Archives par mot-clé : XIIIe siècle

« Le monarque, sentinelle du pauvre », un conte moral et médiéval de Saadi sur les devoirs des princes

saadi_gulistan_sagesse_persane_conte_moral_moyen-age_central_jardin_des_rosesSujet : citations médiévales, moyen-âge central, sagesse persane, Saadi,  poésie morale, conte moral,  morale politique.
Période  : moyen-âge central, XIIIe siècle
Auteur :   Mocharrafoddin Saadi (1210-1291)
Ouvrage  : Gulistan, le jardin des roses  traduit par Charles Defrémery (1838)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous poursuivons, aujourd’hui, notre exploration de la sagesse persane du moyen-âge central avec un conte de Mocharrafoddin Saadi. Cette historiette est extraite du premier chapitre de son Gulistan et touche la conduite des rois et les devoirs du prince.

Nous sommes donc dans le champ de la morale politique et le conteur  y soulève l’idée que le monarque est au service de ses sujets et non saadi_sagesse_persanne_conte_poesie_morale_medievale_XIIIe_moyen-age_centrall’inverse. En dehors du monde perse et oriental, on recroisera cette idée de « justice sociale » ou pour emprunter les mots de Saadi, d’un monarque, « sentinelle des pauvres » chez nombre de moralistes et d’auteurs du moyen-âge.

Même si elle sera loin d’être toujours mise en application du côté des couronnes, on la retrouvera, tout de même, clairement en germe chez Saint-Louis et elle fera encore son chemin dans les miroirs de princes de l’occident médiéval. Sur ce dernier point, et pour n’en citer qu’un exemple emprunté au moyen-âge tardif, elle sera notamment très clairement exposée,  dans les courants du XVe siècle par un auteur comme Jean Meschinot et ses lunettes de princes :

« Croy tu que Dieu t’ayt mis à prince
Pour plaisir faire à ta personne ?
Las! je ne sçay se as aprins ce*, (*si tu as appris cela)
Mais le vray bien autre part sonne,
Et ton nom à l’effect consonne,
Le roy gouverne et le duc main,
Servans à créature humaine. »
Les lunettes des princes (extrait)  Jean Meschinot  (1420 – 1491)

Vingt-huitième historiette
« touchant la conduite des rois. »

U_lettrine_deco_moyen_age_passionn derviche, voué au célibat, était assis dans un désert. Un monarque passa auprès de lui. Le derviche, par la raison que l’insouciance est l’apanage de la modération des désirs, n’éleva point la tète et ne fit point attention.

Le roi, à cause de la violence inhérente à la souveraineté, se mit en colère et dit : « Cette troupe d’hommes qui revêtent le froc ressemblent à des citations_medievales_morale_politique_devoir_pouvoir_moyen-age_sagesse_persane_ssadi_mocharrafoddinbrutes. »

Le vizir dit :  « O derviche, le monarque de la surface de la terre a passé auprès de toi; pourquoi ne lui as-tu pas rendu les hommages et n’as-tu pas accompli  le devoir de la politesse ? »

Le derviche repartit :  » Dis au roi : Espère l’hommage d’une personne qui espère des bienfaits de toi. Et désormais sache que les rois sont faits pour la garde des sujets, non les sujets pour obéir aux rois. « 

Distique : Le monarque est la sentinelle du pauvre, quoique les richesses s’obtiennent par sa puissance et par sa somptuosité. La brebis n’est point faite pour le pasteur, bien au contraire, le pasteur est fait pour la servir. 

Autre. Aujourd’hui, tu vois un homme fortuné, et un autre, le coeur malade de ses efforts inutiles ; attends un petit nombre de jours, jusqu’à ce que la terre dévore la cervelle d’une tète qui médite des projets insensés. 

citations_medievales_morale_politique_monarque_sentinelle_pauvres_moyen-age_sagesse_persane_ssadi_mocharrafoddinAutre. « La différence entre la royauté et la servitude a disparu lorsque le destin écrit (là-haut) est survenu. Si quelqu’un ouvre la sépulture des morts, il ne reconnaîtra pas le riche du pauvre. »

Le discours du derviche parut solide au roi qui lui dit : « Demande-moi quelque chose. »
Il répondit : « Je demande que désormais tu ne me donnes point de désagrément. »
Le roi reprit :  » Donne-moi’un conseil. »
Il répliqua : « Maintenant que les richesses sont dans ta main, comprends que cette puissance et ce royaume passent de main en main. »

Extrait de Gulistan, le jardin des roses, traduit par C Defrémery (1838)

devoir_miroir_princes_rois_pouvoir_moyen-age_sagesse_persane_ssadi,-mocharrafoddin

Pour autant qu’elle date de près de huit  siècles et même si les monarques ont laissé leur place dans nombre d’endroits du monde occidental, à des hommes de pouvoir élus, la morale de ce conte du sage Saadi qui remet les pendules à l’heure sur l’exercice politique et ses fondements devrait, plus que jamais, demeurer inscrite, en lettres de feu, au frontispice de  nos lieux de pouvoir.

