageur médiéval, voyageur moderne, explorateur médiéval, destinations.
Période : moyen-âge central : du XIIe au XIVe siècle.
Explorateurs : Benjamin de Tudèle, Ibn Battûta, Jean du Plan Carpin, Guillaume de Rubrouck, André de Longjumeau.

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionvec les beaux jours, nombreux sont ceux qui profitent de leurs congés pour partir en quête de dépaysement, qu’il s’agisse de s’envoler pour des destinations lointaines ou même d’aller chercher simplement un peu d’air frais dans une autre région de France, une autre ville, un autre village. Campagne, mer ou montagne, terres inconnues ou plus familières, quoi de mieux qu’un voyage ou un séjour loin de chez soi pour découvrir de nouveaux horizons et pour se ressourcer ?

voyageur-medieval-Marco-Polo-enluminures-moyen-age
Marco, Niccolò et Matteo Polo face à Kublaï Khan,  MS Bodley 264 (XIVe s)

Au Moyen-âge, on voyage aussi et pour les raisons les plus variées. Parmi celles qui viennent en premier à l’esprit, il y a le commerce, les conquêtes, la foi, mais certains homme l’ont aussi fait par soif de découvrir le monde, ses richesses et ses mystères. Parmi, les grands voyageurs du monde médiéval, tout le monde a en tête Marco Polo (1254-1324) et son Livre des merveilles.  mais nous avons décidé de tirer, ici, le portrait de quelques autres explorateurs de cette période, dont certains l’ont même précédé. A la faveur de cette période estivale, puissent leurs exploits faire souffler sur vos propres voyages et vos futures destinations, le vent de l’aventure.

Quelques grands voyageurs du moyen-âge

« Voyager vous laisse d’abord sans voix, avant de vous transformer en conteur. »  citation de  Ibn Battûta  (1304-1377) – les voyages.

“Le Livre des Voyages” de Benjamin de Tudèle

Au XIIe siècle Benjamin de Tudèle (1130-1173), fils de Rabbin et rabbin lui-même, décide de faire le tour des synagogues et des communautés juives du monde pour en connaître les mœurs et les pratiques. Il en laissera un récit inachevé, autour de 1165, connu sous le nom de Sefer massa’otl, en français:  La Relation de Voyage ou Livre des Voyages. Originellement en hébreu, l’ouvrage ne sera traduit en latin, que dans le courant du XVIe siècle puis, en français, au XVIIe siècle.

Débuté autour de 1165, le périple de ce grand voyageur médiéval part de sa ville natale Tudèle, dans la province de Navarre, pour se centrer sur le bassin méditerranéen. Il aurait ainsi exploré la Catalogne, le Midi de la France, puis Byzance, l’Empire du levant, la Perse et l’Egypte. La Chine et l’Inde font aussi partie des destinations qu’il a mentionnées. Finalement, son long voyage s’achèvera par la Sicile, la Rhénanie et, à nouveau, la France, qu’il gagnera par les Alpes. Comme pour tous les voyageurs de son temps, certains détails de son véritable itinéraire sont sujets à débat mais son récit connut un succès retentissant. L’homme était un véritable érudit, un fin observateur, et il est resté,  dans l’histoire, comme un des grands explorateurs du Moyen-âge.

voyages-explorateur-moyen-age-monde-medieval-geographie_inverse
Carte du Monde médiéval. Charif Al Idrissi réalisée pour Roger II de Sicile, Livre de Roger, Tabula Rogeriana, 1154. Retournée pour la lisibilité; voir original en cliquant sur l’image

Avant Marco Polo, trois voyageurs à la rencontre du grand Khan et de la Mongolie

Dans le courant du XIIIe siècle, quelques moines chrétiens s’aventureront jusqu’à la Mongolie. Le premier d’entre eux Jean du Plan Carpin (1182-1252) était un franciscain d’origine italienne. Après avoir séjourné en Hongrie et en Pologne, il fut mandaté par le pape Innocent V, auprès des mongols, en temps qu’informateur et missionnaire. Son périple débuta autour de 1245 et il rédigea à l’attention du souverain pontife un récit de voyages. Sous le titre de Historia Mongolorum, cette première chronique européenne sur les mongols reçut un bon accueil dans la Chrétienté. D’un point de vue diplomatique, la mission échoua. Il était question à la fois de convertir les mongols et de les enjoindre à ne plus attaquer les terres européennes. Rien n’y fit et, en retour, ces derniers demandèrent même, la soumission des chrétiens à leur autorité.

