Sujet : poésie, épigramme, amour courtois, courtoisie, Anne, dizain. Période : fin du moyen-âge, renaissance Auteur : Clément MAROT(1496-1544) Titre : «A Anne pour estre en sa grace» Ouvrage : oeuvres complètes de Clément MAROT, par Pierre Jannet, Tome 3 (1870)
Bonjour à tous,
n suivant les pas de Clément Marot, nous publions ici une nouvelle épigramme de celles que le poète de Cahors dédia à une certaine Anne. Si cette dernière, certainement Anne d’Alençon, ne fut pas la seule dame de pouvoir que Marot mit en ses faveurs courtoises, on compte un certain nombre de poésies joliment tournées qui lui sont destinées.
A Anne pour estre en sa grace
Si jamais fut un paradis en terre, Là où tu es, là est il, sans mentir ; Mais tel pourroit en toy paradis querre Qui ne viendroit fors à peine sentir ; Non toutesfoys qu’il s’en doit repentir, Car heureux est qui souffre pour tel bien. Doncques celuy que tu aymeroys bien, Et qui receu seroit en si bel estre, Que seroit il ? Certes je n’en sçay rien, Fors qu’il seroit ce que je vouldrois estre.
Clément Marot – Epigramme, Dizain
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : fêtes, festivités médiévales, Jeanne d’Arc, guerre de cent ans, commémoration historique, histoire vivante, défilé, marché médiéval, patrimoine culturel immatériel. Période : moyen-âge tardif, XVe siècle Lieu : Orléans, Loiret, Centre-Val de Loire Evénement : 590e fêtes Johanniques d’Orleans Dates : du 29 avril au 8 mai 2019
Bonjour à tous,
ébutées depuis hier déjà, les traditionnelles fêtes johanniques sont de retour à Orléans, cette semaine. Jusqu’au 8 mai, elles célébreront le reprise de la ville des mains des angloys par la jeune et légendaire guerrière du Moyen-âge tardif : de son entrée dans la cité, jusqu’à la remise de l’étendard, en passant par un office religieux solennel à la cathédrale Sainte Croix, l’événement se clôturera avec les hommages officiels et un grand défilé.
C’est la 590e fois que ces réjouissances, qui comptent parmi les plus anciennes fêtes commémoratives de France, se tiendront à Orléans. Depuis près de six siècles, leur succès ne s’est pas tari et, ces dernières années, elles ont attiré, en moyenne et à chaque nouvelle édition, près de 100 000 personnes, Depuis 2018, les fêtes johanniques d’Orléans ont même été ajoutées à l’inventaire du Patrimoine culturel immatériel de France.
Cette édition 2019 mettra particulièrement à l’honneur la fraternité, en associant à la fête les villes jumelées avec la cité d’Orléans. Le thème fait sens puisque l’histoire de l’héroïne médiévale a largement débordé les terres de France pour être connue dans le monde entier. Côté temps fort, en plus de la mise en scène de l’épopée orléanaise de Jeanne d’Arc dans les rues de la cité, on retrouvera sur place et à l’habitude de nombreuses animations, parades et réjouissances d’inspiration médiévale, mais aussi des concerts (classiques ou plus électro) et encore un grand spectacle son et lumière projeté sur les murs de la cathédrale (le 7 mai).
Jeanne d’Arc victorieuse des Anglais entre à Orléans, Jean-Jacques Scherrer, 1887
Comme chaque année, depuis sa première apparition sur le site, il y a plus de cent ans, en 1912, le vaste marché médiéval sera à nouveau installé, au Campo Santo, près de la cathédrale. A l’occasion de cette édition, il ouvrira ses portes du samedi 4 jusqu’au 8 mai. Plus de 100 exposants s’y tiendront et en plus des échoppes, on pourra y croiser, danse, musique, farces et scénettes, ou encore jeux d’époque variés. Des tavernes seront aussi à la disposition des visiteurs affamés ou assoiffés.