Une belle journée à tous.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen-âge sous toutes ses formes.

« Mia irmana fremosa », la cantiga de amigo III du troubadour Martin Codax, par Evo et Efrén López

trompette_marine_musique_medievale_anciennes_troubadoursSujet : amour courtois, musique, chanson, poésie médiévale, Cantigas de amigo, galaïco-portugais, troubadour, lyrique courtoise, Espagne, Portugal médiéval, parchemin Vindel
Période :  XIIIe siècle, moyen-âge central
Auteur    : Martín Codax
Titre : « Mia irmana fremosa », cantiga de amigo III
Compositeur/Interprète  :     Efrén López, (EVO)
Media    : concert, IVe cycle des arts scéniques et des musiques historiques de la cité de León, Mai 2011.

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous revenons aujourd’hui à l’Espagne médiévale du XIIIe siècle et au poète Martín Codax, à sa lyrique courtoise, à son amour de la mer de Vigo dont il était originaire et à ses Cantigas de Amigo.

Le poète s’y  met dans la peau d’une jeune fille qui attend son promis et chante son amour pour lui à ses amies ou à ses proches. Imprégné de lyrique courtoise, ces chansons souvent courtes, et presque si minimalistes et épurées qu’elles pourraient nous paraître parchemin_vindel_martin_codax_troubadour_musique_chanson_espagne_medievale_cantigas_amigo_moyen-agenaïves sont, en réalité, des fleurons de la littérature médiévale galaïco-portugaise et de l’art profane de ses troubadours.

La Cantiga de Amigo III
de Martín Codax
sur le Parchemin Vindel

Martin Codax chante l’attente du bien-aimé, sans doute parti guerroyer au loin, l’espérance de son retour, et un vague à l’âme qui s’abîme dans la contemplation de la mer et bat au rythme de ses ondes. Si l’océan en est le décorum, l’église de Vigo y revient également.

Sur la route des pèlerinages de Saint-Jean de Compostelle, la cité est alors en pleine effervescence. On y entonne certainement les Cantigas de Santa Maria d’Alphonse X et encore bien d’autres chants de pèlerins. Si Martin Codax n’est alors, sans doute pas, le seul troubadour à y chanter des compositions plus profanes, inspirées de la lyrique et de l’amour courtois, il est, en tout cas, un des rares, avec quelques autres, dont les compositions nous soient parvenues avec leur notation musicale, notamment, par l’intermédiaire du Parchemin Vindel, le MS M979 de la Morgan Library de New-York (sur ce document voir article suivant)

La Cantiga de Amigo III de Martín Codax, par Evo et Efrén Lopez

Efrén López et EVO, au coeur de la méditerranée traditionnelle et médiévale

Le plaisir est d’autant plus grand de vous présenter cette pièce qu’elle nous donne l’occasion de mentionner à nouveau ici le musicien, vielliste et multi-instrumentiste Efrén López et sa formation EVO. On peut, en effet, retrouver cette interprétation sur sa chaîne officielle Youtube et elle est extraite d’un concert donné en 2011, à l’auditorium de la cité de León, dans le cadre d’un festival sur les arts scéniques et les musiques historiques.

efren_lopez_chansons_musiques_medievales_anciennes_traditionnelles_méditerranéennes_passion_moyen-ageTrès actif dans le champ des musiques médiévales et anciennes, mais aussi, plus largement, dans celui des musiques traditionnelles de la méditerranée, cet artiste catalan est ouvert à toutes les rencontres et nous ne pouvons que vous conseiller, une fois de plus, de vous pencher sur ses travaux.

Nous lui avions consacré un article, il y a quelque temps déjà, aussi nous vous y renvoyons pour plus d’informations,  Efrén LÓPEZ, portrait d’un troubadour passionné de musiques médiévales et anciennes. Si vous êtes polyglotte, vous pouvez aussi consulter valablement son site web  officiel. Très fourni. il est disponible en quatre langues (espagnol, catalan, anglais et même grec) et l’artiste y partage généreusement nombre de ses productions, (musiques, vidéos, partitions, etc…).


« Mia irmana fremosa », les paroles
en gallaïco-portugais et leur adaptation

Mia irmana fremosa, treides comigo
a la ygreia de Vigo, u e o mar salido.
E miraremos las ondas.

Ma  belle*  sœur, viens avec moi
A l’église de Vigo, où la mer est agitée,
Et nous contemplerons les vagues.

Mia irmana fremosa, treides de grado
a la ygreia de Vigo, u e o mar levado.
E miraremos las ondas.