grand-khan-mongolie-kubilai-khan-moyen-age-voyageurs-monde-medievalAutour de la même période, en 1244, un dominicain, André de Longjumeau (1200-1271) partit en mission du côté du Moyen-orient et de la Syrie. Quelques années plus tard, en 1249, il gagna, à son tour, la Mongolie pour y chercher des renforts susceptibles de se porter au secours de la Terre Sainte. L’entreprise connut peu de succès mais le moine convertit au passage, quelques locaux , ouvrant ainsi la voie à de futures expéditions.

Un peu moins d’une décennie plus tard, en 1254, Jean du Plan Carpin et André de Longjumeau furent suivis de prés par un autre franciscain d’origine flamande : Guillaume de Rubrouck (Rubruquis) (1215-1295). Après avoir suivi le roi Louis IX (Sain-Louis) en terre sainte, ce dernier partit, à son tour, en voyage, en direction de Constantinople puis de Karakorum dans le but de représenter la couronne auprès du grand Khan (ci-dessus portrait posthume de Kublaï Khan supposé le représenter en 1260, Araniko, 1294; National Palace Museum in Taipei, Taiwan). Là encore, la mission capota d’un point de vue diplomatique mais l’homme conta son voyage au roi dans une lettre : Itinerarium ad partes orientales ou Voyage dans l’empire Mongol. Tout autant que les écrits de  Jean du Plan Carpin, ce récit fut d’une aide précieuse pour la connaissance des régions traversées, mais aussi des us et coutumes et des mentalités mongoles d’alors.

Le grand voyage ou le “cadeau” d’Ibn Battûta

Au XIVe siècle, du côté du monde musulman cette fois, le grand voyageur marocain Ibn Battûta (Batutah) (1304-1377) passa de nombreuses années sur les routes, à la découverte du monde. A son retour et, à la demande du souverain du Maroc, il conta son long voyage et les merveilles qu’il avait pu contempler à un érudit et poète du nom de Ibn Juzayy. Cet ouvrage est connu sous le titre Un cadeau pour ceux qui contemplent les splendeurs des cités et les merveilles des voyages ou plus simplement : les Voyages. Il fallut attendre le XIXe siècle pour qu’il soit traduit et mis à la portée des lecteurs occidentaux.

voyages-destinations-moyen-age-ibn-battutaAvant nombre d’explorateurs du monde moderne, le long périple d’Ibn Battûta, celui de toute une vie, le fera surnommer « l’un des plus grands voyageurs de tous les temps« . Il aurait exploré l’Egypte, la Perse, l’Afrique du nord, l’Afrique subsaharienne et le Mali, la péninsule arabe et le Kenya, mais encore une partie de la Chine et de l’Asie. A l’occasion de trois grands voyages, on lui prête d’avoir parcouru, par terre et mer, près de 120 000 kilomètres. Et même si certains experts sont enclins à faire quelques coupes dans ce long trajet, ce qu’il a accompli dans le contexte de l’époque, demeure impressionnant ; de quoi susciter quelques envies chez tout voyageur des temps modernes en quête d’aventure !

Voyages médiévaux, voyages modernes

En dehors de ces quelques noms célèbres, on pourrait ajouter une foule d’autres personnages qui ont voyagé, au moyen-âge, pour des raisons diverses et pas toujours, du reste pour des destinations aussi lointaines : marchands, pèlerins, croisés, clercs et chroniqueurs, ou même encore certains poètes, troubadours ou trouvères. Les conditions étaient bien sûr tout autre et, aujourd’hui, tout cela nous parait bien lointain quand il suffit d’un simple vol d’avion pour se rendre, en quelques heures, au bout de la terre.

Autre temps, autres mœurs ! Pour le voyageur moderne, l’aventure est désormais à portée de mains et la difficulté n’est plus tant la destination et les très longs périples pour y parvenir, que de trouver une compagnie fiable, un vol économique et aussi les commodités pour s’assurer d’avoir, une fois sur place, tout le confort voulu.