Du coté des animations toujours, le samedi, un grand campement composé de plusieurs compagnies médiévales sera également planté sur le site de La Clairière. Il proposera, lui aussi, son lot de divertissements aux couleurs du Moyen-âge : ateliers d’époque, danses, musiques et démonstrations de combats et d’escrime ancienne, etc…
Compagnies médiévales présentes (marché et campement)
La Mesnie des Leus du Val de Loyre – Cléry, son Histoire en Lumière – La Compagnie des Hauts Coeurs – Les Chardons d’Orléans – Bella Travée – Gueules de Loup – Sembadelle – Corazon – La ferme du Chaineau – Médiémômes. Vol en Scène – Compagnies les Pies
Pour le détail des autres spectacles et concerts prévus à l’occasion de ces fêtes johanniques d’Orléans, nous vous laissons consulter le programme détaillé aux liens suivants.
Sujet : danse, musique médiévale, Saltarelle, Saltarello. Période : moyen-âge tardif, XIVe siècle Titre : Saltarello. Auteur : anonyme Tirée du Manuscrit Add 29987 British Museum. Interprète : Musica Vagantium Album : Songs And Dances of Gothic and Renaissance Period (1997)
Bonjour à tous,
n route pour le XIVe siècle et le Moyen-âge « dansé » avec une nouvelle interprétation d’un des quatre Saltarello que nous a légué le Manuscrit de Londres, connu également sous la référence Add 29987.
Daté des débuts du XVe siècle, cet ouvrage, conservé de nos jours à la British Library, demeure un précieux témoin des chants et musiques de l’Italie médiévale et de la Toscane du XIVe et des débuts du XVe siècle. Il compte en tout 116 pièces (119 dont 3 doublons) vocales ou instrumentales, parmi lesquelles un nombre non négligeable était destiné à être dansées. Quatre-vingt deux des pièces présentés par ce manuscrit sont attribuées, les autres sont demeurées anonymes. C’est le cas de celle du jour. Consulter le Manuscrit de Londres en ligne ici.
Salterello du Manuscrit de Londres par l’ensemble Musica Vagantium
Musica Vagantium
Fondée dans les années 90, Musica Vagantium est une formation originaire de République tchèque. Depuis ses origines, les quatre artistes qui la composent se sont donnés pour répertoire une période qui gravite autour des musiques anciennes de la renaissance et la période baroque.
Instruments anciens à la main et vêtus de costumes d’époque, Musica Vagantium entend privilégier des pièces jouées alors par, disent-ils, des « étudiants vagabonds ». Dans cet esprit d’errance et d’itinérance, on peut les retrouver en tournée dans divers pays d’Europe et au sein de nombreuses fêtes médiévales.
Depuis sa création et entre leurs nombreuses prestations et concerts, le sympathique quatuor a tout de même trouvé le temps de produire trois albums. Le Saltarello que nous vous présentons aujourd’hui est issu de leur premier, daté de 1997 et ayant pour titre Songs And Dances of Gothic and Renaissance Period. Avec une orchestration minimaliste, mais enlevée et rafraîchissante, on retrouve bien dans leur interprétation de cette pièce le rythme, l’esprit et la légèreté de ces danses « sautées » et festives des XVIe, XVe siècles.
Sujet : complainte, poésie médiévale, poésie satirique, guerre de cent ans, extraits, moyen-Français, misère, laboureurs Période : Moyen-âge tardif, XVe siècle. Titre : Complainte du pauvre commun et des pauvres laboureurs de France Auteur : anonyme Ouvrage : Les chroniques d’Enguerrand de Monstrelet, (milieu du XVe)
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous vous proposons de découvrir un large extrait d’une poésie satirique du moyen-âge tardif, ayant pour titre la Complainte du pauvre commun et des pauvres laboureurs de France. Du point de vue des sources, cette complainte est tirée des Chroniques deEnguerrand de Monstrelet (1400-1453),
Avec cet ouvrage portant sur l’histoire de la première moitié du XVe siècle (1400-1444). le noble chroniqueur d’origine picarde qui servit entre autres seigneurs, les ducs de Bourgogne, entendait poursuivre le travail engagé par Jean Froissard. S’il influença par ses écrits certains auteurs de son temps, on lui prêta, toutefois, moins de rigueur et de talent que ce dernier. Rabelais écrivit même de lui qu’il était « baveux comme un pot de moutarde » ( Molinier Auguste – L’Histoire de France 1904, T4 ). Quant à son impartialité, notre auteur n’échappa pas à la règle, maintes fois vérifiée, mais encore bien plus manifeste dans le courant du moyen-âge, qui veut que l’Histoire ait toujours un point de vue.