Ma  belle sœur, viens de bonne grâce
A l’église de Vigo, où la mer est en furie,
Et nous contemplerons les vagues.

A la ygreia de Vigo, u e o mar salido,
e verra i mia madre e o meu amigo.
E miraremos las ondas

A l’église de Vigo où la mer est en furie
Il viendra, mère, mon doux ami,
Et nous contemplerons les vagues.

A la ygreia de Vigo, u e o mar levado,
e verra i mia madre o meu amado
E miraremos las ondas.

A l’église de Vigo, où la mer est agitée
Il viendra, mère, mon bien-aimé,
Et nous contemplerons les vagues.

* Fremosa : belle, jolie, charmante.


En vous souhaitant une très belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen-Age sous toutes ses formes.

Danse médiévale : la quinte estampie royale par le Early Music Consort de Londres

chanson_musique_danse_medievale_manuscriit_ancien_français_844_chansonnier_du_roi_moyen-ageSujet : danse, musique médiévale, estampie, manuscrit ancien, chansonnier du Roy, trouvères, troubadours, chants et musiques de Croisades.
Période : Moyen Âge,  XIIIe siècle.
Auteur : anonyme
Source :  Français 844, chansonnier du Roy.
Titre : La quinte estampie royale
Interprètes : The Early Music Consort of London – David Munrow
Album: « Music of the crusades » (1971)

Bonjour à tous,

V_lettrine_moyen_age_passion copiaoilà longtemps que nous n’avions publié une pièce  instrumentale tirée du Manuscrit ou Chansonnier du Roy (roi), conservé à la Bibliothèque nationale de France où il est référencé comme Français 844. Avec près de six-cent pièces en provenance principalement de la France du XIIIe siècle, l’ouvrage demeure une source inépuisable et incontournable pour qui s’intéresse de près à la musique médiévale du Moyen Âge central (voir le manuscrit en ligne sur Gallica).

musique_chanson_medievale_estampie_francais_844_manuscrit_chansonnier_du_roy_roi_moyen-age

Il s’agit donc ici de la Quinte Estampie Royale, pièce dansée, prise dans le répertoire demeuré anonyme du manuscrit. Depuis leur berceau d’origine, peut-être italien ou français, ces danses  qui, par leur nature technique, avaient, selon Jean De Grouchy (1255-1320), « le pouvoir de tirer les jeunes garçons et les jeunes filles de leur vanité » (Ars Musicae) se répandirent jusqu’à l’Angleterre où elles connurent un succès certain pour s’éteindre dans le courant de la renaissance.

Linterprétation de l’estampie que nous avons choisie de partager ici est celle du Early Music Consort of London, ensemble qui fut très reconnu en Grande Bretagne dans le domaine des musiques anciennes, dans le courant des années 70 ; cet article fournira l’occasion de vous le présenter et de toucher également un mot de son directeur : David Munrow.

La Quinte Estampie Royale par le Early Music Consort of London

The Early Music Consort of London
& David Munrow

En 1967, le chanteur, musicien, multi-instrumentiste, bassoniste, pianiste, flûtiste, directeur d’orchestre et musicologue, David Munrow fondait le Early Music Consort de Londres, un ensemble dédié à un large répertoire allant du Moyen Âge à la période baroque.

musique_medievale_ancienne_directeur_David_Munrow_early_music_consort_londres_moyen-age_centralEn un peu moins de dix ans, la formation produisit près de quinze albums.  Elle s’interrompit en 1976, suite au décès prématuré de son directeur. Entre-temps, l’homme avait laissé son empreinte sur la scène des musiques anciennes britanniques en contribuant grandement à les rendre accessibles et à les populariser auprès du public. En plus d’être un surdoué, un découvreur et encore un grand collectionneur d’instruments anciens, David Munrow fut aussi un homme de média : télévision, cinéma, radio, et durant sa brève, mais brillante carrière, il n’a pas hésité à s’essayer à tout pour faire partager son enthousiasme et sa passion au plus grand nombre.

« Musique du temps des croisades »

L’album « Music of the Crusades » dont est tirée la pièce du jour est le deuxième de l’ensemble. Il propose 19 pièces sur ce thème, dont la grande majorité sont d’origine  françaises et proviennent du XIIIe siècle et du Manuscrit Français 844.

Il contient principalement des chansons de troubadours et de trouvères mais on y trouve également quelques estampies royales; l’album ouvre même sur la Quinte. Sur les 19 pièces présentées, 11 sont d’auteurs anonymes. Pour le reste, on y trouve des chansons de Marcabru, Gaucelm Faidit, Guiot de Dijon, Le Châtelain de Coucy, Conon de Bethune, Thibaut de Champagne, mais encore « l’inévitable » complainte musique_danse_medievale_croisades_estampie_Early_Music_Consort_London_David_Munrow_moyen-age_centraldu Roi Richard Coeur de Lion (fait prisonnier en Autriche à son retour de Croisades), et aussi  le célèbre chant Palästinalied  du Minnesänger et poète allemand Walther von der Vogelweide (que nous aurons bientôt l’occasion de présenter ici).