Un comparateur de vols  pour partir
en France comme à l’étranger

Aujourd’hui, on peut de dire, côté voyages, fini le Moyen-âge ! Avec la montée en puissance d’Internet, de plus en plus d’agences de voyages sont devenues virtuelles et les comparateurs de vols sont désormais des points incontournables pour obtenir les meilleurs prix et réserver les meilleurs vols.

vol-voyages-pas-cherSi le secteur est concurrentiel, certains  sites sortent clairement du lot. Il faut, pour cela, être capable d’associer l’excellence technique et la rapidité de traitement, à des services attractifs. C’est le cas du comparateur de vols Alibabuy. Sur des destinations intérieures comme sur des vols internationaux, plus de 500 compagnies régulières ou Low cost et des milliers de vols sont comparés en temps réel, pour offrir les tarifs les plus bas. Outre ses fonctionnalités avancées pour trouver un vol pas cher et économique, le site permet d’ajouter à son voyage, toute une panoplie de services additionnels : hôtels, trajets de train, location de voitures, etc… Enfin, au titre des points forts, ses développeurs ont pris les devants, en ajoutant directement aux prix affichés, tous les « faux-frais » et surcoûts (frais de carte bancaire, bagages, …) qui causent, souvent, des mauvaises surprises quand on ne les découvre qu’au moment du règlement. Bref, tout est fait pour faciliter grandement l’organisation de son voyage et en matière de destinations locales ou plus lointaines, c’est un service avec lequel on peut désormais compter.


Une belle journée à tous.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes

Festival Musique et Histoire de Fontfroide : Jordi Savall sur les pas de l’aventurier médiéval Ibn Battuta et un mot de l’Empire du mali

festival_evenement_musique_ancienne_historique_medieval_viole_gambiste_jordi_savall_Sujet  : événement, festival, abbaye de Fontfroide,  musiques anciennes, musiques médiévales, Jordi Savall, Hespèrion XXI, programme. viole de gambe
Evénement  :  12e Festival Musique & Histoire de Fonfroide, organisé par  Jordi Savall
Titre :  Célébrations, hommages, solidarité & voyages insolites.
Dates  : du  15 au 19 juillet 2017
Lieu :   Abbaye de Fontfroide, Narbonne

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionlors que nous ne sommes à peine à dix jours de l’ouverture du Festival Musique et Histoire de Fontfroide organisé par Jordi Savall, nous postons un nouvel article sur le sujet pour vous en rappeler les dates, ainsi que l’existence.  Si vous vous trouvez dans le Sud de la France et dans la région de Narbonne, n’hésitez pas à vous informer sur cet événement d’exception qui se tient dans le cadre historique préservé de la belle abbaye de Fontfroide et dans la fraîcheur de  ses salles et de ses belles pierres.

festival_histoire_musique_ancienne_medievale_abbaye_fontfroide_2017_passion_moyen-age_jordi_savall

Ibn Battuta, grand aventurier
du moyen-âge central

Comme l’édition 2017 du festival se situe sous le signe des échanges culturels et des voyages insolites avec, entre autre événement, un concert spécial autour du grand aventurier médiéval Ibn Battuta, nous en profitons pour poster un extrait du premier album que l’artiste catalan Jordi Savall et sa formation Hespérion XXI avait dédié, en 2015, à une partie du large périple du voyageur marocain.

jordi_savall_hesperion_XXI_ibn_battuta_musique_medievale_orient_occident_voyageur_medieval_moyen-age_central_XIVe

Si l’album vous intéresse vous trouverez plus de détails le concernant ici: Ibn Battuta:Traveller of Islam. Vous pouvez également cliquer sur la pochette ci-dessus pour ouvrir le lien.

1311 – 1315 .
Apogée de l’empire musulman du Mali

« Certes j’ai voyagé dans les différentes contrées du monde ; j’en ai connu les rois ; or je suis dans ton pays depuis quatre mois, et tu ne m’as point traité comme un hôte ; tu ne m’as rien donné. Que pourrai-je dire de toi aux autres sultans ? »
Ibn Battûta  au Sultan du Mali « les voyages » (1356)

ibn_battuta_aventurier_voyageur_medieval_empire_mali_moyen-age_centralIbn Battutta fut un des premiers voyageurs à s’aventurer au plus profond de l’Afrique centrale. De l’empire malien musulman florissant du XIVe siècle, il a décrit les fastes cérémonielles, les richesses et l’opulence. Dans quelques passages pour le moins humoristiques quand on les prend avec distance, le voyageur se plaindra aussi de l’avarice du Sultan du Mali, son hôte, dont les richesses apparentes lui avaient laissé visiblement espérer qu’il allait se retrouver recouvert d’or, en guise de cadeau de bienvenue. Trois pains ronds et un bout de viande ne suffirent visiblement pas à le contenter. Comme il finit par s’en plaindre plus tard ouvertement au Sultan, celui-ci lui fera bientôt honneur en espèces et en numéraires et tout rentrera finalement dans l’ordre.