Cela étant dit, ce qui nous intéresse aujourd’hui, n’est pas tant le récit du chroniqueur que cette complainte du pauvre commun qu’il ne fait que retranscrire, sans l’attribuer, et qui n’est pas de sa plume. Dans son ouvrage La Satire en France au Moyen-Âge (1893) Charles Felix Lenient rapproche ce texte, son ton satirique et une part de son inspiration du Quadrilogue Invectif d’Alain Chartier, mais il hésite tout de même à lui en attribuer, de manière certaine, la paternité. Elle demeure, en tout cas, non signée, dans les Chroniques d’Enguerrand.
Misères des laboureurs & temps troublés
Datée du début du XVe siècle, cette poésie réaliste nous conte le triste sort de nombre de paysans saignés par la guerre de cent ans, les pillages, les disettes et les taxes. Sous la pression des événements, certains en furent même réduits à fuir les campagnes, tristes hordes de familles en guenilles, mendiant dans les villes, pour subsister. Cette complainte en est restée le témoin. Ces « pauvres communs et laboureurs » en appelaient alors à la charité de tous, dans l’indifférence générale, s’il faut en croire ces vers. Sous la complainte, la menace planait aussi clairement puisqu’ils y mettaient en garde les seigneurs et le roi des conséquences fâcheuses où cette indifférence pourrait les conduire: effondrement du royaume par sa base, d’abord, mais plus loin menace ouverte de révolte incendiaire ou même encore désertion du pays. Quant à l’Eglise, nos pauvres laboureurs l’appelait aussi à leur rescousse afin qu’elle intercède auprès des nobles pour leur rappeler leur devoir de chrétiens.
Ci-contre les Chroniques deEnguerrand de Monstrelet, ManuscritCod 37 (A,) Bibliothèque bourgeoise de Bern. voir en ligne)
Il faut, avec Charles Felix Lenient, constater que cette clameur du peuple et des pauvres gens demeure une des plus poignantes à nous être parvenue de cette période. Ses accents vibrants de sincérité lui confère une place très particulière dans la poésie satirique et réaliste du moyen-âge.
La complainte du pauvre commun
et des pauvres laboureurs de France
Hélas ! hélas ! hélas ! hélas ! Prélats , princes , et bons seigneurs , Bourgeois, marchans, et advocats, Gens de mestiers grans et mineurs, Gens d’armes , et les trois estats , Qui vivez sur nous laboureurs , Confortez nous d’aucun bon ayde ; Vivre nous fault, c’est le remède.
Vivre ne povons plus ensemble Longuement, se Dieu n’y pourvoye : Mal fait qui l’autruy tolt* (enlève, ôte) ou emble* (dérobe, vole) Par barat* (ruse, tromperie), ou par faulse voye. Perdu avons soulas et joye L’en nous a presque mis à fin , Car plus n’avons ne blé ne vin.
Vin ne froment ne autre blé. Pas seullement du pain d’avoyne , N’avons nostre saoul la moité Une seulle fois la sepmaine : Les jours nous passons à grand’ peine , Et ne sçavons que devenir ; Chacun s’en veult de nous fuyr,
Fuyr de nous ne devez mie, Pensez-y, nous vous en prions. Et nous soustenez nostre vie ! Car, pour certain , nous languissons. Allangouris nous nous mourons, Et ne gravons reméde en nous , Seigneurs , pour Dieu , confortez-nous.
Confortez-nous, vous ferez bien, Et certes vous ferez que saiges : Qui n’a charité, il n’a rien. Pour Dieu , regardez noz visaiges , Qui sont si piteux et si pâlies , Et noz membres riens devenir, Pou nous povons plus soustenir.