L’album est toujours édité et disponible à la vente en ligne au format CD. Pour plus d’informations, en voici le lien : Music of the Crusades (Musique du temps des croisades) Il en existe même des versions vinyle à des prix plus élevés.

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

Don Juan Manuel, portrait d’un seigneur & auteur médiéval dans l’Espagne déchirée du XIVe siècle

armoirie_castille_europe_medievale_espagne_moyen-ageSujet : auteur médiéval, biographie, portrait, Espagne Médiévale, Europe médiévale, Alphonse XI, conflits nobiliaires, régences,
Période : Moyen-âge central (XIIIe & XIVe siècle)
Auteur :  Don Juan Manuel (1282-1348)
Ouvrage : « Le comte Lucanor » par Adolphe-Louis de Puibusque (1854)

Bonjour à tous,

L_lettrine_moyen_age_passion‘aventure d’aujourd’hui nous entraîne en direction de l’Espagne médiévale du XIVe, à la découverte d’un noble espagnol qui marqua son temps, tant par ses hauts faits que par ses écrits. Son nom est Don Juan Manuel et il fut duc et prince de Villena, et également seigneur de Escalona.

De futures publications nous fourniront bientôt l’occasion de parler plus avant de son legs écrit et notamment de son ouvrage le plus connu : « El Conde de Lucanor » ou le comte de Lucanor, mais pour l’instant et dans cet article, nous nous attacherons à donner sur sa personne des éléments autobiographiques.

Sur les pas de Adolphe-Louis de Puibusque
premier traducteur français du comte Lucanor

Quand de grands hommes s’opposent, faut-il nécessairement que l’un d’eux soit le héros et l’autre le félon ? Sous la pression de leurs commanditaires, les chroniques médiévales ont souvent cédé à la tentation de présenter les choses de manière manichéenne et Don Juan Manuel s’est trouvé quelquefois jugé de manière lapidaire contre le roi Alphonse XI, (neveu d’Alphonse X dont nous parlons souvent ici). La chose était don_juan_manuel_le_comte_lucanor_adolphe_louis_puibusque_oeuvres_livre_contes_moraux_litterature_espagne_medievale_moyen-age_XIVed’autant plus vrai que l’Histoire avait fait de ce souverain, « un justicier » (puisque c’est un des ses surnoms) et encore un héros de la lutte contre l’invasion sarrasine, ce qu’il fut aussi.

Pour faire justice à l’auteur, autant qu’à l’Historiographie, dans le courant du XIXe siècle, l’écrivain et traducteur français féru d’histoire Adolphe Louis de Puibusque (1801-1863) faisait paraître une traduction des oeuvres de Don Juan Manuel et, dans une large introduction, il tentait de restituer un peu de vérité historique sur l’auteur. Ce sont ses pas que nous suivrons ici. Cette saga nous entraîne dans une Espagne déchirée par des conflits nobiliaires à rebondissement qui, par leur nature, ne sont pas sans rappeler les pages les plus haletantes de certains roman d’aventure médiévale moderne. Elle vont même jusqu’à se teinter, par endroits, de fantastique et on pense parfois en les lisant, à certaines intrigues des rois maudits ou même encore, plus près de nous, au Trône de Fer de GRR Martin.

L’enfance d’un noble
& la confiance de deux rois

Né à Tolède, en 1282, de Manuel de Castille et de Béatrice de Savoie, Don Juan Manuel est le petit fils de Ferdinand III, roi de Castille, de Tolède, de léon et de Galice et il est aussi le neveu de Alphonse X de Castille dont nous avons souvent parlé ici. Cette lignée royale s’est soulignée par sa grande érudition culturelle autant qu’un souci de promotion du castillan, et l’éducation du noble auteur dont nous parlons aujourd’hui n’échappa pas à la règle. Aux côtés des arts militaires, Don Juan Manuel acquit de solides bases dans les matières de l’esprit (histoire, droit, théologie) ainsi qu’en langues (le latin et l’italien faisant partie de son bagage, en plus du castillan).

Devenu orphelin de père à deux ans, il fut élevé sous la tutelle de son cousin Sanche IV, roi de Castille et de Léon, encore connu comme Sanche le brave, lui-même fils d’Alphonse X de Castille et qui, à la mort de son frère aîné, avait réclamé le trône devant ses neveux, en occasionnant quelques tensions avec le roi. Quoiqu’il en soit l’histoire conte que les deux hommes Sanche et Don Juan Manuel Espagne_medievale_roi_sanche_IV_de_Castille_fils_de_Alphonse_X_moyen-age_central_XIIIefurent très liés et que le château de Pañafiel qui devint la demeure de ce dernier est le résultat d’une faveur royale et de cette amitié.