Cette belle pièce musicale d’Hespérion XXI, tirée de l’album susmentionné est donc dédiée aux fastes de ce riche Mali médiéval.

Jordi Savall : Le Voyage d’Ibn Battuta

En prime, nous ajoutons une vidéo de présentation d’Ibn Battuta par Jordi Savall en personne. L’interview date de 2016

En vous souhaitant une belle journée et un excellent festival Musique et Histoire si vous vous y rendez.

Si vous n’avez pas encore réservé, il pourrait être sage de consulter le site de l’abbaye de Fontfroide pour savoir s’il reste des places.

Pour  le reste, vous pouvez retrouver le programme détaillé du festival Musique et Histoire de Fontfroide ici.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes

Le fabuleux voyage d’Ibn Battûta, grand aventurier du moyen-âge central

ibn_batouta_explorateur_monde_medieval_livre_moyen-age_centralSujet : aventurier, explorateur, musulman, Islam médiéval, voyageur,
Portrait :  Ibn Battûta  (1304-1368 ?77),
Abu Abdullah Muhammad Ibn Battuta (Batutah ou Batouta)
Période : moyen-âge tardif, XIVe siècle
Ouvrage : « les voyages » ou « Un cadeau pour ceux qui contemplent les splendeurs des cités et les merveilles des voyages » (1356)

« Écrivain arabe et l’un des plus grands voyageurs de tous les temps, Ibn Baṭṭūṭa est l’auteur d’un récit de voyage (Riḥla) qui, par l’ampleur du champ parcouru et les qualités du récit, constitue une des œuvres de la littérature universelle » André MIQUEL – Encyclopédie Universalis

Bonjour à tous,

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour les besoins de l’indexation, nous reprenons ici, en le complétant largement, le portrait que nous avons dédié au grand voyageur berbère et musulman Ibn Battûta dans  l’article consacré au Festival Musique et Histoire  de Fontfroide à venir.

ibn_battuta_aventurier_pelerin_musulman_medieval__moyen-age_centralIl a fallu attendre le XIXe siècle pour que les européens découvrent ce grand aventurier, chroniqueur et témoin du monde musulman du moyen-âge central que l’on a souvent surnommé « le plus grand voyageur de tous les temps » (en opposition aux voyageurs maritimes et sur le plan de la distance parcourue par les terres, il l’est assurément).

Ayant recouvert bien plus de miles et de distance que Marco Polo, la popularité de ce pèlerin explorateur, hors du monde arabe, est sans doute, aujourd’hui plus grande dans le monde anglophone que francophone, aussi ce portrait rétablira-t-il un peu, à sa manière, l’équilibre. Voilà donc quelques mots de l’histoire de Abu Abdallah Muhammad Ibn Abdallah al-Lawati at-Tanji plus connu sous le nom de Ibn Battûta (Batutah),

ibn_battuta_aventurier_musulman_voyageur_moyen-age_central_XIVe_siecle

« Je sortis de Thandjah, lieu de ma naissance, le jeudi 2 du mois de redjeb, le divin et l’unique, de l’année 725,  dans l’intention de faire le pèlerinage de La Mecque et de visiter le tombeau du Prophète. (Sur lui soient la meilleure prière et le salut !) J’étais seul, sans compagnon avec qui je pusse vivre familièrement, sans caravane dont je pusse faire partie ; mais j’étais poussé par un esprit ferme dans ses résolutions et le désir de visiter ces illustres sanctuaires était caché dans mon sein. Je me déterminai donc à me séparer de mes amis des deux sexes, et j’abandonnai ma demeure comme les oiseaux abandonnent leur nid. Mon père et ma mère étaient encore en vie. Je me résignai douloureusement à me séparer d’eux, et ce fut pour moi comme pour eux, une cause de maladie. J’étais alors âgé de vingt-deux ans. »
Ibn Battûta — Voyages  

Un périple aux confins du monde musulman du XIVe siècle

De 1325 à 1349, cet aventurier berbère musulman, né à l’aube du XIVe siècle, parcourut plus de 120 000 kilomètres à l’occasion de trois grands périples qui le menèrent de son Maroc natal jusqu’aux confins du monde musulman médiéval.