Soustenir ne nous povons plus En nulle maniére qni soit : Car, quand nous allons d’huys en huys, Chacun nous dit : Dieu vous pourvoye ! Pain, viandes, ne de rien qui soit, Ne nous tendez nen plus qu’aux chiens , Hélas! nous sommes chrestiens.
Chrestiens sommes-nous voirement* (véritablement) , Et en Dieu sommes tous vos frères , Si vous avez l’or et l’argent Ne sçavez si durera guères : Le temps vous aprestent les biens , Et si mourrez certainement , Et ne savez quand , ne comment.
Comment dictes-vous et pensez Plusieurs choses que de nous dictes , Que ce nous vient par noz péchez , Et vous en voulez clamer quittes. Pour Dieu jà plus ne le dictes , Et autrement nous confortez Pour ce en pitié nous regardez.
Regardez-nous, et si pensez , Que sans labour ne povez vivre , Et que tous sur nous vous courez : ( Long- temps a que chacun nous pille) Ne nous laissez ne croix ne pille, Ne rien vaillant que vous puissiez , De quelque estat que vous soyez.
Soyez, si vous plaist, advisez , Et que de cecy vous souvienne , Que nous ne trouvons que gaigner , Ne nul qui nous mette en besongne. Chacun de vous de nous s’eslongne , Mais s’ainsi nous laissez aller , A tard vous en repentirez.
Repentirez vous si acertes, Que si ainsi nous en allons , Vous cherrez les jambes retraictes , Et au plus prés de voz talons ; Sur vous tumberont les maisons , Vos chasteaulx et vos tenemens* (propriétés) : Car nous sommes voz fondemens.
Voz fondemens sont enfondus, N’y a mais rien qui les soustienne ; Les murs en sont tous pourfondus, N’y a pilier qui les retiengne, N’y estat qui en rien se faingne De nous mener jusque au plus bas : Pource nous fault crier , hélas !
Hélas! prélats et gens d’église, Sur quoy nostre foy est assise, Chiefs estes de chrestienté , Vous nous voyez nuds sans chemise Et nostre face si eslize , Et tous languis de povreté. Pour t’amour Dieu , en charité , Aux riches gens ce remonstrez Et que vous les admonestez. Qu’ils ayent pitié d’entre nous autres , Qui pour eux avons labouré Tant que tout leur est demouré : De noz povretez ils sont causes , Comme leur dirons cy en bas : Pour ce nous fault crier , hélas !
Hélas ! trés puissant roy françois , Nous pensons si bien ravisois , Et tu feusses bien conseillé, Qu’aucun pou nous espargnerois : Tu es le roy de tous les roys , Qui sont en la chrestienté, Dieu t’a ceste grand’ dignité Raillée , pour raison deffendre, Et diligentement entendre Aux complainctes qui vont vers toy ; Et par ce garder nous pourras , De ainsi fort crier , hélas !
Hélas ! trés noble roy de France , Le pays de vostre obéissance Espargnez-le : pour Dieu mercy , Des laboureurs ayez souv’nance, Tout avons prins en patience Et le prenons jusques à icy; Mais tenez-vous asseur, que si Vous n’y mettez aucun reméde, Que vous n’aurez chasteau ne ville, Que tous seront mis à exille , Dont jà sommes plus de cent mille Qui tous voulons tourner la bride , Et vous lairions tout esgaré, Et pourrez cheoir en tel trespas , Qu’il vous faudra crier , hélas !
Hélas ! ce serait grand douleur Et grand’ pitié à regarder, Qu’un si très excellent seigneur Criast , hélas ! Or y pensez , Pas ne serez le premier , Qui par deffaut de raison faire , D’estre piteux et débonnaire Aurait esté mis en exil. Tenu estes de bon affaire , Mais que n’ayez point de contraire Dieu vous garde de ce péril ! Et nous mettez si au délivre, Qu’en paix puissions dessoubs vous vivre Dés le plus haut jusques au bas, Tant que plus ne crions , hélas !
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen-âge sous toutes ses formes.