(ci-contre portrait du roi Sanche IV de Castille par José María Rodríguez de Losada (XIXe)

A sa mort, Sanche laissera le trône à son propre fils Ferdinand IV. Le règne de ce dernier fut court puisque le souverain mourra à 26 ans,  d’une maladie foudroyante dont la légende dit qu’elle lui fut mandée par un homme qu’il avait fait injustement condamné. Avant de mourir ce dernier, l’invectiva en effet en lui prédisant qu’il mourrait sous trente jours et effectivement trente jours plus tard, le roi décédait inexplicablement. Légende médiévale ? C’est fort plausible. Une histoire similaire se répéta, dit-on, un an plus tard en France entre Philippe le Bel et le grand maître du temps (qui semble-t-il est le fruit de l’imagination d’un historien italien du XVe).

Quoiqu’il en soit, à sa mort, Ferdinand IV laissait derrière lui une ligue formé autour d’un de ces frères (Don Pedro) que sa propre défiance avait peut-être contribué à créer. Le souvenir d’un père ayant ravi le trône à son propre neveu l’avait-il rendu méfiant?  L’histoire ne le dit pas. Pour revenir à notre auteur du jour, durant son règne, Ferdinand IV lui accorda sa confiance en le faisant nommer Sénéchal, Un peu avant sa mort, le roi lui confiera même, le royaume de Murcie, ainsi que la mission d’étouffer les futures ambitions de son frère Don Pedro, pour laisser libre champ à l’héritier légitime, son propre fils. Don Juan Manuel n’a alors pas encore trente ans mais il a déjà derrière lui une longue carrière militaire et quelques faits notables. L’histoire dit en effet que, dès l’âge de 12 ans, il guerroyait déjà avec vaillance pour repousser les invasions maures à Grenade et Murcia.

1295, la Reine Maria de Molina présente son fils Ferdinand IV à la cour de Valladolid, par Antonio Gisbert Pérez (1863)
1295, la Reine Maria de Molina présente son fils Ferdinand IV à la cour de Valladolid, par Antonio Gisbert Pérez (1863)

Les déchirements autour de la régence

Le roi Ferdinand IV mort, il laisse derrière lui trois enfants dont un héritier, un jeune fils, âgé de 1 an, Alphonse XI et une veuve, la reine Constance du Portugal. A leurs côtés, on trouve Juan de Castilla, oncle du futur roi et fils d’Alphonse X ( Jean de Castille, autre Don Juan à ne pas confondre avec celui qui fait l’objet de cet article, ou même encore avec les rois Juan I et Juan II de Castille). Fidèle à la promesse faite au défunt roi, Don Juan Manuel prendra ce parti. Face à eux, la reine mère et régente María de Molina se liguera bientôt  avec son fils Don Pedro (Pierre de Castille) pour leur disputer le pouvoir.

Don Juan de Castille & Don Pedro

Un an plus tard, la jeune reine Constance mourra, laissant libre le champ à la reine mère et atermoyant ainsi quelque peu les tensions. Don Pedro et Juan de Castilla seront alors proclamés tous deux, tuteurs du futur roi. En l’absence d’intérêts convergents manifestes, de coordination et de directions claires, l’étrange arrangement de ce triumvirat dont la reine forme la troisième tête, ne tardera pas à donner lieu à des tensions entre les différentes parties. Si elles n’atteindront pas, dans un premier temps, celles qui sévirent un peu plus tard en France avec le conflit des armagnacs et des bourguignons, les suites sanglantes qu’allait lui donner deco_medieval_espagne_moyen-agel’Histoire, quelque temps après, sous le règne futur d’Alphonse XI portèrent, sans doute, quelques uns de ses fruits gâtés.

Don Juan Manuel, quant à lui, en essuya assez vite quelques plâtres puisque Don Pedro tenta de lui reprendre quelques terres et domaines qui lui avait été précédemment concédés. L’homme ne se laissa pas faire et pour y surseoir, se délia même de son serment de vassal et entreprit de piller les terres du prétendant, ce qui finit par régler le conflit. On reconnut ainsi bien vite à Don Juan Manuel le bien fondé de ses propriétés et l’on comprit au passage, si l’on ne le savait déjà, qu’il n’était pas homme à prendre à la légère.

Du côté de la gouvernance de l’Espagne, l’année 1319 mit bientôt d’accord les deux tuteurs Juan de Castille et Don Pedro d’une manière assez radicale. Réunis en effet sous la même bannière, à l’occasion d’une bataille contre le sultan de Grenade, (la bataille d’Elvira), les deux seigneurs espagnols périrent tous deux sur le champ de bataille et semble-t-il, sans que le fer, ni l’estoc de l’ennemi sarrasin n’y soit pour rien; on conta que le premier noble tomba de sa monture alors qu’il n’était engagé dans aucun combat et qu’il en périt, mais le comble, on dit encore qu’apprenant la nouvelle, quelques instants après, le deuxième noble fut pris à son tour d’un malaise inexplicable et qu’il trépassa, à son tour, sans qu’on put rien y faire et alors qu’on l’évacuait du champ de bataille : foudre de Dieu ?, Confusion, légendes inventées après coup ou plutôt chute accidentel de cheval, apoplexie, déshydratation, ou effet d’une chaleur de plomb ? Les historiens n’ont, à ce qu’il semble, toujours pas tranché sur cette étrange farce du destin.

Don Felipe de Castilla et Juan de Haro,
le temps de la guerre

A la mort des deux tuteurs, Don Juan Manuel offrit ses services à la reine pour prendre, à son tour, la régence. Il a le droit de son côté et peut-être aussi que le devoir l’y pousse. Comme rien n’est jamais simple, la souveraine qui a peut-être le mauvais souvenir des tensions ayant opposé l’homme à son fils mais qui semble aussi bien décidée à promouvoir à tout prix ses propres enfants aux poste-clés, accepte la demande du noble tout en enjoignant un autre de ses fils, Felipe de Castilla (Philippe), de faire tout son possible pour entraver la chose. Ce dernier tendra un piège à Don Juan Manuel pour tenter de l’enlever, puis, devant son échec, mandera encore un exercice pour l’affronter mais c’est sans compter sur l’expérience militaire de Don Juan Manuel autant que sa puissance. A l’époque, l’homme à en effet à son service une armée de plus de 800 cavaliers et plusieurs milliers de fantassins. Devant le fait, l’opération capotera lamentablement sans qu’on est même eut à batailler.

espagne_histoire_europe_medievale_blason_armoirie_jean_le_haro_jean_le_borgne_moyen-age_XIVeLa nature a horreur du vide et le pouvoir plus encore. La manoeuvre grossière ayant échoué, la reine se trouvera en position délicate et, à la faveur de ces circonstances, un autre noble se rapprochera d’elle, tout en entendant bien jouer sa carte dans les  affaires de régence et de pouvoir. Il a pour nom Juan de Haro, dit encore Juan el tuerto (Jean le Borgne),  et il n’est autre que le fils du défunt Juan de Castille, mort au combat sans combattre; par le sang, il est donc aussi cousin du futur roi. (ci-dessus les armoiries de la maison des Haro)

Peut-être sous l’influence de l’infant Felipe et du nouveau noble entré en lice, la reine finira par ôter le titre de grand sénéchal à Don Juan Manuel. Isolée par cette nouvelle maladresse et sous la pression des influences, elle finira par perdre la régence tandis que le conflit entre Felipe et le prince de Villena se résoudra bientôt par un pacte de non agression et un serment prêté devant l’église.

Las !, la promesse de la paix retrouvée ne sera qu’un mirage de courte durée et, à la mort de la reine, les luttes pour la régence et le pouvoir se poursuivront, cette fois, entre Felipe et Juan De Haro, pour finir par éclater bientôt en un conflit militaire et ouvert, aux allures de guerre civile. Les échauffourées entre les deux seigneurs gagneront bientôt leurs vassaux, des factions émergeront, certains civils s’en mêleront et on entretiendra même des hordes de brigands qui dévasteront tout sur leur passage : pillage, rapine, meurtre, exaction, c’est un véritable déchaînement de violences dans une Espagne meurtrie par ses luttes intestines. Des deux côtés, on met les cités de la partie adverse à sac et on va même jusqu’à en assassiner les notables. Bien qu’étant aussi l’un des tuteurs du roi, il semble que, durant le sanglant épisode, ces déchirements et ses exactions aient plus concerné les deux nobles susnommés que Don Juan Manuel. Quant au conflit entre Don Felipe, l’oncle du roi,  et Don Jean de Haro, son cousin, Il fallut que l’enfant roi devint majeur pour y mettre un terme.

L’enfant fait roi
Le rêgne d’Alphonse XI

Dans l’Europe du moyen-âge central, les monarques se suivent et ne se ressemblent pas toujours et quand le pouvoir est centralisé de manière si forte autour d’une seule personne, ils finissent par marquer invariablement leur pays de leur empreinte,  pendant leur années de règne. A la dureté du contexte et des crises, peut-être fallut-il que l’Espagne donne naissance, à ce moment précis de l’Histoire, à un roi à la main forte. De fait, on le surnomma le justicier et, à en juger par certains faits dont il fut comptable, Alphonse XI n’usurpa pas sa réputation d’impitoyabilité.

Espagne_medievale_roi_alphonse_XI_de_Castille_le_justicier_moyen-age_central_XIVe(ci-contre portrait de Alphonse XI de Castille, par Francisco Cerdá de Villarestan (XIXe),  Musée du Prado, Madrid)

Dès son accession au pouvoir, en 1325, les trois tuteurs furent de fait, écartés de la régence  mais aussi de l’oreille du roi. Les exemples qu’ils venaient de laisser de leur capacité à mener le pays avaient sans doute jouer contre eux mais il en fallait plus pour que les déchirements cessent. Ainsi, le reste est encore fait d’intrigues et de luttes de pouvoir.

De son côté, il semble que Felipe ait réussi à tirer son épingle du jeu en conservant quelques influences à la cour, mais sa mort en 1327 y mettra fin; trois hommes auxquels on prête une influence certaine auprés du roi, virent bientôt s’imposer dans les jeux de pouvoir:  Álvar Núñez Osorio, Juan Martínez de LeivaGarcilaso I de la Vega.  Les luttes qui en suivront sont, en partie, souterraines puisqu’elles opposent ses nouveaux conseillers de cour ambitieux aux deux anciens tuteurs Juan de Haro et Don Juan Manuel, considérés alors comme des rivaux potentiels. Faut-il pour autant supposer que le roi s’est laissé totalement manipulé ? Difficile de l’affirmer, au vue du contexte et des crises passées, peut-être avait-il hérité, lui aussi, d’une méfiance naturelle envers de trop puissants vassaux ?

Fausses promesses et froids assassinats

Sachant leur position devenue délicate, Don Juan Manuel et son neveu Juan le Haro formèrent bientôt une alliance qui, comme souvent au Moyen-âge, quand on les voulait fortes et pérennes passait par un mariage. Ainsi le noble promis au borgne sa fille Constanza (âgée alors de 9 ans) et on s’apprêta à célébrer les noces. Sous la pression de ses conseillers ou simplement parce que la présence de ce nouveau contre-pouvoir l’inquiétait, le roi Alphonse XI contra l’alliance en s’interposant de la manière la plus imparable qui soit. Il demanda en effet d’épouser lui-même la jeune princesse. Don Juan Manuel y souscrira de bonne grâce et sur la foi de cette promesse, il servira même les intérêts du nouveau roi en partant en campagne pour lui.

deco_medieval_espagne_moyen-ageEn réalité, soit que le roi n’en ait jamais eu l’intention, soi que les suites de l’Histoire ne le permirent pas, ce mariage ne fut jamais mené à son terme. Sur son intention véritable pourtant et en s’avançant un peu, quelques subterfuges dont il usa juste après la promesse faite à Don Juan Manuel, laissent à supposer que ce n’était pour lui qu’un moyen politique de contrer l’alliance, même si on avait célébré les fiançailles avec faste. C’est en tout cas certainement ce qu’en pensa Don Juan Manuel. Dans le même temps, bien décidé à éliminer tout contre pouvoir potentiel, Alphonse XI fera, en effet, froidement assassiner Juan le borgne (son cousin) après lui avoir promis la main de sa soeur. Nous sommes en 1326, le souverain n’a alors que 16 ans et quelque soit l’influence que l’on peut prêter à de fallacieux conseillers, la scène est si brutale et la manoeuvre si perfide qu’elle pourrait être digne d’un épisode ou d’un chapitre du trône de fer.

Rendu méfiant par les rumeurs sur les intentions de la couronne et sachant que certains des conseillers veulent sa peau, malgré la proposition qui lui est faite d’épouser la soeur du roi, Juan le Haro refusera de se rendre à une convocation du souverain. On lui donnera donc rendez-vous sur un terrain plus neutre et Alvar Nuñez en personne, viendra assurer l’homme des bonnes intentions de la couronne à son égard. Juan le Haro finalement mis en confiance, on pourra l’entraîner dans un piège impitoyable auquel Alphonse XI garde son nom entaché. Après avoir convié l’homme à table, on le fera, en effet, égorger pendant le repas avec deux de ces vassaux avant de jeter un drap noir sur la scène et de le déclarer traître non sans s’approprier, au passage, ses fiefs et ses domaines. Etroitement associé au crime, Alva Nuñez s’y taillera une belle part et héritera même d’un château.