Parti originellement en pèlerinage vers la Mecque, à l’age de 22 ans, il finira par visiter des myriades de destinations dans une longue aventure où il prendra toute la mesure du monde musulman, de sa diversité autant que de ibn_battuta_voyages_moyen-age_central_explorateur_musulman_monde_medievalson étendue : Inde, Asie centrale, Chine, Afrique orientale, Moyen et proche orient, Palestine, Perse, Irak, Syrie, son périple le conduira jusqu’à l’Anatolie, et encore Sumatra ou plus près l’Andalousie et il s’aventura même encore, hors des terres de l’Islam, jusqu’à la ville de Constantinople.

Si ses longs périples pourraient prendre par moments, les contours d’une longue errance, Ibn Battûta  connaîtra aussi des périodes de sédentarisation qui lui permettront de mieux approfondir ses observations. Démontrant d’une solide capacité d’adaptation et bénéficiant aussi de l’aura que son origine arabe lui confère dans les pays musulmans qu’il traverse et qui ne sont pas tous arabes, l’explorateur prodigue est aussi lettré et occupera des fonctions variées, au fil de ses voyages, dont, à de nombreuses reprises, celles de juge.

Quelques années après son retour, en 1354 et à la demande du sultan du Maroc Abu Inan Faris,  il dictera ses aventures à un historien, poète, juge et érudit, ibn_battuta_voyages_moyen-age_central_explorateur_monde_medievaloriginaire de Grenade et de la grande Andalousie d’alors (Al-Andalous), du nom de Ibn Juzayy al-Kalbi al-Gharnati, pour les inscrire dans la postérité.

Par la suite, il finira vraisem-blablement sa vie en occupant la charge de juge mais l’on n’est pas vraiment fixé sur la date de sa mort qui oscille de 1368 à 1377, suivant les historiens. A l’image des aventures de Marco Polo, la véracité de certains récits d’Ibn Battuta a été partiellement mise en doute. Sans entrer dans le détail, ces polémiques ne touchent toutefois que quelques destinations qu’il dit avoir visitées. Et pour être clair, nul ne peut aujourd’hui nier qu’il ait véritablement effectué ces immenses voyages et sillonné le monde qui lui était contemporain. Nombre des observations qu’il fut le tout premier et même le seul à faire, dans certains cas, ont d’ailleurs été corroborés par des voyageurs et observateurs ultérieurs et, pour tout dire, sa sincérité est à ce point reconnu qu’on l’a encore baptisé quelquefois : « l’honnête voyageur ».

Ibn Battûta, conteur, chroniqueur et sa contribution aux sciences humaines

« Voyager vous laisse d’abord sans voix, avant de vous transformer en conteur. »
Ibn Battûta — Voyages

Dien sûr, même si le leg et les écrits d’Ibn Battuta restent d’une valeur inestimable, au regard des sciences humaines modernes et de leurs méthodes, on y rencontrera  des limites communes à tous les chroniqueurs du moyen-âge.

Apports historiques

Du point de vue de l’historien, les repères chronologiques manquent, des imprécisions et incohérences demeurent, certaines destinations décrites, nous l’avons dit plus haut, n’ont sans doute pas été visitées (ce qui, en soit, ne serait pas un obstacle majeur). En réalité, le récit d’Ibn Battuta s’approche plus d’un grand tableau ou d’une fresque, si l’on préfère, du monde musulman médiéval et des pays visités, que de chroniques historiques, à ibn_battuta_batutah_aventurier_moyen-age_monde_musulman_medieval_XIVe_siecleproprement parler. On ne sait s’il tenait un journal de bord systématique, il semble que ce n’était pas le cas, même si l’on sait, par ailleurs, qu’il a perdu des notes en chemin, en se faisant dérober ses effets,

Dictée de mémoire et après coup, sur la base de ses souvenirs, cette compilation comporte forcément certaines limites « scientifiques », même si la quantité de détails et d’anecdotes fournis ne cesse de forcer l’admiration. Pour mieux comprendre cela, il faut se souvenir que durant ses périples, Ibn Battûta  se rapproche souvent des rois, des émirs et des puissants pour bénéficier de leurs dons et de leur largesse. Bien décidé à vivre de ses voyages, il leur conte, à plus d’un tour, ses aventures, sous forme de récits. De fait, c’est une matière qui n’est donc pas restée cloisonnée en lui pour ne sortir,  par magie, que des années après ce qui explique sans doute aussi qu’il ait pu la garder aussi vive.