Don Juan Manuel contre le roi

armoirie_espagne_medievale_don_juan_manuel_auteur_noble_chevalier_moyen-ageAprès avoir appris les faits, Don Juan Manuel rendu méfiant quittera l’armée royale pour se retirer en Murcie. Le roi déchaînera alors sa fureur contre les anciens alliés du noble et répudiera la fille de ce dernier, la faisant même enfermer, pour se promettre de son côté à la princesse Marie-Contance du Portugal. Devant les faits, Don Juan Manuel se déliera de ses obligations envers le roi et formera même une ligue contre lui. (ci-dessus armoiries de Don Juan Manuel)

Le conflit sévira alors., la ligue de Don Juan Manuel d’un côté et de l’autre les conseillers du roi rapidement élevés dans leur statut et leur pouvoir à de plus haut rangs nobiliaires. Le souverain a fait le vide autour de lui, il ne lui reste d’autres choix. Face à la disgrâce du conflit et de ces déchirements entre chrétien, Le pape Jean XXII  finira même par s’en mêler.

don_juan_manuel_auteur_medieval_comte_lucanor_contes_moraux_moyen-age_central_espagne_XIVe

(portrait supposé de Don Juan Manuel, Cathédrale de Murcia)

De son côté, Alva Nuñez que l’on rend comptable  d’une bonne partie de ces conflits finira, bientôt, assassiné sur ordre du roi et sur un mode opératoire semblable à celui qu’il avait lui-même utilisé pour venir à bout de Juan de Haro. Sa méfiance endormie par un de ses anciens alliés, venu lui faire une visite de courtoisie,  Nuñez sera poignardé dans le coeur par ce même homme mandaté en réalité par la couronne.  Et comme on ne change pas une recette quand elle est bonne, ce dernier recevra, en échange de ses loyaux service et à son tour, le château de sa victime.

Après cela le roi tentera encore de tendre un piège à Don Juan Manuel pour l’assassiner mais ce dernier ne tombera pas dedans. Qui peut encore faire confiance à un homme qui a fait assassiner deux hommes dans leur dos, fusse-t-il roi, et qui en plus a fait enfermer votre propre fille et refuse de la libérer ?

L’union face à l’envahisseur sarrasin

Il faudra encore de longues années pour que le conflit s’apaise et que les deux parties s’unissent. il faudra que le roi montre sa mansuétude et qu’ayant longtemps et de la manière la plus cruelle, assiégé la forteresse de son cousin Don Juan Nuñez, autre allié de Don Juan Manuel, il accorde finalement à l’homme sa merci et le nomme même à ses côtés pour faire un pas dans la bonne direction et restaurer un peu de la confiance qu’il avait depuis si longtemps et par ses actes, perdus. Après quelques tractations menées par des intermédiaires auprès de Don Juan Manuel, la réconciliation suivra… à temps.

De leur côté, les musulmans d’outremer se sont unifiés et ont levé, dit-on,  une armée de soixante mille cavaliers et quatre cent mille fantassins avec laquelle ils promettent d’envahir cette fois toute l’Europe. Un peu plus tard, face à la dureté des affrontements avec l’envahisseur et devant la nécessité de nouveaux moyens, Alphonse XI finira même par céder à la demande du Portugal de relâcher la fille de Don Juan Manuel.  Le souverain portugais d’alors entend en effet lui faire épouser son héritier Pierre Iᵉʳ et le souverain espagnol y consentira, contraint par la nécessité dit-on, après avoir d’abord refusé. Dix avaient passé depuis ses fiançailles avec elle, dix ans retenue prisonnière, comme les princesses des contes. On ne sait pas vraiment si c’est par jalousie que Alphonse XI ne voulut toujours pas, dans un premier temps, la faire libérer. La princesse a laissé en tout cas un témoignage éloquent de ses états d’âme et de ses vues sur le roi dans une lettre qui nous est parvenue de cette période.

Pour, le reste de l’histoire, à près de soixante ans, Don Juan Manuel se battit loyalement et valeureusement aux côtés du roi et fut l’artisan de nombreuses victoires contre les maures. Ses faits et son héroïsme entrèrent pour longtemps dans la légende de l’Espagne, autant que le fit Alphonse XI pour ses grandes campagnes d’alors contre les sarrasins.

deco_medieval_espagne_moyen-ageDans une vie troublée par tant de luttes intestines, notre auteur du jour trouva tout de même le temps de léguer à la postérité quelques écrits qui firent date. Comme nous le disions en introduction, nous aurons bientôt l’occasion d’en publier quelques extraits ici mais nous voulions dans un premier temps, faire une  large place à sa vie politique et militaire, d’abord parce qu’elle nous ait assez bien connu, ensuite parce qu’elle nous fournit l’excuse de faire un détour par l’histoire de l’Espagne médiévale.

Encore une fois, avec quelques nuances, il ne s’agit que d’une brève synthèse des pages de son biographe, cité en introduction. En plus de leur qualité de plume, ces dernières portent en elles toute la force de conviction que pouvait parfois porter l’histoire du XIXe dans ses grandes envolées narratives et lyriques. Elle n’avait pas toujours raison, mais tout de même, qu’elle était belle à lire quand elle savait se charger de véritables qualités littéraires, aussi nous ne pouvons que vous enjoindre si le sujet vous intéresse et pour plus de détails, d’aller puiser directement à leur source.

En vous souhaitant une belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.