Alors, pour le reste, peut-il être considéré comme un historien ? Non. et encore moins au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Il n’en a ni la rigueur, ni les méthodes, à son époque nul ne les a. Il n’en a pas non plus d’ailleurs la prétention. Quoiqu’il en soit, dans le domaine de l’histoire médiévale du monde musulman, sa grande contribution ne peut être niée, pas d’avantage que l’intérêt et la valeur particulière de ses récits. A cette même époque, les historiens du monde arabe sont un peu à l’image de ceux de l’Europe médiévale, nombre d’entre eux s’occupent bien plus de grandes batailles ou des hauts faits militaires ou religieux (plus ou moins enjolivés) des seigneurs et nobles (qui, la plupart du temps, les financent et les font vivre).

ibn_battuta_voyages_portrait_livre_medieval_moyen-age_central_aventurier_monde_musulman_arabe

Dans ce contexte, Ibn Battuta apparaît comme l’un des rares à dépeindre les moeurs, les cultures et les sociétés qu’il observe. Son approche est plus celle d’un chroniqueur ou d’un journaliste; il décrit plus qu’il ne questionne en profondeur ce qu’il voit, mais il a légué un témoignage précieux par la qualité autant que par l’ampleur des destinations parcourues. Il a  encore été un des premiers voyageurs à s’aventurer en profondeur dans le centre Afrique et de même qu’il n’a pas constitué un atlas et une cartographie précise des régions traversées durant tous ses périples, son apport en géographie a longtemps été reconnu.

Apports ethnologiques

ouvrage_ancien_chroniques_voyages_ibn_batouta_batutah_aventurier_monde_medieval_moyen-age_central

Pour l’ethnologue, comme pour l’anthropologue, au regard des méthodologies actuelles de ces disciplines, là encore, l’ouvrage d’Ibn Battuta ne peut être considéré comme « scientifique », L’auteur médiéval  ne conduit pas une monographie précise et systématique des pays traversés ou des cultures rencontrées pas plus qu’il n’engage une réflexion profonde et conceptuelle à partir de ses observations (qui ne serait, de toute façon et là encore, pas de son temps). En revanche, sa contribution est là aussi de taille, pour ces sciences humaines. Certaines de ses observations sur les cérémonies de mariage, sur le patriarcat mais aussi le matriarcat et les lignées matriarcales de certains pays ou cultures qu’il visite sont d’un haut intérêt ethnologique. (voir à ce sujet l’article de Joseph Chelhod Ibn Battuta, ethnologue, sur persée). Au delà et sur le terrain des observations, la curiosité de l’explorateur médiéval  reste insatiable et s’exerce dans de nombreux domaines; moeurs sexuelles, techniques, musiques, monnaie, économie, bureaucratie, pratiques religieuses qui intéressent l’anthropologie comme l’ethnologie dans un perspective historique.

Se procurer les ouvrages Ibn Battuta.

Du point de vue de l’édition, les  récits de Ibn Battûta sont en général découpés en 3 tomes: de l’Afrique du Nord à la Mecque (tome 1), de La Mecque aux steppes russes (tome 2), et Inde, Extrême-Orient, Espagne & Soudan (tome 3).

ibn_battûta_voyages_portrait_aventurier_monde_medieval_moyen-ageLes versions que l’on retrouve le plus communément ont été traduites depuis l’Arabe en 1858 par Charles Defrémery et Beniamino Raffaelo Sanguinetti, tous deux orientalistes. On peut trouver des versions digitalisées de quelques uns de ces ouvrages d’époque sur le web.

Pour ce qui est de l’édition papier, les versions les plus récentes datent des années 1980-90. Leur traduction provient des auteurs sus-mentionnés et elles sont annotées et préfacées par Stéphane Yerasimos  (Historien, professeur des universités, spécialiste de l’empire ottoman, 1942-2005). On les trouve chez plusieurs maisons d’édition, Les éditions de la découverte sont encore, à ce jour, semble-t-il, celles qui proposent les prix les plus abordables (autour de 15 euros par exemplaire). En voici les liens:

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes